La collégialité de l'instruction : tout ça pour ça ?

Publié le 31/05/2016 Vu 16 043 fois 0
Légavox

9 rue Léopold Sédar Senghor

14460 Colombelles

02.61.53.08.01

Lors des débats sur le projet de loi sur la justice du 21e siècle, un amendement, adopté en première lecture le 24 mai 2016 par l’Assemblée nationale, supprime la collégialité de l’instruction pourtant annoncée depuis 10 ans...

Lors des débats sur le projet de loi sur la justice du 21e siècle, un amendement, adopté en première lectu

La collégialité de l'instruction : tout ça pour ça ?

L'Assemblée Nationale a adopté le 24 mai dernier un amendement visant à supprimer la collégialité de l'instruction qui devait entrer en vigueur le 1er janvier 2017 (http://www.dalloz-actualite.fr/chronique/fin-du-college-de-l-instruction-beaucoup-de-bruit-pour-rien-ou-comedie-des-erreurs1#.V009yo9OLcs).

Cette collégialité résultait de la loi du 5 mars 2007 et devait initialement entrer en vigueur le 1er janvier 2009. Or, le législateur a cru bon de reporter cette entrée en vigueur à plusieurs reprises. Le motif avancé était essentiellement budgétaire. En effet, la mesure supposait le recrutement de nouveaux magistrats qu'il aurait également fallu former.

Le collège de l'instruction devait remplacer le juge d'instruction, coupable désigné de la catastrophe judiciaire d'Outreau ! Lors de débats parlementaires, le caractère collégial de l'instruction était loué. En effet, elle permettait de mettre fin à l'isolement du juge d'instruction. Elle aurait également évité de nouvelles erreurs judiciaires. Or, historiquement, la collégialité de l'instruction a déjà été appliquée avant que le juge d'instruction ne s'impose au 19è siècle. Plus encore, elle existe déjà en droit positif, il s'agit de la Chambre de l'instruction, juridiction d'appel du juge d'instruction, qui est composée de 3 conseillers. Enfin, lors de l'instruction, divers magistrats interviennent déjà (procureur de la République, juge des libertés et de la détention) sans parler des droits reconnus à la défense et à la partie civile. L'utilité de la collégialité n'était pas flagrante et son coût important. Finalement, ce sont les dispositions transitoires de la loi du 5 mars 2007 qui se sont pérénisées, qu'il s'agisse de la cosaisine de deux juges d'instruction ou des pôles d'instruction sans que le collège de l'instruction ne vienne supplanter le juge d'instruction.

Cette mesure - à la fois inutile et coûteuse - avait été annoncée afin de démontrer que le droit positif entendait réagir suite à cette "affaire". Elle a permis d'esquiver le véritable débat, celui des moyens octroyés à la justice qui conduisent ses auxiliaires à devoir travailler dans de mauvaises conditions.

Or, aujourd'hui, près de 10 ans après cette loi, on abandonne la mesure-phare qui entendait amorcée la réforme globale tant souhaitée du code de procédure pénale, elle-même abandonnée en 2010.

Finalement et si l'idée du projet de loi sur la justice du 21è siècle était tout simplement de proposer une refonte globale du code de procédure pénale ?

Vous avez une question ?

Posez gratuitement toutes vos questions sur notre forum juridique. Nos bénévoles vous répondent directement en ligne.

Publier un commentaire
Votre commentaire :
Inscription express :

Le présent formulaire d’inscription vous permet de vous inscrire sur le site. La base légale de ce traitement est l’exécution d’une relation contractuelle (article 6.1.b du RGPD). Les destinataires des données sont le responsable de traitement, le service client et le service technique en charge de l’administration du service, le sous-traitant Scalingo gérant le serveur web, ainsi que toute personne légalement autorisée. Le formulaire d’inscription est hébergé sur un serveur hébergé par Scalingo, basé en France et offrant des clauses de protection conformes au RGPD. Les données collectées sont conservées jusqu’à ce que l’Internaute en sollicite la suppression, étant entendu que vous pouvez demander la suppression de vos données et retirer votre consentement à tout moment. Vous disposez également d’un droit d’accès, de rectification ou de limitation du traitement relatif à vos données à caractère personnel, ainsi que d’un droit à la portabilité de vos données. Vous pouvez exercer ces droits auprès du délégué à la protection des données de LÉGAVOX qui exerce au siège social de LÉGAVOX et est joignable à l’adresse mail suivante : donneespersonnelles@legavox.fr. Le responsable de traitement est la société LÉGAVOX, sis 9 rue Léopold Sédar Senghor, joignable à l’adresse mail : responsabledetraitement@legavox.fr. Vous avez également le droit d’introduire une réclamation auprès d’une autorité de contrôle.

A propos de l'auteur
Blog de Mikaël Benillouche

Ce blog est destiné à recenser les actualités juridiques en pénal inhérentes à ma profession d'avocat

Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux et sur nos applications mobiles