Augmentation du loyer du bail commercial malgré la demande de renouvellement du locataire

Publié le 07/10/2013 Vu 14 262 fois 4
Légavox

9 rue Léopold Sédar Senghor

14460 Colombelles

02.61.53.08.01

Le 23 avril 2013, la Cour de cassation a jugé que le propriétaire pouvait augmenter le prix du loyer du bail commercial à la valeur locative lorsque le bail renouvelé a duré plus de douze années, en l’absence de congés valable (Cass. Civ. III, 23 avril 2013, N° de pourvoi: 12-16579).

Le 23 avril 2013, la Cour de cassation a jugé que le propriétaire pouvait augmenter le prix du loyer du bail

Augmentation du loyer du bail commercial malgré la demande de renouvellement du locataire

Pour mémoire, l’article L.145-4 du Code de commerce dispose que la durée du contrat de bail commercial est d’au moins 9 ans.

A l’expiration de cette période initiale, le bail prend fin soit par l’effet d’un congé donné par le bailleur, soit par une demande de renouvellement du locataire.

Si tout le monde connait la règle des baux commerciaux dite 3 - 6 – 9, l’échéance anniversaire de la 12ème année du bail est toute aussi importante.

En effet, au bout de 12 ans, le loyer d’un bail commercial est « déplafonné », en l’absence de :

- demande de renouvellement du bail formulée par le locataire ;

- offre de renouvellement du bail formulée par le propriétaire.

Concrètement, à la date du 12ème anniversaire, le bailleur peut obtenir une augmentation sensible du prix du loyer, de manière rétroactive à compter de la 9ème année.

Ce déplafonnement du prix du loyer, pour durée de plus de 12 ans, est une des exceptions à la règle du plafonnement du loyer commercial selon laquelle, en principe, durant la durée du bail le prix du loyer ne peut pas être augmenté.

A cet égard, l’article L.145-9 du Code de commerce dispose qu’à défaut de congé ou de demande de renouvellement, le bail commercial se poursuit par tacite reconduction, et que lorsque, du fait de cette tacite reconduction, la durée effective du bail dépasse douze années, le loyer du bail renouvelé n’est plus soumis au plafonnement.

Le renouvellement du bail fait naître un nouveau bail et de nouvelles conditions pour une nouvelle période de neuf années.

La tacite reconduction du bail ne fait que prolonger l’ancien bail aux conditions existantes.

La présente affaire démontre l’importance de la bonne rédaction de la demande de renouvellement du bail par le locataire et du respect de son formalisme légal.

En l’espèce, un bail commercial portant sur des locaux commerciaux a été conclu entre un bailleur et une caisse du Crédit Mutuel, en qualité de locataire.

Le locataire a demandé le renouvèlement du bail commercial au terme des neuf ans.

Malgré cette demande du locataire, à la date du 12ème anniversaire du bail, le bailleur a fait délivrer au locataire un congé en lui offrant le renouvellement pour neuf années à compter de cette date mais moyennant un nouveau loyer augmenté.

Le bailleur a donc fixé le loyer du bail renouvelé à une somme réévaluée en tenant compte de l’augmentation des prix de l’immobilier, de manière rétroactive depuis la date anniversaire de neuf ans.

Le locataire s’est donc trouvé débiteur envers son bailleur de la différence entre le loyer révisé et le loyer effectivement payé depuis la date anniversaire des 9 ans du renouvellement, ainsi que des intérêts au taux légal à compter de chaque échéance, avec capitalisation.

Cet arrêt illustre une des causes de nullité des demandes de renouvellement des locataires à leur bailleur.

Or, si la demande de renouvellement du bail commercial par le locataire est nulle car viciée, le bailleur est fondé à pouvoir obtenir l’augmentation du loyer à l’échéance de 12 ans du bail.

Au cas présent, la demande de renouvellement du bail commercial par le locataire n’était pas valable.

En effet, le locataire avait adressé sa demande par télécopie au notaire du bailleur, et non comme l’exige l’article L. 145-10 par voie d’huissier au bailleur lui-même.

Dans ce contexte, la cour de cassation a consacré la force de l’exception selon laquelle lorsque le bail commercial renouvelé a duré plus de douze années, son prix peut être fixé à la valeur locative par le bailleur.

Ainsi, la demande de renouvellement du bail par la locataire doit respecter la loi d’ordre public et le formes prévues à l’article L. 145-10 du Code de commerce, à savoir :

  • être adressée au bailleur en personne ;

  • être signifiée par acte extrajudiciaire, c'est-à-dire par voie d’huissier ;

  • reproduire l’alinéa 3 de l’article L. 145-10 du Code de commerce.

En cas de désaccord entre les parties, la plus diligente a deux ans pour saisir le juge des loyers qui désignera un expert judiciaire pour fixer la valeur locative du local donné à bail.

Par conséquent, à défaut de respecter le formalisme légal, la demande de renouvellement du bail par le locataire entraine de plein droit le déplafonnement du loyer au bout de 12 ans et la possibilité pour le bailleur d’augmenté le prix du bail renouvelé à la valeur locative.

Enfin, il convient de souligner que le silence gardé ou l’acceptation par le bailleur de la proposition du locataire de renouvellement du bail ne peut pas couvrir les éventuelles irrégularités de la demande de renouvellement préalable, ni consacrer un quelconque accord des parties sur le renouvellement du bail.

Je suis à votre disposition pour toute action ou information (en cliquant ici).

