4. L'UE et sa monnaie unique - L’Euro et ses alternatives

Publié le 11/04/2017 Vu 1 676 fois 0
Légavox

9 rue Léopold Sédar Senghor

14460 Colombelles

02.61.53.08.01

Bernard Prudhon, Avocat Honoraire, Docteur d’Etat en Science Economique, Ancien maître de conférences aux Université de Paris I et Paris XII.

Bernard Prudhon, Avocat Honoraire, Docteur d’Etat en Science Economique, Ancien maître de conférences aux

4. L'UE et sa monnaie unique - L’Euro et ses alternatives

~~Un tel aggiornamento n’impliquerait pas l’anéantissement mais la réforme de la monnaie européenne. L’Euro nouvelle manière tenant lieu de monnaie de rattachement, les Etats membres la partageraient à parité de change propre à chacun d’eux, parité elle même insérée dans une échelle de taux assujettie à l’agrément collectif des autres Etats. Un tel panier de monnaie pourrait fonctionner à l’instar de l’agrégat des monnaies de l’european current unit (ECU) du temps du "serpent monétaire européen" (SME) de la Communauté Economique Européenne (CEE), à ceci prés qu’à la différence de l’ecu qui ne fût qu’une monnaie de compte, le nouvel euro aurait fonction de monnaie de paiement à taux diversifiés.


Réforme à avantages multiples. Elle préserverait des dévaluations en "représailles" d’avant guerre,, tout en conservant à l’Europe la cohérence monétaire nécessaire à l’homogénéité de son espace économique. Elle restituerait aux Etats membres la juste mesure de problèmes qui les concernent, et leur aurait permis d’impulser les plans de relances mis en place dès septembre 2008,, l’histoire des faits économiques ne fournissant aucun exemple de relance budgétaire réussie qui n’ait été soutenue par une dévaluation monétaire appropriée.

Ce fut le cas de la Suède confrontée en 1990 à une explosion de crédits immobiliers et qui a laissé la couronne, jusqu’alors rattachée par taux fixe à un panier de monnaies, perdre 20% de sa valeur initiale. En quelques mois ses exportations s’en sont trouvées portées de 27 à 50% de son Pib sans qu’il lui ait fallu pour autant accroitre la charge de son endettement public(8).

Ce fut également le cas du gouvernement argentin, alors interdit par la loi de toute création monétaire au de là de ses réserves de change, et qui pour se financer n’avait d’autre issue que de procéder, lui aussi, à d’incessantes émissions obligataires à taux prohibitifs. L’Argentine n’est venue à bout de ses difficultés en 2002 que par la rupture de la parité fixe liant le peso à sa monnaie de rattachement, c'est-à-dire par la dévaluation de celui-ci et la conversion d’autorité publique des contrats libellés en dollars en contrats libellés en pesos.

Toutes mesures gratifiantes puisque nonobstant les pressions extérieures dissuasives qu’il lui fallut subir, -- dont celles du FMI, -- la dette publique de l’Argentine qui avait atteint 150% du Pib s’en est trouvée réduite à 75% en 2005 et à 50% en 2008(9).

Autre référence, notamment celle du Royaume unis, -- non inclus dans l'euroil est vrai, -- mais qui n'en a pas moins réussi à comprimer ses dettes à l’appui de sa dévaluation de 1992. Preuve a contrario étant par ailleurs rapportée de l’impossibilité de toute autre politique de déflation, dont l’échec patent de la dernière expérience qui en ait été faite, remonte à celle dite du bloc or de 1932.

~~Le profil de la monnaie unique de l'U.E. est de toute autre nature. Les résultats de son expérimentation, après plus de quinze ans d'âge, autorisent à ce jour à en dresser le bilan. Il suffit en effet pour l'essentiel,


- d'une part de constater une croissance de PIB très au-dessous de celles  relevées  par ailleurs dans le reste du monde,

- et d'autre part un endettement des états membres en ascension permanente jusqu'à hauteur du montant des PIB chez les uns et au-delà chez d'autres, à l'exception toutefois d'un seul d'entre eux l'Allemagne à balance des échanges extérieurs en équilibre quasi permanent, et dont 60% des exportations se trouvent constitués par les importations des autres états membres.

