La preuve des récompenses.

Publié le Modifié le 17/04/2015 Vu 55 361 fois 9
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Après avoir examiné la définition des "récompenses" dans le régime communautaire en vue du maintien de l'équilibre des patrimoines propres des époux et de leur patrimoine commun j'envisagerai dans cet article, la preuve de cette indemnité due lors de la dissolution du régime matrimonial à la communauté

Après avoir examiné la définition des "récompenses" dans le régime communautaire en vue du maintien de l'

La preuve des récompenses.

Après avoir défini les récompenses, dans un précédent article, http://www.legavox.fr/blog/maitre-haddad-sabine/recompenses-point-mauvais-ticket-pour-1562.htm

Je me pencherai sur la preuve libre des biens propres et des récompenses.

Le conjoint, ou l’héritier qui invoque la qualité d’un  bien comme propre ou qui sollicite une récompense  devra en apporter la preuve par tout moyen.

Il démontrera que le bien est un propre au sens de l'article 1402 du code civil et  devra prouver que de l'argent pris dans la communauté a été utilisé pour ce bien propre de l’époux.

Une présomption de bien commun est envisagée par le code civil.

les circonstances seront appréciées souverainement par les tribunaux

1ère Civ, 5 avril 1978 pourvoi  n° 76-13029

Justifie légalement sa décision la Cour d’appel qui, pour admettre qu’il n’était dû aucune récompense par la communauté à l’ex-mari qui avait encaissé des fonds provenant d’une succession, dont la communauté aurait profité, relève que la femme avait également bénéficié de libéralités en argent et qu’il était impossible, en raison des circonstances, d’établir le compte des reprises et récompenses."

La  preuve du mobilier sera souvent difficile à établir comme étant propriété avant le mariage.

La preuve de la récompense réclamée à la communauté sera double pour éviter que les biens soient réputés communs.

I- La preuve de la propriété personnelle sur les biens, selon les règles posées par l'article 1402 du Code civil.

La preuve d’une récompense due à la communauté est facilitée par la présomption de communauté de l’article 1402 du Code civil de la dépense faite avec des deniers communs.

« Tout bien, meuble ou immeuble, est réputé acquêt de communauté si l'on ne prouve qu'il est propre à l'un des époux par application d'une disposition de la loi. Si le bien est de ceux qui ne portent pas en eux-mêmes preuve ou marque de leur origine, la propriété personnelle de l'époux, si elle est contestée, devra être établie par écrit. A défaut d'inventaire ou autre preuve préconstituée, le juge pourra prendre en considération tous écrits, notamment titres de famille, registres et papiers domestiques, ainsi que documents de banque et factures. Il pourra même admettre la preuve par témoignage ou présomption, s'il constate qu'un époux a été dans l'impossibilité matérielle ou morale de se procurer un écrit. »

A) La notion de biens propres.

La loi distingue les biens propres par nature, par subrogation ou par accession.

Article 1404 du code civil: "Forment des propres par leur nature, quand même ils auraient été acquis pendant le mariage, les vêtements et linges à l'usage personnel de l'un des époux, les actions en réparation d'un dommage corporel ou moral, les créances et pensions incessibles, et, plus généralement, tous les biens qui ont un caractère personnel et tous les droits exclusivement attachés à la personne. Forment aussi des propres par leur nature, mais sauf récompense s'il y a lieu, les instruments de travail nécessaires à la profession de l'un des époux, à moins qu'ils ne soient l'accessoire d'un fonds de commerce ou d'une exploitation faisant partie de la communauté."

Article 1405 du code civil : « Restent propres les biens dont les époux avaient la propriété ou la possession au jour de la célébration du mariage, ou qu'ils acquièrent, pendant le mariage, par succession, donation ou legs. »

Article 1406 du code civil "Forment des propres, sauf récompense s'il y a lieu, les biens acquis à titre d'accessoires d'un bien propre ainsi que les valeurs nouvelles et autres accroissements se rattachant à des valeurs mobilières propres. Forment aussi des propres, par l'effet de la subrogation réelle, les créances et indemnités qui remplacent des propres, ainsi que les biens acquis en emploi ou remploi."

