Conditions de validité de la lettre de déchéance du terme d'un contrat de prêt bancaire

Publié le Modifié le 06/01/2017 Vu 34 029 fois 1
Légavox

9 rue Léopold Sédar Senghor

14460 Colombelles

02.61.53.08.01

La demande de remboursement d'un crédit par la banque est-elle conditionnée à l'envoi d'une lettre de déchéance du terme du prêt à l'emprunteur ?

La demande de remboursement d'un crédit par la banque est-elle conditionnée à l'envoi d'une lettre de déch

Conditions de validité de la lettre de déchéance du terme d'un contrat de prêt bancaire

La banque ne peut pas demander à un emprunteur le remboursement total d'un prêt sans avoir respecter préalablement la procédure de déchéance du terme.

La déchéance du terme correspond juridiquement à la faculté qu'a la banque de demander le remboursement total d'un prêt avant même l'expiration de la durée du crédit.

La déchéance du terme intervient lorsque l'emprunteur ne respecte pas son obligation de remboursement conformément aux modalités fixées dans le tableau d'amortissement.

La déchéance du terme suppose l'envoi préalable d'une lettre de mise en demeure par la banque accordant un délai à l'emprunteur pour régler ses échéances impayées selon un délai fixé.

La jurisprudence est ainsi venue préciser les conditions de validité de la lettre de mise en demeure préalable à la déchéance du terme.

A cet égard, le 15 juin 2016, la cour de cassation a jugé que la déchéance du terme du crédit suppose le respect d'un certain formalisme qui, à défaut d'avoir été respecté par la banque, empêche celle-ci d'obtenir le remboursement de son prêt (Cour de cassation, première chambre civile, 15 juin 2016, N° de pourvoi: 15-16173).

En l'espèce, deux emprunteurs ont souscrit un crédit auprès de la banque Crédit Mutuel.

La banque a informé l'un des deux emprunteurs de sa décision de mettre un terme à leurs relations contractuelles et, notamment, de dénoncer la convention concernant le compte ouvert en ses livres.

En l'absence de règlement, la banque a assigné ses débiteurs en procédure d'adjudication immobilière forcée afin d'obtenir le paiement de la dette.

Ils ont contesté la régularité de la déchéance du terme des prêts invoquée par la banque.

Pour ce faire, ils soutenaient que la banque n'avait notifié que la clôture du compte bancaire et n'avait pas respecté le formalisme de la procédure de déchéance du terme.

Les juges d'appel ont dans un premier temps estimé que la lettre recommandée avec accusé de réception aux termes de laquelle la banque dénonçait ses relations contractuelles et, notamment, la convention de compte bancaire, avait permis aux emprunteurs de comprendre que cette dénonciation s'appliquait également aux prêts puisqu'ils avaient reconnu les impayés et même proposé de l'apurer par mensualités.

En conséquence, les juges d'appel avaient ordonné l'adjudication forcée de l'immeuble appartenant aux emprunteurs afin d'obtenir le paiement du montant du principal du crédit, des intérêts au taux conventionnel, d'une indemnité conventionnelle de rupture, de la prime d'assurance, outre les frais de commandement.

Cependant, la cour de cassation a cassé et annulé l'arrêt d'appel en jugeant :

« qu'en statuant ainsi, alors que la lettre litigieuse dénonçait seulement la convention de compte bancaire, sans aucune mention des prêts, la cour d'appel en a dénaturé les termes et violé le texte susvisé [l'article 1134 du code civil] »

En effet, pour mémoire, la régularité de la déchéance du terme conditionne la possibilité de la banque à obtenir le remboursement de son prêt.

A peine de nullité, la lettre de déchéance du terme doit :

  • être envoyée par LRAR ;
  • mentionner les prêts en cause ;
  • indiquer les échéances non payées ;
  • informer l'emprunteur de ce qu'à défaut de paiement, la banque pourra obtenir le remboursement de l'intégralité du crédit.

Ainsi, lorsque la banque n'informe que sur la clôture du compte bancaire et non sur les prêts souscrits, la déchéance du terme n'est pas effective, de sorte que la banque ne peut pas valablement engager une procédure de saisie vente contre l'emprunteur.

