- Tu fais quoi dans la vie ?
- Je suis étudiant en première année de droit.
- Tiens ! Un futur avocat !
- ???Euh….
- Laisse-moi deviner, juge peut-être ? Ou procureur…
- …
Vous venez de lire une mise en scène entre un étudiant de droit et son interlocuteur qui traduit un peu les idées préconçues que Monsieur tout le monde se fait du devenir des étudiants en faculté de droit. En effet, ces préjugés sont sous-tendus par le fait que tout le monde ait déjà entendu parler par exemple d’un divorce qui a nécessité l’appel d’un avocat, d’un litige tranché par le juge ou encore de l’intervention du procureur sur une affaire judiciaire, mais très peu connaissent ce qu’est un juriste d’entreprise.
QU’EST-CE QU’UN JURISTE D’ENTREPRISE ?
Le juriste d’entreprise est un cadre salarié qui travaille au sein d’une entreprise avec pour objectif la défense des intérêts de celle-ci. Il n’est quasiment pas au contact du public et ses missions sont dans l’ordre de conseil, d’assistance et d'anticipation tout en accompagnant le chef d’entreprise dans les prises de décision. En d’autres termes, le juriste d’entreprise doit être à mesure d’identifier les risques posés par une situation et d'en trouver une solution juridique. Toutefois, il n’est pas une personne qui se contente de « dire le droit ». Le juriste d’entreprise est un professionnel averti, ayant une bonne connaissance de l’organisation, des méthodes de travail, du personnel et des objectifs de son entreprise. D'une manière continue, il se doit d’aboutir à une adéquation entre les règles de droit en vigueur et les objectifs de l’entreprise.
Le métier de juriste d’entreprise a connu une évolution considérable depuis son apparition il y’a environ quarante ans sous une influence anglo-saxonne. Il est passé de « réparateur des incidences juridiques » à une personne de responsabilité impliquée dans toutes les prises de décision, voire dans la gestion-même de l’entreprise. C’est un métier de mobilité car le juriste peut être appelé à se déplacer dans le cadre de ses missions. Au critère de mobilité, l'on peut également ajouter celui de contact du fait qu’il peut être amené à travailler par exemple avec des agents commerciaux, des services financiers ou ceux des ressources humaines.
En outre, le métier de juriste d’entreprise, à l’exemple de celui d’un ingénieur, est une branche de profession qui s’adapte et est à l’abris de l’obsolescence. Dès lors, il doit se tenir au courant de l’évolution du droit, de l’actualité juridique en général, afin de pouvoir s’y adapter dans l’intérêt de son entreprise.
COMMENT DEVENIR UN JURISTE D’ENTREPRISE ?
Pour devenir juriste d’entreprise, deux critères paraissent de prime à bord essentiels : il s’agit de la formation et des qualités du juriste d’entreprise.
-
La formation requise pour le juriste d’entreprise
Le futur juriste d’entreprise doit être nanti d’un master 2 spécialisé en droit (droit social, droit environnemental, droit de la concurrence…), soit cinq ans de formation en faculté ou école de droit. Il lui faudra dès lors avoir des connaissances approfondies dans les matières rythmant l’activité juridique d'une société. De manière pratique, il ne lui est pas demandé de mémoriser tous les textes, mais d’acquérir une aptitude d’analyse et connaître la méthode de droit afin de pouvoir lier les outils mis à sa disposition (textes de loi, jurisprudence, doctrines…) à la réalité, au concret.
Outre sa formation de droit, le juriste d’entreprise doit accessoirement être passé par une école de commerce, sinon avoir reçu dans l’éventualité une formation en comptabilité, finance et gestion qui sont des atouts de plus en plus recherchés chez lui de nos jours.
-
Les qualités requises pour un juriste d’entreprise
Bien qu’il soit un employé et répondant à une certaine hiérarchie dans l’organigramme de l’entreprise, le juriste d’entreprise exerce un métier d’indépendance intellectuelle quitte à bannir un caractère de complaisance vis-à-vis de ses supérieurs.
Le métier de juriste d’entreprise exige une honnêteté intellectuelle qui permet de faire le contour d’une situation, d’en exposer les risques et de proposer une solution sur le plan juridique, optimale à ses clients ou supérieurs. Le juriste d’entreprise doit également avoir une personnalité renfermant la capacité d’écoute avec ses interlocuteurs et une aptitude d’adaptation à son environnement professionnel.
L’anglais est un atout majeur. La maîtrise de cette langue est considérée pour le juriste comme une boussole dans les rapports à l’échelle internationale et un facteur de rapprochement vers un marché plus ouvert.
MAIS ENCORE ?
Au doyen Carbonnier d’affirmer que le droit est l’une des meilleures inventions de l’homme car un peu à l’image de la roue, il s’adapte à tout. Le métier a considérablement évolué pour s’harmoniser aux domaines des nouvelles technologies, créant de ce fait une nouvelle branche : le juriste du digital. Par conséquent, les étudiants en droit ont désormais une extension de possibilités, sinon de débouchés qui s’offrent à eux. Au rang de ces possibilités, nous retrouvons les métiers suivants :
- Juriste codeur
- Juriste marketing
- DEO (Digital Ethics Officer)
- Chef de projet LegalTech
- Juriste data
- DPO (Data Protection Officer) …
La liste est loin d’être exhaustive. Et vous, que souhaitez-vous devenir ?
NGUEMADJITA Flambert,
Juriste d'affaires spécialisé en droit du numérique