Nullité d’un cautionnement pour disproportion compte tenu de la charge mensuelle de remboursement supérieure à 33% du revenu de la caution et fiches de renseignements patrimoniaux de la banque nulles

Publié le Modifié le 15/02/2021 Vu 1 762 fois 0
Légavox

9 rue Léopold Sédar Senghor

14460 Colombelles

02.61.53.08.01

La caution peut-elle obtenir l’annulation de la fiche de renseignements patrimoniaux de la banque afin de faire annuler son cautionnement grâce à l’argument relatif à la disproportion de son engagement ?

La caution peut-elle obtenir l’annulation de la fiche de renseignements patrimoniaux de la banque afin de fa

Nullité d’un cautionnement pour disproportion compte tenu de la charge mensuelle de remboursement supérieure à 33% du revenu de la caution et fiches de renseignements patrimoniaux de la banque nulles

Pour mémoire, selon le Code de la consommation, la banque ne peut valablement se prévaloir d’un contrat de cautionnement conclu par une personne physique dont l’engagement était, lors de sa conclusion, manifestement disproportionné à ses biens et revenus.

Autrement dit, la caution est déchargée de son obligation de garantie de remboursement si elle prouve que son cautionnement était disproportionné à son patrimoine, ses revenus, ses charges, ses dettes, à la date de signature de l’acte de caution.

L’argument relatif à la disproportion d’un cautionnement est l’un des nombreux moyens de défense que la caution peut utilement opposer à la banque afin de se libérer définitivement de son obligation de garantie.

Il en résulte que la banque doit obligatoirement, préalablement à la conclusion d’un cautionnement, effectuer les vérifications nécessaires permettant de s’assurer que le cautionnement n’était pas disproportionné aux facultés financières de la caution.

En pratique, cette obligation se traduit par la demande d’informations patrimoniales et financières par les banques auprès des cautions en leur faisant remplir une « fiche de renseignements patrimoniaux ».

Cependant, certaines fiches n’ont de « fiche de renseignements patrimoniaux » que le nom.

Elles sont souvent critiquables dès lors qu’elles présentent des anomalies apparentes.

Le cas échéant, le Tribunal ne se fondera pas sur la base des informations financières contenues dans ce document de la banque mais tiendra plutôt compte de la situation patrimoniale réelle de la caution.

A cet égard le Cabinet Bem a obtenu, le 23 décembre 2020, au profit de deux de ses clients, que le Tribunal de commerce de Montpellier annule leurs engagements de caution.

En l’espèce, la Lyonnaise de Banque avait consenti un prêt d’un montant de 300.000 € à une société, dont les deux gérants se sont chacun portés caution solidaire à hauteur de la somme de 170.000 €.

A la suite des difficultés financières auxquels a dû faire face la société débitrice, la Lyonnaise de Banque a décidé d’assigner les cautions en remboursement du solde du prêt.

Cependant, les juges du tribunal de commerce ont débouté la Lyonnaise de Banque de l’ensemble de ses demandes, en considérant que l’engagement des cautions était disproportionné au patrimoine des cautions à la date de signature des cautionnements.

Pourtant, la Lyonnaise de Banque prétendait qu’elle avait réalisé l’ensemble des vérifications nécessaires lui incombant et que les cautionnements n’étaient pas disproportionnés aux facultés financières et patrimoniales des cautions.

A ce titre, la banque a versé aux débats deux fiches de renseignements patrimoniaux remplies par les cautions.

Toutefois, le Tribunal a jugé que « les fiches de renseignements patrimoniales fournies par la banque, ont été remplies informatiquement et ne présentent, ni la signature de Monsieur X... et de Madame Y..., ni la mention manuscrite : "Lu et approuvé" ».

Par conséquent, le Tribunal a estimé que ces fiches de renseignements comportaient des anomalies apparentes, qu’il qualifie même de « grossière ».

