J'ai eu l'honneur de rencontrer Roland Agret lors d'un colloque sur l'erreur judiciaire organisé il y a quelques années.
C'est avec une grande tristesse que je viens d'apprendre son décès ce lundi 19 semptembre 2016 !
Je me permets donc de dresser un rapide portrait en rappelant son parcours et je lui dédierai également mon prochain cours de droit pénal.
Jeune, Roland Agret, a eu de mauvaises fréquentations, il était, comme le veut l'expression, défavorablement connu des services de police.
Il a été injustement soupçonné, inculpé, accusé puis condamné pour le meurtre d'un garagiste qu'il n'avait pas commis. Depuis sa cellule, il a constamment clamé son innocence allant même jusqu'à escalader le toit de sa prison, avaler des manches de fourchette, entamer une grêve de la faim... . Finalement, il a décicé de s'amputer deux phalanges de deux doigts et de les envoyer au Garde des sceaux de l'époque. La difficulté est que, pour obtenir une révision du procès, il est nécessaire de démontrer l'existence d'un fait nouveau, c'est-à-dire un fait ignoré de la justice (article 622 du code de procédure pénale).
L'erreur judiciaire a finalement été reconnue. Toutefois, la justice n'en avait pas fini avec Roland Agret, il a du se tirer une balle dans le pied pour enfin être indemnisé.
Après toutes ces mésaventures, Roland Agret a décidé d'aider les autres. Il dénonçait la justice qui n'arrivait pas à se remettre en cause. En effet, depuis 1958, seuls 11 justiciables ont vu leurs procès être révisés. Roland Agret a donc créé une association "Action Justice" pour aider les victimes d'erreurs judiciaires dont Dany Leprince.
Aujourd'hui Roland Agret n'est plus ! Un "mensch" nous a quittés...
Je finirai ce trop court portrait par une citation de Roland Agret "c'est à force de cogner qu'on obtient justice...".