Condition de validité de l’action en justice d’un syndic de copropriété contre un copropriétaire

Publié le 16/10/2013 Vu 36 725 fois 16
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Le 2 octobre 2013, la Cour de cassation a précisé les variétés d’action en justice pour lesquelles un syndic doit disposer d’une autorisation préalable de l’assemblée générale des copropriétaires, telles celle en remboursement de frais de travaux avancés ou de charges de copropriétés à l’encontre d’un copropriétaire (Cass. Civ. 3, 2 octobre 2013, n° 12-19481)

Le 2 octobre 2013, la Cour de cassation a précisé les variétés d’action en justice pour lesquelles un sy

Condition de validité de l’action en justice d’un syndic de copropriété contre un copropriétaire

Le syndic peut agir en justice au nom d’un syndicat de copropriétaire en ce qu’il est chargé de faire respecter le règlement de copropriété et de la gestion courante de l’immeuble,

Toutefois, préalablement à l’exercice de l’action en justice, le syndic peut avoir à obtenir l’autorisation de l’assemblée générale des copropriétaires.

A cet égard, l’article 55 du décret du 17 mars 1967  relatif au statut de la copropriété des immeubles bâtis dispose que :

« Le syndic ne peut agir en justice au nom du syndicat sans y avoir été autorisé par une décision de l'assemblée générale. 

Une telle autorisation n'est pas nécessaire pour les actions en recouvrement de créance, la mise en œuvre des voies d'exécution forcée à l'exception de la saisie en vue de la vente d'un lot, les mesures conservatoires et les demandes qui relèvent des pouvoirs de juge des référés, ainsi que pour défendre aux actions intentées contre le syndicat. Elle n'est pas non plus nécessaire lorsque le président du tribunal de grande instance est saisi en application des premiers alinéas des articles 29-1A et 29-1 de la loi du 10 juillet 1965 ou du premier alinéa de l'article L. 615-6 du code de la construction et de l'habitation.

Dans tous les cas, le syndic rend compte à la prochaine assemblée générale des actions introduites. »

En d’autres termes, le syndic souhaitant agir en justice au nom du syndicat doit d’abord obtenir l’autorisation de l’assemblée générale des copropriétaires, hormis les cas expressément prévus par ce texte.

L’arrêt rendu le 2 octobre 2013 vient préciser les exceptions au principe d’autorisation préalable de l’assemblée générale.

En l’espèce, un syndic a assigné un propriétaire en paiement d’arriérés de charges et en remboursement de frais de travaux avancés pour son compte.

La cour d’appel a condamné le propriétaire estimant que le syndic de copropriété n'a pas à être autorisé par l'assemblée générale à agir en justice lorsque l'action intentée a pour objet le recouvrement d'une créance sur un copropriétaire portant sur des charges impayées.

Cependant, la Cour de cassation a cassé et annulé l’arrêt d’appel en rappelant que :

« le syndic ne peut agir en justice au nom du syndicat sans y avoir été autorisé par une décision de l'assemblée générale ; qu'une telle autorisation n'est pas nécessaire pour les actions en recouvrement de créance, la mise en œuvre des voies d'exécution forcée à l'exception de la saisie en vue de la vente d'un lot, les mesures conservatoires et les demandes qui relèvent des pouvoirs du juge des référés, ainsi que pour défendre aux actions intentées contre le syndicat ».

Ainsi, la Cour de cassation a censuré la cour d’appel en posant le principe selon lequel « l'action du syndic en remboursement d'une facture de travaux est une action en réparation du préjudice causé au syndicat par une violation du règlement de copropriété ou une atteinte aux parties communes et nécessite une autorisation de l'assemblée générale. »

Autrement dit, le syndic souhaitant exercer une action en justice contre un copropriétaire afin d’obtenir le remboursement d’une facture de travaux doit justifier d’une autorisation préalable de l’assemblée générale des copropriétaires.

En effet, cette action n’est pas une simple action en recouvrement de créance.

Il s’agit d’une action en réparation du préjudice causé au syndicat par une violation du règlement de copropriété ou une atteinte aux parties communes qui nécessite en tant que telle une autorisation préalable par une décision de l’assemblée générale.

A défaut d’autorisation préalable de l’assemblée générale, l’action intentée par le syndic sera déclarée irrecevable.

