Défense du dirigeant caution solidaire d'un emprunt professionnel de sa société

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Comment les dirigeants caution de leur société peuvent-ils se défendre en cas de demande de paiement de la part de la banque ?

Comment les dirigeants caution de leur société peuvent-ils se défendre en cas de demande de paiement de la

Défense du dirigeant caution solidaire d'un emprunt professionnel de sa société

Les commerçants, artisans, petites et moyennes entreprises doivent régulièrement faire face à des situations financières difficiles conduisant parfois à un dépôt de bilan et des poursuites en paiement pour des sommes importantes de la part de banques. 

En effet, les banques considèrent que l'activité de crédit aux entreprises individuelles est particulièrement risquée. 

Ainsi, les banquiers multiplient les garanties exigées lors des emprunts professionnels contractés par les dirigeants de société. 

Les banques ont tendance, surtout lorsque l'entreprise revêt un caractère familial, à systématiquement demander à l'époux ou l'épouse du commerçant, la signature d'une caution personnelle solidaire mise en œuvre à la moindre défaillance de l'emprunteur et mettant en péril ses biens propres, les régimes matrimoniaux séparés des époux et la structure familiale.

Concrètement, les prêts bancaires consentis aux professionnels individuels ou les autorisations de découvert en compte courant des sociétés sont le plus souvent assortis d'une demande de caution solidaire du conjoint du dirigeant lorsque le couple est marié sous le régime de la séparation de biens, ou d'une demande d'engagement du conjoint valant consentement du cautionnement de l'époux lorsque le couple est marié sous un régime de communauté. 

En outre, il est important de souligner que la situation des petites entreprises ayant le statut d'EURL, de SARL, même de SA, n'est pas systématiquement différente.

Or, le problème n'est pas tant que cette pratique bancaire porte sur des sommes considérables, mais que le cautionnement peut avoir des conséquences désastreuses à tous égards en fonction des situations personnelles de chaque caution à cause de négligence de la part de banquiers dispensateurs de crédits. 

Ainsi, déjà dans une réponse au Sénat du ministre des petites et moyennes entreprise du 20 juillet 2000, alertait de ce que la dissociation de patrimoines personnel et professionnel que permet le recours à une société de capitaux est contournée par les banques qui demandent la conclusion d'un cautionnement personnel et solidaire du dirigeant outre l'engagement du conjoint. 

En effet, il existe un principe en droit des sociétés selon lequel une société est censée faire paravent en cas de mise en jeu de la responsabilité de la société, de sorte que son dirigeant est protégé sur son patrimoine personnel.

Les créanciers de sociétés ne peuvent pas poursuivre leurs dirigeants sur leur patrimoine propre sauf s'ils sont associés mais de manière limitée à hauteur du montant de leur apport en capital. 

Afin de limiter l'impact de ces pratiques de contournement des principes par les banques, le législateur a prévu que l'accès des banquiers à la garantie publique soit conditionné à leur renonciation à l'hypothèque sur la résidence principale du dirigeant. 

Toutefois, cette garantie publique n'est pas obligatoire. 

Malgré ces mesures de protection des clients, dans la pratique, les banques ne limitent pas le cautionnement de l'emprunteur à un seuil, un taux, un pourcentage du montant de leurs revenus ou de leur patrimoine car la loi n'en fixe pas. 

Dans de nombreux cas, aucun calcul de proportionnalité n'est effectué par le banquier car il n'existe pas de règle légale sur ce point. 

Auparavant, les rares décisions rendues en justice ne permettaient pas d'établir une règle de calcul de proportionnalité des cautionnements.

Les décisions de justice rendues entre les deux décennies 1990 à fin 2010 l'étaient quasi systématiquement au profit des banques. 

Les dirigeants de sociétés étaient considérés comme des initiés et non des profanes; ils devaient connaître et contrôler les risques pris lorsqu'ils garantissaient leur société. 

Ce n'est que depuis peu de temps que la défense des dirigeants qui se portent garants du remboursement des crédits et prêts bancaires accordés à leur société par des banques est devenue sérieusement envisageable sur la base de règles objectives. 

