L'initiative de la mise sous protection des majeurs

Publié le 22/06/2010 Vu 14 571 fois 3
Légavox

9 rue Léopold Sédar Senghor

14460 Colombelles

02.61.53.08.01

La loi du 5 mars 2007 qui entrera en vigueur le 1er janvier 2009 réforme la protection juridique des majeurs. Par cet article, Maître Flouzat-Aubat vous présente les principales modifications qu'elle apporte au régime des incapables majeurs en place dans le code civil.

La loi du 5 mars 2007 qui entrera en vigueur le 1er janvier 2009 réforme la protection juridique des majeurs.

L'initiative de la mise sous protection des majeurs
L’INITIATIVE DE LA MISE SOUS PROTECTION
DES MAJEURS
Loi du 5 mars 2007
Marie Dominique FLOUZAT-AUBA
Avocat au Barreau de Paris
286 Bd Saint Germain
75007 Paris
Tel + 33(0)1 44 18 95 32
Fax + 33 (0) 1 44 18 95 31
flouzat-auba@club-internet.fr

INTRODUCTION

A 18 ans toute personne capable peut prendre des décisions qui l’engagent.
Pour faire un acte valable il faut être sain d’esprit. La loi du 5 mars 2007 qui entrera en vigueur le 1er janvier 2009 réforme la protection juridique des majeurs.
L’article 425 du Code civil définit maintenant la personne majeure susceptible de faire l’objet d’une mesure de protection par celle qui se trouve :
«dans l’impossibilité de pourvoir seule à ses intérêts en raison d’une altération, médicalement constatée, soit de ses facultés mentales, soit de ses facultés corporelles, de nature à empêcher l’expression de sa volonté».
Le rapport du Conseil Economique et social « Réformer les tutelles » de 2006 fait état de 700 000 personnes qui font l’objet d’une mesure de protection, soit un adulte sur 80.

Les trois mesures de protection restent inchangées il s’agit toujours de :
-     la sauvegarde de justice, mesure la plus « souple »
-     la curatelle, qui peut être simple ou aggravée
-     la tutelle qui est la mesure la plus restrictive.
1)    QUI PEUT DEMANDER LA MESURE DE PROTECTION et POURQUOI

1-1Les personnes pouvant solliciter une mesure de protection
(art 430 du Code civil)
-    la personne qu’il y a lieu de protéger ;
-    son conjoint ;
-    le partenaire PACSE ;
-    son concubin ;
-    une personne entretenant avec le majeur des liens étroits et stables ;
-          une personne qui exerce à son égard une mesure de protection juridique.
La loi du 5 mars 2007 élargit le cercle « familial » des personnes habilitées à former une requête puisque le partenaire pacsé et le concubin sont autorisés par la loi à déposer une requête.
Mais la loi sort du cercle familial puisqu’elle permet à toute personne entretenant avec le majeur des liens étroits et stables de déposer une requête.
La demande peut être également présentée par le Procureur de la République soit d’office soit à la demande d’un tiers.
La procédure d’office par le juge des tutelles disparaît, c’est le Procureur de la République qui a le monopole de la saisine du juge des tutelles lorsqu’il n’est pas saisi par les personnes sus énoncées.
Ainsi le juge des tutelles ne peut plus à la fois se saisir d’office et être juge de l’affaire.
En pratique environ la moitié des dossiers ouverts par le juge des tutelles l’étaient à la demande des services sociaux (communes, OPHLM, départements) ou hospitaliers.
Les médecins, les banques, les notaires avaient également l’habitude d’envoyer des signalements.
Cela était utile lorsque la personne n’avait pas d’entourage familial ce qui n’était pas toujours le cas.
Les juges des tutelles ont eu à faire face à un accroissement des demandes de mise sous protection pour des motifs de surendettement voire de faibles ressources.
Les majeurs concernés se sont trouvés déresponsabilisés, certains ont contesté vivement la mesure de protection pour ces motifs.
La loi du 5 mars 2007 ayant à la fois supprimé comme motif de protection les causes liées à la prodigalité, l’oisiveté, l’intempérance figurant dans la loi du 3 janvier 1968, et modifié les personnes pouvant solliciter une mesure de protection, ce type de problème devrait être appelé à disparaître.
1-2 Les motifs
Il doit être repris les dispositions du Code civil (article 425)  à savoir lorque la personne majeur est : « dans l’impossibilité de pourvoir seule à ses intérêts en raison d’une altération, médicalement constatée, soit de ses facultés mentales, soit de ses facultés corporelles, de nature à empêcher l’expression de sa volonté ».
Les causes liées à la prodigalité, l’oisiveté ou l’intempérance  (ancien article 488 du Code civil) ont été supprimées.
2) SOUS QUELLE FORME CETTE MESURE DOIT- ELLE ETRE DEMANDEE

2-1 La présentation de la requête
La demande d’ouverture doit être faite sous forme de requête présentée devant le tribunal d’instance du lieu du domicile du majeur à protéger.
En cas d’hospitalisation du majeur en long séjour ou de troubles mentaux elle sera présentée auprès du tribunal d’Instance dans le ressort duquel la personne est hospitalisée.
Dans tous les cas la demande doit être accompagnée à peine d’irrecevabilité d’un certificat circonstancié rédigé par un médecin choisi sur une liste établie par le Procureur de la République.
Il n’est plus exigé que ce médecin soit un spécialiste qualité qui résultait de l’inscription sur la liste établie par le Procureur de la République après avis du préfet.
Dans la demande de mise sous protection doivent être un exposées les raisons qui conduisent la personne requérante à demander une protection juridique du majeur.
Doivent être notamment joints des documents d’état civil sur la personne à protéger, son domicile, des renseignements sur les proches parents du majeur et le nom et l’adresse du médecin traitant.
2-2 Limites