Rappel des notions d'emploi et de remploi.

La déclaration d’emploi suppose  une utilisation de fonds propres,alors que le

remploi permet à l’époux qui vend un de ses biens propres  en vue d’effectuer un autre achat,  de démontrer que ce nouveau bien reste un bien propre puisque acquis avec des fonds propres issus de cette vente.

B)  la preuve  du caractère propre issue de la production d’un acte notarié

Pour les  biens immobiliers possédés avant le mariage, ou  pour démontrer l’acquisition d’un bien avec déclaration d’emploi ou de  remploi des sommes.

De même pour les donations, successions (preuve pas testament, acte de donation …)

C) la preuve par tout autre document

la production de factures, relevés bancaires, talons de chèques, inventaire… écrits,  registres et papiers domestiques sera admise.

(A noter que les dons manuels, déclarés au fisc démontreront l’origine des fonds, tout en évitant un éventuel redressement …)

II-  La preuve de l’enrichissement de la communauté au détriment de son patrimoine propre en cas de contestation de la récompense par le conjoint

Il  incombe à celui qui demande récompense à la communauté d'établir, par tous moyens, que les deniers provenant de son patrimoine propre ont profité à la communauté". De la même façon, la preuve sera libre.

L’encaissement de deniers propres par la communauté fait présumer le profit.

1ère Civ, 8 février 2005, pourvoi n° 03-15.384

C'est par une exacte application de l'article 1433 alinéa 2, du Code civil qu'une cour d'appel, qui a relevé que des deniers propres à une épouse ont été encaissés sur un compte joint ouvert au nom des époux, en déduit, à défaut de preuve par le mari que la communauté n'en a pas tiré profit, que la femme a droit à récompense.

Qu'en est-il de l'assurance vie ?

Le contrat est présumé commun et sa valeur au jour du divorce sera partagée entre les deux époux. Si les primes ont été versées grâce à des biens propres, il n'y aura pas de partage mais encore faut-il que l'époux puisse prouver que ses biens propres ont bien contribué au paiement.

1ère Civ, 8 mars 2005, pourvoi n° 03-10854: le décès d'un époux a pour conséquence de rendre propre au conjoint survivant le contrat d'assurance-vie alimenté par des deniers communs.

Une fois le principe de la récompense admis ou acquis par les tribunaux, restera à l’évaluer. Le calcul compliqué devra  prendre en compte la nature de chaque dépense.

Dans la majorité des situations, la récompense sera égale à la plus faible des deux sommes que représentent, la dépense faite et le profit subsistant (à savoir la plus-value).

Dans un prochain et troisième  article sur ce thème, je me pencherai sur l’évaluation et le calcul des récompenses.

Demeurant à votre disposition.

Maître HADDAD Sabine

Avocate au Barreau de Paris

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1 Publié par Visiteur
10/11/2011 16:34

Lillie, sans déclaration de remploi, votre bien sera considéré comme acquêt et donc qualifié de bien commun (article 1401). Par contre, s'il est prouvé que les fonds utilisés sont propres, qu'il n'y a pas eu de confusion des deniers (présomption de communauté, article 1402), alors la communauté vous devra récompense (article 1433).

Ceci dit, merci pour cet article.

2 Publié par Lepailleur
11/09/2012 10:51

Bonjour Maître,
Je suis divorcé depuis 3 ans et demi, nous sommes convoqués chez le Notaire le 19 septembre 2012 pour finir la liquidation de la communauté. Mon ex-épouse à eu pendant notre mariage une donation de sa mère et un héritage après le décès de celle-ci. cet argent mon ex-femme l'a dépenser pour la vie de tous les jours, je n'avais pas l'accès sur son compte et elle à donc dépensé cet argent pour elle, personnellement je ne sais pas du tout ce qu'elle en a fait. A ce jour après avoir vendu notre maison régler les dettes il ne reste plus d'argent du tout. Le Notaire à précisé qu'il ne pouvait y avoir de récompense s'il ne restait plus d'argent. Mon ex-épouse n'accepte pas de signer cette liquidation et me demande de faire un prêt pour lui rembourser ce qu'elle a eu en héritage pendant que nous étions mariés. Est-ce possible. Merci

