Rarement un article ne m'aura demandé autant d'introspection ! Rarement un article ne m'aura été si couteux personnellement.
Cédant aux sirènes des juges de Strasbourg, l'Assemblée plénière de la Cour de cassation a ouvert la voix à la reconnaissance de la gestation pour autrui (enfin plutôt un des effets de la gestation pour autrui). Ainsi, la Haute juridiction a admis la retranscription en France de la maternité de la mère d'adoption, tout en maintenant l'interdiction de principe de la gestation pour autrui (Ass. plén., 4 octobre 2019).
Les arguments défavorables à la gestation pour autrui sont nombreux : indisponibilité du corps humain, interdiction d'une convention (de mère porteuse) contraire à l'ordre public, etc...
Depuis vendredi, les articles fleurissent sur la question, la gestation pour autrui ne saurait être admise (voir notamment le blog liberté, libertés chéries sur la question). Pourtant, j'y suis favorable, voici pourquoi...
Voilà, je vais avoir 44 ans le 10 décembre et je suis papa de Noah né le 13 septembre 2018 ! Il y a quelques années, je me suis marié avec la maman de Noah et puis nous avons voulu avoir un enfant, mais il ne venait pas. De cette période, je garde le souvenir de quelques attentes sympathiques afin d'effectuer un spermogramme ou un spermographe entouré d'hommes dont le point commun était de fixer le sol avec un air gêné...
Le jour de la 3è insémination, je me souviens avoir intercepté le gynécologue pour lui dire "je vous ai donné les meilleurs, à vous de jouer maintenant", cela a fait bien rire la maman de Noah. Et puis il y a eu l'attente et la délivrance. Elle était enceinte...l'humour c'est important dans ces moments-là...
Entretemps, nous avions vécu, deux inséminations infructueuses et une expérience TRES traumatisante. Cela faisait plusieurs jours que je sentais que quelquechose se passait et moi aussi je comptais les jours. Un midi en rentrant d'un brunch où - chose exceptionnelle à Paris - elle n'avait pas pris d'alcool, le lendemain d'une soirée où - chose encore plus exceptionnelle - elle n'avait non plus pas pris d'alcool, voici la future maman de Noah qui me tend un test de grossesse en me disant " à toi de me dire", elle était en retard, cela devait être le plus beau jour de nos vies. Elle n'était pas enceinte, elle était dévastée, elle a pris plusieurs jours à remonter la pente. Pour cette troisième insémination, elle se faisait des piqûres dans le ventre à heures fixes, et moi je regardais et j'essayais de servir à quelquechose, je souffrais pour elle, avec elle. Nous voulions l'avoir cet enfant, notre enfant...
Un soir, il y eu une accalmie, nous refîmes le monde autour d'une bouteille et elle évoqua l'adoption. je réfléchissais, je n'étais pas prêt...c'est nul certainement, mais pour moi cela appartient à une autre démarche. A mon sens, ce n'est pas la même chose, ce sont des responsabilités différentes, une envie différente. Je voulais un enfant mélangé de nous deux. Pourquoi ? Je ne sais pas...le poids de l'atavisme certainement. Je ne pouvais pas encore envisager l'adoption.
Alors oui je suis favorable à la gestation pour autrui, comme remède d'une infertilité ou en raison de l'orientation sexuelle, mais certainement pas une gestation pour autrui de "confort" (où le couple fait appelk à une mère porteuse pour éviter de former le corps de la femme d'intention). Bien sûr qu'il faut l'encadrer. Il existe des couples qui n'arrivent pas à avoir d'enfants et qui seront de bons parents, l'identifiant masculin ou féminin peut se trouver même chez les couples homosexuels chez un oncle, une tante, une marraine, un parrain, un ami proche...
Je dédis ce billet à mon adorable fils Noah qui m'a appris le sens du verbe aimer !!!