En marge du G20, la Russie a franchi une nouvelle étape vers la signature de son méga-contrat gazier avec la Chine. Mais le président chinois avait pris soin de passer par le Turkménistan, avant de rejoindre Saint-Pétersbourg.
Pour Vladimir Poutine, la photo était trop belle pour qu'il s'en prive : le président russe et son homologue chinois Xi Jinping parrainant, à Saint-Pétersbourg, un nouvel accord préalable au méga-contrat de gaz russe à la Chine, tant désiré par la Russie.
Pourtant, commente Francis Perrin, du cabinet Stratégies et politiques énergétiques, il n'y a pas grand-chose de neuf dans cet énième accord entre le géant russe Gazprom et son futur client chinois CNPC. On connaissait déjà le volume de gaz livrable (38 milliards de m3), et la route qu'il emprunterait : un gazoduc de l'est de la Russie au nord-est de la Chine. Mais l'essentiel reste toujours à fixer : le prix.
Moscou tient à conserver en grande partie l'indexation aux cours du pétrole, très avantageuse. Pékin réclame une facture alignée sur les prix au jour le jour du gaz de schiste américain (prix Henry Hub), très bon marché, mais qui ne tient compte ni des coûts de liquéfaction, ni des coûts de transport. Quel compromis sera trouvé ?
Pour l'instant on l'ignore. Mais pour faire avancer les négociations dans son sens, le président chinois n'a pas hésité, souligne Pierre Terzian, de Pétrostratégie, à faire précéder son séjour en Russie par une étape dans un autre pays gazier s'il en est : le Turkménistan. Mardi, Xi Jinping a presque doublé (60 milliards de m3) les quantités commandées à cette république d'Asie centrale, où il inaugurait le démarrage des opérations sur le deuxième plus grand gisement gazier au monde.
La Chine a besoin de tous ces fournisseurs dans l'avenir, mais elle sait faire jouer la concurrence pour tenter de faire plier Gazprom. Ça ne sera pas facile, car le géant russe du gaz est en meilleure forme en ce moment, estime Thierry Bros, spécialiste des marchés gaziers : les ventes de Gazprom se redressent en Europe.