PS : Pour une recherche facile et rapide des articles rédigés sur ces thèmes, vous pouvez taper vos "mots clés" dans la barre de recherche du blog en haut à droite, au dessus de la photographie.

Anthony Bem
Avocat à la Cour
27 bd Malesherbes - 75008 Paris
Tel : 01 40 26 25 01

Email :
abem@cabinetbem.com

www.cabinetbem.com

Vous avez une question ?
Blog de Anthony BEM

Anthony BEM

249 € TTC

1435 évaluations positives

Note : (5/5)

Posez gratuitement toutes vos questions sur notre forum juridique. Nos bénévoles vous répondent directement en ligne.

1 Publié par Visiteur
01/08/2014 10:06

Bonjour,

Je suis propriétaire de murs commerciaux que je loue. Le bail initial de 9 ans courre jusqu'au 31-1-2015 et mon locataire souhaite demander un renouvellement en passant par un notaire. Nous ne sommes pas dans le même département et il craint un coût élevé s'il fait appel à un huissier. Et-ce valable ? Son notaire affirme que oui.

Je ne souhaite rien changer au bail initial mais je voudrais émettre une réserve quant à une augmentation du loyer, qui se ferait uniquement dans le cas où il y aurait un changement de locataire. Comment dois-je procéder ? Quel serait le coût et pour qui ?

Merci.
Cordialement,

2 Publié par Maitre Anthony Bem
01/08/2014 10:28

Bonjour SKN, la rédaction de baux commerciaux est une affaire de spécialiste. Sans vouloir critiquer a priori vos interlocuteurs, les notaires et huissiers ne sont pas de ceux qui sont en général spécialisés dans ce type d'actes. Je vous recommande donc de solliciter l'intervention de votre conseil habituel ou de me saisir en privé pour la suite si vous le souhaitez. Je me ferai un plaisir de vous conseiller. Cordialement

3 Publié par Visiteur
26/08/2014 15:01

Bonjour ,
Je suis bailleur (SCI) d'un local commercial dont le bail commercial a plus de 12 ans
Bail 1er janvier 1995 indice 2éme trimestre 94 (1018)
Bail cédé lors d'une vente du fond de commerce en 1997 loyer 2700 francs à une personne en nom propre
08/11/2000 augmentation à 2810 francs soit 428 euro
25/09/2006 " " " 550 euro
Le bail a donc eu 19 ans le 1er Janvier 2014

Puis je procéder à une augmentation du Loyer à la valeur locative du marché ? (1300-1500 euro)
Sachant que la Loi Pinel entre en vigueur le 01/09/2014 d'après ce que l'on m'a dit ???
Puis je encore tenter un déplafonnement en envoyant un acte d'huissier avant le 31/08/2014......???La chambre des propriétaires me dit que oui que ce qui compte c'est la date d'envoi de l'acte ?
On me dit tellement de choses différentes que je ne sais plus ???
Vous parlez de rétro-activité ??? Jusqu'à présent on m'a toujours dit que cela ne s'appliquait pas en matière commerciale ?
merci beaucoup
cordialement

4 Publié par Visiteur
04/03/2016 13:53

Bonjour,
Vous dites que le déplafonnement suite à un bail supérieur à 12 ans peut être rétroactif jusqu'à la 9ème année mais sur quel fondement ? Je ne trouve aucune texte prévoyant la rétroactivité.
Merci

Publier un commentaire
Votre commentaire :
Inscription express :

Le présent formulaire d’inscription vous permet de vous inscrire sur le site. La base légale de ce traitement est l’exécution d’une relation contractuelle (article 6.1.b du RGPD). Les destinataires des données sont le responsable de traitement, le service client et le service technique en charge de l’administration du service, le sous-traitant Scalingo gérant le serveur web, ainsi que toute personne légalement autorisée. Le formulaire d’inscription est hébergé sur un serveur hébergé par Scalingo, basé en France et offrant des clauses de protection conformes au RGPD. Les données collectées sont conservées jusqu’à ce que l’Internaute en sollicite la suppression, étant entendu que vous pouvez demander la suppression de vos données et retirer votre consentement à tout moment. Vous disposez également d’un droit d’accès, de rectification ou de limitation du traitement relatif à vos données à caractère personnel, ainsi que d’un droit à la portabilité de vos données. Vous pouvez exercer ces droits auprès du délégué à la protection des données de LÉGAVOX qui exerce au siège social de LÉGAVOX et est joignable à l’adresse mail suivante : donneespersonnelles@legavox.fr. Le responsable de traitement est la société LÉGAVOX, sis 9 rue Léopold Sédar Senghor, joignable à l’adresse mail : responsabledetraitement@legavox.fr. Vous avez également le droit d’introduire une réclamation auprès d’une autorité de contrôle.

Rechercher
A propos de l'auteur
Blog de Anthony BEM

Avocat contentieux et enseignant, ce blog comprend plus de 3.000 articles juridiques afin de partager mes connaissances et ma passion du droit.

Je peux vous conseiller et vous représenter devant toutes les juridictions, ainsi qu'en outre mer ou de recours devant la CEDH.

+ 1400 avis clients positifs

Tel: 01.40.26.25.01 

En cas d'urgence: 06.14.15.24.59 

Email : abem@cabinetbem.com

Consultation en ligne
Image consultation en ligne

Posez vos questions juridiques en ligne

Prix

249 € Ttc

Rép : 24h max.

1435 évaluations positives

Note : (5/5)
Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux et sur nos applications mobiles