Chaque année, la rentrée du Barreau de PARIS donne lieu à deux discours (outre ceux du Bâtonnier et du vice-Bâtonnier) : celui du Premier secrétaire de la Conférence du stage et celui de son suivant. Il s’agit, quelques fois, de morceaux d’éloquence sur des thèmes choisis (éloge d’un confrère décédé, procès reproduit, biographie élogieuse d’une personnalité décédée).
C’était souvent un exercice d’irrévérence et d’impertinence.
Le Ministre de la Justice est présent ainsi que des hauts magistrats et des personnalités diverses. C’est donc l’occasion pour ces jeunes confrères de se distinguer par quelques pics bienvenus.
Tout le monde le savait. Tout le monde l’acceptait.
Que s’est-il donc passé en 2017 ? Le deuxième secrétaire, Jérémie NATAF, avait choisi d’évoquer le procès d’HELIE DENOIX DE ST MARC. Celui-ci, militaire, avait participé au putsch des généraux en Algérie en 1961. Chacun se souvient de la phrase du Général de Gaulle concernant ce quarteron de de généraux…
Or, avant son intervention, un membre du Barreau de PARIS, délégué par le Bâtonnier, a pris la parole pour expliquer que les propos tenus n’engageaient pas le Barreau de PARIS.
C’était la première fois. Que craignait-on ? Il est vrai que de nombreux bâtonniers algériens étaient présents. Mais ce sont des confrères. Ils connaissent les règles du jeu et, j’en suis persuadé, au nom de la confraternité, auraient accepté cet éloge du militaire.
Du côté du Bâtonnier de PARIS, on a expliqué qu’il ne s’agissait pas de censure.
Il paraitrait (selon Olivia DUFOUR, dans un article publié dans La Gazette du Palais le 12 décembre 2017) qu’une seule censure aurait eu lieu dans l’histoire du Barreau de PARIS. Il s’agissait de Paul REYNAUD qui voulait consacrer son discours à Waldeck Rousseau. Les jeunes avocats de l’Action Française avaient menacé de troubler la Rentrée de Paris et le Bâtonnier était intervenu auprès du Secrétaire pour lui demander de ne pas prononcer ce discours d’éloge. Celui-ci a alors prononcé un éloge de CROMWELL, le régicide, et il a ainsi répondu aux confrères royalistes qui avaient fait pression sur le Bâtonnier. On connait la carrière de Paul REYNAUD. Il reste à souhaiter à Jérémie NATAF la même carrière.
Michel BENICHOU