L’article 428 du Code civil encadre strictement  la possibilité d’ordonner une mesure de protection.
Elle ne peut l’être qu’en cas de nécessité et :
- lorsqu’il ne peut être suffisamment pourvu aux intérêts de la personne par l’application des règles du droit commun de la  représentation;
- par une autre mesure de protection judiciaire moins contraignante ou par le mandat de protection future.
2-3 Le rôle de l’avocat

L’avocat peut intervenir dans le cadre des procédures de placement juridique soit à la demande du majeur concerné soit à la demande de la personne prenant l’initialtive de la mesure de protection.
La loi du 5 mars 2007 stipule que le majeur protégé peut être accompagné d’un avocat ou, avec l’accord du Juge par toute autre personne de son choix.
CONCLUSION

- La réforme du 5 mars 2007 consacre le principe général de la protection de la personne.
- Le mot « incapable » disparaît pour être remplacé par « protection juridique du majeur ».
- Le placement sous protection juridique sera réservé au seul cas où l’atération des facultés personnelles de l’interessé est médicalement avérée et si aucune mesure d’encadrement du majeur telle que mesure d’accompagnement social personnalisé (MASP) ou mesure d’accompagnement judiciaire (MAJ ) ne peut s’appliquer.
Enfin il est à noter la ratification par la France le 28 juillet 2008 de la convention de la HAYE sur la protection des adultes démontrant ainsi la conscience accrue de la  France de la nécessité de développer la protection des adultes vulnérables.
BIBLIOGRAPHIE
Nicolas DELECOURT Sophie MICHON « TUTELLE-CURATELLE Sauvegarde de justice – mandat de protection future Editions du PUITS FLEURI.
Jacqueline JEAN et Agnès JEAN « Mieux comprendre la tutelle et la curatelle » Guid’Utile Vuibert.
Droit de la Famille Dalloz Action.
Travaux du Sénat

 

Vous avez une question ?

Posez gratuitement toutes vos questions sur notre forum juridique. Nos bénévoles vous répondent directement en ligne.

1 Publié par Visiteur
10/09/2013 16:57

ce degueulase de mettre sa propre mère sous tutelle alors quelle en a pas besoin porte ouverte a tous les abus annie

2 Publié par Visiteur
23/10/2013 18:16

BONJOUR
JE VOUDRAIS SAVOIR SI EN TANT QUE TUTRICE DE MON PERE DEPUIS 2005 QUI EST EN MAISON DE RETRAITE POUR ALZHEIMER LA TUTELLE DOIT SE POURSUIVRE JUSQU A SON DECES OU EST CE QUE L ON PEUT L ARRETER QUAND ON VEUT ? J AVAIS MIS MON PERE SOUS TUTELLE CAR A CETTE EPOQUE LA MAISON DE RETRAITE OU IL ETAIT NE M INSPIRAIT PAS CONFIANCE ET J AVAIS PEUR QU IL SIGNE N IMPORTE QUOI A N IMPORTE QUI ETANT DONNE QU IL A UNE ASSURANCE VIE MAIS MAINTENANT JE VOUDRAIS STOPPER LA TUTELLE. C EST POSSIBLE ? MERCI INFINIMENT DE VOTRE REPONSE

3 Publié par Visiteur
25/11/2016 18:28

bonjour,

Ma nièce de 18 ans étudiante ne veut plus vivre avec sa mère qui en a la charge.
Elle a décidé de vivre avec son père.
le problème c'est qu'il a un petit salaire.
Peut elle demander une pension à sa mère qui est remarié pour faire ses études.
Cordialement

Publier un commentaire
Votre commentaire :
Inscription express :

Le présent formulaire d’inscription vous permet de vous inscrire sur le site. La base légale de ce traitement est l’exécution d’une relation contractuelle (article 6.1.b du RGPD). Les destinataires des données sont le responsable de traitement, le service client et le service technique en charge de l’administration du service, le sous-traitant Scalingo gérant le serveur web, ainsi que toute personne légalement autorisée. Le formulaire d’inscription est hébergé sur un serveur hébergé par Scalingo, basé en France et offrant des clauses de protection conformes au RGPD. Les données collectées sont conservées jusqu’à ce que l’Internaute en sollicite la suppression, étant entendu que vous pouvez demander la suppression de vos données et retirer votre consentement à tout moment. Vous disposez également d’un droit d’accès, de rectification ou de limitation du traitement relatif à vos données à caractère personnel, ainsi que d’un droit à la portabilité de vos données. Vous pouvez exercer ces droits auprès du délégué à la protection des données de LÉGAVOX qui exerce au siège social de LÉGAVOX et est joignable à l’adresse mail suivante : donneespersonnelles@legavox.fr. Le responsable de traitement est la société LÉGAVOX, sis 9 rue Léopold Sédar Senghor, joignable à l’adresse mail : responsabledetraitement@legavox.fr. Vous avez également le droit d’introduire une réclamation auprès d’une autorité de contrôle.

A propos de l'auteur
Blog de Maître Flouzat-Auba

Bienvenue sur le blog de Maître Flouzat-Auba

Dates de publications
Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux et sur nos applications mobiles