Annulation de la déclaration de nationalité française par mariage : le gouffre juridique

Publié le 18/09/2015 Vu 62 552 fois 229
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La déclaration de nationalité française par mariage peut être contestée dans le cadre d'une procédure défavorable au justiciable en raison de l'imprécision des délais d'action et le poids de la présomption de fraude. Une amélioration des droits du déclarant s'est faite grâce à l'intervention du Conseil Constitutionnel et du contrôle par la cour de Cassation de la manière dont le juge du fond apprécie les faits.

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Annulation de la déclaration de nationalité française par mariage : le gouffre juridique

Des lois successives modifiant les conditions  d’acquisition de la nationalité française se sont multipliées ces deux dernières décennies. Malgré l’alternance et le changement  habituel de la couleur politique du gouvernement, la tendance est  vers le durcissement.

C’est ainsi que le contentieux de la nationalité s’est alimenté considérablement et s’est vu s’alourdir par des procédures  juridictionnelles longues et épineuses.

Nous allons nous intéresser au cas particulier de l’acquisition de la nationalité française par mariage, premier moyen d’accès à la nationalité française.       .

Plusieurs étrangers  mariés à des ressortissants français choisissent la voie de l’acquisition de la nationalité française par déclaration en raison de la simplicité de sa procédure et de ses conditions. Ce choix de la facilité peut s’avérer regrettable.

Et pour cause, obtenu par mariage, le bénéfice de la nationalité française risque de rester  intimement  lié au sort du dit mariage.

Or,  autant que n’importe quel couple, les époux, dont l’un a dû acquérir  la nationalité française par déclaration, sont susceptibles de se séparer et d’engager des procédures de divorce.

A l’initiative de l’époux mécontent ou de l’administration mise au courant  de la séparation du couple, une procédure d’annulation de la déclaration de nationalité en vue de la constatation de l’extranéité du déclarant pourrait être engagée.

C’est le troisième alinéa de l’article 26-4 du code civil qui traite de l’annulation de l’enregistrement après séparation des époux : «  L'enregistrement peut encore être contesté par le ministère public en cas de mensonge ou de fraude dans le délai de deux ans à compter de leur découverte. La cessation de la communauté de vie entre les époux dans les douze mois suivant l'enregistrement de la déclaration prévue à l'article 21-2 constitue une présomption de fraude. »

Deux questions se posent :

  • Comment l’action en nullité est –elle engagée ?
  • Quelles sont les conséquences de la décision définitive de nullité sur la situation du déclarant redevenu étranger ?

  • Les enjeux de l’action en nullité de l’enregistrement de la déclaration de nationalité par mariage

L’annulation de l’enregistrement de la déclaration de nationalité sur le fondement de l’article 26-4 du code civil, pose plusieurs problèmes juridiques donnant lieu à une jurisprudence abondante :

  • le point de départ de la prescription biennale de l’action

Après des années de confusion, il est décidé définitivement que le point de départ du délai d’agir en nullité de l’enregistrement est la connaissance par le Ministère public, à l’exclusion de tout autre administration de l’Etat , de l’existence de la fraude ou du mensonge. Cette connaissance est appréciée par les juridiction au cas par cas : transcription du divorce, diligence d’une enquête.. Avec l’arrêt du 5 juillet 2012, la Cour de Cassation a nuancé sa position en faveur du justiciable : il ne s’agit plus uniquement de déterminer la date à laquelle le ministère public a eu une connaissance effective de la fraude ou du mensonge, mais d’apprécier la date à laquelle il a pu en avoir connaissance. D’ailleurs, à ce titre les juridictions de fond  n’ont plus le bénéfice de appréciation souveraine de ce point de départ.

  • La notion de mensonge et de fraude : le mensonge ou la fraude est une notion objective, indépendante de l’intention de son auteur. Constituent ainsi des cas de fraude ou de mensonge le fait d’invoquer la persistance d’une communauté de vie (Civ. 1re, 11 juin 2008, Bull. civ. I, n° 167 ; RLDC 2008/52, n° 3117, obs. Marraud des Grottes) ou encore le fait de produire un acte de naissance apocryphe (Civ. 1re, 23 juin 2010, n° 08-19.854, D. 2010. 1708  ; ibid. 2868, obs. O. Boskovic, S. Corneloup, F. Jault-Seseke, N. Joubert et K. Parrot  ; Rev. crit. DIP 2010. 689, note S. Corneloup et F. Jault-Seseke ).

