Un surprenant effet de mode souffle ces derniers temps sur le net pour ne pas dire sur les réseaux sociaux ayant trait au sens du travail, mais plus particulièrement du "salariat". C'est alors que se bousculent des notions comme: freelance, entrepreneuriat , liberté financière et autre chants de Noël ou de fêtes de l'Aîd !
C'est comme si le monde avait décidé de déposer une démission universelle et que chacun souhaiter ressembler à Steve Jobs et de bouder le travail conventionnel oh tellement féodal et réducteur pour l'homme !
Bien évidemment cet effet de mode avait ses promoteurs qui en passant en ont tiré large profit (il fallait quand même gagner de l'argent sans travailler !), on parla alors d'incubateurs pour start-up, d'accompagnateurs pour les porteurs de projets, de consultants, de coachs et on attribua même des mots savants pour égayer la vitrine : écosystème, fintech,...etc.
IL ne s'agit pas de dénoncer les avancées du temps ni de la technologie mais de relativiser les tentatives de révolution conceptuelle, quand cela risquerai de boulverser le sens de la vie percu par chaque individu selon ses capacités cognitives, ses croyances religieuses et son environnement.
Pour rester dans la thématique du travail, sa perception diffère d'une culture à une autre; à titre d'exemple au sein de l'héritage islamique le travail est sacralisé et même considéré comme une prière العمل عبادة, sans distinction entre salariat et travail autonome, ce qui importe c'est de soigner son travail الإتقان, sans malveillance, ni tricherie quelconque en contrepartie d'un salaire venant gratifier l'effort fourni ou le résultat attendu. Cela permettera à l'individu de se prémunir contre le besoin العفة et de consolider la notion d'intérêt général المصلحة العامة en société.
Il est vrai que la mondialisation et la dynamique des relations internationales ont complétement bousculer cette approche "traditionnelle sans pour autant être démodée du travail", en laissant croire que tout le monde peut devenir autonome et avoir son propre projet et ce qui est révélateur dans ce discours, c'est qu'on apercevera le mot "rêve" à côté de chaque énoncé (projet de rêve !)
Cette féodalité qu'on dénonca avec force, faisait surface avec une nouvelle toison où surgi des business mans, des entrepreneurs , des investisseurs mais pour qui la plupart n'ont suivi aucune formation dans leur domaine technique, encore moins en managament, mais qui se retrouvent par un accommodement sournois ou simplement par hasard à la tête d'une entité économique qu'on nommera "entreprise" où plusieurs "salariés y travaillent !".
Au-delà de cette image caricaturée, ce n'est pas un procès au capitalisme, encore moins une note d'humeur (pour reprendre un commentaire recu hier soir!), mais un étonnement partagé avec les lecteurs de cette tendance qui a frappé aussi l'algérie où nos concitoyens, pris dans cet élan mondial, pointe du doigts le salariat sans en saisir la finalité et l'enjeu de chaque situation.
Ne peut être entrepreneur qui le veut et ne peut être salarié qui le souhaite, il ne s'agit pas de combler un échec en entreprise en optant pour un projet autonome, ni d'un conformisme ou d'un besoin d'appartenance (pour reprendre l'expression de Maslow), mais de pré-requis et d'exigences congnitives et de compétences regroupées dans un réceptacle de "sagesse et de vision stratégique" et cela s'apprend et diffère en même temps d'une société à une autre, d'une culture à une autre.
L'echec du régime d'aide à l'emploi (ex-ansej) en est la parfaite illustration, le gouvernement a vendu de l'illusion aux jeunes qu'on applera "entrepreneurs " et on désignera même des personnes pour les accompagner dans la réalisation de leurs projets المرافق, on dégagera des fonds et on accordera même des exonérations fiscales et pourquoi pas des amnésties ! Résultat des courses, de jeunes chômeurs devenus entrepreneurs puis chômeurs avec des fourgons !
Hélas, on pourra blamer le gouvernement tous ce mois sacré et pourquoi pas blamer Rezig ou même Belmadi, mais au sein d'une échelle de valeurs , on parlera de clochardisation de la société à travers la perte de sens chez l'individu, quand le virage de l'éducation fut raté et c'est là le rôle des politiques publiques.