LE CASSE TETE DES DETTES FISCALES ENTRE EPOUX APRES DIVORCE : LA DEMANDE DE CREANCE ENTRE EPOUX

Publié le Modifié le 24/07/2018 Vu 45 544 fois 20
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Si la solidarité fiscale existe entre époux, il faut savoir qu’après le divorce l’un des ex conjoints pourra réclamer à l’autre le remboursement de la part d’impôts qu’il a payé à sa place au cours du mariage.

Si la solidarité fiscale existe entre époux, il faut savoir qu’après le divorce l’un des ex conjoints

LE CASSE TETE DES DETTES FISCALES ENTRE EPOUX APRES DIVORCE : LA DEMANDE DE CREANCE ENTRE EPOUX

I-La contribution fiscale dans le mariage

A) L'article 214  du code civil  et la contribution aux charges du mariage

Si les conventions matrimoniales ne règlent pas la contribution des époux aux charges du mariage, ils y contribuent à proportion de leurs facultés respectives.

Si l'un des époux ne remplit pas ses obligations, il peut y être contraint par l'autre dans les formes prévues au code de procédure civile.

L'alinéa 2 vise la solidarité des dettes entre les époux.

La solidarité ne s'applique qu'aux impositions communes aux époux ou partenaires d'un PACS.

Au titre de l’année du mariage, les époux peuvent déposer une seule déclaration commune de l’ensemble des revenus et des charges des deux conjoints pour l’année entière.

Ils peuvent aussi sur option irrévocable, uniquement au titre de l’année du mariage, opter pour une imposition distincte de leurs revenus en déposant  une déclaration par personne avec les revenus et les charges pour l’année entière.

Durant l'union, la solidarité fiscale jouera à plein ( les époux sont solidaires vis à vis du fisc,

Si les époux sont mariés sous le régime de la communauté légale, (sauf cas de fraude du débiteur et de mauvaise foi du créancier), toute dette fiscale née pendant la communauté du chef d’un époux constitue une dette de la communauté, dont le recouvrement peut être poursuivi sur les biens communs,

La solidarité entre époux est donc totale pour le paiement de l'impôt sur le revenu ,de la taxe d'habitation et foncière.

Cette solidarité fiscale s'applique également pendant l'instance de divorce, après le divorce et en cas de rupture de la vie commune, s'il reste des sommes à payer au titre de l'imposition commune.

B) La solidarité fiscale posée par le code générale des impôts

Envisagée  par les articles 1691 bis du CGI et 1723 ter OO-B du CGI , elle suppose qu'il y ait  mariage ou conclusion d'un pacte civil de solidarité (PACS) et ce quel que soit le  régime matrimonial, choisi.

Elle concerne :

- l'impôt sur le revenu lorsque les époux ou pacsés  sont soumis à une imposition commune ;

- la taxe d'habitation lorsqu'ils vivent sous le même toit d

l'impôt de solidarité sur la fortune.

Chacun pourra donc être poursuivi pour le montant total de la créance fiscale, même s’il a payé la partie correspondant à ses revenus.

Pour Cass. 1ère Civ, 19 février 1991, pourvoi N° 88-19.303 ; Cass. 1re Civ., 17 septembre. 2003, pourvoi N° 02-11.532, l’impôt sur le revenu est une dette de communauté au même titre que  l’impôt foncier Cass. 1re Civ, 8 février 1978, pourvoi N° 76-11.379 à condition que le fait générateur de la dette soit intervenu durant la communauté Cass. 1re Civ, 18 septembre. 2002, pourvoi N° 00-12.549 ; Cass. 1re Civ, 25 février 2003, pourvoi N° 00-22.672

L’administration fiscale pourra  ainsi poursuivre les biens de la communauté pour n’importe quelle dette fiscale sur les biens de la communauté et recouvrer toute  dette fiscale née du chef d’un époux en raison de son activité professionnelle.