Les juges consulaires "non professionnels" des tribunaux de commerce ne prenaient pas en compte à sa juste valeur l'obligation de se renseigner à la charge du banquier dispensateur de crédit qui sollicitait des dirigeants un cautionnement personnel et solidaire du remboursement des dettes de leur société et les clients devaient quasiment tout le temps payer la banque. 

La tendance a commencé à s'inverser après les crises des subprimes et du système bancaire entre 2008 et 2010. 

Au travers notamment des dernières jurisprudences obtenues par le cabinet Bem, la protection des dirigeants d'entreprise cautions de crédits bancaires accordés à leur société a évolué dans un sens favorable aux dirigeants cautions et s'est renforcée

A titre d'exemple, le 4 décembre 2013, le cabinet Bem a obtenu du Tribunal de commerce de Versailles l'annulation du cautionnement disproportionné d'un dirigeant caution personnelle ainsi que pour la première fois, la consécration d'un taux de proportionnalité des cautionnements par rapport au patrimoine des cautions.

En effet, pour la première fois un tribunal a pris en compte deux indices de référence différents pour apprécier la disproportion des engagements de caution :

- d'une part, le taux d’endettement des particuliers de 33% des usages bancaires;

- d'autre part, la charge moyenne annuelle en France des emprunts long terme souscrits par les particuliers d'un peu moins de 4 fois leurs revenus annuels.

Ces deux données de référence peuvent donc être utilisées par les cautions pour déterminer la proportion ou la disproportion de leurs engagements en fonction de leur situation financière personnelle.

De plus, l'évolution jurisprudentielle favorable aux cautions résulte notamment de la prise en compte dans les jugements obtenus par le cabinet Bem :

- du montant du solde des crédits immobiliers à rembourser afin de déterminer la valeur nette du patrimoine immobilier détenu par les cautions au jour de leur engagement ;

- du montant des charges mensuelles incompressibles telles que, le cas échéant, celui du loyer de la résidence principale que doit payer la caution afin de déterminer une sorte de revenu mensuel net des cautions au jour de leur engagement ;

- des autres engagements bancaires souscrits avant la conclusion du cautionnement litigieux mis en jeu par la banque à l'encontre de la caution pour lui demander le règlement des dettes de la société cautionnées.

Le cabinet Bem travaille actuellement sur d'autres arguments juridiques susceptibles de compléter la liste des principaux arguments de défense de dirigeants qui se sont portés caution personnelle de leur société et plus particulièrement de l'indemnisation complémentaire de ces derniers dans le cadre de demandes reconventionnelles lors des procédures dont ils font l'objet.

Pour conclure, il convient de garder en mémoire qu'un audit du contexte et du formalisme du cautionnement ainsi que du patrimoine de la caution par un avocat spécialisé en droit du cautionnement permet dans une grande majorité de dossiers d'en obtenir leur annulation ou de les rendre inopposables de manière amiable ou judiciaire.

NB : Afin d'approfondir le sujet des moyens de défense dont disposent les cautions poursuivies en paiement par la banque, je vous invite à lire mon article publié ICI.

Je suis à votre disposition pour toute action ou information (en cliquant ici).

Anthony Bem
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1 Publié par Maitre Anthony Bem
24/04/2017 23:08

Bonjour leonardo,

Merci pour vos encouragements.

Si votre épouse ne s'est pas portée caution solidaire du remboursement du découvert du compte courant de la société, la banque ne peut pas valablement lui demander le remboursement du solde du découvert.

La caution du remboursement du prêt ne peut pas s'appliquer à l'ensemble des dettes de la société.

Il faut vérifier les termes de l'acte de caution.

Cordialement.

2 Publié par Visiteur
25/04/2017 11:40

Bonjour maître,
Merci beaucoup pour votre réponse.
Bonne continuation.
Cordialement.