Le tout étant financé par la BCE (Banque Centrale Européenne) qui pratique le QE (Quantitative Easing) consistant à acheter ou prendre en prension les bons du Trésor émis par les Etats en quête de couverture de leur déficit budgétaire, d'où se déduit qu'elle finance moins la production que les déficits publics, au grand risques de krach obligataire  encouru sur les marchés financiers.


Dans ces conditions, comment se fait-il qu'au nombre des ministres du Conseil et des commissaires de U.E., aucune voix ne se soit élevée pour signaler le recours possible à l'ajustement monétaire.? Où veulent ils donc en venir ? Question ouverte, laissée sans réponse,. l''analyse économique ne pouvant en tenir lieu. Mais il est vrai qu'on ne parle pas de corde dans la maison d'un pendu.

Les européistes de tous bords se bornent à faire savoir qu'au regard de l'amoncellement des dettes qu'il faudrait alors rembourser il serait impossible de les règler eu égard à ce qu'il en coûterait,  ce qui est inexact dès lors que le propre d'une dévaluation bien menée consiste à alléger d'autant le montant des dettes extérieures,et que l'histoire des faits économique n'en finit plus de références à des zones monétaires qui n'ont duré qu'un temps et dont les plus durables d'entre elles n'ont fonctionné qu'à partir de taux de change multiples.

Comme quoi d'ailleurs, à dénoncer la monnaie unique, on n'est pas moins "européen" qu'un autre. Ce n'est pas tant du principe même d'une monnaie européénne que des modalités de son instrument de mise en oeuvre, dont il est en effet question.. Un euro pour une Europe monétaire peut aussi bien se construire à partrir de taux de change multiples, à moins que ne lui soit assigné un objectif clandestin non dit, visant à faire de l'espace de l'Europe un damier fait de nations  créancières et dominantes et de nations débitrices et dominées,liées les unes aux autres par des rapports de verticalité à la manière des théocraties d'un autre temps

O O O

Mais qui donc a dit qu'il n'est de fatalité que celle de peuple qui se couche pour mourir ? L'heure n'est-elle pas venue de ce que l'anthropologue Georges Ballandier appelle "l'insurrection de la différence" ?

Bernard PRUDHON

le 2 décembre 2015


(8) Le Monde Economie du 11 mai 2010 : " En Suède la monnaie flottante…″

(9) Le Monde du 11 mai 2010 : "Comment l’Argentine a réduit son endettement″

Vous avez une question ?

Posez gratuitement toutes vos questions sur notre forum juridique. Nos bénévoles vous répondent directement en ligne.

Publier un commentaire
Votre commentaire :
Inscription express :

Le présent formulaire d’inscription vous permet de vous inscrire sur le site. La base légale de ce traitement est l’exécution d’une relation contractuelle (article 6.1.b du RGPD). Les destinataires des données sont le responsable de traitement, le service client et le service technique en charge de l’administration du service, le sous-traitant Scalingo gérant le serveur web, ainsi que toute personne légalement autorisée. Le formulaire d’inscription est hébergé sur un serveur hébergé par Scalingo, basé en France et offrant des clauses de protection conformes au RGPD. Les données collectées sont conservées jusqu’à ce que l’Internaute en sollicite la suppression, étant entendu que vous pouvez demander la suppression de vos données et retirer votre consentement à tout moment. Vous disposez également d’un droit d’accès, de rectification ou de limitation du traitement relatif à vos données à caractère personnel, ainsi que d’un droit à la portabilité de vos données. Vous pouvez exercer ces droits auprès du délégué à la protection des données de LÉGAVOX qui exerce au siège social de LÉGAVOX et est joignable à l’adresse mail suivante : donneespersonnelles@legavox.fr. Le responsable de traitement est la société LÉGAVOX, sis 9 rue Léopold Sédar Senghor, joignable à l’adresse mail : responsabledetraitement@legavox.fr. Vous avez également le droit d’introduire une réclamation auprès d’une autorité de contrôle.

A propos de l'auteur
Blog de L'UE et sa monnaie unique

Bienvenue sur le blog de L'UE et sa monnaie unique

Rechercher
Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux et sur nos applications mobiles