En conséquence, les juges se sont fondés sur la situation patrimoniale réelle des cautions au jour de leurs engagements pour considérer, après analyse du dossier fournie, que les taux d’endettement des cautions sont respectivement de 44,38% et de 147,48%, « alors qu’il est communément admis que la charge mensuelle de remboursement ne doit pas être supérieure à 33% des revenus ».

Concrètement, le calcul du taux d'endettement de la caution dépend d'une équation mathématique dont le résultat permet dans la majorité des cas à la caution d'invoquer de manières certaine et rédhibitoire la disproportion du cautionnement et d'échapper totalement au paiement de sa dette.

Cette affaire s’inscrit dans le sillage de la jurisprudence obtenue par le Cabinet Bem dans son combat dans la défense des cautions, et pour la première fois le 4 décembre 2013 devant le Tribunal de commerce de Versailles en ce qu’il a fixé la limite maximum d’endettement des cautions à 33% de leurs revenus.

Il ressort de cette jurisprudence que la caution peut se défendre efficacement contre la banque pour tenter de faire annuler son engagement de garantie en raison de la disproportion de leur engagement et même obtenir l’annulation des fiches de renseignements de la banque lorsqu’elles présentent des anomalies apparentes comme dans la présente affaire.

Je suis à votre disposition pour toute action ou information (en cliquant ici).


Anthony Bem
Avocat à la Cour
27 bd Malesherbes - 75008 Paris
Tel : 01 40 26 25 01
Email : abem@cabinetbem.com
www.cabinetbem.com



Vous avez une question ?
Blog de Anthony BEM

Anthony BEM

249 € TTC

1427 évaluations positives

Note : (5/5)

Posez gratuitement toutes vos questions sur notre forum juridique. Nos bénévoles vous répondent directement en ligne.

Publier un commentaire
Votre commentaire :
Inscription express :

Le présent formulaire d’inscription vous permet de vous inscrire sur le site. La base légale de ce traitement est l’exécution d’une relation contractuelle (article 6.1.b du RGPD). Les destinataires des données sont le responsable de traitement, le service client et le service technique en charge de l’administration du service, le sous-traitant Scalingo gérant le serveur web, ainsi que toute personne légalement autorisée. Le formulaire d’inscription est hébergé sur un serveur hébergé par Scalingo, basé en France et offrant des clauses de protection conformes au RGPD. Les données collectées sont conservées jusqu’à ce que l’Internaute en sollicite la suppression, étant entendu que vous pouvez demander la suppression de vos données et retirer votre consentement à tout moment. Vous disposez également d’un droit d’accès, de rectification ou de limitation du traitement relatif à vos données à caractère personnel, ainsi que d’un droit à la portabilité de vos données. Vous pouvez exercer ces droits auprès du délégué à la protection des données de LÉGAVOX qui exerce au siège social de LÉGAVOX et est joignable à l’adresse mail suivante : donneespersonnelles@legavox.fr. Le responsable de traitement est la société LÉGAVOX, sis 9 rue Léopold Sédar Senghor, joignable à l’adresse mail : responsabledetraitement@legavox.fr. Vous avez également le droit d’introduire une réclamation auprès d’une autorité de contrôle.

Rechercher
A propos de l'auteur
Blog de Anthony BEM

Avocat contentieux et enseignant, ce blog comprend plus de 3.000 articles juridiques afin de partager mes connaissances et ma passion du droit.

Je peux vous conseiller et vous représenter devant toutes les juridictions, ainsi qu'en outre mer ou de recours devant la CEDH.

+ 1400 avis clients positifs

Tel: 01.40.26.25.01 

En cas d'urgence: 06.14.15.24.59 

Email : abem@cabinetbem.com

Consultation en ligne
Image consultation en ligne

Posez vos questions juridiques en ligne

Prix

249 € Ttc

Rép : 24h max.

1427 évaluations positives

Note : (5/5)
Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux et sur nos applications mobiles