Benoit Hamon et le viol sur mineur

Publié le Modifié le 30/07/2020 Vu 1 941 fois 1
Légavox

9 rue Léopold Sédar Senghor

14460 Colombelles

02.61.53.08.01

Viol sur mineur et atteinte sexuelle, comment combler un vide juridique sans démagogie

Viol sur mineur et atteinte sexuelle, comment combler un vide juridique sans démagogie

Benoit Hamon et le viol sur mineur

 

« Comment un viol sur mineur peut-il être rétrogradé de crime à simple délit puni de 10 ans d'emprisonnement par le gouvernement dans son projet de loi sur les violences sexistes et sexuelles ? » se demandait sur Twitter un certain Benoit Hamon, ci-devant député, ministre, député frondeur, candidat à la présidentielle et actuellement responsable d'une start-up qui peine à décoller (ceci explique peut-être cela : il faut bien exister).

Eh bien Monsieur Hamon, soyez rassuré, cela ne se peut pas.

L'histoire récente du droit ne donne pas (sauf erreur qu'on voudra bien me signaler et je promets de faire amende honorable) d'exemples de faits dont les qualifications aient été « rétrogradées ».

Je parle bien entendu des qualifications juridiques et non de la pratique de la correctionnalisation, qui sera l'objet d'un prochain billet.

Ce serait plutôt tout le contraire et on a vu des faits délictuels devenir plus ou moins artificiellement criminels, par l'ajout de la circonstance aggravante de « bande organisée », bien commode notamment à l'ouverture du dossier (intérêt de la manœuvre : ouvrir un dossier au criminel, ce qui permet d'allonger la durée d'achèvement de l''information et surtout du mandat de dépôt. Il sera toujours temps ensuite de correctionnaliser, car la cour d'assises... non vraiment ça coûte trop cher).

Par ailleurs, « un simple délit puni de 10 ans d'emprisonnement » est une sorte d'oxymore et il fut un temps (bien lointain il est vrai) où ce qui caractérisait le délit, c'était que la peine ne pouvait pas dépasser 5 ans d'emprisonnement.

Dans ce domaine aussi, les plafonds ont eu tendance à monter et dans certains cas on encourt, en correctionnelle, par le jeu des circonstances aggravantes et de la récidive, des peines de 10 ou 20 ans.

A l'inverse, il n'existe pas d'exemple (sauf erreur, cf. supra) d'infractions dont la peine encourue ait été diminuée : le sens de l'histoire est à l'augmentation, dans à peu près tous les domaines.

Il est possible que le gouvernement s'y prenne mal pour traiter le problème réel du consentement à la relation sexuelle avant 15 ans, mais la question est très épineuse et difficile à traduire juridiquement.

Il est également permis de s'étonner que la question soit portée par la pétulante mais peu juriste Marlène Schiappa, plutôt que par la Garde des Sceaux, mais c'est un détail par rapport à l'enjeu.

En revanche, il paraît pour le moins audacieux de prêter à l'exécutif une quelconque complaisance sur les infractions sexuelles au sens large et encore plus de laisser croire qu'il veut transformer le viol, qui plus est sur mineur, en un délit.

On comprend bien la préoccupation de ceux qui s'inquiètent pour les enfants et personne de sensé ne peut entendre sans frémir qu'une fillette de 11 ans a consenti à une relation sexuelle avec un jeune homme de 28.

L'exécutif essaye de combler ce vide, peut-être maladroitement, mais il faut une certaine souplesse (j'allais dire malhonnêteté...) intellectuelle pour questionner ses intentions.

Vous avez une question ?

Posez gratuitement toutes vos questions sur notre forum juridique. Nos bénévoles vous répondent directement en ligne.

1 Publié par Visiteur
19/05/2018 13:04

J'avais toujours appris (mais je suis décidément un vieux c...) que la veille de son mariage à 15 ans, une jeune fille était irréfragablement présumée violée.

Publier un commentaire
Votre commentaire :
Inscription express :

Le présent formulaire d’inscription vous permet de vous inscrire sur le site. La base légale de ce traitement est l’exécution d’une relation contractuelle (article 6.1.b du RGPD). Les destinataires des données sont le responsable de traitement, le service client et le service technique en charge de l’administration du service, le sous-traitant Scalingo gérant le serveur web, ainsi que toute personne légalement autorisée. Le formulaire d’inscription est hébergé sur un serveur hébergé par Scalingo, basé en France et offrant des clauses de protection conformes au RGPD. Les données collectées sont conservées jusqu’à ce que l’Internaute en sollicite la suppression, étant entendu que vous pouvez demander la suppression de vos données et retirer votre consentement à tout moment. Vous disposez également d’un droit d’accès, de rectification ou de limitation du traitement relatif à vos données à caractère personnel, ainsi que d’un droit à la portabilité de vos données. Vous pouvez exercer ces droits auprès du délégué à la protection des données de LÉGAVOX qui exerce au siège social de LÉGAVOX et est joignable à l’adresse mail suivante : donneespersonnelles@legavox.fr. Le responsable de traitement est la société LÉGAVOX, sis 9 rue Léopold Sédar Senghor, joignable à l’adresse mail : responsabledetraitement@legavox.fr. Vous avez également le droit d’introduire une réclamation auprès d’une autorité de contrôle.

A propos de l'auteur
Blog de Maitre Loeiz Lemoine

Avocat d'expérience, ancien Secrétaire de la Conférence, titulaire d'un certificat de spécialisation en droit pénal depuis plus de 20 ans, je vous assiste dans tous les domaines du droit pénal, du droit commun au droit des affaires.

Victime ou personne poursuivie, j'interviens devant toutes les juridictions.

Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux et sur nos applications mobiles