La réception tacite d’un ouvrage purge t-elle les désordres apparents ?

Publié le 06/03/2017 Vu 9 958 fois 0
Légavox

9 rue Léopold Sédar Senghor

14460 Colombelles

02.61.53.08.01

Dans un récent arrêt rendu le 8 décembre 2016 (Cass. 3e civ., 8 décembre 2016, n°15-17.022), la Cour de cassation a rappelle le principe selon lequel une réception sans réserve couvre les désordres apparents tout en se prononçant sur le sort des désordres apparents non réservés en cas de réception tacite.

Dans un récent arrêt rendu le 8 décembre 2016 (Cass. 3e civ., 8 décembre 2016, n°15-17.022), la Cour de c

La réception tacite d’un ouvrage purge t-elle les désordres apparents ?

Dans un récent arrêt rendu le 8 décembre 2016 (Cass. 3e civ., 8 décembre 2016, n°15-17.022), la Cour de cassation a rappelé le principe selon lequel une réception sans réserve couvre les désordres apparents.

Il s’agissait en l’espèce de Monsieur et Madame X qui, suite à l’incendie de leur maison, avait mandaté l’entreprise Y pour la réalisation des travaux de remise en état de leur maison.

La facture émise le 17 novembre 1999 est réglée sans qu’aucun procès-verbal de réception exprès ait été dressé et signé des parties.

Suite au décollement et à la fissuration des enduits, Monsieur et Madame X ont sollicité une expertise, laquelle révèle que les décollements ont pour cause l’absence de préparation des supports et une exécution des travaux non conforme aux recommandations du fabricant.

Forts de ce constat, Monsieur et Madame X ont assigné l’entreprise Y en indemnisation de leur préjudice.

Dans un arrêt en date du 3 mars 2015, la Cour d’appel d’Angers a jugé que si la réception tacite sans réserve, malgré la présence connue de la fissuration de l’enduit, fait obstacle à l’action en garantie décennale, les dommages peuvent donner lieu à la responsabilité contractuelle de droit commun dans la mesure où l’entreprise a livré une maison dont le ravalement n’était pas conforme aux règles de l’art.

La Cour de cassation a cassé cet arrêt sur le fondement de l’article 1147 du Code civil au motif « qu’en statuant ainsi, alors que la réception sans réserve couvre les désordres apparents, la Cour d’appel a violé le texte susvisé».

La Cour de cassation confirme donc le principe selon lequel l’absence de réserve purge tous les recours au titre des non-conformités et vices apparents non réservés.

Mais l’apport de cet arrêt n’est pas sans conséquence en cas de réception tacite.

Pour rappel, la réception tacite résulte de la volonté non équivoque du maître de l’ouvrage de recevoir l’ouvrage.

En pratique, cette volonté ressort d’une prise de possession et du règlement du solde du prix.

En cas de réception tacite dépourvue d’écrit, qu’en est-il des non-conformités et vices apparents non réservés ?

La Cour de cassation répond et considère qu’une réception tacite est une réception sans réserve.

Une réception tacite est donc présumée sans réserve.

Aussi, en cas de réception tacite, le maître de l’ouvrage doit impérativement adresser à l’entreprise des réserves écrites signalant les désordres et non-conformités apparents.

A défaut, le maître de l’ouvrage sera réputé les avoir acceptés ce qui peut s’avérer lourd de conséquences.

Laurence ALOUP

Avocat à la Cour

Aloup.avocat@orange.fr

Tel : 01.76.31.95.06

Vous avez une question ?

Posez gratuitement toutes vos questions sur notre forum juridique. Nos bénévoles vous répondent directement en ligne.

Publier un commentaire
Votre commentaire :
Inscription express :

Le présent formulaire d’inscription vous permet de vous inscrire sur le site. La base légale de ce traitement est l’exécution d’une relation contractuelle (article 6.1.b du RGPD). Les destinataires des données sont le responsable de traitement, le service client et le service technique en charge de l’administration du service, le sous-traitant Scalingo gérant le serveur web, ainsi que toute personne légalement autorisée. Le formulaire d’inscription est hébergé sur un serveur hébergé par Scalingo, basé en France et offrant des clauses de protection conformes au RGPD. Les données collectées sont conservées jusqu’à ce que l’Internaute en sollicite la suppression, étant entendu que vous pouvez demander la suppression de vos données et retirer votre consentement à tout moment. Vous disposez également d’un droit d’accès, de rectification ou de limitation du traitement relatif à vos données à caractère personnel, ainsi que d’un droit à la portabilité de vos données. Vous pouvez exercer ces droits auprès du délégué à la protection des données de LÉGAVOX qui exerce au siège social de LÉGAVOX et est joignable à l’adresse mail suivante : donneespersonnelles@legavox.fr. Le responsable de traitement est la société LÉGAVOX, sis 9 rue Léopold Sédar Senghor, joignable à l’adresse mail : responsabledetraitement@legavox.fr. Vous avez également le droit d’introduire une réclamation auprès d’une autorité de contrôle.

A propos de l'auteur
Blog de Maître Laurence ALOUP

Avocat depuis 1998, Maître Laurence ALOUP intervient exclusivement en droit immobilier et, en particulier, en droit de la copropriété, droit de la construction, droit des biens ainsi qu'en droit des baux commerciaux et d'habitation.

Titulaire d'un DESS Droit de la consrtuction et de l'urbanisme.

Dates de publications
Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux et sur nos applications mobiles