La renonciation à la condition suspensive après sa défaillance est sans effet

Publié le 08/12/2023 Vu 1 203 fois 0
Légavox

9 rue Léopold Sédar Senghor

14460 Colombelles

02.61.53.08.01

Lorsqu’un contrat est conclu sous une condition suspensive, cela signifie que son exécution dépend de la réalisation d’un événement futur et incertain

Lorsqu’un contrat est conclu sous une condition suspensive, cela signifie que son exécution dépend de la r

La renonciation à la condition suspensive après sa défaillance est sans effet

Lorsqu’un contrat est conclu sous une condition suspensive, cela signifie que son exécution dépend de la réalisation d’un événement futur et incertain. Par exemple, la vente d’un bien immobilier peut être subordonnée à l’obtention d’un prêt bancaire par l’acheteur. Si l’événement ne se réalise pas dans le délai prévu, la condition est réputée défaillie et le contrat devient caduc, c’est-à-dire qu’il n’a plus d’effet juridique. Toutefois, les parties peuvent renoncer à la condition suspensive avant sa défaillance, c’est-à-dire accepter que le contrat soit exécuté même si l’événement ne se produit pas. Mais qu’en est-il si la renonciation intervient après la défaillance de la condition ? C’est la question à laquelle la Cour de cassation a répondu dans un arrêt du 29 novembre 2023 (Soc., 29 nov. 2023, n° 22-11.398)

Les faits et la procédure

L’affaire opposait un club de football professionnel, un joueur et un agent sportif. Le club avait engagé le joueur pour trois saisons, en prévoyant le recours aux services de l’agent sportif. Une convention de rémunération d’agence sportive avait été conclue entre les trois parties, selon laquelle le club s’engageait à payer à l’agent sa commission en lieu et place du joueur.

Par la suite, le club a souhaité transférer le joueur vers un autre club. Un avenant à la convention de rémunération d’agence sportive a alors été signé, stipulant que si le joueur était transféré avant le 30 juin 2014, les commissions dues à l’agent pour les deux saisons suivantes seraient garanties par le club et acquises à l’agent, même si le joueur ne faisait plus partie de l’effectif du club.

Or, le transfert du joueur n’a eu lieu que le 8 août 2014, soit après le délai fixé par l’avenant. La condition suspensive était donc défaillie et l’avenant caduc. Toutefois, le club avait envoyé un mail à l’agent le 2 août 2014, dans lequel il confirmait son engagement de payer les commissions. L’agent a donc considéré que le club avait renoncé à la condition suspensive après sa défaillance et qu’il devait lui verser les sommes dues.

Le club a contesté cette interprétation et a refusé de payer. L’agent a alors saisi la justice pour obtenir le paiement des commissions. La cour d’appel a donné raison à l’agent, en estimant que le mail du club démontrait sa volonté de faire perdurer son obligation malgré le dépassement de la date du transfert du joueur. Le club s’est pourvu en cassation.

La solution de la Cour de cassation

La Cour de cassation a cassé l’arrêt de la cour d’appel, en rappelant les principes applicables en matière de condition suspensive. Elle a jugé que lorsque le contrat est conclu sous la condition qu’un événement arrivera dans un temps fixe, cette condition est censée défaillie lorsque le temps est expiré sans que l’événement soit arrivé. Le contrat devient alors caduc et il n’est plus possible de renoncer à la condition après sa défaillance.

En l’espèce, la Cour de cassation a constaté que la condition suspensive était défaillie le 30 juin 2014, date à laquelle le joueur n’avait pas été transféré. L’avenant à la convention de rémunération d’agence sportive était donc caduc à cette date et le club ne pouvait plus renoncer à la condition suspensive. Le mail du 2 août 2014 était donc sans effet et ne pouvait pas engager le club à payer les commissions à l’agent.

Les apports et la portée de l’arrêt

Cet arrêt illustre l’importance de la condition suspensive dans les contrats. Il rappelle que la condition suspensive a pour effet de suspendre l’exécution du contrat jusqu’à la réalisation de l’événement prévu. Si l’événement ne se réalise pas dans le délai fixé, le contrat devient caduc et les parties sont libérées de leurs obligations. Il souligne également que la renonciation à la condition suspensive doit intervenir avant sa défaillance, sinon elle est sans effet. Il s’agit d’une règle impérative, qui ne peut pas être écartée par la volonté des parties.

Guillaume Lasmoles

Avocat en droit des Affaires

www.lasmoles-avocat.com

Vous avez une question ?

Posez gratuitement toutes vos questions sur notre forum juridique. Nos bénévoles vous répondent directement en ligne.

Publier un commentaire
Votre commentaire :
Inscription express :

Le présent formulaire d’inscription vous permet de vous inscrire sur le site. La base légale de ce traitement est l’exécution d’une relation contractuelle (article 6.1.b du RGPD). Les destinataires des données sont le responsable de traitement, le service client et le service technique en charge de l’administration du service, le sous-traitant Scalingo gérant le serveur web, ainsi que toute personne légalement autorisée. Le formulaire d’inscription est hébergé sur un serveur hébergé par Scalingo, basé en France et offrant des clauses de protection conformes au RGPD. Les données collectées sont conservées jusqu’à ce que l’Internaute en sollicite la suppression, étant entendu que vous pouvez demander la suppression de vos données et retirer votre consentement à tout moment. Vous disposez également d’un droit d’accès, de rectification ou de limitation du traitement relatif à vos données à caractère personnel, ainsi que d’un droit à la portabilité de vos données. Vous pouvez exercer ces droits auprès du délégué à la protection des données de LÉGAVOX qui exerce au siège social de LÉGAVOX et est joignable à l’adresse mail suivante : donneespersonnelles@legavox.fr. Le responsable de traitement est la société LÉGAVOX, sis 9 rue Léopold Sédar Senghor, joignable à l’adresse mail : responsabledetraitement@legavox.fr. Vous avez également le droit d’introduire une réclamation auprès d’une autorité de contrôle.

A propos de l'auteur
Blog de Guillaume LASMOLES

Lasmoles Avocats est un cabinet d’avocats dédié au droit des affaires à Montpellier.

Rechercher
Mes liens
Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux et sur nos applications mobiles