CONFERENCE-DEBAT DU 31 JANVIER 2022 A L’UNIMBA
THEMATIQUE
« Le rôle de l’Elite et des intellectuelles dans l’émergence de la Province de l’Equateur ».
Organisateur et Orateur Principal : Christian BOSEMBE
Co-conférencier : MBOKOLO ELIMA Edmond
Biographie de Maitre MBOKOLO ELIMA Edmond ?
Né à Bikoro le 10 septembre 1989, MBOKOLO ELIMA Edmond, est un Avocat du Barreau de l’Equateur, Chercheur, Conférencier, Ecrivain, Auteur d’un ouvrage publié aux Editionnes Universitaires Européennes sur la cybercriminalité et de plusieurs articles scientifiques publiés en ligne et dans les revues internationales et nationales dont notamment International Journal of Applied Research (IJAR), International Journal of Innovation and Scientific Research, la Revue du Centre de Recherche Internationale pour la Promotion et la Protection des Droits de l’Homme en Afrique Centrale (CRIDHAC) de la Faculté de Droit de l’Université de Kinshasa et la Revue de l’UNIDA OHADATA (en France). Inscrit (DEA/DES) au troisième cycle à l’Université de Kinshasa, il est licencié en droit de l’Université de Mbandaka (en droit privé et judiciaire) depuis 2014 avec quatre distinctions et agrégé de l’enseignement dans la même Université.
Il est un avocat œuvrant dans le secteur du numérique reconnu dans les sites www.legavox.fr et www.avocat.cd.
Entre autres fonctions exercées, il a été Conseiller juridique du Recteur de l’Université de Mbandaka, Ancien Défenseur Judiciaire près le Tribunal de Grande Instance de Mbandaka et Ancien Conseiller et Consultant Juridique du Gouverneur de l’Equateur.
En tant que juriste d’affaires, il est conseiller fiscal des plusieurs entreprises commerciales et Consultant en droit des affaires (OHADA) et en droit fiscal.
Enseignant à l’Université de Mbandaka, il est associé du Cabinet d’Avocats Bâtonnier Philippe BOSEMBE à Mbandaka, Province de l’Equateur où il intervient dans les domaines du droit immobilier, droit fiscal, droit des contrats, droit du travail, droit des affaires (OHADA), droit de l’homme et de la personne, droit numérique, droit de la presse…
Il est Consultant Rédacteur Juridique web de la Société LEGALTER GROUPE SAS et Membre du Conseil Provincial de la Fédération des Entreprises du Congo, FEC en sigle et Défenseur des Droits Humains, notamment droits des journalistes, Violences basées sur le genre (filles, femmes) et des personnes arrêtées.
Inscrit au troisième cycle à l’Université de Kinshasa (DEA/DES), il est marié et père d’une fille.
Il est Membre et Artisan de la Paix de l’Organisation Non Gouvernementale Conscience Congolaise pour la Paix, KoPaX en sigle qui est un vaste réseau d’Artisans de la Paix qui travaillent ensemble pour construire la Paix par la Justice.
PRELUDE
Le présent exposé qui répond à la logique du modérateur principal, Me Christian BOSEMBE est centré sur « le rôle de l’Elite et des intellectuelles dans l’émergence d’une Province». A cet effet, nous avons décidé de se focaliser sur la prise de conscience de l’élite et intellectuel, est un véritable moteur du développement socio-économique de la Province de l’Equateur.
Pour arriver à déceler le rôle de l’élite et intellectuels dans une Province (2), il est impérieux de faire une analyse notionnelle des concepts qui composent la thématique principales (1) afin de ne pas nous perdre dans un labyrinthe de pensées.
A la fin, nous formulerons quelques propositions à titre des perspectives d’avenir pour rendre la Province de l’Equateur plus émergente (3).