II La fin de la solidarité fiscale

A) Sur  décharge accordée automatiquement par le directeur départemental des finances publiques du lieu d’habitation

Lorsqu'une procédure de divorce est lancée, chacun des époux peut déposer une "demande de décharge de solidarité de paiement" pour obtenir une répartition du montant des impôts à payer.

TROIS  conditions s’imposent à une telle demande qui sera statuée sous 6 mois, ( prorogée par écrit de 3 mois) sauf à saisir ensuite le tribunal administratif dans les deux mois d’un refus expres ou tacite.

  1. le couple doit être séparé ;

  1. le montant de la dette fiscale doit être disproportionné par rapport à la situation financière et patrimoniale du demandeur ; (si son montant dépasse la valeur du patrimoine du demandeur sans tenir compte de la valeur de la résidence principale), ou bien en l’absence de patri­moine personnel, la dette est disproportionnée si ses ressources une fois ses charges déduites ne lui permettent pas de rembourser la dette sur une durée inférieure à 10 ans)

  1. le demandeur doit remplir ses obligations déclaratives depuis la séparation sans s’être soustrait frauduleusement à l’impôt.

 Dans ce cas le demandeur devra payer une  fraction de l’impôt sur le revenu égale au rapport entre ses revenus personnels, augmentés de la moitié des revenus communs du couple, et le montant total des revenus du couple.

Pour l’ISF, il reste tenu de la fraction d’ISF égale au rapport entre son patrimoine net personnel, majoré de la moitié du patrimoine net commun du couple, et le patrimoine total du couple.

Pour la taxe d’habitation, de la moitié de la taxe, sauf à obtenir  remise gracieuse.

La séparation de droit ordonnée dans le cadre d’une procédure de divorce par l’ordonnance de non conciliation pourra autoriser une telle demande.

B) en cas de divorce ou de séparation de corps

Tant que le divorce n’est pas transcrit sur les actes de l’Etat civil, ou sans décharge de fiscale  autorisée, la solidarité existe.

Lorsque le divorce devient définitif s'ouvre l'indivision post communautaire qui prendra fin au partage .

La répartition éventuelle se fera  dans les comptes d'administration au prorata des ressources ou des droits sur le bien.

Rappelons que toutes dispositions  prévues dans les conventions amiables en divorce n'étant que contractuelles ,elles n'engagent que les époux et ne lient  pas l'administration fiscale.

Ainsi, même si le jugement de divorce précise qu'un des ex-époux doit s'acquitter de la dette relative aux impôts, le Trésor Public peut réclamer une somme impayée à son ex-conjoint.

Au titre de l’année de divorce ou séparation, chaque ex-conjoint devra  déposer une déclaration avec ses revenus et ses charges pour l’année entière.

 C) La question de la créance entre époux après divorce ou quand l’article 214 du code civil est devenu  inapproprié

Si les demandes de créances formulées par un époux séparé de biens à l’égard de son conjoint au moment de la liquidation sont neutralisées par principe par l’obligation légale qui lui est faite, aux termes des articles 214 et 1537 du code civil, de contribuer aux charges du mariage, les dettes d’impôts : taxe habitation, impôt sur le revenu  ne sont pas considérées par les tribunaux comme des dettes du ménage ou autrement dit des contributions aux charges du mariage.

Ce sont des dettes personnelles qui  peuvent être réclamées à titre de créance.

1 ère Civ, 5 novembre 2014, pourvoi N° 13-22605 a jugé encore récemment que l’impôt sur le revenu du conjoint ne fait pas partie des charges du mariage au visa de l’article 1536 du code civil.

C’est une charge découlant directement des revenus personnels de chaque époux et ne figure pas au nombre des charges du mariage auxquelles chacun des conjoints doit contribuer.