  • la mise en jeu de la présomption de fraude : La présomption de fraude instituée par l’article 26-4 du code civil a été  longtemps un outil déterminant pour le Ministère public dans ses procédures d’annulation. La charge de la preuve étant inversée, le juge avait pour mission d’apprécier si les éléments apportés par le déclarant étaient de nature à contrecarrer l’état de fraude préalablement établi à son encontre grâce au simple fait de la séparation de son conjoint dans les douze mois de l’enregistrement.

Or, le Conseil constitutionnel en sa décision  (n° 2012-227 QPC) du 30 mars 2012, et tout en déclarant conforme à la Constitution l'article 26-4 du code civil , il a émis une importante réserve au considérant 14, aux termes de laquelle la présomption prévue par la seconde phrase du troisième alinéa de ce texte ne saurait s'appliquer que dans les instances engagées dans les deux années de la date de l'enregistrement de la déclaration et que, dans les instances engagées postérieurement, il appartient au ministère public de rapporter la preuve du mensonge ou de la fraude invoqués ;

Aussi, depuis cette décision, la Cour de Cassation sanctionne les arrêts des Cours d’appel persistants à considérer que le bénéfice de la présomption est acquis au Ministère Public malgré l’engagement de l’action plus de deux ans après l’enregistrement de la déclaration de nationalité.  Le dernier arrêt de la Cour  suprême date du 9 septembre 2015, Pourvoi 14-20410.

  • La situation administrative du déclarant après la nullité de l’enregistrement de sa déclaration de nationalité.

La décision définitive prononçant la nullité de la déclaration de nationalité française par mariage a pour effet de constater l’extranéité du déclarant. Ce dernier n’est plus  français et reprend au regard de l’Etat français son statut d’étranger.

Mais dans quelle situation administrative serait cet étranger sur le sol français ? Régulière ou irrégulière ?

La question n’a pas de réponse législative et sombre de ce fait dans le gouffre du vide juridique, pourtant assez rare de nos jours.

En effet, rien n’est prévu par les textes pour traiter des cas de ceux qui perdent la nationalité française en général et qui avaient restitué leur titres de séjour ( souvent de dix ans) à l’administration française en contre partie du « sésame » bleu.

            On pourrait tout de suite dire que le droit commun s’applique : toute nullité a pour effet de rétablir les parties dans l’état où ils étaient avant l’acte annulé. Pourtant cette solution n’est pas d’application directe et n’est guère considérée par celui à qui incombe la restitution du seul titre restant à priori valable. En effet, le déclarant, désormais étranger est sommé par tous les moyens de restituer aux services de l’Etat la carte d’identité et passeport français sans pour autant qu’il soit en mesure de se faire restituer son ancien titre de séjour.

Les préfets considèrent souvent que la personne est, depuis la perte de la nationalité française, sans titre sur le sol français comme si la décision judicaire vaut annulation de tout son parcours en France. Je me souviens du cas d’un étranger ayant vécu régulièrement en France depuis son entrée sur notre territoire et qui s’est vu annuler sa déclaration de nationalité française après 17 ans de résidence en France dont 8 ans en qualité de français. La demande de titre de séjour a été traitée comme étant une première demande de régularisation et non la restitution d’un droit  déjà acquis. Forte heureusement, le demandeur étaient le parent d’enfants français encore mineurs  (nés de l’union ayant été à l’origine de l’acquisition de la nationalité). Mais quid de ceux qui ne rentre dans aucun des cas d’obtention de plein droit de titre de séjour prévus par le CESEDA ?

En résumé, il faut que les prétendants de la nationalité française optent plutôt pour la démarche administrative de  naturalisation plutôt que de faire dépendre leur statut administratif  des aléas de la vie de coulpe.

Ceux préméditant la séparation de leurs conjoints français, doivent savoir que le risque ne se limite pas à l’annulation de la déclaration de nationalité mais peut atteindre également le droit même de demeurer en situation régulière sur le sol français. L’article 46-4 du code civil est prévu justement pour sanctionner leur fraude.

Malheureusement, le recours à un Conseil est rarement envisagé en amont. Ce n’est qu’en aval, à la réception de l’assignation en justice qu’on s’aperçoit qu’il y avait matière à se poser les bonnes questions !

