Transfert du contrat de travail et changement d’employeur

Publié le 06/04/2017 Vu 2 876 fois 0
Légavox

9 rue Léopold Sédar Senghor

14460 Colombelles

02.61.53.08.01

Il est d’ordre public lorsque les conditions d’application de l’article L.1224-1 du Code du travail sont réunies. Le transfert des contrats répond à une définition précise qui nécessite que nous nous intéressions aux effets qu’il produit.

Il est d’ordre public lorsque les conditions d’application de l’article L.1224-1 du Code du travail son

Transfert du contrat de travail et changement d’employeur

Il est d’ordre public  lorsque les conditions d’application de l’article L.1224-1 du Code du travail sont réunies. Le transfert des contrats répond à une définition précise qui nécessite que nous nous intéressions aux effets qu’il produit.

La définition du transfert

Depuis les arrêts « Arènes de Nîmes » rendus en Assemblée Plénière le 16 mars 1990, il ya transfert des contrats de travail dès lors qu’il y a « transfert d’une entité économique conservant son identité et dont l’activité est poursuivie ou reprise, même en l’absence de lien de droit entre les employeurs successifs ».

En droit français[1], une entité économique est un ensemble organisé de personnes et d’éléments corporels ou incorporels permettant l’exercice d’une activité économique qui poursuit un objectif propre[2]. Cette entité économique doit reproduire immédiatement et exactement la même activité que celle précédemment exercée.

En outre, l’entité conservée doit maintenir son identité. Pour illustrer cette problématique, citons un arrêt de la Cour de cassation du 12 juillet 2010[3], dans lequel les juges ont considérés que l’entité transférée avait perdu son identité. En l’espèce, une société fournissait un service de restauration à une association qui avait mis à sa disposition un local et du matériel nécessaire à l’activité. L’association décide de mettre fin au contrat afin de reprendre cette activité, et former les travailleurs handicapés au métier de la restauration. Cependant, ces travailleurs handicapés étaient encadrés et formés par des éducateurs spécialisés.

De ce fait, la Cour de cassation a considérée que l’entité avait été modifiée, puisque sa finalité avait été elle-même modifiée. En l’espèce, il ne s’agissait plus uniquement de produire un service comportant la fabrication de produits destinés à la consommation, mais d’assurer des formations.

Après avoir déterminé les conditions de mise en œuvre du transfert, intéressons nous aux effets qu’il produit (II).

Les effets de transfert

Le transfert ne peut jamais constituer une cause réelle et sérieuse de licenciement. En effet, soit le licenciement à lieu après le transfert, soit il à lieu avant le transfert. Dans le premier cas, le nouvel employeur devra assumer les conséquences de ce licenciement. Dans le deuxième cas, le licenciement est sans effet depuis la jurisprudence « Guermonprez » du 20 janvier 1998[4].

Depuis l’arrêt « Maldonado » du 20 mars 2002[5], le salarié dispose d’une option, et peut « à son choix, demander au repreneur la poursuite du contrat de travail illégalement rompu ou demander à l’auteur du licenciement illégal la réparation du préjudice en résultant ». Le salarié peut donc demander au cédant, la réparation du préjudice résultant de son licenciement, ou au cessionnaire, la reprise de son contrat de travail.

Par ailleurs, la jurisprudence considère que le salarié ne peut s’opposer au transfert de son contrat de travail. En cas de refus, il pourra donc démissionner de manière claire et non équivoque[6]. Le transfert automatique des contrats de travail, s’accompagnent également du transfert de l’ensemble des droits et obligations qui y ont attachés. Ainsi, le nouvel employeur sera tenu de payer les sommes dues au salarié avant son transfert, et obtiendra un remboursement par le premier employeur.

Transfert et modification du contrat de travail

Enfin, précisons que le transfert n’entraîne pas la modification du contrat de travail. La Cour de cassation considère en effet, que « lorsque l’application de l’article L.1224-1 du Code du travail entraîne une modification du contrat de travail autre que le changement d’employeur, le salarié est en droit de s’y opposer[7] ».

En cas de refus du salarié, il appartiendra donc au cessionnaire, soit de formuler des nouvelles propositions, soit de tirer les conséquences de ce refus et de procéder au licenciement du salarié.

L’inexécution du contrat par l’une des parties peut être source de contentieux, et générer une rupture du contrat, ainsi que la mise en cause de la responsabilité de l’établissement.

[1] En droit communautaire, selon une directive de 2001, « constitue une entité économique un ensemble organisé de moyens en vue de poursuivre de la poursuite d’une activité économique, que celle-ci soit essentielle ou accessoire.

Transfert du contrat de travail en cas de changement d’employeur.

[2]Cass. soc., 7 juillet 1998 « MGEN ».

[3] Cass. soc., 12 juill. 2010., n°09-41403.

[4] Cass. soc., 20 janv. 1998 « Guermonprez »

[5] Cass. soc., 20 mars 2002, « Maldonado ».

[6] Cass. soc., 10 oct. 2006,  n°04-40325.

[7] Cass. soc., 30 mars 2010,  n°08-44227, FS-P+B.

Pour plus de renseignements: Mouillac-Delage

Vous avez une question ?

Posez gratuitement toutes vos questions sur notre forum juridique. Nos bénévoles vous répondent directement en ligne.

Publier un commentaire
Votre commentaire :
Inscription express :

Le présent formulaire d’inscription vous permet de vous inscrire sur le site. La base légale de ce traitement est l’exécution d’une relation contractuelle (article 6.1.b du RGPD). Les destinataires des données sont le responsable de traitement, le service client et le service technique en charge de l’administration du service, le sous-traitant Scalingo gérant le serveur web, ainsi que toute personne légalement autorisée. Le formulaire d’inscription est hébergé sur un serveur hébergé par Scalingo, basé en France et offrant des clauses de protection conformes au RGPD. Les données collectées sont conservées jusqu’à ce que l’Internaute en sollicite la suppression, étant entendu que vous pouvez demander la suppression de vos données et retirer votre consentement à tout moment. Vous disposez également d’un droit d’accès, de rectification ou de limitation du traitement relatif à vos données à caractère personnel, ainsi que d’un droit à la portabilité de vos données. Vous pouvez exercer ces droits auprès du délégué à la protection des données de LÉGAVOX qui exerce au siège social de LÉGAVOX et est joignable à l’adresse mail suivante : donneespersonnelles@legavox.fr. Le responsable de traitement est la société LÉGAVOX, sis 9 rue Léopold Sédar Senghor, joignable à l’adresse mail : responsabledetraitement@legavox.fr. Vous avez également le droit d’introduire une réclamation auprès d’une autorité de contrôle.

Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux et sur nos applications mobiles