Déchéance de crédit pour défaillance conditionnée à l'envoi d'une mise en demeure particulière

Publié le Modifié le 25/07/2018 Vu 86 212 fois 130
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La procédure de saisie immobilière peut-elle être annulée malgré les retards de remboursement des mensualités du prêt ?

La procédure de saisie immobilière peut-elle être annulée malgré les retards de remboursement des mensual

Déchéance de crédit pour défaillance conditionnée à l'envoi d'une mise en demeure particulière

Il est fréquent de constater que, suite à des mensualités de remboursement d’un prêt impayées, les banques prononcent la déchéance du terme et mettent en suite en demeure l'emprunteur de payer la totalité du crédit et non pas seulement les échéances de retard impayées. 

Le 3 juin 2015, la cour de cassation a jugé qu'une banque ou un établissement de crédit ne peut valablement demander le remboursement intégral du prêt à l'emprunteur que si elle lui a préalablement envoyé une mise en demeure restée sans effet, précisant le montant des échéances de retard impayées et le délai dont il dispose pour empêcher la déchéance du terme (Cour de cassation, 1ere chambre civile, 3 juin 2015, N° de pourvoi: 14-15655). 

Les établissements de crédits et les banques ne sont pas exempts de griefs dans le cadre de leur gestion du remboursement de leurs crédits.  

La jurisprudence leur impose de plus en plus le respect de formalités qui sont autant de fautes que les clients peuvent faire valoir à leur encontre pour échapper à la déchéance du terme de leur crédit. 

La déchéance du terme entraîne en effet une obligation de remboursement intégral et immédiat du crédit par l'emprunteur. 

En l'espèce, la célèbre société de crédit Laser Cofinoga a consenti à l'un de ses clients un prêt personnel, remboursable par mensualités, authentifié par acte notarié. 

L'emprunteur ayant cessé de payer ses échéances mensuelles, la société de crédit s'est prévalue de la déchéance du terme par lettre recommandée avec avis de réception puis l'a assigné en justice aux fins de remboursement du total du capital emprunté. 

Les juges d'appel ont accueilli favorablement la demande de paiement et condamné l'emprunteur au remboursement du total du solde de l'emprunt. 

Cependant, la cour de cassation a cassé et annulé l'arrêt d'appel en raison de l'absence de stipulation expresse dans le contrat de prêt dispensant la société de crédit d'adresser préalablement une mise en demeure de paiement à l'emprunteur. 

Comme dans le cas présent, les contrats de prêt stipulent en général qu' « en cas de défaillance de l'emprunteur, dans les remboursements, le prêteur pourra exiger le remboursement immédiat du capital restant dû majoré des intérêts échus mais non payés. Jusqu'à la date de règlement effectif les sommes restant dues produisent les intérêts de retard à un taux égal à celui du prêt. En outre le prêteur pourra vous demander une indemnité égale à x % du capital restant dû ». 

De plus, s'agissant de la défaillance, les contrats de crédit stipulent classiquement que : « la défaillance sera constituée par le non-paiement à bonne date d'une échéance ». 

Cependant, ces seules clauses contractuelles ne sont pas suffisantes. 

En effet, les juges de cassation ont considéré qu'il ne résultait pas des stipulations conventionnelles que le prêteur s'exonérait d'avoir à mettre en demeure l'emprunteur préalablement au constat de la déchéance du terme. 

Ainsi, aux termes de cette décision, la haute cour a posé le principe selon lequel : 

« si le contrat de prêt d'une somme d'argent peut prévoir que la défaillance de l'emprunteur non commerçant entraînera la déchéance du terme, celle-ci ne peut, sauf disposition expresse et non équivoque, être déclarée acquise au créancier sans la délivrance d'une mise en demeure restée sans effet, précisant le délai dont dispose le débiteur pour y faire obstacle ». 

Il en résulte que la banque n'est dispensée d'adresser une mise en demeure avant de prononcer la déchéance du terme d'un prêt que si le contrat prévoit expressément une résiliation de plein droit. 

