L'évaluation des récompenses au moment de la liquidation du régime de communauté

Publié le Modifié le 06/10/2014 Vu 213 509 fois 14
Légavox

9 rue Léopold Sédar Senghor

14460 Colombelles

02.61.53.08.01

Dans 2 précédents articles, j’ai pu définir et envisager la preuve des récompenses qui intéresse la liquidation des régimes de communauté.Une fois le principe de la récompense admis ou acquis par les tribunaux, restera à l’évaluer. Son calcul devra prendre en compte la nature de chaque dépense, et l’écoulement du temps passé entre la dépense initiale et la récompense… Dans la majorité des situations, la récompense sera égale à la plus faible des deux sommes que représentent, la dépense faite et le profit subsistant (à savoir la plus-value). Comment se fera leur évaluation ? Et quelle sera la base de leur calcul concrètement ? La réponse est donnée par l'article 1369 du code civil.

Dans 2 précédents articles, j’ai pu définir et envisager la preuve des récompenses qui intéresse la l

L'évaluation des récompenses au moment de la liquidation du régime de communauté

Dans deux précédents articles, j’ai pu  définir et envisager la preuve des récompenses qui intéresse la liquidation des régimes de communauté http://www.legavox.fr/blog/maitre-haddad-sabine/recompenses-point-mauvais-ticket-pour-1562.htm et http://www.legavox.fr/blog/maitre-haddad-sabine/preuve-recompenses-1569.htm.

Une fois le principe de la récompense admis ou acquis par les tribunaux, restera à l’évaluer. Son calcul devra  prendre en compte la nature de chaque dépense, et l’écoulement du temps passé entre la dépense initiale et la récompense…

Dans la majorité des situations, la récompense sera égale à la plus faible des deux sommes que représentent, la dépense faite et le profit subsistant (à savoir la plus-value).
Comment se fera leur évaluation ?  Et quelle sera la base de leur calcul concrètement ? La réponse est donnée par l'article 1369 du code civil.

Ce domaine étant complexe, je m’en tiendrai donc uniquement aux grandes lignes et prie le lecteur avisé de bien vouloir m'en excuser car chaque situation est un cas pratique et d'étude.

L’article 1469 du code civil dispose :

« La récompense est, en général, égale à la plus faible des deux sommes que représentent la dépense faite et le profit subsistant ( c'est-à-dire la plus-value)

Elle ne peut, toutefois, être moindre que la dépense faite quand celle-ci était nécessaire.

Elle ne peut être moindre que le profit subsistant, quand la valeur empruntée a servi à acquérir, à conserver ou à améliorer un bien qui se retrouve, au jour de la liquidation de la communauté, dans le patrimoine emprunteur.

Si le bien acquis, conservé ou amélioré a été aliéné avant la liquidation, le profit est évalué au jour de l'aliénation ;

si un nouveau bien a été subrogé au bien aliéné, le profit est évalué sur ce nouveau bien. »

Un compte ou « balance » de toutes les récompenses admises comme telles  sera établi dans un deuxième  temps.

Chaque soldes des récompenses se compensera entre, à savoir ceux dus au profit de la communauté et ceux dus par celle-ci à un époux.

Article 1470 du code civil

« Si, balance faite, le compte présente un solde en faveur de la communauté, l'époux en rapporte le montant à la masse commune.
S'il présente un solde en faveur de l'époux, celui-ci a le choix ou d'en exiger le paiement ou de prélever des biens communs jusqu'à due concurrence. »

Mais les situations seront à envisager dans le temps.

I- La règle  de principe : un calcul classique

A chaque fois qu’une somme a été prise sur la communauté pour payer une dépense qui incombe à un époux au titre d’un bien qui lui est propre ( ex montant payé pour une soulte, paiement de frais, fraction en capital d’un prêt remboursé, ….), il convient  d’appliquer l’opération suivante :

A)  Quand la dépense a servi à acquérir, conserver ou améliorer un bien propre, la récompense est égale à la plus-value acquise par ce bien au jour du partage.