I. ANALYSE NOTIONNELLE
a) Rôle ou responsabilité
Selon Shawanm Yahya KIDIR (Université Paris 1, Thèse en philosophie, « Le rôle des intellectuels dans les transformations politiques et sociales après l’apparition de l’opposition en 2009 au Kurdistan Iranien, 2016), le rôle est l’action qui est jouée par un acteur social dans ses relations avec les autres. C’est une attitude, une action ou une responsabilité qu’une personne prend dans un groupe. Le rôle est ainsi une conduite sociale selon la culture et la tradition d’un groupe, mais aussi comme la réponse attendue des autres membres de la société.
Sociologiquement, le rôle est l’ensemble de normes et d’attentes qui régissent le comportement d’un individu, du fait de son statut social ou de sa fonction dans un groupe. C’est l’influence que l’on exerce, place tenue par quelqu’un ou par quelque chose.
b) Elite
Une élite est l'ensemble des individus considérés comme les meilleurs, les plus dignes et les plus remarquables par leurs qualités. Les élites peuvent être classées en différentes catégories : les élites politiques, économiques, académiques, militaires, bureaucratiques, traditionnelles, etc. L’élite politique par exemple est composée d’hommes et de femmes qui occupent des postes importants dans les institutions de la société et qui prennent des décisions conséquentes pour le bien-être de tous.
Boudon (Dictionnaire critique de la sociologie, Paris, 1990..) attend par les élites des catégories sociales composées d'individus ayant la note la plus élevée dans leur branche d'activité.
A vrai dire, l'élite est une minorité qui se distingue du groupe auquel elle appartient et à laquelle on reconnaît une supériorité, une autorité morale.
Néanmoins, le mot "élites", au pluriel, est utilisé avec une connotation négative lorsque l'accent est mis sur la domination d'une catégorie sociale sur les autres et la contestation de sa légitimité. Groupe minoritaire de personnes ayant, dans une société, une place éminente due à certaines qualités valorisées socialement.
3. Intellectuel
Du latin « intellectus », du verbe « intelligere » ou comprendre, renvoie à une vie consacrée aux activités intellectuelles. Il s’agit selon Dr Denis Mukwege, la personne chez qui prédominent les choses de la pensée ou de l’esprit, bref, l’immatérialité. C’est toute personne qui met son intelligence au service de la société (Dr Denis Mukwege, Intellectuels congolais : mission et devoir dans une nation en péril, in « Revue africaine de la démocratie et de la gouvernance, Vol. 4, n°3&4, 2017, p.23).
Pour le Professeur Jean-Désiré Ingange wa Ingange, l’intellectuel n’est pas nécessairement un académicien ou une académicienne, et sa définition n’a rien de sociologique. Il s’agit de tout personne, qui du fait de sa position sociale, dispose d’une forme d’autorité et la met à profit pour persuader, proposer, débattre, permettre à l’esprit critique de s’émanciper des représentations sociales (J-D. Ingange, La responsabilité des intellectuel face à la crise de l’Etat en RDC : dans les arcanes d’un asservissement complaisant des cerveaux oiseaux, in RADG, Op.cit., 102).
A vrai dire, c’est une personne qui, par goût, a une activité basée de manière prononcée ou excessive sur le fonctionnement de l'esprit, de l'intelligence, en particulier l'abstraction ou la spéculation, au point d'être insensible aux problèmes pratiques.
4. Emergence
L’émergence est caractérisée par le processus par lequel un Etat s’intègre à l’économie globalisée et capitalisme mondial grâce à une croissance économique. Il est appréhendé ici dans le sens du développement ou croissance économique, politique, éducative, sociale, etc…
II. ROLE DE L’ELITE ET LES INTELLECTUELS DANS LA SOCIETE
L'intellectuel est davantage, d’abord, quelqu’un qui va mettre ses compétences au service de la cité, du politique, de la “polis”, des citoyens.
Dr Denis Mukwege soutient que, l’intellectuel est un citoyen engagé. Fort malheureusement, les intellectuels surtout, ceux de notre société, forcés par les circonstances, certains ont cessé de jouer le rôle de lanceurs d’alerte, de gardiens des valeurs universelles, celles de la vérité, de la justice et de la raison. Il est en quelque sorte, la conscience de tous. L’avenir d’une société réside dans la force de ses penseurs ou de ses intellectuels.
