Mentir pour obtenir une rupture conventionnelle

Publié le 11/08/2022 Vu 4 996 fois 0
Légavox

9 rue Léopold Sédar Senghor

14460 Colombelles

02.61.53.08.01

Lorsque le salarié ment à l'employeur pour obtenir une rupture conventionnelle, la rupture conventionnelle signée n'est pas forcément nulle selon la Cour de cassation.

Lorsque le salarié ment à l'employeur pour obtenir une rupture conventionnelle, la rupture conventionnelle s

Mentir pour obtenir une rupture conventionnelle

Le salarié peut-il mentir à son employeur quant à son projet professionnel pour obtenir une rupture conventionnelle ?

Oui ... et non. 

Exemple (Cass. Soc., 11 mai 2022 n°15.909) :

Un salarié qui exerçait des fonctions de commercial demande une rupture conventionnelle à son employeur en la motivant par un projet de reconversion professionnelle dans le tourisme nautique de pêche au gros.

Soit plus rien à voir avec son poste actuel. 

L'employeur accepte la rupture conventionnelle et lui verse 73 727€.

Sauf que le salarié a menti sur son projet puisqu'il a finalement pris un poste de directeur commercial dans une entreprise concurrente.

L'ancien employeur, mécontent, demande la nullité de la rupture conventionnelle en soutenant que son consentement a été vicié puisque le salarié lui a menti pour obtenir la rupture conventionnelle (et en plus, il est parti pour une entreprise concurrente...).

La Cour d'appel annule la rupture conventionnelle, sans pour autant constater que ce mensonge avait déterminé le consentement de l'employeur.

Pour faire simple : il y a un mensonge du salarié, pas de débat. 

La question est de savoir si ce mensonge a déterminé ou non l'employeur à conclure la rupture conventionnelle. Sans ce mensonge, est-ce que l'employeur aurait conclu la rupture conventionnelle ou en tout cas à des conditions différentes ? 

La Cour d'appel ne constate pas que ce mensonge a déterminé le consentement de l'employeur.

La Cour de cassation casse et annule donc l'arrêt de la Cour d'appel en jugeant qu'il fallait constater que le projet de reconversion professionnelle présenté par le salarié à son employeur avait déterminé son consentement à conclure la rupture conventionnelle. 

La Cour d'appel de renvoi devra donc de nouveau juger, en constatant (ou non) ce caractère déterminant, à savoir que, sans le mensonge du salarié, l'employeur n'aurait pas conclu la rupture conventionnelle ou aurait contracté à des conditions bien différentes. 

Finalité :

Le salarié peut mentir à l'employeur pour obtenir une rupture conventionnelle, mais s'il s'avère que ce mensonge provoque une erreur auprès de l'employeur et détermine son consentement à conclure la rupture conventionnelle (sans ce mensonge, il n'aurait pas accepté la rupture conventionnelle ou dans des conditions différentes), l'employeur peut toujours demander au juge la nullité de la rupture et donc la restitution des sommes versées. 

Et c'est à l'employeur de le prouver ... 

Rappelons que "Pour bien mentir, il faut beaucoup de sincérité ! " (J. Giono)

Vous avez une question ?

Posez gratuitement toutes vos questions sur notre forum juridique. Nos bénévoles vous répondent directement en ligne.

Publier un commentaire
Votre commentaire :
Inscription express :

Le présent formulaire d’inscription vous permet de vous inscrire sur le site. La base légale de ce traitement est l’exécution d’une relation contractuelle (article 6.1.b du RGPD). Les destinataires des données sont le responsable de traitement, le service client et le service technique en charge de l’administration du service, le sous-traitant Scalingo gérant le serveur web, ainsi que toute personne légalement autorisée. Le formulaire d’inscription est hébergé sur un serveur hébergé par Scalingo, basé en France et offrant des clauses de protection conformes au RGPD. Les données collectées sont conservées jusqu’à ce que l’Internaute en sollicite la suppression, étant entendu que vous pouvez demander la suppression de vos données et retirer votre consentement à tout moment. Vous disposez également d’un droit d’accès, de rectification ou de limitation du traitement relatif à vos données à caractère personnel, ainsi que d’un droit à la portabilité de vos données. Vous pouvez exercer ces droits auprès du délégué à la protection des données de LÉGAVOX qui exerce au siège social de LÉGAVOX et est joignable à l’adresse mail suivante : donneespersonnelles@legavox.fr. Le responsable de traitement est la société LÉGAVOX, sis 9 rue Léopold Sédar Senghor, joignable à l’adresse mail : responsabledetraitement@legavox.fr. Vous avez également le droit d’introduire une réclamation auprès d’une autorité de contrôle.