Somme prise sur la communauté X valeur de la maison au jour du partage / valeur de la maison au moment où la somme a été dépensée

Ex des époux procèdent à des travaux d’entretien et d’agrandissement d’un logement, propriété  de l’un d’eux. Ce dernier devra alors une récompense égale à la plus-value résultant de cet agrandissement.

Imaginons, que la communauté rembourse  en 2010 un emprunt de 200.000 euros  souscrit en 1980 portant sur un bien propre d’une valeur initiale de 300.000 euros, actualisée 20 ans plus tard à 500.000 euros

Sans l'intervention de la communauté, le conjoint ne serait propriétaire que de la partie payée avant l’union.

Le profit subsistant est égal à la quote-part payée par la communauté du bien.

Or cette valeur de bien ayant augmenté avec les années et l’inflation, c’est à la date de la liquidation qu'elle sera appréciée.

La récompense au regard du profit subsistant = part emprunté sur la communauté  / valeur initiale x valeur actuelle du bien :

200.000 / 300.000  x 500.000 euros = 333.333 euros

B) Les intérêts d’emprunts de propres n’ouvrent pas droit à récompense

Ils  sont à la charge de la communauté 1 ère Civ, 31 octobre 1992, pourvoi n° 90-17212.

La communauté, à laquelle sont affectés les fruits et revenus des biens propres, doit supporter les dettes qui sont à la charge de la jouissance de ces biens.

Cependant l'époux qui aurait acquitté les annuités d’un emprunt propre avec des fonds qui lui sont propres disposera  d'une créance contre son époux sur la fraction du capital (puisque  les masses propres sont visées ici).

II- La récompense ne peut être inférieure à la dépense initiale quand celle-ci était nécessaire à la vie quotidienne.

Imaginons un époux qui financera avec des fonds propres la réfection ou l’entretien de la chaudière, se trouvant dans le domicile conjugal  le montant de la dépense sera à  récupérer dans la mesure où il n’y aura pas de plus-value.

1ère Civ,  25 janvier  2000, pourvoi, n° 98-10.747

Attendu qu'ayant constaté que les travaux litigieux n'avaient laissé aucun profit subsistant, c'est par une appréciation souveraine que la cour d'appel a retenu qu'ils avaient été rendus nécessaires pour assurer l'habitabilité de l'immeuble ; qu'elle en a exactement déduit que la récompense  ne pouvait être inférieure au montant de la dépense faite

Si l’époux a financé 3000 euros de ses deniers propres, la communauté lui devra cette somme à titre de récompense.

Celle-ci sera répartie par moitié entre les époux…

III- L’acquisition d’un bien en échange d’un propre

article 1407 du code civil :

Le bien acquis en échange d'un bien qui appartenait en propre à l'un des époux est lui-même propre, sauf la récompense due à la communauté ou par elle, s'il y a soulte.

Mais attention, si la soulte mise à la charge de la communauté est supérieure à la valeur du bien cédé, le bien acquis en échange tombe dans la masse commune, sauf récompense au profit du cédant.

IV- l’accession par un époux, titulaire de parts indivises propres, qui acquiert d’autres parts indivises.

Dans ce cas, Lesdites parts acquises resteront propres ; en outre, si cette acquisition met fin à l’indivision, le bien acquis est propre.
cependant, ces biens peuvent donner lieu à récompense s’ils ont été financés par la communauté.

Cette hypothèse particulière est consacrée dans l'article  1408 du code civil :

L'acquisition faite, à titre de licitation ou autrement, de portion d'un bien dont l'un des époux était propriétaire par indivis,ne forme pas un acquêt, sauf la récompense due à la communauté pour la somme qu'elle a pu fournir.

Demeurant à votre disposition.