1 ère Civ, 22 février 1978, pourvoi N°76-14.03 l’avait  déjà jugé en ces termes :

L’impôt sur le revenu ne constitue pas une charge du mariage sous un régime séparatiste, au motif qu’il constitue la charge directe des revenus personnels des époux, étrangère aux besoins de la vie familiale

1 ère Civ, 30 octobre 2006 pourvoi N°: 03-19317

Au visa de l’article 1536 du code civil

… Qu'en statuant ainsi alors que la contribution des époux séparés de biens à la dette fiscale, qui ne constitue pas une charge du mariage, est déterminée au prorata de l'impôt dont ils auraient été redevables s'ils avaient fait l'objet d'une imposition séparée, la cour d'appel a privé sa décision de base légale au regard du texte susvisé

 1 ère   Civ, 25 juin 2008, pourvoi N°07-17.349

Suite à une « convention verbale » selon laquelle l’un des époux  assumerait les impôts du couple, tandis qu’en contrepartie, l’épouse réglerait seule « les frais de logement qui constituent en l’absence d’enfant l’essentiel des charges du mariage ».

Ici pour la  Cour de cassation le paiement de l’impôt sur le revenu par l’un des époux pouvait se compenser avec celui des frais de logement opérés par son conjoint.

Ainsi, elle admet indirectement que l’article 214 du code civil n’est pas toujours hors de propos s’agissant du paiement de l’impôt sur le revenu.

Demeurant à votre disposition pour toutes précisions.

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1 Publié par Jibi7
29/01/2015 18:39

Merci Maître de ces piqûres de rappel!

Vous ne citez pas la taxe foncière sur les biens communs indivis..
ni de sa répartition éventuelle au prorata des ressources (ou des droits sur le bien) tant que le partage post divorce n'est pas fait..

DAns les affaires qui trainent y a t il une prescription ?

2 Publié par Me Haddad Sabine
30/01/2015 17:32

Tout à fait d'accord
Pour vous répondre, je vous rappelle que l'article 2236 prévoit que la prescription ne court pas ou est suspendue entre époux, entre partenaire de PACS.

cordialement

3 Publié par Visiteur
11/09/2015 15:18

Bonjour Maître et merci pour vos conseilles.
lorsque qu'une dette sur l’impôt sur le revenu est en cours et que la somme saisi sur l'un des 2 ayant un revenu plus bas que l'autre que ce passe-t-il si il y a une séparation?

cordialement

4 Publié par Visiteur
29/09/2015 20:18

Bonjour Maître, Je suis en instance de divorce et mon mari veut déposer une créance envers moi car c'est lui qui a payé les traites de la maison mais comme je n'avais pas de salaire comment pouvais-je payer Cette maison est à mon nom sous contrat de mariage et mon mari lui, a les murs de la patisserie A t il le droit ?

5 Publié par Visiteur
01/10/2015 01:00

Bonjour Maître,

Mon ex-conjoint et moi sommes séparés (rupture de PACS) depuis le 01 septembre 2014. La séparation physique a eu lieu en avril 2014. Nous avons fait notre déclaration d'impôts sur les revenus 2013 en mai 2014. Ayant clôturé notre compte bancaire commun juste avant la déclaration, nous nous sommes convenus que les mensualités seraient prélevées sur le compte de Monsieur mais que je lui reverserais la moitié. Nous avons continué ainsi jusqu'à la déclaration de 2015 sur les revenus de 2014 (en mai 2015). Cette déclaration faite séparément a déclenché l'arrêt des mensualités prélevées. Monsieur a alors touché un 1er remboursement des impôts de 426 euros, puis mi-aout un 2ème de 959 euros. Si je n'avais pas reçu le courrier m'indiquant que cette somme a été versée sur son compte, il aurait certainement omis de me le dire (et je dis cela sans aucun jugement car j'ai attendu 3 semaines avant de lui poser la question pour voir si de lui-même il allait m'en parler). A ce jour, il refuse de me rembourser la moitié de cette somme et m'affirme que l'intégralité lui revient puisque tout était prélevé sur son compte (ce qui est vrai informatiquement parlant mais évidement faux car je lui reversais cette sommes en payant l'intégralité de la crèche de notre fils, tel était notre arrangement). J'ai contacté les impôts pour m'assurer que la somme remboursée couvre bien la période de déclaration commune, ils m'ont dit qu'eux ne regardent pas la manière dont le compte débité est alimenté). La question est de savoir comment puis-je faire pour faire valoir mes droits ? Puis-je passer par un huissier de justice ? Je ne souhaite vraiment pas engagé un avocat à ce jour car je n'en ai pas les moyens et je gagne trop pour avoir droit à l'aide juridictionnelle.
Vous remerciant d'avance pour votre aide, veuillez recevoir chère maître ma sincère considération.

