La convocation à un entretien préalable au licenciement

Publié le Modifié le 08/10/2015 Vu 14 527 fois 21
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La convocation à un entretien préalable au licenciement

"Les conventions légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites. Elles ne peuvent être révoquées que de leur consentement mutuel, ou pour les causes que la loi autorise." (Article 1134 du Code civil ; 1804).

Commenter cette disposition relèverait sans doute de l'oeuvre de toute une vie. Ici, je ne me risquerai pas à vous expliquer en quoi cette disposition constitue le socle de notre droit des obligations, ou pourquoi elle marque le triomphe des théories consensualistes.

En revanche, je tiens à prendre appui sur cet article pour mettre en lumière l'importance du respect de la procédure de licenciement. Qu'il soit envisagé en raison d'un motif personnel (disciplinaire ou non) ou pour motif économique, le licenciement est une rupture unilatérale du contrat de travail. Concrètement, cela signifie que l'employeur se sépare de son salarié. Il est à l'origine de ce processus de rupture de la relation de travail (le cas échéant, il s'agirait d'une prise d'acte ou d'une démission). On supposera de même qu'aucun accord amiable n'a été trouvé (au titre, par exemple, d'une "rupture conventionnelle").

C'est ici que prend son sens la référence à l'article 1134 du Code civil. En l'absence de consentement des parties, le contrat ne peut prendre fin que pour les causes que la loi autorise - le licenciement en fait partie.

La loi autorise le licenciement, et force est de constater qu'elle l'encadre de manière très stricte. Procédure rigoureuse à respecter, motivation réelle scrutée par les juges du fond... Le licenciement est un casse-tête pour les employeurs, et le non-respect des dispositions entraîne systématiquement l'indemnisation du salarié. Salariés et employeurs scruteront donc, pour des raisons diverses que l'on comprendra aisément, les éventuels faux-pas commis à l'occasion de cette procédure. Voici un guide qui leur sera profitable.

La première étape d'une procédure de licenciement est la convocation du salarié à un entretien préalable.

Par quel moyen ?

Au terme de l'article L1235-2 du Code du travail, la convocation écrite peut être délivrée de la manière suivante :

- lettre remise en main propre avec récépissé

- lettre recommandée avec accusé de réception

La jurisprudence tolère le Chronopost dans la mesure où il se rapproche de la LRAR (cass.soc. 8 février 2011, n° 09-40027).

Sont en revanche EXCLUES les convocations par SMS, fax, appel téléphonique et autres modes informels.

Que doit préciser la lettre de convocation ?

La loi (12 mars 2007) pose un certain nombre de mentions impératives, dont le non-respect vice automatiquement la procédure. La lettre de convocation doit mentionner :

- La date de l'entretien, lequel doit se dérouler au moins cinq jours francs après la remise effective de la lettre. Ce délai ne peut être raccourci, et cela même si les deux parties le souhaitent. La computation s'opère selon les règles du Code de procédure civile.

- Le lieu de l'entretien

- La faculté qu'a le salarié de se faire assister. Si l'entreprise dispose soit d'IRP (délégués du personnel, comité d'entreprise, délégation unique du personnel) soit de salariés titulaires d'un mandat syndical (délégué syndical, représentant de la section syndicale), cette assistance ne peut venir que d'un membre de l'entreprise. Le cas échéant, il pourra se faire assister soit par un membre de l'entreprise, soit par un "conseiller des salariés", choisi sur une liste dressée par l'autorité administrative.

- Enfin, la lettre doit préciser qu'un licenciement est envisagé. Deux écueils, ici. D'abord, il ne faut pas employer de termes flous tels que "sanction" ou "réprimande". Le salarié doit préparer sa défense, il doit donc être informé que la rupture de son contrat est envisagée. Deuxième précision : l'employeur doit garder à l'esprit qu'à ce moment de la procédure, rien n'est joué. L'employeur doit donc s'abstenir de mentionner le caractère éventuellement non-révocable de sa décision de licencier le salarié.

Quelles sanctions en cas de non-respect de ces formalités ?

Il faut ici distinguer selon l'effectif de l'entreprise et selon l'ancienneté du salarié. Trois hypothèses sont à faire.

- Si le licenciement d'un salarié survient sans que la procédure requise ait été observée, mais pour une cause réelle et sérieuse, le juge impose à l'employeur d'accomplir la procédure prévue et accorde au salarié, à la charge de l'employeur, une indemnité qui ne peut être supérieure à un mois de salaire (article L1235-2 C.trav).

- Si le licenciement d'un salarié survient sans que la procédure requise ait été observée,  et en l'absence de cause réelle et sérieuse, cette indemnité n'est pas due en tant que telle. Elle est "incluse" dans l'indemnisation de l'absence de cause réelle et sérieuse.

