DÉFINITION ALÉATOIRE DU VOL

Publié le 28/09/2016 Vu 3 592 fois 3
Légavox

9 rue Léopold Sédar Senghor

14460 Colombelles

02.61.53.08.01

La jurisprudence apprécie le vol de manière aléatoire et installe une certaine insécurité juridique

La jurisprudence apprécie le vol de manière aléatoire et installe une certaine insécurité juridique

DÉFINITION ALÉATOIRE DU VOL

Le vol est défini à l’article 311-1 du Code pénal comme « la soustraction frauduleuse de la chose d’autrui ».


Pour qu’il y ait vol, il doit donc y avoir appropriation non consentie d’une chose appartenant à un tiers.

Un vol est ainsi caractérisé en cas de l'appréhension d’un bien corporel ou incorporel depuis une précision jurisprudentielle admettant expressément le vol de données informatiques (Cass. Crim. 20/05/2015 N° 14-81336).

Il ne peut y avoir de vol sur les choses qui n’appartiennent à personnes « res nullius » et sur les choses abandonnées « res derelictae ».

La Chambre criminelle de la Cour de cassation a donc été amenée à préciser la notion d'objet abandonné :

1) Cass. Crim. 10 mai 2005, N° 04-85349, publié au Bulletin :

« Attendu que, pour écarter l’argumentation des prévenus soutenant que, la lettre litigieuse ayant été abandonnée par son propriétaire, elle n’avait pu faire l’objet d’une appréhension frauduleuse et partant d’un recel, l’arrêt énonce que l’auteur non identifié du vol "a eu l’intention arrêtée de s’approprier des chutes de la lettre en cause à l’insu de leur légitime propriétaire qui n’a aucunement consenti par avance de façon implicite à ce qu’elles soient interceptées et subtilisées par des mains non autorisées" ;
Attendu qu’en prononçant ainsi, les juges du second degré, qui ont souverainement apprécié qu’il n’y avait pas eu abandon volontaire de la chose par son propriétaire, ont justifié leur décision. »

La lettre déchirée et jetée à la poubelle reste donc la propriété de son auteur.

Le litige prud'hommale avait évidemment joué dans cette décision, la lettre ayant été utilisée contre son auteur.

2) Dans les années 2014/2015, plusieurs supermarchés ont déposé plainte contre des employés ou des tiers ayant pris des denrées alimentaires périmées et jetées dans les poubelles par les supermarchés.

Cette actualité avait suscité une grande émotion, ayant insiprée la loi contre le gaspillage alimentaire.

Par arrêt du 15 décembre 2015 la chambre criminelle (Cass. Crim. 15 décembre 2015, N° 14-84906) considère que :

« il était constant que les objets soustraits, devenus impropres à la commercialisation, avaient été retirés de la vente et mis à la poubelle dans l’attente de leur destruction, de sorte que l’entreprise avait clairement manifesté son intention de les abandonner ».

Or, en 2005, la lettre était également vouée à sa destruction.

Cependant, à la différence des denrées, la lettre était utilisées contre son auteur, afin de lui nuire.

Cette nuance, reprise par la Chambre criminelle, n'apparaît nullement dans la loi et met en exergue une jurisprudence fluctuante et oppotuniste, source d'insécurité juridique.

Vous avez une question ?
Blog de MARKOWICZ BENJAMIN

BENJAMIN MARKOWICZ

120 € TTC

Pas d'avis pour le moment

Posez gratuitement toutes vos questions sur notre forum juridique. Nos bénévoles vous répondent directement en ligne.

1 Publié par pierreemmanuelragot
29/09/2016 11:00

Bonjour, super article.

Petite précision d'importance : Les choses incorporelles ne peuvent faire l'objet d'un vol qu'à la seule condition que la chose incorporelle soit incorporée à un support corporel. Ce support peut être une clef usb ou un disque par exemple. La jurisprudence n'a jamais qualifié un vol pour une chose incorporelles sans support corporel. Dans l'arrêt de Cass. Crim. 20/05/2015 N° 14-81336, le juge a qualifié le support corporel de l'objet incorporelle pour pouvoir qualifier juridiquement la situation de Vol.

Dans tous les cas une chose corporelle est nécessaire.

En attendant de lire votre prochain article je vous souhaite une bonne continuation.

2 Publié par MARKOWICZ BENJAMIN
29/09/2016 11:09

Bonjour, merci pour le commentaire et pour la précision sur l'arrêt du 20 mai 2015.

3 Publié par Visiteur
10/10/2016 15:44

Voici un arrêt déroutant, comme beaucoup de ceux de la chambre criminelle qui fait l'économie des définitions législatives et de sa propre jurisprudence. Une chose corporelle trouvée dans une poubelle (res delireta chose abandonnée)- donc une lettre - est présumée non appropriée. or, le vol suppose légalement une chose APPROPRIÉE soustraite volontairement à son propriétaire. La chambre criminelle est celle qui crée le plus d'incertitude juridique, ce que l'on rencontre dans les pays faisant fi de tout état de droit.

Publier un commentaire
Votre commentaire :
Inscription express :

Le présent formulaire d’inscription vous permet de vous inscrire sur le site. La base légale de ce traitement est l’exécution d’une relation contractuelle (article 6.1.b du RGPD). Les destinataires des données sont le responsable de traitement, le service client et le service technique en charge de l’administration du service, le sous-traitant Scalingo gérant le serveur web, ainsi que toute personne légalement autorisée. Le formulaire d’inscription est hébergé sur un serveur hébergé par Scalingo, basé en France et offrant des clauses de protection conformes au RGPD. Les données collectées sont conservées jusqu’à ce que l’Internaute en sollicite la suppression, étant entendu que vous pouvez demander la suppression de vos données et retirer votre consentement à tout moment. Vous disposez également d’un droit d’accès, de rectification ou de limitation du traitement relatif à vos données à caractère personnel, ainsi que d’un droit à la portabilité de vos données. Vous pouvez exercer ces droits auprès du délégué à la protection des données de LÉGAVOX qui exerce au siège social de LÉGAVOX et est joignable à l’adresse mail suivante : donneespersonnelles@legavox.fr. Le responsable de traitement est la société LÉGAVOX, sis 9 rue Léopold Sédar Senghor, joignable à l’adresse mail : responsabledetraitement@legavox.fr. Vous avez également le droit d’introduire une réclamation auprès d’une autorité de contrôle.

A propos de l'auteur
Blog de MARKOWICZ BENJAMIN

Maître Benjamin MARKOWICZ est Avocat inscrit au Barreau de PARIS.

Diplômé de l'Université de PARIS XII d'un double Master en droit des Affaires et en droit européen des affaires.

Il a prêté serment en 2006 et créé son Cabinet en 2012.

Consultation en ligne
Image consultation en ligne

Posez vos questions juridiques en ligne

Prix

120 € Ttc

Rép : 48h max.

Pas d'avis pour le moment

Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux et sur nos applications mobiles