Illégalité des contrôles d'alcoolémie et nullité de la procédure pénale

Publié le 01/01/2015 Vu 18 085 fois 1
Légavox

9 rue Léopold Sédar Senghor

14460 Colombelles

02.61.53.08.01

Comment obtenir l’annulation d’une procédure pénale pour conduite en état d'alcoolémie ?

Comment obtenir l’annulation d’une procédure pénale pour conduite en état d'alcoolémie ?

Illégalité des contrôles d'alcoolémie et nullité de la procédure pénale

De plus en plus de personnes se font contrôlées positives suite à des tests d'alcoolémie pratiqués par les services de l'ordre.

Cependant, la majorité semble ignorer que ces contrôles sont emprunts d'illégalité à défaut de respecter la procédure prescrite par le fabricant de ces appareils et les dispositions légales y afférentes.

Les juges eux-mêmes appliquent dans la majorité des cas le dispositif réglementaire et sanctionnent les vices de procédure par la nullité des procès verbaux de contrôle et donc relaxent l'intéressé.

L'intérêt de faire valoir des arguments de procédure est d'autant plus grand que la loi et les tribunaux répriment de plus en plus durement la conduite en état alcoolique.

***

La conduite sous l’empire d’un état alcoolique est visée aux articles L. 234-1 et suivants du code de la route.

L'article L. 234-1 du code de la route réprime jusqu'à 2 ans d’emprisonnement et 4 500 euros d’amende la conduite d'un véhicule avec un taux d’alcool au moins égal à 0, 80 g par litre de sang ou  0, 40 mg par litre d'air expiré.

De plus,  l'article L. 234-2 dispose que :

« La personne condamnée encourt également les peines complémentaires suivantes : - suspension du permis de conduire, pour une durée de trois ans maximum
- annulation du permis de conduire avec interdiction de solliciter la délivrance d’un nouveau permis pendant trois ans au plus
- un travail d’intérêt général
- des jours-amendes
- l’interdiction de conduire certains véhicules, pour une durée de cinq ans au plus
- l’obligation d’accomplir, à ses frais, un stage de sensibilisation à la sécurité routière ».

Le Tribunal correctionnel de la Rochelle, en avril 2008, de Niort, en mars 2008, de Saint Dié des Vosges, en janvier 2008, de Lure, en octobre 2007 et le Tribunal de Police de Redon, en mai 2008, ont été les premiers à annuler des procédures pour conduite en état d'alcoolémie au motif que le procès verbal de contrôle était vicié.

En effet, les services de police ou de gendarmerie ont l’obligation de respecter un délai de trente minutes avant de faire souffler une personne dans l’éthylomètre, aux fins de vérification du taux d’alcool.

Le 4 septembre 2008, la Cour d’appel de Reims a reconnu que le non-respect du délai de trente minutes avant de procéder au contrôle du taux d’alcoolémie porte atteinte à la fiabilité du résultat obtenu.

Toutefois, la Cour précise que :

« La violation de la recommandation de la décision d’approbation de l’éthylomètre SERES 679E d’attendre un délai de trente minutes avant de procéder au contrôle si la personne qui en fait l’objet a absorbé un produit ou fumé ne pouvant avoir pour conséquence qu’une atteinte à la fiabilité du résultat obtenu dans l’hypothèse où la personne qui en a fait l’objet effectivement absorbé un produit ou fumé ».

Ainsi, la fiabilité du contrôle est altérée que « si la personne a effectivement absorbé un produit ou fumé ».

La Cour reconnaît donc que la violation du délai de trente minutes avant le contrôle par éthylomètre peut fausser la validité du contrôle mais elle ne dit pas clairement que ce délai doit être systématiquement respecté et qu’à défaut, le contrôle d’alcoolémie est nul.

Il convient donc de s’attacher aux circonstances propres à chaque affaire : il faut démontrer que le conducteur contrôlé a effectivement absorbé un produit ou fumé moins de trente minutes avant le contrôle par éthylomètre. 

Plus récemment, le 20 mai 2009, la Cour d’appel de Poitiers a adopté la même approche que la Cour d’appel de Reims, mais reconnaît que les conditions d’utilisation des éthylomètres sont soumises aux dispositions de l’arrêté du 8 juillet 2003, « qui prescrit que le temps d’attente nécessaire à garantir la fiabilité des mesures réalisées au moyen des éthylomètres à poste fixe est de trente minutes après toute absorption de produit ».

Ici encore, la Cour s’attache cependant à une appréciation au cas par cas :

« Les conditions d’utilisation des éthylomètres sont soumises aux dispositions du décret du 3 mai 2001, relatif au contrôle des instruments de mesure, de l’arrêté du 31 décembre 2001, fixant les modalités d’application de certaines dispositions du décret du 3 mai 2001, ainsi qu’aux dispositions de l’arrêté du 8 juillet 2003, relatif au contrôle des éthylomètres, notamment dans son article annexe A-1-2 qui prescrit que le temps d’attente nécessaire à garantir la fiabilité des mesures réalisées au moyen des éthylomètres à poste fixe est de trente minutes après toute absorption de produit. Le conducteur doit justifier avoir absorbé des produits dans le délai de trente minutes précédant le dépistage.