3 Publié par Me Haddad Sabine
11/09/2012 11:13

je reste disponible par le biais du lien "posez une question "
je vous remercie de votre compréhension
Je vous répondrai au plus tard ce soir, lorsque la question aura été posée et payée ( paiement sécurisé)

crdt

cordialement

4 Publié par Visiteur
07/08/2013 19:22

mon epoux a place 66000euros sur compte joint dont il m'a repris le chequier ,a volatilise l'argent sans que je n'ai pu en beneficier du tout ,et me demande restitution sous pretexte de l'intitule demeurer au nom des deux epoux ,une ruse pour multiplier son heritage par deux il le touche une foi,me le demande en remboursement ensuite comment prouver que j'ai jamais utilise un centime

5 Publié par guytare
14/08/2014 16:19

premièrement au pire ce serait 33000£ puisque compte joint .Si ce n'est pas trop ancien ce retrait du compte-joint a laissé des traces et vous êtes en droit de demander des relevés de compte qui vous indiquerons la date , le mode de retrait chèque ou virement . Puisque votre mari vous réclame cette somme à tort( c'est la moitié) qu'il fasse la preuve que vous avez encaissé cette somme .

6 Publié par Visiteur
11/03/2016 22:58

Un conjoint survivant demande une récompense de 121 960 euros non justifiée sur une maison provenant d'un héritage de sa femme au titre de travaux réalisés. Or, ma cousine décédée avait reçu un héritage de son père en 1987 et vendu un bien commun financé par son père (sans justification) en 1988. J'ai hérité de cette maison comme légataire universelle de ma cousine, et le conjoint survivant décédé a laissé 30 héritiers sur le quart de cette maison, et ils me demandent de payer une partie de la communauté non réglée à ce jour. Au secours que faut-il faire ?

7 Publié par Visiteur
26/06/2017 03:05

Meubles de famille provenant de ma mère décédée. Personne ne peut témoigner qu'elle me les a donné. Trop anciens, personne n'a gardé preuve de leur origine. Ces meubles ornent ma résidence principale. Mon conjoint vient de décéder. Nous étions mariés sous le régime de la séparation de biens. L'héritier unique (un enfant adultérin) de mon mari demande que ces meubles entrent dans l'inventaire de la succession vu que je ne peux pas prouver la provenance. Suis-je condamnée par la loi à perdre une partie de ces biens transmis de génération en génération et surtout au profit d'un héritier, qui n'y est peut-être pour rien dans sa situation, mais qui malgré lui m'a déjà provoqué beaucoup de chagrin dans ma vie de couple.

8 Publié par Visiteur
30/11/2017 22:42

Mariés sans contrat de mariage, nous avons, en 2010, une maison en donnant 50.000 Euro d'acompte. J'avais 50.000 Euro sur mon compte d'épargne et nous avions épargné 50.000 Euro sur ce même compte, nous avions donc 100.000 euro au moment de l'achat de la maison. Il n'y a pas clause d'emploi.
Qu'advient-il des 50.000 euros versés ? Sont-ils considérés comme provenant de mes 50.000 propres ou des 50.000 économisés? Comment se passe le calcul? Merci d'avance pour votre réponse

9 Publié par Visiteur
08/03/2018 13:37

Nous avons achetés une maison à crédit car je souhaitais un partage équitable de la maison 50/50
Au cours de notre mariage mon époux a vendu des biens propres ceux ci sont tombés en communauté nous avons disposés de cet argent en vie de tout les jours j'ai prévenu mon époux que l'or de la liquidation divorce ou décès il se pourrait que l'on me demande récompense de ces sommes tombés en communauté je serais prête à rendre la moitié comment cela est il calculer? d'autant plus qu'il a un héritier d'un premier lit nous avons fait une donation au dernier vivant

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