FRANCE - ALGERIE
Petite autobiographie de mon père
Commandant BENAMMAR Ahmed ben Si Miliani. .
Mon père est né le 27/12/1902 à Laghouat ,
oasis du Sud algérien qualifiée de porte du désert, en bordure du plus
grand gisement de gaz du monde de Hassi R'Mell .
Orphelin de père et de mère à sa petite adolescence, il était l'aîné d'une
soeur Khedija et de deux frères, Mohamed, adjudant dans les spahis,
brillant cavalier formé à Compiègne après la 1ère guerre mondiale, et
Bachir, militaire intermittent, fougueux combattant, champion imbattable
du coup de tête.
Il s'était vieilli de deux ans pour s'engager comme volontaire en
1914-18 (l'Etat civil de Laghouat n'a été créé qu'en 1927).
Petite autobiographie de mon père
Commandant BENAMMAR Ahmed ben Si Miliani. .
Mon père est né le 27/12/1902 à Laghouat ,
oasis du Sud algérien qualifiée de porte du désert, en bordure du plus
grand gisement de gaz du monde de Hassi R'Mell .
Orphelin de père et de mère à sa petite adolescence, il était l'aîné d'une
soeur Khedija et de deux frères, Mohamed, adjudant dans les spahis,
brillant cavalier formé à Compiègne après la 1ère guerre mondiale, et
Bachir, militaire intermittent, fougueux combattant, champion imbattable
du coup de tête.
Il s'était vieilli de deux ans pour s'engager comme volontaire en
1914-18 (l'Etat civil de Laghouat n'a été créé qu'en 1927).
Sa vie et sa carrière furent celles d'un officier exemplaire, sorti du
rang, engagé dans tous les grands conflits armés de la France du
20ème siècle , notamment :
Grande guerre 14-18, Levant en 1920-21 (Beyrouth et Damas),
la ligne Maginot, le chemin des Crêtes dans les Vosge (surveillance
de la frontière allemande), Liban et Syrie en 1940-41, campagne
du Rif au Maroc, la guerre 1939-45, le blocus de Berlin, préparation
du régiment pour Madagascar en 47, l'occupation de l'Allemagne
( TOA) à Trèves, puis à Coblence (FFA), jusqu'au départ du régiment
pour l'Indochine en 53 (affectation du 5/7 RTA sur la position
Gabrielle au camp retranché de Dien Bien Phu.
Il avait gagné au mérite et à la valeur son grade d'Officier supérieur,
Commandant, Chef de bataillon et ses nombreuses décorations :
Médaille du combattant volontaire, Médaille militaire, citations au
combat, Médaille du Levant, Officier du Ouissam alaouite, Croix de
guerre, Officier de la Légion d'honneur...
Sa carrière a été interrompue brutalement en 1953, déclaré invalide
militaire à plus de 100 %.
Mis à la retraite d'office en 1956, après 3 ans de soins
intensifs en sanatorium, mon père a perdu toute chance d'accéder aux
grades de Colonel ou de général, comme ses amis : le Commandant Mered
devenu Colonel, le Capitaine Rafa et le Colonel Costantini, son chef, à
Coblence, devenus tous deux Généraux.
Quelques années plus tard, il refusa, en 1959, au motif tactique de sa
santé, une fonction sénatoriale au Palais du Luxembourg (où je l'avais
accompagné à deux reprises), préférant ne pas entrer dans une vie
politique algérienne qu'il désapprouvait .
Il avait une vénération déclarée pour son père Si Miliani, un saint homme
pieux, noble, fier et ascète, comme seul le Sud traditionnel peut les
produire, et il portait une grande admiration à son instituteur Dumas qui
lui avait ouvert les yeux (trop?) sur la souffrance de la France et de la
Lorraine annexée par les Allemands de 1870 à 1918 .
Mais il me racontait avec une fierté nostalgique appuyée que Laghouat
était la seule ville d'Algérie où un général français avait été tué lors de
la conquête et de la mise à sac impitoyable de l'oasis par l'armée
française, en 1852.
Lettré en arabe et lecteur assidu du Monde et de Mauriac, il
était en français, un autodidacte cultivé. Livres et journaux circulaient
librement dans la maison. Il me faisait aussi sentir, que l'éducation ne
posait pas la question qu'elle soit militaire ou émane de l'autorité d'un
père musulman, très sévères l'une et l'autre, mais pour quelle finalité elle
devait se déployer. Le racisme le révoltait. Son invalidité l'a empêché
de jouer un rôle politique déterminant .
Il avait connu au Maroc, le Glaoui, le Pacha de Fès, J. Berques et le
Commandant A. Juin (futur Maréchal),en Algérie, M. Mammeri et
F. Abbas, au Liban et en Syrie des intellectuels nationalistes hostiles
au conflit qui opposait Anglais et Allemands pour le pétrole irakien...
Pour lui qui avait mené durement ses soldats au combat, les soldats
musulmans étaient sacrés. Il les savait fiers, volontaires et courageux
et surtout prêts au sacrifice si les chefs étaient aussi fiers, volontaires
et courageux au combat...
Il est décédé à Metz le 18 août 1968, percuté par une voiture conduite
par un jeune sans permis ni assurance, à quelques mètres de l'entrée du
cimetière familial de Moulins les Metz .
Conformément à son voeu, il a été enterré au cimetiére de Laghouat entre
son père et sa mère .
Lettré en arabe et lecteur assidu du Monde et de Mauriac, il
était en français, un autodidacte cultivé. Livres et journaux circulaient
librement dans la maison. Il me faisait aussi sentir, que l'éducation ne
posait pas la question qu'elle soit militaire ou émane de l'autorité d'un
père musulman, très sévères l'une et l'autre, mais pour quelle finalité elle
devait se déployer. Le racisme le révoltait. Son invalidité l'a empêché
de jouer un rôle politique déterminant .
Il avait connu au Maroc, le Glaoui, le Pacha de Fès, J. Berques et le
Commandant A. Juin (futur Maréchal),en Algérie, M. Mammeri et
F. Abbas, au Liban et en Syrie des intellectuels nationalistes hostiles
au conflit qui opposait Anglais et Allemands pour le pétrole irakien...
Pour lui qui avait mené durement ses soldats au combat, les soldats
musulmans étaient sacrés. Il les savait fiers, volontaires et courageux
et surtout prêts au sacrifice si les chefs étaient aussi fiers, volontaires
et courageux au combat...
Il est décédé à Metz le 18 août 1968, percuté par une voiture conduite
par un jeune sans permis ni assurance, à quelques mètres de l'entrée du
cimetière familial de Moulins les Metz .
Conformément à son voeu, il a été enterré au cimetiére de Laghouat entre
son père et sa mère .