Il ne résulte d’aucune pièce du dossier que la personne interpellée ait consommé des boissons, de la nourriture ou fumé une cigarette dans le délai de trente minutes précédant le dépistage de l’alcoolémie ».

La fin de cette décision est erronée dans les termes employés puisque le délai de trente minutes doit être compris comme celui précédant le contrôle du taux d’alcoolémie par l’éthylomètre, et non le dépistage, celui-ci étant effectué par un éthylotest.

La chambre criminelle de la Cour de cassation exige depuis un arrêt, du 13 octobre 2009, que le prévenu doit rapporter la preuve d’un grief résultant du non-respect allégué du délai d’attente.

Ainsi, il existe toute une série de vices pouvant entraîner la nullité du procés verbal de contrôle et donc la nullité de la procédure.

Pour mémoire, sachez que fréquemment la nullité du contrôle peut être invoquée de sorte qu'en cas de poursuite le juge pénal prononcera une décision de relaxe du chef de la poursuite.

Je suis à votre disposition pour toute action ou information (en cliquant ici).

PS : Pour une recherche facile et rapide des articles rédigés sur ces thèmes, vous pouvez taper vos "mots clés" dans la barre de recherche du blog en haut à droite, au dessus de la photographie.

Anthony Bem
Avocat à la Cour
27 bd Malesherbes - 75008 Paris
01 40 26 25 01

abem@cabinetbem.com

www.cabinetbem.com

Vous avez une question ?
Blog de Anthony BEM

Anthony BEM

249 € TTC

1435 évaluations positives

Note : (5/5)

Posez gratuitement toutes vos questions sur notre forum juridique. Nos bénévoles vous répondent directement en ligne.

1 Publié par Marre de l etat
12/08/2022 00:42

Comment réagir quand 2 gendarmes sont impliqué dans un gros trafic de stupéfiants, et que ses 2 merdes,excusez moi du terme,mais ses 2 gendarmes ont établi à mon encontre,par biais interposé d autre gendarmes bien sur,un contrôle alcoolémie,à plus de 2 grammes, alors qu il a était notifier que je marcher et parler sans aucune interaction! Expliquer moi aussi pourquoi on m'a refuser une prise de sang,pour analyse ? Le nom de ses deux fdp consommateurs de drogue douce et dure sont les gendarmes schmit et tissot, voilà, moi en attendant,j ai perdu mon emploi car je suis chauffeur poids lourds !

Publier un commentaire
Votre commentaire :
Inscription express :

Le présent formulaire d’inscription vous permet de vous inscrire sur le site. La base légale de ce traitement est l’exécution d’une relation contractuelle (article 6.1.b du RGPD). Les destinataires des données sont le responsable de traitement, le service client et le service technique en charge de l’administration du service, le sous-traitant Scalingo gérant le serveur web, ainsi que toute personne légalement autorisée. Le formulaire d’inscription est hébergé sur un serveur hébergé par Scalingo, basé en France et offrant des clauses de protection conformes au RGPD. Les données collectées sont conservées jusqu’à ce que l’Internaute en sollicite la suppression, étant entendu que vous pouvez demander la suppression de vos données et retirer votre consentement à tout moment. Vous disposez également d’un droit d’accès, de rectification ou de limitation du traitement relatif à vos données à caractère personnel, ainsi que d’un droit à la portabilité de vos données. Vous pouvez exercer ces droits auprès du délégué à la protection des données de LÉGAVOX qui exerce au siège social de LÉGAVOX et est joignable à l’adresse mail suivante : donneespersonnelles@legavox.fr. Le responsable de traitement est la société LÉGAVOX, sis 9 rue Léopold Sédar Senghor, joignable à l’adresse mail : responsabledetraitement@legavox.fr. Vous avez également le droit d’introduire une réclamation auprès d’une autorité de contrôle.

Rechercher
A propos de l'auteur
Blog de Anthony BEM

Avocat contentieux et enseignant, ce blog comprend plus de 3.000 articles juridiques afin de partager mes connaissances et ma passion du droit.

Je peux vous conseiller et vous représenter devant toutes les juridictions, ainsi qu'en outre mer ou de recours devant la CEDH.

+ 1400 avis clients positifs

Tel: 01.40.26.25.01 

En cas d'urgence: 06.14.15.24.59 

Email : abem@cabinetbem.com

Consultation en ligne
Image consultation en ligne

Posez vos questions juridiques en ligne

Prix

249 € Ttc

Rép : 24h max.

1435 évaluations positives

Note : (5/5)
Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux et sur nos applications mobiles