Sabine HADDAD

Avocat au Barreau de Paris

 




Vous avez une question ?
Blog de Maître HADDAD Sabine

Sabine HADDAD

199 € TTC

2667 évaluations positives

Note : (5/5)

Posez gratuitement toutes vos questions sur notre forum juridique. Nos bénévoles vous répondent directement en ligne.

1 Publié par Visiteur
13/03/2010 09:38

Bonjour Maître et merci de vos articles toujours intéressants. Je souhaiterai savoir si, dans le cadre d'une séparation de biens, la récompense ( créance) est dûe lorsqu'un des époux ayant des revenus supérieurs à l'autre estime avoir participé plus aux charges du mariage ( remboursement prêts communs - quotidien....) en mettant plus de revenus sur le compte joint. LEs travaux effectués par l'un dans la maison ou dans le local professionnel de l'autre (y ajoutant une plus-value) sont ils aussi calculables comme récompense.
Merci de votre réponse.

2 Publié par Me Haddad Sabine
13/03/2010 12:10

A l'attention de Valinco20

Monsieur;

Je vous remercie de votre commentaire.Sachez qu'on parle de récompenses, matière de régime de communauté. En cas de séparation de biens, il y aura des comptes entre les masses des propres de chacun des époux à faire puisque ceux ci seront soumis au régime de l'indivision On parlera de créances entre époux.
Si le conjoint qui participé directement ou indirectement à l'enrichissement de l'autre sans contrepartie souhaite obtenir une indemnité,libre à lui, mais il pourra se voir opposer une intention libérale et le fait qu'il a effectué une donation durant le mariage donc irrévocable...en effet quand un conjoint a donné une somme d'argent à l'autre pour lui permettre d'acheter un bien à son nom ou d'améliorer un bien propre, ce financement gratuit peut être assimilé à une donation.En défense, il devra démontrer que sa contribution a été au delà des charges du mariage, et que l'intention libérale est contestable...

cordialement

Me HADDAD sabine

3 Publié par Visiteur
13/03/2010 14:40

Je suis toujours agréablement surpris par la rapidité et le professionalisme de vos réponses et je vous en remercie encore une fois. Le contrat de mariage stipulant que chacun participe aux charges du mariage selon ses contributions va bien sur dans le sens que vous exposez. Il se trouve pourtant toujours des personnes pour essayer de contourner celà quand rien ne va plus dans un couple.
Donc si un des conjoint gagne 2 fois plus que l'autre, il ne devrait pas avoir de compte à faire entre eux sous ce contrat.
Merci
Cordialement.

4 Publié par Jibi7
30/03/2010 18:07

Merci de ces explications claires et posées. Découvrant ce site je n'en ai peut être pas découvert toutes les astuces.
Concernant par ex le partage de la communauté et les récompenses, j'aimerais savoir s'il existe des lieux d'information ou des sites qui permettent de préparer , d'apprendre à formuler, comptabiliser les différents paramètres de" ces comptes à régler".
Notamment pour permettre de proposer des solutions honnêtes sans rajouter de conflit au bout d'années de procédures conflictuelles ayant des effets sur l'ensemble de la famille .

Par Ex Dans le cas d'un bien indivis, domicile familial, acquis par la communauté, théoriquement attribué à l'un des 2 après "jouissance" et entretien d'une quinzaine d'années, comment faire prendre en compte et calculer une plus-value basée sur l'indice du cout à la construction (proposé initialement par le notaire) de préférence à la loi du marché qui supposerait une vente avec éviction non désirée, et aussi des aléas liés au marché (ayant sur cette période pu faire passer la valeur du bien du simple au triple pour la rabaisser d'autant surtout si on compte tous les travaux non faits et la vetuste...)

