Protection fonctionnelle : du neuf

Publié le 24/03/2025 Vu 150 fois 0
Légavox

9 rue Léopold Sédar Senghor

14460 Colombelles

02.61.53.08.01

Conseil Constitutionnel, Juge administratif, législateur : la protection fonctionnelle vit sa révolution.

Conseil Constitutionnel, Juge administratif, législateur : la protection fonctionnelle vit sa révolution.

Protection fonctionnelle : du neuf

La protection fonctionnelle est un principe général du droit qui vise à protéger les agents publics contre les agressions et mises en cause qui les visent en cette qualité.

L’actualité législative et jurisprudentielle rend nécessaire un point d’étape sur ce que recouvre cette notion.

¨ Qui est concerné par la protection fonctionnelle ?

La protection fonctionnelle est susceptible d’être octroyée aux agents publics, qu’ils soient fonctionnaires titulaires/stagiaires ou agents contractuels (L134-1 CGFP), et aux élus locaux disposant d’une délégation (L2135-35 ; L5211-15 ; L3123-29 et L4135-29 CGCT).

Le fait que les élus sans délégation soient exclus du bénéfice de la protection fonctionnelle a été critiqué sur le fondement du défaut d’égalité, grief que le Conseil Constitutionnel vient d’écarter (décision n° 2024-1107 QPC).

Toutefois, en l’état, il n’est pas possible d’exclure l’octroi de la protection fonctionnelle pour un élu n’agissant pas dans le cadre d’une délégation, si les faits sont indiscutablement en lien avec son mandat : il s’agit d’une conséquence logique de la jurisprudence du Conseil d’Etat (CE 8 juin 2011, n° 312700 ; CE 1er février 2019, n° 421694) et c’est en ce sens que la CAA de Versailles a statué récemment (CAA Versailles 9 février 2024, n° 22VE01436).

¨ Quel est l’objet de la protection fonctionnelle ?

La protection fonctionnelle a un triple volet.

Premièrement, l’agent en bénéficiant ne peut voir sa responsabilité civile engagée, ou du moins celle-ci doit être garantie par son autorité de tutelle (L134-2, L134-3 CGFP, L2123-24 CGCT).

Deuxièmement, l’agent a droit à voir ses frais de défense pris en charge, qu’il soit mis cause ou qu’il doivent agir en réparation d’un dommage.

Troisièmement, enfin, l’agent a droit à une protection tendant à faire cesser les risques pour sa santé et sa sécurité et tendant à obtenir réparation pour les dommages effectivement subis, qu’ils soient la compétence de violences, de harcèlement ou de diffamation.

De ce point de vue, on rappellera que l’obligation de réparation prévue par la législation tend à l’indemnisation intégrale et que les régimes d’indemnisation fondée sur la solidarité nationale (fonds de garantie des assurances obligatoire, fonds de garantie des victimes d’infraction) sont subsidiaires à la protection fonctionnelle (CE 10 avril 2009, n° 307871).

¨ Quelle protection en cas de mise en cause pénale ?

En cas de mise en cause en matière pénale le régime de protection fonctionnelle diffère notablement selon la qualité du bénéficiaire.

L’agent public peut bénéficier de la protection fonctionnelle à un stade avancé de la procédure. Ainsi en est-il dès lors qu’il est placé en garde à vue ou entendu en qualité de témoin assisté (a fortiori, s’il est mis en examen ou renvoyé devant une juridiction de jugement) indique le législateur (art. L134-4 CGFP). Le Conseil constitutionnel est venu y rajouter l’hypothèse de l’audition libre (décision n° 2024-1098 QPC).

Pour les élus, en revanche, la protection est bien plus chiche : seul l’exercice de poursuites pénales (soit a minima une mise en examen) justifie l’octroi de la protection fonctionnelle (L2123-34 CGCT), ce que le Conseil Constitutionnel justifie juridiquement, en renvoyant l’opportunité d’une modification au législateur (décision n° 2024-1097 QPC).

¨ Qu’elle sont l’autorité compétence et la procédure d’octroi ?

Pour les agents, et sous la réserve de l’absence de mise en cause de l’autorité territoriale par l’agent (cf. lettre du Cabinet de juillet août 2024), c’est cette dernière qui doit statuer.

Pour les élus, l’Assemblée délibérante était historiquement seule compétente que l’agent soit mis en cause ou victime. Pour ce dernier cas de figure, la loi n° 2024-247 du 21 mars 2024 organise un octroi automatique de la protection, charge à l’Assemblée délibérante, le cas échéant, de voter le retrait de la protection.

 

 

Vous avez une question ?

Posez gratuitement toutes vos questions sur notre forum juridique. Nos bénévoles vous répondent directement en ligne.

Publier un commentaire
Votre commentaire :
Inscription express :

Le présent formulaire d’inscription vous permet de vous inscrire sur le site. La base légale de ce traitement est l’exécution d’une relation contractuelle (article 6.1.b du RGPD). Les destinataires des données sont le responsable de traitement, le service client et le service technique en charge de l’administration du service, le sous-traitant Scalingo gérant le serveur web, ainsi que toute personne légalement autorisée. Le formulaire d’inscription est hébergé sur un serveur hébergé par Scalingo, basé en France et offrant des clauses de protection conformes au RGPD. Les données collectées sont conservées jusqu’à ce que l’Internaute en sollicite la suppression, étant entendu que vous pouvez demander la suppression de vos données et retirer votre consentement à tout moment. Vous disposez également d’un droit d’accès, de rectification ou de limitation du traitement relatif à vos données à caractère personnel, ainsi que d’un droit à la portabilité de vos données. Vous pouvez exercer ces droits auprès du délégué à la protection des données de LÉGAVOX qui exerce au siège social de LÉGAVOX et est joignable à l’adresse mail suivante : donneespersonnelles@legavox.fr. Le responsable de traitement est la société LÉGAVOX, sis 9 rue Léopold Sédar Senghor, joignable à l’adresse mail : responsabledetraitement@legavox.fr. Vous avez également le droit d’introduire une réclamation auprès d’une autorité de contrôle.

A propos de l'auteur
Blog de Maître Vincent GUISO

Maître Vincent GUISO

Avocat au Barreau de METZ

contact@avocat-iochum.fr

Rechercher
Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux et sur nos applications mobiles