Conditions de reconnaissance du statut de journaliste professionnel

Publié le 21/10/2013 Vu 12 402 fois 0
Légavox

9 rue Léopold Sédar Senghor

14460 Colombelles

02.61.53.08.01

Le 25 septembre 2013, la Cour de cassation a jugé que la qualité de journaliste professionnel s'applique, d'une part, à toute personne qui a pour activité principale, régulière et rétribuée, l'exercice de sa profession dans une ou plusieurs entreprises de presse, publications quotidiennes et périodiques ou agences de presse et qui en tire le principal de ses ressources ou, d'autre part, lorsque l'employeur n'est pas une entreprise de presse ou une agence de presse, si la personne exerce son activité dans une publication de presse disposant d'une indépendance éditoriale (Cass. Soc., 25 septembre 2013, n° 12-17516).

Le 25 septembre 2013, la Cour de cassation a jugé que la qualité de journaliste professionnel s'applique, d'

Conditions de reconnaissance du statut de journaliste professionnel

L’exercice du métier de journaliste implique des libertés fondamentales telles que la liberté d’expression, la liberté de la presse,et la liberté d’opinion.

Pour garantir la protection de telles libertés, le code du travail et la convention collective nationale des journalistes confère à ces derniers un statut particulièrement protecteur. 

Ce statut particulier du journaliste professionnel s’illustre avec la question des indemnités de licenciement.

Par exemple, l’article L.7112-3 du code du travail dispose qu’en cas de licenciement, le journaliste salarié « a droit à une indemnité qui ne peut être inférieure à la somme représentant un mois, par année ou fraction d'année de collaboration, des derniers appointements ».

En outre, l’existence d’une faute grave ou de fautes répétées n’exclut pas l’octroi d’une indemnité, déterminée par une commission arbitrale lorsque l’ancienneté excède quinze années.

Cependant, si le statut de journaliste professionnel est particulièrement protecteur, les conditions pour s’en prévaloir sont strictement définies.

En effet, il ne suffit pas de rédiger des articles de presse pour se voir reconnaitre la qualité de journaliste professionnel.

Pour mémoire, l’article L.7111-3, alinéa 1er, du code du travail donne une définition précise du journaliste professionnel :

« Est journaliste professionnel toute personne qui a pour activité principale, régulière et rétribuée, l'exercice de sa profession dans une ou plusieurs entreprises de presse, publications quotidiennes et périodiques ou agences de presse et qui en tire le principal de ses ressources ».

En vertu de cet article, pour se voir reconnaitre la qualité de journaliste, l’intéressé doit notamment exercer sa profession au sein d’une entreprise spécifiquement visée par le texte : publication quotidienne et périodique ; entreprise de presse ; ou agence de presse.

Ainsi, par exemple, le statut de journaliste a été refusé au rédacteur en chef d’un journal édité par un syndicat professionnel car ce dernier n'était pas une entreprise de journaux ou périodiques, « peu important qu'une carte de journaliste professionnel lui ait été remise ou qu'un numéro ait été attribué à la revue par la commission paritaire des publications et des agences de presse ». (Cass. Soc., 10 octobre 2001, n° 99-45852) 

Dès lors, on pourrait penser que la qualité de journaliste serait refusée au salarié lorsque son employeur n’est pas une entreprise de presse ou une agence de presse, mais la Cour de cassation vient de décider que la qualité de journaliste peut tout de même être retenue sous certaines conditions.

En l’espèce, une salariée a été engagée en qualité de journaliste rédactrice en chef d’une revue.

Le contrat de travail de la salariée a ensuite été transféré à une chambre syndicale.

Par la suite, la salariée a été licenciée pour faute grave.

Elle a alors saisi la juridiction prud'homale de demandes au titre de l'exécution et de la rupture de son contrat de travail.

Dans ce contexte, la question s’est posée de savoir si la salariée pouvait toujours prétendre au statut de journaliste et si la convention collective nationale des journalistes était applicable, alors que l’employeur n’était pas une entreprise de presse.

La cour d’appel a considéré que la salariée bénéficiait du statut de journaliste, en retenant notamment que la revue en question pouvait être classée dans la catégorie générale de la presse d’information.

Cependant, la Cour de cassation a cassé et annulé l’arrêt d’appel au motif que les constatations de la cour d’appel ne permettaient pas de déduire que la salariée exerçait son activité dans une publication de presse disposant d'une indépendance éditoriale.