6 Publié par Visiteur
05/01/2016 20:31

Bonjour,je suis en séparation avec mon épouse depuis le 19 novembre 2015, dans ONC il est préciser de partager les dettes en deux parts, nous avons 3500 à payer aux impôts taxe d'hab et foncière mon épouse refuse de payer, le tresor public finira par faire une saisie sur mon salaire comme ils ont tjrs fait alors que mon épouse travail en aucune fois le tresor public n'a été saisir sur salaire
Que faire ?

7 Publié par Visiteur
27/01/2016 09:35

Monsieur mon fils est dans le même cas (ci-dessus), il gagne beaucoup moins que sa compagne et il n'y arrive plus, il a eu droit à une saisie sur salaire.
Pourquoi toujours l'homme, dans son cas c'est son ex épouse qui déclarait plus de 4000 euros alors que lui ne gagne que 1800 euros? Au téléphone.
Que peut-il faire ?

8 Publié par Visiteur
03/02/2016 07:48

Bonjour
La solidarité s exerce t elle sur un redressement fiscal sur TVA? Alors qu un seul des époux est en nom propre ? (défaut TVA par omission) et si le conjoint apparaît en collaborateur ?merci

9 Publié par Visiteur
18/03/2016 15:23

Bonjour,

10 Publié par FMatu42
18/03/2016 15:46

Bonjour,
En 2014, j'ai découvert que mon épouse faisait des déclarations fiscales séparées. Je remplissais ma partie, et lui confiait le document pour qu'elle le complète avec son comptable. Seulement, pendant 3 ans, elle a fait des déclarations en tant que femme seule avec enfants à charge, sans m'en avoir informé, sans qu’aucunes procédures de divorces ne soient engagées, et surtout sans transmettre mes déclarations.
En 2013 et 2014, les services fiscaux m'ont adressé deux lettres recommandées pour non-déclarations. J'ai découvert seule de 2014 dans les sous-vêtements de Madame, ce qui m' permis de tout découvrir et de me rapprocher des impôts. Le problème concerne la lettre de 2013 qui est restée sans réponses de ma part, étant donné que je ne l'avais pas. Madame m'a confirmée qu'elle me cachait tous les courriers des impôts : lettre de relance, avis d'imposition, ...
Ce détail a son importance car de ce fait, je suis un contribuable qui ne remplit pas ces obligations déclaratives. Et donc, ma demande de décharge de responsabilité solidaire a peu de de chances à aboutir.
Je tiens à préciser que je fais l’objet d’une saisie sur salaire pour les impôts du couple, et que je suis le seul à assumer. Car soit les impôts ne parviennent pas à la saisir, soient elle est déjà saisie sur une autre dette.
Depuis octobre 2015, elle fait l’objet d’une procédure de redressement judiciaire, mais les impôts refusent de me répondre sur le fait que la dette que j’assume seul au titre de la solidarité du couple est bien prise en compte dans le plan de RJ.
Autre point, les revenus de Mme sont 2 à 3 fois supérieurs aux miens.
Qu’elles solutions s’offrent à moi ?
La dette devrait logiquement être marquée au plan de RJ, et de ce fait l’avis de tiers détenteur devrait être « gelé » pendant la procédure ?
Pour le problème de non-respect des déclarations, comment je peux me retourner contre Madame ? Est-ce que je peux demander une copie de l’AR aux impôts ?
Nous sommes passés devant le juge le 8 décembre 2015, et il statué sur le fait que Mme devait prendre en charge le solde de la dette fiscale ? Comment je peux faire exécuter l’ordonnance et faire en sorte que les impôts reconnaissent cette ordonnance ?
Merci de votre aide et de vos réponses.

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