Sanction d'un médecin par la CNIL à défaut de communication au patient de son dossier médical

Publié le Modifié le 27/06/2017 Vu 6 032 fois 4
Légavox

9 rue Léopold Sédar Senghor

14460 Colombelles

02.61.53.08.01

Le droit des données à caractère personnel oblige-t-il les professionnels de santé à communiquer le dossier médical à leur patient ?

Le droit des données à caractère personnel oblige-t-il les professionnels de santé à communiquer le dossi

Sanction d'un médecin par la CNIL à défaut de communication au patient de son dossier médical

L'Europe et la France disposent de textes qui confèrent des droits aux personnes à l’égard du traitement automatisé de leurs données à caractère personnel, dont la fameuse loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés.

Ainsi, tous les professionnels de santé sont supposés mettre en place une procédure permettant de répondre aux demandes d’accès aux données figurant dans le dossier médical et administratif de leurs patients.

La loi informatique et libertés précise également que les données de santé peuvent être communiquées directement à la personne ou, si elle le souhaite, à un médecin qu’elle aura préalablement désigné.

Enfin, la communication du dossier médical doit être faite au plus tard dans les 8 jours suivant la demande et au plus tôt dans les 48 heures.

Si les informations remontent à plus de cinq ans, le délai est porté à 2 mois.

S'agissant du secret du dossier médical, l’article L. 1111-7 du code de la santé publique dispose que :

«Toute personne peut accéder à ces informations directement ou par l’intermédiaire d’un médecin qu’elle désigne et en obtenir communication ».

Ce même article prévoit un délai dérogatoire quant à la communication de ces informations : au plus tard dans les huit jours suivant sa demande et au plus tôt après qu'un délai de réflexion de quarante-huit heures aura été observé.

Ce délai est porté à deux mois lorsque les informations médicales datent de plus de cinq ans […]. »

Or, chaque année, la Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés (ci-après la CNIL) reçoit de nombreuses plaintes de patients contre des médecins libéraux concernant le droit d’accès à leur dossier médical.

Le 18 mai 2017, la CNIL a prononcé une sanction pécuniaire à l’encontre d'un dentiste qui refusait de transmettre le dossier médical à son patient (CNIL, formation restreinte, SAN-2017-008, 18 mai 2017).

En l'espèce, l'ancien patient d'un chirurgien-dentiste a porté plainte contre ce dernier auprès de la CNIL.

Il lui était reproché de ne donner aucune réponse à ses demandes d’accès aux données à caractère personnel contenues dans son dossier médical.

Pendant plusieurs mois, le plaignant a été dans l'impossibilité de transmettre les données relatives à son état de santé dentaire à un nouveau praticien.

La CNIL a donc demandé, à plusieurs reprises, au chirurgien-dentiste ses observations.

En vain, en l’absence de réponse de sa part, la Présidente de la CNIL a mis en demeure le dentiste de définir et mettre en œuvre une procédure effective de droit d’accès au dossier médical et de garantir, dans ce cadre, l’exercice du droit d’accès des personnes aux données à caractère personnel contenues dans leur dossier médical.

De plus, il lui était enjoint de communiquer au plaignant une copie de ses données.

En défense, le chirurgien-dentiste a vainement fait valoir que :

il a répondu à la demande du plaignant en lui envoyant son dossier médical par courrier simple, puis par courrier recommandé avec accusé de réception;

avant d’envoyer son dossier médical au plaignant, il s’était préalablement renseigné sur ses obligations déontologiques, notamment afin de s’assurer que les données contenues dans son dossier n’étaient pas couvertes par le secret médical ;

en raison du comportement belliqueux du plaignant, une consultation du dossier médical sur place s’est avérée impossible ;

un contentieux avec le plaignant était en cours devant l’ordre des chirurgiens-dentistes.

En effet, la CNIL a pris acte de la transmission du dossier médical au plaignant postérieurement à la notification du rapport de sanction et donc que le dentiste n’établissait pas avoir fait droit à la demande du plaignant au terme du délai qui lui était imparti dans la mise en demeure.

Aussi, la CNIL a estimé que le défaut de réponse du dentiste aux demandes de celle-ci caractérisaient un défaut de prise en compte des questions Informatique et Libertés liées au traitement des données à caractère personnel.

Surtout, la CNIL a considéré que les obligations déontologiques, notamment celles liées au secret médical, ne pouvaient être utilement invoquées en défense par le chirurgien-dentiste.

La CNIL a ainsi posé le principe selon lequel le secret médical ne saurait s’opposer à la communication au patient des données le concernant et contenues dans son dossier médical au nom du droit d'accès aux données à caractère personnel.

En conséquence, la CNIL a jugé que le manquement aux obligations découlant de la loi du 6 janvier 1978 était caractérisé et a prononcé à l'encontre du dentiste une sanction d’un montant de 10.000 euros.