3 Publié par Visiteur
26/04/2017 16:48

Bonjour Maître,

Moi et mon future ex-mari, nous nous portez caution solidaire de son entreprise qui a échoué. Moi je n'avais rien dans l'entreprise juste la femme. Pour un emprunt 55 000€ nous avons chacun une caution de 10400 €. Suite à l'échec et à l'argent que nous avons mis dans la société nous n'avions pas l'argent pour consulter. Mais ma caution a été antidaté car signé à la maison après l'accord de prêt. J'ai bien vérifié depuis si il y a avait pas un problème de date, j'ai pourtant gardé quelques jours avant d'écrire leur texte et signé, mais je ne trouve de date incohérente. Lors de la signature de cautionnement d'un point de vu privé nous étions déjà au seuil d'endettement. L'échec a été très douloureux et impossible de faire de démarche car mon mari ne voulait plus entendre parler de rien.
Nous avons signé un accord avec la banque de remboursement mensuel (200 €) et maintenant divorce.
Je suppose qu'il est trop tard pour faire quelques choses. Le divorce sera prononcé dans l'année, j'ai à charge trois enfants et nous devons vendre la maison.
Au moment de la signature des cautions, si nous étions déjà au seuil d'endettement (pourtant tous les crédits dans la même banque) il n'aurait pas du nous le demander ?
Merci d'avance
Cordialement

4 Publié par Maitre Anthony Bem
26/04/2017 21:33

Bonjour val,

Si, au moment de la signature des cautions, vous étiez au dessus du seuil d'endettement maximum, votre cautionnement pourrait en effet être annulé pour disproportion.

Seul une analyse de votre dossier complet permettrait d'avoir la certitude sur ce qu'il est possible de faire éventuellement afin d'annuler votre dette sur ce point par exemple.

Cordialement.

5 Publié par Maitre Anthony Bem
07/05/2017 08:57

Bonjour Fifili,

Il est en principe toujours possible de trouver une solution amiable avec un créancier pour payer une dette.

Cependant, une transaction nécessite toujours un accord des parties sur les modalités de mise en œuvre.

Il vous faudra donc négocier les meilleures conditions possibles de paiement de vos dettes le cas échéant.

Cordialement.

6 Publié par Visiteur
07/05/2017 10:40

Bonjour maitre,
Lors d'une recherche de disproportion d'un prêt professionnel pour justifié la proportion la banque intégre l'apport de la caution ainsi que le bien immobilier.
Pour le bien immobilier je suis d'accord mais en ce qui concernent l'apport , la banque ne peu pas tenir compte de celui ci , je pense qu'il faut l'intégrer au passif de la caution , puisque sans apport la banque n'accorderais pas de crédit ???
Et que au moment de l'appel de la caution la banque sait très bien qu'il n'existe plus puisque qu'il a servi en apport au prêt.

Cordialement

7 Publié par Maitre Anthony Bem
07/05/2017 13:32

Bonjour mouty,

Vous avez parfaitement raison.

L'apport n'est plus un actif financier à intégrer en tant que tel dans le patrimoine de la caution dès que les fonds sortent de son patrimoine pour entrer dans celui de la société bénéficiaire.

Cordialement.

8 Publié par Visiteur
07/05/2017 14:31

Merci maître,

C'est bien ce que je pensais, il voulais intégrer l'apport dans mon patrimoine car lors du cautionnement solidaire la société n'était pas créer et qu'il était dans mon patrimoine , mais je pense qu'il ne pouvais ignorer l'affectation de l'apport lors de signature du prêt professionnel puisque sans apport il n'y aurais pas eu de prêt.

Bon dimanche
Cordialement

9 Publié par Visiteur
10/05/2017 19:02

Bonjour maitre
Actuellement en plein tribunal de commerce poir ma caution solidaire, la banque me reclame 18000 euros. A savoir que le jour ou il mon accorder le pret jetais a 80% de taux dendettement dans la meme banque qui ma accorder ce pret proffessionnel. Puis je mettre en deroute la caution pour disproportion??
Cordialement

10 Publié par Maitre Anthony Bem
10/05/2017 20:26

Bonjour Tommy,

Si vous pouvez établir qu'au jour où la banque vous a fait souscrire l'engagement de caution litigieux votre taux d'endettement était 80%, la banque ne pourrait pas valablement vous opposer ce cautionnement en raison de sa disproportion.

Le seuil limite étant de 33% conformément à la jurisprudence que j'ai obtenu pour la première fois le 4 décembre 2013 devant le tribunal de commerce de Versailles.

Cordialement.

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