Il résulte de cette décision que, dans le cadre d’une action en justice, il est vivement recommandé aux syndics de copropriété de se faire assister par un avocat spécialisé en droit de la copropriété qui veillera au préalable à vérifier s’il est nécessaire d’obtenir ou non une autorisation de l’assemblée générale des copropriétaires en fonction de l’objectif du procès.

Je suis à votre disposition pour toute action ou information (en cliquant ici).

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Anthony Bem
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1 Publié par Visiteur
11/08/2017 20:27

Je suis copropriétaire depuis 3 ans dans une petite résidence (7 copropriétaires). Certains litiges personnels préexistent depuis de nombreuses années. Le syndic actuel a été choisi par une partie des copropriétaires et un procès est en cours contre un autre, ancien syndic bénévole. A la dernière AG le syndic a fait part de 2 à 3 instances qu'il a l'intention d'ouvrir contre ce monsieur. Tout cela coûte très cher et mes enfants et moi-même ne voulons arrêter cette spirale infernale. Avons-nous des recours ?

2 Publié par Visiteur
28/11/2017 12:12

Bonjour Maître,

Le syndic de l'immeuble m'informe que le conseil syndical a décidé au cours de sa dernière réunion d'intenter une action en justice à mon encontre. Je suis propriétaire d'un appartement dont le locataire semble créer des troubles de voisinage (chien sorti sans laisse, niveau sonore, voiture mal garée...).
Depuis deux ans je réponds à chaque fois que je suis sollicitée par mail (j'habite à 22000 km) tant aux copropriétaires qu'au syndic, dans un souci de concorde générale et j'interviens auprès de mon locataire pour qu'il fasse cesser ces nuisances. Aucun constat d'huissier ne m'a été communiqué à ce jour. C'est la parole des uns (copropriétaires) contre celle de l'autre (seul locataire). De guerre lasse, j'ai fini par demander à mon locataire de chercher un autre appartement, ce qu'il fait apparemment, mais sans résultat pour l'instant.
Suis-je obligée de résilier son bail ? Le syndic peut-il agir sans décision d'AG ? Jusqu'où vont mes obligations en tant que propriétaire ? Je ne souhaite pas entrer dans une phase de procédure d'autant que je supporte déjà d'importants "frais de dossier" que me facture le syndic...
Merci d'avance pour votre réponse.
Cordialement,
Carol

3 Publié par Maitre Anthony Bem
28/11/2017 22:13

Bonjour Carol,

Le conseil syndical ne peut pas valablement intenter une action en justice à votre encontre sans preuve des griefs reprochés à votre locataire.

En tout état de cause, vous n’êtes obligée de résilier le bail qu’en face de preuve justifiant de la réalité des fautes reprochées à votre locataire.

Le syndic ne peut pas agir sans décision d'AG lui donnant mandat spécial à cet effet, selon le règlement de copropriété et le contrat conclu avec le syndic.

Cordialement.

4 Publié par Visiteur
26/09/2018 12:30

Bonjour,

Un syndic de copropriété a t il le droit de violer une décision prise en assemblée générale ?

5 Publié par bZen2
02/10/2019 15:45

Bonjour Maître,

Un syndic qui a notifié sa démission peut-il encore, après la date indiquée sur sa lettre de démission, lancer une sommation de paiement par huissier et aller plus loin dans la procédure judiciaire, sans autorisation du conseil syndical ?

Alors que les sommes réclamées (appels de fonds) sont contestées car les calculs sont faux. Calculs basés sur une globalisation des dépenses et ne respectent les résolutions votées par la dernière Asemblée Générale.

Merci Maître.

6 Publié par Libro7
08/11/2019 18:18

Un syndic peut il agir sans autorisation pour poursuivre un copropriétaire pour une "quote-part" aux millièmes de travaux sur des parties privatives et prétendant que ce sont des parties communes.

Est-ce uniquement une action en recouvrement de créance ou cela comprend-il une action immobilière pétitoire?

La décision d'AG ne prévoit pas de répartition aux millièmes et le règlement ne parle que des parties communes.

Je n'ai pas contesté la décision dans les deux mois parce que mes parties privatives n'étaient pas concernées. Mais j'ai reçu 5 mois après un appel de fond au millièmes!

Pour info, il s'agit d'une "coprop horizontale" ou la construction est en totalité "partie privative".

D'avance merci

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