Par ailleurs, au regard de la persistance dans le temps des manquements formulés à l'encontre du dentiste et afin de sensibiliser les personnes et les responsables de traitement aux droits et obligations issus de la loi Informatique et Libertés, la CNIL a décidé de rendre publique sa décision.

Je suis à votre disposition pour toute action ou information (en cliquant ici).

Anthony Bem
Avocat à la Cour
27 bd Malesherbes - 75008 Paris

01 40 26 25 01
abem@cabinetbem.com

Vous avez une question ?
Blog de Anthony BEM

Anthony BEM

249 € TTC

1435 évaluations positives

Note : (5/5)

Posez gratuitement toutes vos questions sur notre forum juridique. Nos bénévoles vous répondent directement en ligne.

1 Publié par Visiteur
22/01/2018 16:11

MOnsieur,
Ma mère est décédée et depuis trois ans je récupère des informations et je me suis rendu compte que tous les médecins qu'elle a rencontré recopiait l'ordonnance précédente et ne faisait aucun examen ni aucun bilan.
Les médicaments entraînaient des effets secondaires et le médecin remettait d'autres médicaments plus fort et ceci a provoqué une fin de vie terrible et la mort.
J'ai récupéré des documents du Centre de pharmaco vigilence de Dijon attestant qu'elle a eu des effets secondaires par les médicaments.
Puis-je faire reconnaître l'absence de soins adaptés et l'absence de dossier médical du médecin. Il a refusé de le donner ainsi que la maison de retraite.

2 Publié par Visiteur
22/01/2018 16:12

Bonjour;
Je n'ai pas relu et je me rends compte des erreurs orthographiques. je vous prie de m'excusez. je suis très énervée dès qu'il s'agit de parler ou d'écrire sur les problèmes médicaux rencontré par ma mère.

3 Publié par Maitre Anthony Bem
22/01/2018 22:23

Bonjour vertorange,

Il vous faudrait faire analyser le dossier médical de votre mère par un médecin expert pour envisager une éventuelle action en responsabilité professionnelle contre les médecins, tout en sachant que ce type d’action est toujours compliquée compte tenu de la « couverture » existante, par défaut, entre les médecins et les aléas du vivant.

Cordialement.

4 Publié par Visiteur
11/02/2018 07:42

Bonjour Monsieur,
J'ai envoyé une lettre recommandée à chacune des deux maisons de retraite où ma mère a séjourné pour obtenir le dossier médical et je n'ai pas eu de réponse. Pouvez-vous faire sanctionner ces faits? C'est très important pour moi que ma mère soit reconnue comme une victime du système défaillant (elle a été empoisonnée par les nombreux médicaments qu'elle a reçu ) et pour toutes les autres personnes âgées qui vivent cette situation.
Merci de votre réponse.

Publier un commentaire
Votre commentaire :
Inscription express :

Le présent formulaire d’inscription vous permet de vous inscrire sur le site. La base légale de ce traitement est l’exécution d’une relation contractuelle (article 6.1.b du RGPD). Les destinataires des données sont le responsable de traitement, le service client et le service technique en charge de l’administration du service, le sous-traitant Scalingo gérant le serveur web, ainsi que toute personne légalement autorisée. Le formulaire d’inscription est hébergé sur un serveur hébergé par Scalingo, basé en France et offrant des clauses de protection conformes au RGPD. Les données collectées sont conservées jusqu’à ce que l’Internaute en sollicite la suppression, étant entendu que vous pouvez demander la suppression de vos données et retirer votre consentement à tout moment. Vous disposez également d’un droit d’accès, de rectification ou de limitation du traitement relatif à vos données à caractère personnel, ainsi que d’un droit à la portabilité de vos données. Vous pouvez exercer ces droits auprès du délégué à la protection des données de LÉGAVOX qui exerce au siège social de LÉGAVOX et est joignable à l’adresse mail suivante : donneespersonnelles@legavox.fr. Le responsable de traitement est la société LÉGAVOX, sis 9 rue Léopold Sédar Senghor, joignable à l’adresse mail : responsabledetraitement@legavox.fr. Vous avez également le droit d’introduire une réclamation auprès d’une autorité de contrôle.

Rechercher
A propos de l'auteur
Blog de Anthony BEM

Avocat contentieux et enseignant, ce blog comprend plus de 3.000 articles juridiques afin de partager mes connaissances et ma passion du droit.

Je peux vous conseiller et vous représenter devant toutes les juridictions, ainsi qu'en outre mer ou de recours devant la CEDH.

+ 1400 avis clients positifs

Tel: 01.40.26.25.01 

En cas d'urgence: 06.14.15.24.59 

Email : abem@cabinetbem.com

Consultation en ligne
Image consultation en ligne

Posez vos questions juridiques en ligne

Prix

249 € Ttc

Rép : 24h max.

1435 évaluations positives

Note : (5/5)
Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux et sur nos applications mobiles