5 Publié par Visiteur
02/04/2010 19:10

marié sous contrat de mariage,nous avons acheté une villa aux noms de mr et mme en totalité a crédit, les mensualités sont remboursées avec le salaire de mr, mme ne travaillant pas,survient le divorce,il reste du crédit, mr veut garder la villa,une plus value importante comment calculer le profit subsistant s'il y a

6 Publié par Visiteur
12/11/2010 18:24

Bonjour Maître
Jeune enfant au décès de ma mère, une sucession a été établie. Le partage avec mon père n'a jamais été effectué.
Suite au décès de ce dernier, 40 ans plus tard et remarié, comment valoriser cette créance, sachant que l'argent a été utilisé par la 2ème communauté ?

7 Publié par Visiteur
15/04/2012 14:02

Je me suis marié en 1989. Nous avons acheté un terrain en communauté d'une valeur de 45000 euros. Pour financer cet achat j'ai liquidé un PEL d'une valeur de 30000 euros que je possédais à mon nom depuis 1983. Je n'ai maleureusement pas mentionné de clause de remploi dans l'acte notarié.Puis-je demander un droit à récompense et dans ce cas ai-je droit à récompense au profit subsistant. En effet le terrain vaut actuellement 90000 euros. Pourrais-je réclamer 60000 euros de récompense ou seulement les 30000 euros que j'ai apporté en propre. Merci de m'apporter une réponse.

8 Publié par Visiteur
15/04/2012 14:16

J'annule le commentaire que j'ai posté il y 5 minutes. Je n'ai pas été avisé au préalable qu'il pouvait y avoir des frais pour la réponse.
Je vous demande donc de pas répondre à ma question et de supprimer le commentaire que j'ai posté. En effet, je ne désire pas payer de frais. Donc je ne peux pas réclamer un travail de réponse de votre part. Merci et excusez-moi.

9 Publié par Visiteur
01/09/2013 19:13

Calcul récompense en régime communauté,sans enfant.
Estimation maison actuelle: 270.000 E
Apport Mr : 100.000 E
Apport Mme : 12.000 E
Emprunt commun restant : 176.000 E
Achat maison: 282500 E + 18500 E de frais.
Avec mes remerciements.

10 Publié par Visiteur
15/09/2013 13:12

Bonjour maitre,

Lorsque je me suis mariée j'ai hérité de la maison de mes grands parents valeur 170000 euros, mon mari et mois avons donc contracté des prêts pour la mettre à notre goût soit 75 000 euros de prêt sur 15 ans qui se terminent en 2014,valeur actuelle de la maison 300000 euros. En cas de divorce qu'elle récompense reviendrait à mon mari ? A titre indicatif nous travaillons tous les 2 et avons donc contribué ensemble au paiement des prêts. Nous avons un enfant mineur et j'ai un enfant majeur d'un 1er mariage. Par ailleurs, nous avons 2 appartements achetés en commun, actuellement loués, et d'une valeur chacun de 90000 euros, nous avons 1 prêt sur chaque appartement l'un doit se terminer dans 13 ans l'autre dans 14 ans. Serait-il possible de lui céder ma part sur ces 2 appartements de manière à venir en déduction sur la récompense à devoir sur mon bien propre?
dans l'attente de vos précieux conseils et merci par avance

A propos de l'auteur
Blog de Maître HADDAD Sabine

AVOCATE - ENSEIGNANTE

PLUS DE 3.000 PUBLICATIONS ET ARTICLES JURIDIQUES- VU SUR FRANCE2, M6, BFM TV, LE FIGARO , L'EXPRESS etc...

Je traite personnellement toutes vos questions.

Consultation en ligne
Image consultation en ligne

Posez vos questions juridiques en ligne

Prix

199 € Ttc

Rép : 24h max.

2667 évaluations positives

Note : (5/5)
Informations

 

L’Avocate vous fait Juge” Copyright Sabine HADDAD Première Edition : décembre 2013 ISBN: 978-1-291-48466-3 -330 pages

book_blue2.gif?20131216165508

Rechercher
Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux et sur nos applications mobiles