Sans nul doute, l’intellectuel est caractérisé essentiellement par son refus du silence face à l’inacceptable. Normalement, se taire revient à démissionner. S’affranchir du contexte revient à travailler sans relâche, risque sa position, même sa vie mais elle n’aura de sens et portée que quand elle est utile pour la communauté.
En effet, accusés de tous les maux, les intellectuels congolais ont laissé la place publique aux diplômés faussaire en costume et aux shégués en arme qui n’offrent à ce peuple que mensonges, ruses, manipulation et désolation, dixit Dr Denis Mokwege.
Alphonse Ntumba Luaba dans son article intitulé le mal être des universitaire et intellectuels congolais : oser s’assumer, soutient que l’intellectuel est celui qui dénonce et annonce. Il dénonce tout avilissement de l’humain et toutes les formes de médiocrité.
Abordant la même notion, le Professeur André Mbata Mangu quant à lui estime qu’un l’intellectuel est d’abord une femme ou un homme qui a un idéal et qui défend les valeurs sans lesquelles il n’est point d’humanité. Malheureusement, son intelligence ou son savoir est au service des antivaleurs.
Emile Zola dans son célèbre ouvrage « j’accuse », défend Alfred Dreyfus injustement condamné avec qui il n’a pas de lien autre que l’humanité. Il défend la vérité et la justice. Pour lui, l’intellectuel est celui qui dénonce et annonce. Il annonce tout avilissement de l’humain et toutes les formes de médiocrité. Il annonce la règle de la vérité, de la science, de la justice et de la raison. Il n’hésite pas de dire la vérité aux hommes au pouvoir. Il doit être capable de désigner le coupable par son nom et de dénoncer les injustices et les intrigues.
Dans une société, l’intellectuel est plutôt le porte-parole des sans voix et des personnes injustement condamnées comme Dreyfus. L’intellectuel n’a pas à défendre des personnes parce qu’elles sont liées à lui par des liens de sang, de race, de sexe ou tout autre lien, mais tout simplement parce qu’ils font partie de la race humaine.
Aussi, l’on ne saurait se dire ou de proclamer intellectuel si l’on n’a pas le courage de défendre ses idées en public avec espoir de susciter la contradiction à laquelle l’on ne saurait non plus s’opposer.
Le rôle de l’intellectuel est de s’engager dans la sphère publique, en effet, ceci ne rentre pas dans une catégorie socioprofessionnelle, il n’est pas non plus seulement un personnage. L’intellectuel se caractérise à la fois par un statut sociologique et, sur le plan éthique, par une transcendance qui le porte à défendre une forme d’intérêt général. Il est plus précisément un home jouissant d’une autorité culturelle (savant, artiste, philosophe, journaliste…) qui intervient à la conjonction de deux domaine : le domaine des idées d’une part, et le politique d’autre part. Il est en même temps dans la réflexion et dans l’action.
Pour Pascal Ory et Jean François Sirinelli (Histoire des intellectuels de l’affaire Dreyfus, 1986), le rôle de l’intellectuel sera un homme de la culture, créateur ou médiateur, mis en situation d’homme du politique, producteur ou consommateur d’idéologie. Pour accéder à ce statut, l’homme du culturel doit prendre le risque de sortir du champ de sa compétence et proposer un regard global sur la société.
L’intellectuel est la seule personne qui peut dire la vérité en face de l’autorité, c’est celui qui se fâche très rapidement, mais qui a un langage clair et audacieux. Les intellectuels sont devenus des facteurs importants dans le changement sociopolitique.
L’Equateur comme tant d’autres Provinces ressemble à un immense trou noir, une véritable Province squelette dans la gouvernance nationale. L’on sait en effet que le développement d’un pays n’est pas forcément lié aux richesses naturelles qu’il regorge mais bien par la qualité de ses élites. Mais alors, comment justifier qu’une Province immensément riche en ressources naturelles et avec un nombre impressionnant d’« universitaires » soit dans un état de précarité ineffable ?
