La réception de courriel pornographique non sollicitée n'est pas une faute.

Publié le 18/05/2010 Vu 4 836 fois 1
Légavox

9 rue Léopold Sédar Senghor

14460 Colombelles

02.61.53.08.01

« La simple réception d'un e-mail accompagnés d'images pornographiques, et leur simple présence sur l'ordinateur d'un salarié ne démontant pas qu'il les ait enregistrées, n'est pas constitutive d'une faute justifiant, un licenciement ».Tel est l'attendu de principe d'un arrêt de la chambre sociale de la Cour de Cassation du 14 avril 2010. Là est tout tout le problème pour un employeur confronté à la déviation de son personnel de plus en plus amené à utiliser son matériel professionnel à un usage personnel.

« La simple réception d'un e-mail accompagnés d'images pornographiques, et leur simple présence sur l'ordi

La réception de courriel pornographique non sollicitée n'est pas une faute.

L'employeur doit par principe respecter le secret des correspondances privées. En effet, une communication électronique émise ou reçue par un emploi peut avoir le caractère d'une correspondance privée. La violation du secret des correspondances est une infraction pénalement sanctionnée par l'article L.226-15 du Code pénal.

La Cour de Cassation a affirmé, dans le très célèbre arrêt Nikon du 2 octobre 2001, qu'un employeur ne saurait prendre connaissance de messages personnels d'un employé sans porter atteinte à la vie privée de celui-ci (Art. 9 du Code civil) et au principe du secret des correspondances (Art. 226-15 du Code pénal), quand bien même une utilisation à des fins privées aurait été proscrite par l'employeur.

Pour autant, la jurisprudence a été amené à nuancer ce principe puisque le secret des correspondances peut être levé dans le cadre d'un instruction pénale ou par une décision de justice.

1. Principes et procédure:

Le principe ainsi posé est celui selon lequel, tout ce qui n'est pas identifié comme personnel est réputé professionnel de sorte que l'employeur peut y accéder librement. La Cour de Cassation considère qu'un message envoyé ou reçu depuis le poste de travail mis à disposition par l'employeur revêt un caractère professionnel, sauf s'il est identifié comme étant personnel, dans l'objet du message (soc. 30 mai 2007) ou dans le nom du répertoire dans lequel il est stocké. Si le message est identifié comme étant personnel, son ouverture est soumise à une procédure particulière : il ne peut en être pris connaissance qu'en présence du salarié ou, à tout le moins, celui-ci dûment appelé. Toute procédure contraire serait par la suite invalidée.

En l'espèce, l'employeur avait fait établir un procès verbal de constat mais postérieurement au licenciement et hors la présence du salarié (Oups!). Alors, même si la Cour n'a pas statué sur ce point, il serait à conseiller à tout employeur dans cette situation de demander au juge, sur le fondement de l'article 145 du NCPC une ordonnance autorisant un huissier de justice à accéder aux données contenues dans le courriel ou le dossier.

 

2. La réception non-sollicitée :

Toutefois, en l'occurrence, la Haute Cour a pris position sur la validité du licenciement procédé sur ce fondement. L'employeur arguait en effet que le salarié (directeur de compagnie) avait commis une faute justifiant une mise à pied conservatoire puis un licenciement pour faute grave car il possédait sur le disque dur de son portable des fichiers pornographiques insérés dans des fichiers professionnels (soit 22 photographies et 3 vidéos).

Or, la Cour d'appel puis la Cour de Cassation ont été dans le sens du salarié qui se plaçait non sur la présence dans on ordinateur des dits fichiers (qu'il ne contestait pas), mais sur sa volonté de les enregistrés. Le salarié faisait valoir que la simple réception d'images pornographiques non sollicitées envoyées par des collègues se trouvant en Asie ne pouvait constituer à elle seule une faute disciplinaire. D'autant qu'il apportait des témoignages d'autres salariés attestant avoir reçu lesdites images.

La Cour se rapproche ici, pour appréhender l'utilisation des nouvelles technologies, de sa position développée pour le courrier papier (Ch. Mixte 18 mai 2007). Ainsi, la simple réception même non sollicitée sur son lieu de travail de revue échangiste ne saurait entrainer une sanction disciplinaire dès lors qu'il ne constitue pas un trouble objectif dans le fonctionnement de l'entreprise.

En se prévalent du caractère non-sollicité, un salarié est désormais protégé et pourrait, on peut le penser, consulter au moyen de son adresse électronique personnelle et sur son lieu de travail,  en toute impunité des images pornographiques sans encourir aucune sanction.

Vous avez une question ?

Posez gratuitement toutes vos questions sur notre forum juridique. Nos bénévoles vous répondent directement en ligne.

1 Publié par miyako
19/05/2010 11:04

merci pour cet article qui clarifie clairement les choses .Il faudra désormais tenir compte de ces JP dans les réglements intérieurs .
L'employeur a quand même agi avec légéreté en licenciant faute grave .
Un SIMPLE rappel, verbal, à l'ordre eut été largement suffisant.
J'ai eu le cas avec des équipes de nuit qui laissaient trainées des images porno que l'on découvrait le matin.
En tant que DRH ,j'ai convoqué tout le monde et ai fait une mise au point très ferme verbalement ,mais aussi par une note de service interne.Tout le monde a bien compris et depuis ,il n'y a plus d'incident de ce genre.
Les DP ont à l'unanimité approuvé ma façon de faire et ma note de service.
Suji Kenzo

Publier un commentaire
Votre commentaire :
Inscription express :

Le présent formulaire d’inscription vous permet de vous inscrire sur le site. La base légale de ce traitement est l’exécution d’une relation contractuelle (article 6.1.b du RGPD). Les destinataires des données sont le responsable de traitement, le service client et le service technique en charge de l’administration du service, le sous-traitant Scalingo gérant le serveur web, ainsi que toute personne légalement autorisée. Le formulaire d’inscription est hébergé sur un serveur hébergé par Scalingo, basé en France et offrant des clauses de protection conformes au RGPD. Les données collectées sont conservées jusqu’à ce que l’Internaute en sollicite la suppression, étant entendu que vous pouvez demander la suppression de vos données et retirer votre consentement à tout moment. Vous disposez également d’un droit d’accès, de rectification ou de limitation du traitement relatif à vos données à caractère personnel, ainsi que d’un droit à la portabilité de vos données. Vous pouvez exercer ces droits auprès du délégué à la protection des données de LÉGAVOX qui exerce au siège social de LÉGAVOX et est joignable à l’adresse mail suivante : donneespersonnelles@legavox.fr. Le responsable de traitement est la société LÉGAVOX, sis 9 rue Léopold Sédar Senghor, joignable à l’adresse mail : responsabledetraitement@legavox.fr. Vous avez également le droit d’introduire une réclamation auprès d’une autorité de contrôle.