Par conséquent, à défaut de précisions contractuelles quant à l'absence d'envoi d'une mise en demeure, la déchéance du terme ne sera pas acquise et l'établissement de crédit ne pourra pas valablement exiger le paiement intégral des sommes dues en cas de défaillance de l'emprunteur, initier de procédure de saisie vente immobilière, ni mettre en œuvre quelque procédure d'exécution que ce soit. 

Dans le cadre des prêts immobiliers, les banques qui bénéficient d’un titre exécutoire au travers d'un acte authentique de prêt passé devant notaire ne peuvent pas prononcer automatiquement la déchéance du terme comme bon leur semble pour pouvoir après procéder à la vente du bien immobilier financé.  

La défaillance de l'emprunteur suppose donc concrètement que l'établissement de crédit envoie une mise en demeure par lettre recommandée avec avis de réception d'un genre particulier. 

Cette missive doit demander le paiement d'une somme, mais cette somme doit correspondre au montant des échéances impayées seulement.

Elle ne peut être du total montant du crédit restant du.

Cette lettre adressée en LRAR doit aussi préciser le délai dont dispose l'emprunteur pour éviter la déchéance du terme mais aussi et surtout être restée vaine et sans effet

La demande de paiement total du crédit ne constitue donc pas cette mise en demeure préalable. 

Elles se distinguent par leurs montants, la première est celle où la déchéance du terme a été unilatéralement prononcée par  l'établissement de crédit qui demande tout le capital restant dû, la seconde demande le paiement des échéances de retard. 

Autrement dit, la délivrance d'une vaine mise en demeure avant le constat de la déchéance du terme conditionne donc la validité de la demande de remboursement intégral du crédit par la banque ou l'établissement de crédit. 

A défaut d'envoi de cette mise en demeure préalable, la banque ne peut pas valablement se prévaloir de la déchéance du terme du prêt et saisir le tribunal de grande instance par voie d'assignation pour obtenir le paiement de l'intégralité des sommes dues. 

Le cas échéant, l'action de la banque sera abusive et le débiteur pourra obtenir la sanction de l'abus en sollicitant sa condamnation au versement d'une amende civile outre des dommages et intérêts en réparation du préjudice subi. 

Par ailleurs, il convient de garder en mémoire qu'en matière bancaire, la prescription est de deux ans à compter du premier incident de paiement non régularisé et que les saisies immobilières qui ont vocation à s’appliquer aux prêts immobiliers peuvent être contestées lorsque ce délai est dépassé. 

Concrètement, lorsque la banque pêche par inaction et engage des poursuites après plusieurs années de carence, celle-ci perd son droit d'agir en justice et son droit au remboursement. 

Or, afin d'éviter le jeu de cette courte prescription, certaines banques ont tendance à prononcer trop rapidement la déchéance du terme et à initier une procédure de saisie immobilière à la suite d’une ou de deux échéances impayées en faisant signifier un commandement de payer valant saisie immobilière, oubliant l'envoi de cette mise en demeure préalable. 

Le débiteur dispose donc d'un argument de défense efficace grâce à la contestation de la validité et de l'existence de la déchéance du terme. 

Le cas échéant, le débiteur pourra :

- faire annuler la procédure de saisie vente immobilière initiée à son encontre ;

- faire jouer la prescription bancaire de deux ans ;

- contester les intérêts du prêt lorsque le TEG est erroné ;

- solliciter la condamnation de la banque au paiement de dommages et intérêts pour le préjudice subi du fait de l’irrégularité de la déchéance du terme et de l’ensemble des procédures d’exécution qui s’en seraient suivies ;

- imposer à la banque de mettre en place un nouvel échéancier de remboursement du crédit. 

Le recours aux services d’un avocat spécialisé peut s'avérer précieux puisqu'il permettra d'analyser les vices, fautes et carences de la banque mais aussi de négocier éventuellement amiablement le sort de la dette selon les situations. 

Je suis à votre disposition pour toute action ou information (en cliquant ici).

Anthony Bem
Avocat à la Cour
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1 Publié par Visiteur
24/10/2017 13:15

Bonjour Maitre,
Peux ton demander une procédure d’exécution sans passer par l'injonction de payer?
merci.