L’emploi, les soins de santé, la sécurité alimentaire, etc. peuvent être construits à l’Equateur que si les élites comprennent que le bien-être est une construction humaine. Le leadership intellectuel corrompu est à la base de la destruction de la Province.
Jean de Dieu MINENGU (Rédacteur en Chef d’un media) soutient avec raison qu’il n’est pas rare d’entendre en République Démocratique du Congo, des analphabètes qui disent : « le pays est détruit par les Professeurs d’université ». L’impression qui se dégage lorsqu’on analyse les comportements de l’élite politique équatorienne de façon générale, est de se trouver en face des mercenaires ou des sous-traitants en activité dans une zone opérationnelle.
L’élite intellectuelle équatorienne est devenue le dépositaire du mal, de la haine, de la corruption, du tribalisme, du faux nationalisme, etc. Corrompus, avides d’argent facile, l’élite a trahi la Province et elle est responsable ou complice du mal.
Après plusieurs années, il convient de s’interroger objectivement et à juste titre, sur le rôle qu’a joué l’élite intellectuelle équatorienne quant à la promotion du développement socio-économique de la Province.
Pour emprunter les termes de Jean de Dieu MINENGU, on voit ainsi l’Equateur s’acheminer vers l’usage quotidien du faux et du déficit de l’intelligence opérationnelle. La Province est devenue le berceau de la mendicité, de la médiocrité, de la guerre individuelle, de la résignation de l’intelligence, etc. L’élite équatorienne a favorisé les injustices, la corruption, la télé-gouvernance, le pouvoir pour le pouvoir et la pauvreté.
L’éducation, moteur de tout développement se trouve complètement désarticulée. La débâcle scolaire et universitaire, les femmes chosifiées par la pauvreté, le chômage des jeunes, l’insalubrité dans la ville, les routes en mauvais état…,. Les élites de l’époque ont joué un rôle primordial dans l’émergence de cette Province mais, après quelques années, les élites ont adopté des comportements et des attitudes irresponsables pour mieux servir leurs intérêts égoïstes au détriment de l’intérêt général.
III. PERSPECTIVES D’AVENIR
Pour rendre la Province de l’Equateur émergente, nous formulons les propositions suivantes dans le chef de l’élite et intellectuels de la Province de l’Equateur :
1. Il faut un changement des mentalités qui implique inexorablement une bonne éthique politique, des normes sociales respectées, le civisme routier et fiscal, etc… ;
2. D’éviter l’usage abusif des réseaux sociaux et s’attacher à ce qui peut transformer ou booster le développement socio-économique de la Province ;
3. Dans le domaine socioéconomique, l’élite et les intellectuels doivent avoir un esprit managérial, créateurs d’emploi par l’entreprenariat qui peut stimuler la fin du chômage ;
4. Investir dans la science (créer des bibliothèques, cybercafés, bureautique, centres culturel, etc…) ;
5. La politique tue l’élite et les intellectuels, en lieu et place, de bousculer la politiques par une idéologie convaincante et impulsive, ces derniers s’attachent dans la grande majorité, derrière les politiciens oubliant le rôle de chacun dans les domaines juridiques, journalistiques, économiques, littéraires, culturels (il faut une capacité de mobilisation du milieu culturel par les écrivains, artistes, médecins, économistes…et d’universitaires dans l’arène politique) ;
6. La prise de conscience car l’intelligence est intimement liée à la conscience car dit André Baechler, le cerveau n’est pas notre conscience, mais le siège de notre conscience. Norbert Kampetenga Lusengu B.M surabonde que, la prise de conscience en tant qu’action de libération et de révolution est donc généralement toujours le fait d’une personne ou d’un petit groupe de personnes illuminés.
Nos remerciements dévoués.
MBOKOKO ELIMA Edmond
Avocat