- Lorsque le salarié a de moins de deux ans d'ancienneté dans l'entreprise et lorsque l'entreprise emploie habituellement moins de onze salariés, il peut prétendre, en cas de licenciement abusif, à une indemnité correspondant au préjudice subi. (Article L1235-5 C.trav)

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1 Publié par Visiteur
12/04/2015 13:20

bonjour,
la date sur la lettre d'entretien préalable est erroné car l'employeur s'est trompé d année, c'est a dire 1 an auparavant (2014 au lieu de 2015), peut on faire jouer ce vice de forme en notre faveur puisque la loi impose un délai maximum entre le délai de prévenance et l'entretien même.
Merci

2 Publié par Valentin Guislain
12/04/2015 14:12

Monsieur,

Cela me parait délicat de justifier une absence de cause réelle et sérieuse par cette faute matérielle. En revanche, cela constituera un vice de forme réparé au titre de l'irrégularité de procédure (max : 1 mois de salaire).

Rien ne vous empêche d'essayer...

Bien à vous,
V.G.

3 Publié par Visiteur
24/04/2015 15:10

Licenciée le jour même de l'entretien préalable à sanction. Pas de respect pour les deux jours de réflexion...Vice de procédure ou pas? Merci de votre réponse

4 Publié par Valentin Guislain
25/04/2015 10:02

Youki1969
Assurément.
V.G.

5 Publié par Visiteur
28/04/2015 19:30

bonsoir,
j'aurai voulu savoir si un entretien préalable à licenciement pour motif personnel peut casser la procédure lancée par l'employeur lorsque l'entretien s'est fait uniquement avec un représentant du salarié (sans présence du salarié puisque dans un état de santé grave et sérieux) contre 2 membres représentatifs de la direction ? Dans la négative, confirmez vous qu'il s'agit bien d'un vice de procédure ? que celui ci ne pourrait servir qu'en cas de saisine des prud'hommes et donc que le licenciement serait appliqué malgré tout ? Je vous remercie par avance pour votre réponse. Bien cordialement

6 Publié par Visiteur
28/05/2015 12:57

bonjour, j ai recu une lettre recommandée de convocation a un entretien prealable de licenciement le 22/05/15. Hors cette lettre est datée du 26/05/15.
Y a t il vice de forme? Merci

7 Publié par Visiteur
19/07/2015 13:26

Bonjour. Sur la lettre on me dit madame au lieu de monsieur est ce un vice de forme ?

8 Publié par Visiteur
09/09/2015 06:39

Bonjour, lors de mon entretien prealable pour un éventuelle licenciement, mon employeur m'a simplement posé des questions sans que je puisse m'expliquer ou me défendre alors même que ces accusations ont étés contestés . Lors de mon entretien j'ai été accompagné du délégué syndical qui lui même n'a pas compris le but de l'entretien car mon employeur n'a clairement pas parlé de cause ou de raison. Il a juste posé des questions. Es-ce un vice de procédure ? Je pensais être en droit de me défendre mais quant j'ai voulu parlé , il m'a dit qu'il ne faisait que remonter les informations aux sièges. Que c'était pas nécessaire que je parle.

9 Publié par Visiteur
22/01/2016 10:07

Dans la proposition de modification substantielle de mon contrat de travail en conséquence d’une transformation du besoin et de l’emploi que j’occupe, il est fait référence à un contrat de travail conclu le 8 octobre 2001 alors que le contrat de travail établi à mon recrutement date du 5 février 2001. Par ailleurs il est fait référence à l’article 45-4 du décret du 17 janvier 1986 alors qu’il a été modifié par un décret n° 2014-1318 du 3 novembre 2014. Cette proposition n’étant pas conforme je n’y ai pas répondu mais une procédure de licenciement a été engagée sur cette base. Est-ce un vice de procédure ????

10 Publié par Visiteur
02/02/2016 12:10

mise en inaptitude le 2 decembre2015 mon employeur ne m a toujours pas reclassé ni licencié a la date du 2 février 2016 .j ai reçue un courrier le 4 janvier2016 m e précisant qu il allait me licencier et m a convoque le 13 janvier en disant qu il n y avait pas de délègués du personnel ! aurait il du me dire et préciser sur la lettre que je pouvais choisir un conseiller du salarie? est ce un défaut de procédure?
me doit il mon salaire depuis le janvier jusqu au jour de mon licenciement,

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A propos de l'auteur
Blog de Valentin GUISLAIN

Maître Valentin GUISLAIN,
Avocat associé au barreau de Béthune (droit civil ; droit du travail ; droit commercial)
Membre du Conseil de l'Ordre

 

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