Déchéance de crédit pour défaillance conditionnée à l'envoi d'une mise en demeure particulière

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La procédure de saisie immobilière peut-elle être annulée malgré les retards de remboursement des mensualités du prêt ?

La procédure de saisie immobilière peut-elle être annulée malgré les retards de remboursement des mensual

Déchéance de crédit pour défaillance conditionnée à l'envoi d'une mise en demeure particulière

Il est fréquent de constater que, suite à des mensualités de remboursement d’un prêt impayées, les banques prononcent la déchéance du terme et mettent en suite en demeure l'emprunteur de payer la totalité du crédit et non pas seulement les échéances de retard impayées. 

Le 3 juin 2015, la cour de cassation a jugé qu'une banque ou un établissement de crédit ne peut valablement demander le remboursement intégral du prêt à l'emprunteur que si elle lui a préalablement envoyé une mise en demeure restée sans effet, précisant le montant des échéances de retard impayées et le délai dont il dispose pour empêcher la déchéance du terme (Cour de cassation, 1ere chambre civile, 3 juin 2015, N° de pourvoi: 14-15655). 

Les établissements de crédits et les banques ne sont pas exempts de griefs dans le cadre de leur gestion du remboursement de leurs crédits.  

La jurisprudence leur impose de plus en plus le respect de formalités qui sont autant de fautes que les clients peuvent faire valoir à leur encontre pour échapper à la déchéance du terme de leur crédit. 

La déchéance du terme entraîne en effet une obligation de remboursement intégral et immédiat du crédit par l'emprunteur. 

En l'espèce, la célèbre société de crédit Laser Cofinoga a consenti à l'un de ses clients un prêt personnel, remboursable par mensualités, authentifié par acte notarié. 

L'emprunteur ayant cessé de payer ses échéances mensuelles, la société de crédit s'est prévalue de la déchéance du terme par lettre recommandée avec avis de réception puis l'a assigné en justice aux fins de remboursement du total du capital emprunté. 

Les juges d'appel ont accueilli favorablement la demande de paiement et condamné l'emprunteur au remboursement du total du solde de l'emprunt. 

Cependant, la cour de cassation a cassé et annulé l'arrêt d'appel en raison de l'absence de stipulation expresse dans le contrat de prêt dispensant la société de crédit d'adresser préalablement une mise en demeure de paiement à l'emprunteur. 

Comme dans le cas présent, les contrats de prêt stipulent en général qu' « en cas de défaillance de l'emprunteur, dans les remboursements, le prêteur pourra exiger le remboursement immédiat du capital restant dû majoré des intérêts échus mais non payés. Jusqu'à la date de règlement effectif les sommes restant dues produisent les intérêts de retard à un taux égal à celui du prêt. En outre le prêteur pourra vous demander une indemnité égale à x % du capital restant dû ». 

De plus, s'agissant de la défaillance, les contrats de crédit stipulent classiquement que : « la défaillance sera constituée par le non-paiement à bonne date d'une échéance ». 

Cependant, ces seules clauses contractuelles ne sont pas suffisantes. 

En effet, les juges de cassation ont considéré qu'il ne résultait pas des stipulations conventionnelles que le prêteur s'exonérait d'avoir à mettre en demeure l'emprunteur préalablement au constat de la déchéance du terme. 

Ainsi, aux termes de cette décision, la haute cour a posé le principe selon lequel : 

« si le contrat de prêt d'une somme d'argent peut prévoir que la défaillance de l'emprunteur non commerçant entraînera la déchéance du terme, celle-ci ne peut, sauf disposition expresse et non équivoque, être déclarée acquise au créancier sans la délivrance d'une mise en demeure restée sans effet, précisant le délai dont dispose le débiteur pour y faire obstacle ». 

Il en résulte que la banque n'est dispensée d'adresser une mise en demeure avant de prononcer la déchéance du terme d'un prêt que si le contrat prévoit expressément une résiliation de plein droit. 

