-Les lois sont faites pour soumettre à leur pouvoir
L’imbécile Multitude ;
Mais Nous, qui incarnons le Pouvoir,
Comment nous obligeraient-elles ?
Ainsi pense le nez dans son missel
Quelque prélat ou dans sa citadelle
Quelque Prince qui aurait perdu la mémoire,
Quelque Puissant conscient de ses turpitudes.
Si nulle loi ne les détourne de leurs proies,
Nulle morale ne tient lieu de rabat-joie
A leurs vils appétits, leur mégalomanie.
Le monde leur appartient, tout leur est permis.
Ceux-là tombent des nues
Le jour où un hardi journaliste insinue
Qu’ils pourraient bien s’être compromis
Dans un scandale infini.
Mais le jour où on leur demandera des comptes
N’est pas venu. Des comptes ? L’idée saugrenue !
Vous n’y pensez pas ! La seule déconvenue
Qu’ils affrontent
Ceux qui reconnaissent leur propre ignominie
Dans le secret de leur solitude,
C’est le jugement de leur conscience. Quoi ?
Vous ne voyez pas ? l’image ternie qu’ils montrent?
C’est la conscience qui sait, qui se raconte.
Se voit démasquée et nourrit une inquiétude
Aux autres, ceux qui sont sans foi ni loi,
Seule la mort livrera son réquisitoire
Sans égards, fussent-ils Crassus, Narcisse ou César.