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1 Publié par Visiteur
18/02/2018 22:18

Bonjour.cela fait 13 ans que je suis mariée. Mon conjoint a eu la nationalité après 5 ans de mariage. Il a reçu 5 contravention pour excès de vitesse qu' il n a pas payé car il a menti en disant que ce n était pas lui le conducteur. Il agit avec de la violence verbale et psychologique.Peut on lui retirer sa nationalité car j estime qu il ne la mérite pas.

2 Publié par Visiteur
20/02/2018 17:51

Bonjour maitre,Suite à ma demande de la transcription de mon Acte de mon 2eme mariage en Algérie ,j'ai reçu un courrier du bureau de transcription pour le Maghreb ,le 22 Octobre 2015 m'informant que mon dossier est soumis à la sous direction de l'accès à la nationalité Française pour une éventuelle remise en cause de mon acquisition de la nationalité Française sur le fondement de l'ART 26-4 :
Depuis le 22 Octobre 2015 cela mène à + de 2 Ans ,je n'ai pas reçu d'assignation de la part du ministère public a ce jour.
J'ai relancé par 2 fois en 2 mois le bureau des transcriptions pour le Maghreb celui-ci m'a informé qu'il est en attente d'une réponse de la sous direction à l'accès Nationalité française .Que dois-je faire?. en vous
remerciant pour votre réponse cordialement abdel.

3 Publié par Visiteur
20/02/2018 21:13

Pour ABDEL:
Selon les éléments que vous avez exposés, l'action du Ministère est prescrite. Il faut adresser un courrier au Bureau de transcription pour le Maghreb afin de les mettre en demeure afin d'effectuer la transcription. Une lettre adressée par un avocat serait utile.

4 Publié par Visiteur
21/02/2018 12:27

Bonjour maître, nous avons fait une demande de nationalité pour ma conjointe en 2015, nous sommes déclaré en couple dans cette demande, mais nous nous sommes séparé depuis,nous n'étions pas marié juste vie martiale. Ai je un risque ,de ne pas informer la préfecture, que nous ne sommes plus en couple a ce jour? Merci coordialement

5 Publié par taboubi
21/02/2018 14:34

Pour Mat85:
L'obligation de signaler tout changement incombe au déclarant, en occurrence votre épouse.On ne peut donc vous reprocher ne pas l'avoir fait à la place de l'intéressée.

6 Publié par Visiteur
21/02/2018 15:39

Merci maitre,et si dans le cas ou c est un divorce a l amiable est ce que ke risque de perdre la nationalité ?si non ? A quelle date je peu lancer la procédure vu que la date d enregistrement est de mars 2017 merci d avance maitre de vos conseils et votre temps. Cordialement.

7 Publié par Visiteur
22/02/2018 02:08

Merci pour votre temps et vos conseils maitre. Cordialement

8 Publié par Visiteur
23/02/2018 22:43

Bonjour Maitre ,c'est ABDEL je vous remercie pour votre réponse du 20 fevrier 2018 rapide et réconfortante dans l'attente du denouement de cette affaire,votre suggestion d'un courrier d'un Avocat au BTA pour le Maghreb ,serait-il possible de vous demander, de me faire ce courrier.
En vous remerciant pour toutes ces réponses sur le blog.
cordialement ABDEL .

9 Publié par Visiteur
09/03/2018 17:37

Bonjour, Maître je suis marié depuis 2016 avec une femme française et on une petite fille de 9 mois et j’ai obtenu la carte de séjour de 2ans mais on est séparé depuis la naissance de ma petite fille a cause des problèmes et des disputes elle me mets dehors tout le temp et me menacée sur les papiers, le jour que je voulais voire ma fille elle avait refusé du coup j’avais fais des mains courante contre elle aussi une demande de médiation mais aujourd’hui elle a fais une demande d’annulation du mariage en disant sur les dossiers que j’ai pas fait aucun effort pour voir ma fille aussi je ne l’ai jamais occupé ni faire participer sur notre vie bref j’aimerais bien savoir comment ça ve se passé et quelle risque j’aurai merci de votre réponse Maitre

10 Publié par Visiteur
31/05/2018 14:30

Bonjour je suis marie depuis 23 ans mon mari a eu la nationalité française part les liens du mariage des qu'il a eu la nationalité française il a changer juste pour interet aujourd'hui nous somme en divorce je voulais savoir comment lui retier vu que le marige serra bientôt fini est en cas de fraude qu'il a fait comment je peut faire car j ai besoin de savoir comme lui retier vu quil été pas sincère avec moi lui il est marocaine

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