Affaire Tapie: un document accablant contre Christine Lagarde

Publié le Vu 2 425 fois 2
Légavox

9 rue Léopold Sédar Senghor

14460 Colombelles

02.61.53.08.01

Affaire Tapie: un document accablant contre Christine Lagarde

La CJR, qui a décidé d'ouvrir une enquête sur Christine Lagarde, estime que l'ex-ministre s'est impliquée "personnellement" dans un processus comportant "de nombreuses anomalies et irrégularités".

La Cour de Justice de la République (CJR), qui a ouvert une enquête sur Christine Lagarde dans l'affaire Tapie/Crédit Lyonnais, estime que l'ex-ministre s'est impliquée "personnellement" dans un processus comportant "de nombreuses anomalies et irrégularités", dans les motivations de sa décision du 4 août révélées mercredi par Mediapart. "Le processus qui a conduit (...) à la condamnation du CDR (ndlr: Consortium de Réalisation, structure publique qui gérait le passif du Crédit Lyonnais) au paiement de sommes élevées à la charge des finances publiques comporte de nombreuses anomalies et irrégularités", écrit la commission des requêtes de la CJR dans ses motivations, consultables sur le site mediapart.fr.

L'ex-ministre de l'Economie, aujourd'hui directrice générale du Fonds Monétaire International (FMI), "paraît avoir personnellement concouru aux faits, notamment en donnant des instructions de vote aux représentants de l'Etat dans le conseil d'administration de l'EPFR (ndlr: Etablissement public de financement et de restructuration, gérant le soutien financier de l'Etat au CRD), voire au président de cet établissement public en sa qualité de membre du conseil d'administration du CDR", concluent-ils.

Le 4 août, la commission des requêtes avait donné un avis favorable à l'ouverture d'une enquête sur Christine Lagarde. La commission d'instruction, qui va mener les investigations pour décider si elle doit être jugée pour "complicité de faux" et "complicité de détournement de fonds publics", a été officiellement saisie mardi. En juillet 2008, un tribunal arbitral - juridiction privée - avait condamné le CDR à verser à Bernard Tapie 285 millions d'euros d'indemnités (400 millions avec les intérêts) afin de régler le litige qui l'opposait à l'ancienne banque publique Crédit Lyonnais, au sujet de la vente d'Adidas en 1993. "Après compensation avec diverses créances, (le CDR) aurait versé un montant net de 304 millions d'euros" à l'ex-homme d'affaires, écrivent les sept hauts magistrats qui composent la commission des requêtes de la CJR.

Le texte souligne que "le principe" du recours à l'arbitrage "aurait été arrêté au moment de la prise de fonction, le 18 mai 2007", du ministre de l'Economie Jean-Louis Borloo. Christine Lagarde, qui lui a succédé le 18 juin 2007, a retenu cette option malgré "l'opposition manifestée à plusieurs reprises" par le directeur général de l'Agence des participations de l'Etat, note la CJR. Dans une note du 1er août 2007 à l'attention de Mme Lagarde, ce dernier déconseillait à la ministre de s'engager dans la voie d'un arbitrage, qui "pourrait être considéré comme une forme de concession inconditionnelle et sans contrepartie faite à la partie adverse".

La CJR souligne que le recours "contestable" à l'arbitrage a été décidé alors que "les chances de succès de l'instance judiciaire engagée par (les mandataires de Bernard Tapie) 12 ans plus tôt étaient à tout le moins sérieusement compromises (...)". La crainte invoquée par la ministre "de voir s'allonger la durée des instances judiciaires et s'accroître le montant des honoraires d'avocats déjà exposés par la CDR explique mal l'abandon de ces procédures", qui étaient "proches de leur terme", souligne la CJR.

Le choix des arbitres "n'apparaît pas conforme aux pratiques habituelles", et la décision du tribunal arbitral a satisfait "80 %" des demandes du camp Tapie pour le préjudice matériel et "90 % pour le préjudice moral". "Alors que des consultations de sociétés d'avocats spécialisés pouvaient laisser espérer une chance d'annulation de la sentence, le ministre a (...) demandé par écrit aux administrateurs représentant l'Etat de s'exprimer en défaveur d'un recours en annulation", poursuit la CJR.

 

Source/L'Expansion.com avec AFP - publié le 17/08/2011 à 17:44

Vous avez une question ?

Posez gratuitement toutes vos questions sur notre forum juridique. Nos bénévoles vous répondent directement en ligne.

1 Publié par Karl777
18/08/2011 10:44

Merci pour cet article. Mais personnellement je ne vois pas en quoi ce document peut être accablant pour Christine Lagarde.
Pendant 12 ans de procédures ayant couté tres cher au contribuable, l'affaire n'a pu être réglée, et tout d'un coup, lorsque l'on prend la décision de stopper cette hémorragie de frais judiciaires, on déclare que :
"les chances de succès de l'instance judiciaire engagée par (les mandataires de Bernard Tapie) 12 ans plus tôt étaient à tout le moins sérieusement compromises (...)".
Sur quels fondements ???

2 Publié par plebriquir
19/08/2011 10:30

@ Karl777: Visiblement, l'action judiciaire était bien engagée. Le recours à l'arbitrage ne semblait donc pas profitable.

Publier un commentaire
Votre commentaire :
Inscription express :

Le présent formulaire d’inscription vous permet de vous inscrire sur le site. La base légale de ce traitement est l’exécution d’une relation contractuelle (article 6.1.b du RGPD). Les destinataires des données sont le responsable de traitement, le service client et le service technique en charge de l’administration du service, le sous-traitant Scalingo gérant le serveur web, ainsi que toute personne légalement autorisée. Le formulaire d’inscription est hébergé sur un serveur hébergé par Scalingo, basé en France et offrant des clauses de protection conformes au RGPD. Les données collectées sont conservées jusqu’à ce que l’Internaute en sollicite la suppression, étant entendu que vous pouvez demander la suppression de vos données et retirer votre consentement à tout moment. Vous disposez également d’un droit d’accès, de rectification ou de limitation du traitement relatif à vos données à caractère personnel, ainsi que d’un droit à la portabilité de vos données. Vous pouvez exercer ces droits auprès du délégué à la protection des données de LÉGAVOX qui exerce au siège social de LÉGAVOX et est joignable à l’adresse mail suivante : donneespersonnelles@legavox.fr. Le responsable de traitement est la société LÉGAVOX, sis 9 rue Léopold Sédar Senghor, joignable à l’adresse mail : responsabledetraitement@legavox.fr. Vous avez également le droit d’introduire une réclamation auprès d’une autorité de contrôle.

Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux et sur nos applications mobiles