Pour ce faire, la Haute juridiction a précisé au visa de l'article L.7111-3 du code du travail les conditions de reconnaissance de la qualité de journaliste professionnel lorsque l'employeur n'est pas une entreprise de presse ou une agence de presse :

« est journaliste professionnel toute personne qui a pour activité principale, régulière et rétribuée, l'exercice de sa profession dans une ou plusieurs entreprises de presse, publications quotidiennes et périodiques ou agences de presse et qui en tire le principal de ses ressources ; que dans le cas où l'employeur n'est pas une entreprise de presse ou une agence de presse, la qualité de journaliste professionnel peut être retenue si la personne exerce son activité dans une publication de presse disposant d'une indépendance éditoriale ».

En d’autres termes, quand bien même l’employeur ne serait pas une entreprise de presse ou une agence de presse, la qualité de journaliste professionnel peut être reconnue à un salarié, à la condition qu’il « exerce son activité dans une publication de presse disposant d'une indépendance éditoriale ».

L’arrêt du 25 septembre 2013 ouvre ainsi aux salariés employés par des entreprises qui ne sont pas des entreprises de presse ou des agences de presse, la possibilité de prétendre au statut de journaliste professionnel pour bénéficier de l'application des dispositions protectrices de la convention collective nationale des journalistes et des règles du droit du travail propres à ce statut en cas de licenciement.

Je suis à votre disposition pour toute action ou information (en cliquant ici).

PS : Pour une recherche facile et rapide des articles rédigés sur ces thèmes, vous pouvez taper vos "mots clés" dans la barre de recherche du blog en haut à droite, au dessus de la photographie.

Anthony Bem
Avocat à la Cour
27 bd Malesherbes - 75008 Paris
Tel : 01 40 26 25 01

Email :
abem@cabinetbem.com

www.cabinetbem.com

Vous avez une question ?
Blog de Anthony BEM

Anthony BEM

249 € TTC

1435 évaluations positives

Note : (5/5)

Posez gratuitement toutes vos questions sur notre forum juridique. Nos bénévoles vous répondent directement en ligne.

Publier un commentaire
Votre commentaire :
Inscription express :

Le présent formulaire d’inscription vous permet de vous inscrire sur le site. La base légale de ce traitement est l’exécution d’une relation contractuelle (article 6.1.b du RGPD). Les destinataires des données sont le responsable de traitement, le service client et le service technique en charge de l’administration du service, le sous-traitant Scalingo gérant le serveur web, ainsi que toute personne légalement autorisée. Le formulaire d’inscription est hébergé sur un serveur hébergé par Scalingo, basé en France et offrant des clauses de protection conformes au RGPD. Les données collectées sont conservées jusqu’à ce que l’Internaute en sollicite la suppression, étant entendu que vous pouvez demander la suppression de vos données et retirer votre consentement à tout moment. Vous disposez également d’un droit d’accès, de rectification ou de limitation du traitement relatif à vos données à caractère personnel, ainsi que d’un droit à la portabilité de vos données. Vous pouvez exercer ces droits auprès du délégué à la protection des données de LÉGAVOX qui exerce au siège social de LÉGAVOX et est joignable à l’adresse mail suivante : donneespersonnelles@legavox.fr. Le responsable de traitement est la société LÉGAVOX, sis 9 rue Léopold Sédar Senghor, joignable à l’adresse mail : responsabledetraitement@legavox.fr. Vous avez également le droit d’introduire une réclamation auprès d’une autorité de contrôle.

Rechercher
A propos de l'auteur
Blog de Anthony BEM

Avocat contentieux et enseignant, ce blog comprend plus de 3.000 articles juridiques afin de partager mes connaissances et ma passion du droit.

Je peux vous conseiller et vous représenter devant toutes les juridictions, ainsi qu'en outre mer ou de recours devant la CEDH.

+ 1400 avis clients positifs

Tel: 01.40.26.25.01 

En cas d'urgence: 06.14.15.24.59 

Email : abem@cabinetbem.com

Consultation en ligne
Image consultation en ligne

Posez vos questions juridiques en ligne

Prix

249 € Ttc

Rép : 24h max.

1435 évaluations positives

Note : (5/5)
Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux et sur nos applications mobiles