Le 10 juin 2020, l'ancienne Procureure du Parquet National Financier (PNF) Eliane Houlette avoue avoir subie des pressions lors de l'enquête sur l'affaire des époux Fillon. Une révélation qui bouleverse le monde politique. De l'autre côté, l'on ajoute l'affaire des "écoutes Sarkozy-Herzog" qui revoit le jour dans les médias : le PNF aurait espionné et géolocalisé plusieurs avocats.
En s'intéressant d'abord à l'affaire Fillon, en effet, cela peut indigner énormément : comment un Parquet, une institution judiciaire français démocratique, juste, impartiale peut subir des pressions quant à une affaire d'une aussi grande ampleur : celle concernant un candidat à une élection présidentielle. Des soupçons commencent donc à naître dans l'opinion publique concernant une volonté de faire obstacle à cette candidature.
Malgré cela, François Fillon a aujourd'hui fait l'objet d'une peine de cinq ans d'emprisonnement, dont deux ans ferme. Une peine trop sévère compte tenu des circonstances ? Ses avocats ont décidés de faire appel.
Ceci a donc également fait resurgir les problèmes durant l'affaire Sarkozy par le même Parquet : les écoutes. Ce qui a créé l'indignation de l'avocat Éric Dupond-Moretti, qui qualifie ces faits (listage des appels reçus, émis, des conversations etc) d'atteinte à la vie intime, personnelle et professionnelle, ce qui serait indigne dans un État de grande démocratie, une dérive qu'il essaye de dénoncer depuis 10 ans. L'avocat en parle aussi dans son ouvrage "Directs du Droit" dans lequel il dénonce des failles de la Magistrature en lien avec cette affaire. Le soutien s'exprime par de nombreux avocats, dont Maître Hervé Têmime qui dénonce un dysfonctionnement total des pratiques attendues de la justice qui méprise fortement la protection des avocats par le secret professionnel.
L'avocat Maître Alain Jakubowicz, en s'alarmant de ces faits, rappelle que : "On parle d'anciens présidents de la République, de ministres etc, mais c'est chacun d'entre nous que cela concerne, parce que quand on commence à s'attaquer aux avocats, on s'attaque aux droits fondamentaux, aux droits de chacun". L'avocat mentionne un problème notamment du côté du garde des sceaux, dirigé par le Président de la République qui doit savoir parfois dire "non" à ce dernier, car il est garant de l'indépendance de la Magistrature.
Cette question de l'indépendance des juges par rapport au pouvoir politique est donc au coeur des débats (à savoir si elle est importante à mettre en place, et si l'on doit la pousser au point de devoir élire nous-mêmes les juges, comme au sein du système américain)...
La question de la légitimité du PNF
Au regard des faits, cette question de la légitimité se pose en effet tout naturellement. Le Parquet National Financier a été créé sous le Gouvernement de François Hollande en 2013 afin de traquer la grande délinquance économique et financière. L'avenir de ce Parquet se retrouve aujourd'hui menacé. Récemment, le député Éric Ciotti a déposé une proposition de loi visant à faire supprimer cette institution, ce qui peut paraitre compréhensible suite aux doutes des méthodes utilisées... Cette instance est-elle vraiment légitime et impartiale ? Ou bien est-ce une institution fortement politisée ?