Délai raisonnable et fonctionnement des Conseils de Prud'hommes

Publié le 01/03/2012 Vu 3 555 fois 1
Légavox

9 rue Léopold Sédar Senghor

14460 Colombelles

02.61.53.08.01

Le jugement rendu par le Tribunal de Grande Instance de Paris, le 18 janvier 2012, met en lumière la difficulté qu'à la Justice a faire appliquer à ces propres procédures les règles qu'elle édicte

Le jugement rendu par le Tribunal de Grande Instance de Paris, le 18 janvier 2012, met en lumière la difficul

Délai raisonnable et fonctionnement des Conseils de Prud'hommes

En effet, au cas présent, l'article L.1454-2 du Code du Travail impose que la juridiction de départage se prononce dans un délai d'un mois. Aussi, la justice sociale pâtit d'un manque évident de moyens, qui se répercute de manière implacable sur le justiciable. Aussi, l'un des meilleurs moyens de voir prospérer sa demande est d'invoquer l'article 6§1 de la Convention Européenne des Droits de l'Homme qui renvoie à une notion fondamentale : « toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue équitablement, publiquement et dans un délai raisonnable, par un tribunal indépendant et impartial».

La particularité de la procédure prudhommale :

Au travers de ce jugement, il est intéressant de se plonger dans la procédure devant le Conseil des Prud'hommes. Au-delà de la phase de conciliation, le salarié saisit le Bureau de jugement du Conseil. En l'espèce, le salarié a saisi le CPH de Bobigny, le 20 mars 2006. Le 11 décembre 2006 fut rendue une décision de départage. L'audience de départage, rendue par le magistrat professionnel, eut lieu le 30 juin 2009 et le prononcé du jugement de départage est intervenu le 28 août 2009. La procédure dura donc au total 2 ans et 6 mois.

Le défaut d'application de l'article L.1454-2 n'est pas sanctionné. Aussi, le tournant amorcé par le TGI de Paris est marquant. D'autant qu'il ne s'agit pas d'une décision isolée mais bien d'une position générale. En effet, le seul 18 janvier 2012, 16 dossiers eurent à traiter de la responsabilité de l'Etat dans le dysfonctionnement de différents Conseil des Prud'hommes, que ce soit de Bobigny, Nanterre ou Longjumeau. A terme, le 15 février prochain, environ 70 dossiers auront été jugé sur ce fondement.

La motivation :

Pour le Tribunal, « il relève du devoir de l'État de mettre à la disposition des juridictions les moyens nécessaires à assurer le service de la justice dans des délais raisonnables et ce délai résulte manifestement du manque de moyens alloués à la juridiction prudhommale. Le déni de justice invoqué par le demandeur est caractérisé ».

Le jugement prend également le soin d'écarter des arguments qui pourrait être invoqué par l'Etat :

  • Le fait que le salarié ait contribué, lui-même, à l'allongement de la procédure.
  • Le fait que l'affaire ait une complexité particulière
  • Le fait que les avocats n'aient pas échangé de manière volontaire les pièces du dossier, ce qui aurait générer des renvois d'audience.

A cela, le Tribunal répond de manière affirmative et engagée qu'il existait « un encombrement récurrent et ancien du Tribunal » et que le Ministère de la Justice n'apporte aucunes preuves des mesures qu'il aurait pu apporter à la résolution de ce dysfonctionnement, qualifié de récurrent.

La solution :

Eu égard à l'article L.141-1 du Code de l'Organisation Judiciaire, « l’État est tenu de réparer le dommage causé par le fonctionnement défectueux du service de la justice, sa responsabilité n’étant engagée que par une faute lourde, constituée par une déficience caractérisée par un fait ou une série de faits traduisant l’inaptitude du service public de la justice à remplir la mission dont il est investi, ou par un déni de justice ».

En conséquence, les différents salariés ont obtenu de 1.500 € à 8.500 € de dommages et intérêts.

Vous avez une question ?

Posez gratuitement toutes vos questions sur notre forum juridique. Nos bénévoles vous répondent directement en ligne.

1 Publié par Visiteur
08/10/2014 07:01

Licenciée en novembre 2011,je suis,depuis dans un véritable parcours du combattant.
Refere sur salaires non payés : gain de cause,appel de l l ex employeur
Appel: gain de cause en appel
Procédure au fond : gain de cause et mesure executoire,appel de mon ex
Employeur en réfère sur le fait que le régler la somme a laquelle il a été condamné était excessif....sien appel pour le fond,je perds....pas solvable!
J attends le delibere de cet appel pour le 16 octobre..
Comment une condamnation executoire,même provisoire peut être contournée
Au total,le 16 octobre,a un mois près,mon affaire prudhommale,pourtant claire et facile( à chaque fois les différents tribunaux m ont donné raison),
J en serai a 3ans de procédures.je pense su a cela il va falloir rajouter un an voire plus.est ce que l on peut considérer que ceci est une violation du delai raisonnable?

Publier un commentaire
Votre commentaire :
Inscription express :

Le présent formulaire d’inscription vous permet de vous inscrire sur le site. La base légale de ce traitement est l’exécution d’une relation contractuelle (article 6.1.b du RGPD). Les destinataires des données sont le responsable de traitement, le service client et le service technique en charge de l’administration du service, le sous-traitant Scalingo gérant le serveur web, ainsi que toute personne légalement autorisée. Le formulaire d’inscription est hébergé sur un serveur hébergé par Scalingo, basé en France et offrant des clauses de protection conformes au RGPD. Les données collectées sont conservées jusqu’à ce que l’Internaute en sollicite la suppression, étant entendu que vous pouvez demander la suppression de vos données et retirer votre consentement à tout moment. Vous disposez également d’un droit d’accès, de rectification ou de limitation du traitement relatif à vos données à caractère personnel, ainsi que d’un droit à la portabilité de vos données. Vous pouvez exercer ces droits auprès du délégué à la protection des données de LÉGAVOX qui exerce au siège social de LÉGAVOX et est joignable à l’adresse mail suivante : donneespersonnelles@legavox.fr. Le responsable de traitement est la société LÉGAVOX, sis 9 rue Léopold Sédar Senghor, joignable à l’adresse mail : responsabledetraitement@legavox.fr. Vous avez également le droit d’introduire une réclamation auprès d’une autorité de contrôle.