Il est intéressant de relever que même la proposition de règlement échelonné de l'emprunteur ne peut pallier la carence de la banque dans son obligation de respecter le formalisme de la déchéance du terme du crédit.

Il résulte de cette décision que lorsque la banque dénonce ses relations contractuelles et notamment la convention de compte courant, cette dénonciation ne s'applique pas aux prêts et, ce, même si l'emprunteur a reconnu les impayés et proposé d'apurer son arriéré par des mensualités.

Le cas échéant, aucune opération d'exécution forcée n'est possible contre l'emprunteur, telle l'adjudication forcée de l'immeuble de ce dernier.

Je suis à votre disposition pour toutes informations et actions en cliquant sur "Services" en haut de page.

Anthony Bem
Avocat à la Cour
27 bd Malesherbes - 75008 Paris
01 40 26 25 01
abem@cabinetbem.com

Vous avez une question ?
Blog de Anthony BEM

Anthony BEM

249 € TTC

1435 évaluations positives

Note : (5/5)

Posez gratuitement toutes vos questions sur notre forum juridique. Nos bénévoles vous répondent directement en ligne.

1 Publié par Visiteur
24/08/2018 10:23

Bonjour,
J'ai signé un prêt immobilier hypothécaire il y a quelques jours.
J'ai eu la mauvaise surprise de voir que dans la clause de déchéance du terme, il était indiqué la mention "sans qu'il soit besoin d'aucune formalité judiciaire".
J'ai l'habitude de souscrire des prêts chez ce préteur et c'est la première fois que l'on me fait signer cette clause.
Il semble que les banques durcissent les offres.
Or, j'ai toujours entendu dire que la mention "de plein droit" était nécessaire pour qu'une déchéance du terme puisse passer outre l'arbitrage des tribunaux.
Cela veut-il dire qu'en cas d'impayé avec cette clause dans un prêt hypothécaire, alors le process
classique suivant s'applique ?
-mise en demeure avant déchéance du terme
-confirmation de déchéance du terme
-commandement de payer visant la clause résolutoire
-assignation devant le juge de l'exécution qui ne
vérifie même pas correctement les décomptes.
-puis vente forcée et sniff sniff

En vous remerciant.
Bien cordialement.

Publier un commentaire
Votre commentaire :
Inscription express :

Le présent formulaire d’inscription vous permet de vous inscrire sur le site. La base légale de ce traitement est l’exécution d’une relation contractuelle (article 6.1.b du RGPD). Les destinataires des données sont le responsable de traitement, le service client et le service technique en charge de l’administration du service, le sous-traitant Scalingo gérant le serveur web, ainsi que toute personne légalement autorisée. Le formulaire d’inscription est hébergé sur un serveur hébergé par Scalingo, basé en France et offrant des clauses de protection conformes au RGPD. Les données collectées sont conservées jusqu’à ce que l’Internaute en sollicite la suppression, étant entendu que vous pouvez demander la suppression de vos données et retirer votre consentement à tout moment. Vous disposez également d’un droit d’accès, de rectification ou de limitation du traitement relatif à vos données à caractère personnel, ainsi que d’un droit à la portabilité de vos données. Vous pouvez exercer ces droits auprès du délégué à la protection des données de LÉGAVOX qui exerce au siège social de LÉGAVOX et est joignable à l’adresse mail suivante : donneespersonnelles@legavox.fr. Le responsable de traitement est la société LÉGAVOX, sis 9 rue Léopold Sédar Senghor, joignable à l’adresse mail : responsabledetraitement@legavox.fr. Vous avez également le droit d’introduire une réclamation auprès d’une autorité de contrôle.

Rechercher
A propos de l'auteur
Blog de Anthony BEM

Avocat contentieux et enseignant, ce blog comprend plus de 3.000 articles juridiques afin de partager mes connaissances et ma passion du droit.

Je peux vous conseiller et vous représenter devant toutes les juridictions, ainsi qu'en outre mer ou de recours devant la CEDH.

+ 1400 avis clients positifs

Tel: 01.40.26.25.01 

En cas d'urgence: 06.14.15.24.59 

Email : abem@cabinetbem.com

Consultation en ligne
Image consultation en ligne

Posez vos questions juridiques en ligne

Prix

249 € Ttc

Rép : 24h max.

1435 évaluations positives

Note : (5/5)
Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux et sur nos applications mobiles