2 Publié par Visiteur
24/10/2017 13:19

Bonjour Maitre,
Un tribunal qui dit que la présente décision entraine suspension de toutes procédures d’exécution engagées pour le recouvrement de la dette conformément a l'art 1343-5 du code civil.
Vaut également pour les injonctions de payer? ou que pour les procédures d’exécution?
Peux ton demander une procédure d’exécution sans passer par l'injonction de payer? merci.

3 Publié par Maitre Anthony Bem
27/10/2017 17:48

Bonjour nanou ,

Si le tribunal a dit que sa décision entraîne la suspension de toutes procédures d'exécution engagées pour le recouvrement de la dette, il ne peut y avoir d'injonction de payer pour le recouvrement de cette dette.

La décision ne concerne pas toutes les dettes.

Cordialement.

4 Publié par Visiteur
23/11/2017 18:00

bonjour maitre nous avant recu une lette reconmendé acr pour des impayé a remboursé avant déchéance du terme nous avant rapeller la somme initial étant de 1249 euros au tel ils me disent quil faut rajouté une mensualité on demande de nous laissé 10jours pour réglé il accepte 10jours plus tard nous réglons cette somme il me dit que tout et bon et qu on reprend les mensualité le mois prochain mais la 5 jour plus tard je recois un courier m annoncns la déchéance du terme et me réclament la somme du crédit sur sa totalité je les rapel il me dit qu il ne peuvent rien faire que c une erreur de leurs part il ont envoyé le dossier et qu ils etais désolé que doit je faire

5 Publié par Visiteur
08/01/2018 09:08

Bonjour Maître, je suis assignée au TI de Nantes par un organisme de crédit. Leur avocat ne m'a pas encore fait parvenir ses conclusions concernant l'affaire. Dois-je lui faire parvenir mes conclusions avant même si je n'ai pas reçu les siennes ?
Vous remerciant de votre réponse.
Cordialement

6 Publié par Maitre Anthony Bem
10/01/2018 21:25

Bonjour sc79,

Si vous êtes assignée au tribunal d’instance par un organisme de crédit, vous devez adresser à leur avocat vos conclusions avant l’audience.

Il vous fera parvenir ses conclusions après et ainsi de suite chaque partie pourra répliquer aux conclusions de l’autre.

Cordialement.

7 Publié par Visiteur
03/02/2018 19:54

Bonjour ,
Une déchéance du terme a été prononcé.
Je m’y suis opposé.
Le tribunal a statué en ma faveur pour un délai de paiement sur 24 mois.
La déchéance du terme a été prononcé.
Suis je fiché?
Vous remerciant

8 Publié par Visiteur
14/02/2018 08:26

Bonjour Maître,
J'ai une question sur la forclusion. J'ai reçu une signification d'ordonnance d'injonction de payer. J'ai fait opposition et je suis convoqué au tribunal le 26 juin 2018. Cependant, le premier impayé non régularisé date du 25 mai 2016. Y-a-t-il forclusion ?
Vous remerciant de votre réponse.

9 Publié par Maitre Anthony Bem
14/02/2018 13:16

Bonjour Dine44,

La procédure sur requête en injonction de payer suspend le délai de prescription de l’action en recouvrement de la dette.

Je crains donc que vous ne puissiez pas valablement invoquer la forclusion.

Cordialement.

10 Publié par Visiteur
15/02/2018 10:46

Bonjour Maître,
La société Cetelem m'a accordé 3 crédits à la consommation (montant mensuel des échéances 450 €)et nous avions déjà un prêt immobilier à 704 €/mois. Pour ces contrats les revenus de mon conjoint ont été pris en compte, seulement sur les contrats de prêt mon conjoint n'est pas nommé co-emprunteur mais seulement conjoint. Le fait que mon conjoint ne soit pas nommé co-emprunteur sur le contrat est-il normal ? Ou est-ce une condition d'annulation du contrat car ces revenus n'auraient pas dû être pris en compte ?
Vous remerciant pour votre réponse.
Cordialement

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