Par conséquent, à défaut de précisions contractuelles quant à l'absence d'envoi d'une mise en demeure, la déchéance du terme ne sera pas acquise et l'établissement de crédit ne pourra pas valablement exiger le paiement intégral des sommes dues en cas de défaillance de l'emprunteur, initier de procédure de saisie vente immobilière, ni mettre en œuvre quelque procédure d'exécution que ce soit. 

Dans le cadre des prêts immobiliers, les banques qui bénéficient d’un titre exécutoire au travers d'un acte authentique de prêt passé devant notaire ne peuvent pas prononcer automatiquement la déchéance du terme comme bon leur semble pour pouvoir après procéder à la vente du bien immobilier financé.  

La défaillance de l'emprunteur suppose donc concrètement que l'établissement de crédit envoie une mise en demeure par lettre recommandée avec avis de réception d'un genre particulier. 

Cette missive doit demander le paiement d'une somme, mais cette somme doit correspondre au montant des échéances impayées seulement.

Elle ne peut être du total montant du crédit restant du.

Cette lettre adressée en LRAR doit aussi préciser le délai dont dispose l'emprunteur pour éviter la déchéance du terme mais aussi et surtout être restée vaine et sans effet

La demande de paiement total du crédit ne constitue donc pas cette mise en demeure préalable. 

Elles se distinguent par leurs montants, la première est celle où la déchéance du terme a été unilatéralement prononcée par  l'établissement de crédit qui demande tout le capital restant dû, la seconde demande le paiement des échéances de retard. 

Autrement dit, la délivrance d'une vaine mise en demeure avant le constat de la déchéance du terme conditionne donc la validité de la demande de remboursement intégral du crédit par la banque ou l'établissement de crédit. 

A défaut d'envoi de cette mise en demeure préalable, la banque ne peut pas valablement se prévaloir de la déchéance du terme du prêt et saisir le tribunal de grande instance par voie d'assignation pour obtenir le paiement de l'intégralité des sommes dues. 

Le cas échéant, l'action de la banque sera abusive et le débiteur pourra obtenir la sanction de l'abus en sollicitant sa condamnation au versement d'une amende civile outre des dommages et intérêts en réparation du préjudice subi. 

Par ailleurs, il convient de garder en mémoire qu'en matière bancaire, la prescription est de deux ans à compter du premier incident de paiement non régularisé et que les saisies immobilières qui ont vocation à s’appliquer aux prêts immobiliers peuvent être contestées lorsque ce délai est dépassé. 

Concrètement, lorsque la banque pêche par inaction et engage des poursuites après plusieurs années de carence, celle-ci perd son droit d'agir en justice et son droit au remboursement. 

Or, afin d'éviter le jeu de cette courte prescription, certaines banques ont tendance à prononcer trop rapidement la déchéance du terme et à initier une procédure de saisie immobilière à la suite d’une ou de deux échéances impayées en faisant signifier un commandement de payer valant saisie immobilière, oubliant l'envoi de cette mise en demeure préalable. 

Le débiteur dispose donc d'un argument de défense efficace grâce à la contestation de la validité et de l'existence de la déchéance du terme. 

Le cas échéant, le débiteur pourra :

- faire annuler la procédure de saisie vente immobilière initiée à son encontre ;

- faire jouer la prescription bancaire de deux ans ;

- contester les intérêts du prêt lorsque le TEG est erroné ;

- solliciter la condamnation de la banque au paiement de dommages et intérêts pour le préjudice subi du fait de l’irrégularité de la déchéance du terme et de l’ensemble des procédures d’exécution qui s’en seraient suivies ;

- imposer à la banque de mettre en place un nouvel échéancier de remboursement du crédit. 

Le recours aux services d’un avocat spécialisé peut s'avérer précieux puisqu'il permettra d'analyser les vices, fautes et carences de la banque mais aussi de négocier éventuellement amiablement le sort de la dette selon les situations. 

Je suis à votre disposition pour toute action ou information (en cliquant ici).

Anthony Bem
Avocat à la Cour
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1 Publié par Visiteur
19/01/2016 22:14

Bonjour Maître,

J'ai reçu la déchéance du terme d'un crédit étudiant par voie d'huissier, cependant je n'ai jamais reçu de mise en demeure.
Ces derniers se justifient en disant qu'ils n'avaient pas ma nouvelle adresse et que les mises en demeure leur revenaient.
Sont-ils dans leur droit ou maintenant qu'ils m'ont "trouvé" (ce qui ne devait pas être compliqué car je suis sur internet un peu partout) ils doivent me renvoyer une mise en demeure à mon domicile où je vis actuellement avant la déchéance du terme?
J'aurai du suivre ce prêt mais ce n'ai pas ma banque principale…

En attente de vous lire.

Merci d'avance Maître.

Cordialement.

2 Publié par Visiteur
02/03/2016 06:38

Bonjour
J ai reçu une convocation d huissier pour déchéance du terme d un crédit.
Auparavant aucune mise en demeure en courrier recommandée...
J ai proposé de pouvoir reprendre les échéances avec 80e de plus et l huissier a l air de me dire que le créancier ne peut accepter un tel échéancier mais l huissier ayant étudier mon dossier me dit que je ne peux régler plus par mois ...
Le rachat de crédit est impossible puisque je suis fichée du coup...

3 Publié par Visiteur
02/03/2016 06:39

Je vous remercie pour votre aide sur ce que je peux faire
Cordialement

4 Publié par Maitre Anthony Bem
02/03/2016 12:59

Bonjour Aurel,

Afin de me permettre de prendre connaissance de votre situation personnelle en détail et de disposer de toutes les informations nécessaires pour vous répondre, je vous suggère de me contacter en privé pour une consultation.

A cet égard, je vous invite à choisir l'une de mes différentes modalités de consultation proposées dans la rubrique "services" en haut de page.

Cordialement.

5 Publié par Visiteur
10/03/2016 15:04

Bonjour,
La déchéance du terme est-elle le seul moyen pour le prêteur de demander le remboursement intégral, ou peut-il solliciter ce remboursement intégral sans prononcer la déchéance du terme par un courrier explicite?
Merci de votre aide
Cordialement

6 Publié par Maitre Anthony Bem
11/03/2016 16:51

Bonjour Catherine,

La déchéance du terme est en effet le seul moyen pour le prêteur de demander le remboursement intégral de la dette.

Il ne peut solliciter ce remboursement intégral sans prononcer la déchéance du terme par un courrier préalable et explicite.

Cordialement

7 Publié par Visiteur
14/03/2016 04:40

Merci Maître!!!

8 Publié par Visiteur
16/03/2016 10:51

Bonjour Maitre j ai deux mois de retard sur mon crédit immobilier la prochaine échéance est le 14 04 2016 suite à des problème bancaires je ne peux pas réguler les deux échéance avant la fin du mois quels sont les risques sachant que depuis un an j ai toujours un décalage de 1 mois sur les règlement . Cordialement

9 Publié par Visiteur
25/03/2016 15:30

Bonjour, Maitre,
Je regarde souvent mon compte et voit que mon banquier m'a pris des frais avec l'intitulé CRESERLION-DECHEANCE DU TERME en regardant sur internet: je voisque ce serait par apport a un retard de paiement dans un prêt. Or ce n'est pas le cas. Que dois je faire?
Cordialement.

10 Publié par Visiteur
26/03/2016 19:30

Bonsoir Maître

Dans ses conditions d'un immobilier la banque stipule dans un article concernant exigibilité anticipé - défaillance emprunteur;


A- la banque n'aurait pas à faire prononcer en justice la déchéance du terme qui lui demeurait acquise nonobstant tous paiements ou régularisations postérieurs à l'exigibilité prononcée.
B- Toutes sommes dues au titre du prêt, y compris au cas d’exigibilité anticipée, porteront du jour de leur exigibilité normale ou anticipée et jusqu'à complet paiement ,intérêts, sans mise en demeure préalable, au taux stipulé dans les conditions particulières.

Dans le cas en question, la banque suite à une échéance impayée, s'est prévalue de l’exigibilité anticipée du prêt par lettre recommandée en mars 2011.

Au vu du votre article et de mon cours énoncé la banque était t-elle dispensée de l'envoi de la déchéance du terme par mise en demeure préalable par LRAR.

Merci Maître et bien cordialement.

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