Illégalité des refus, retrait ou non-renouvellement d’un badge d’accès fondés sur le fichier STIC

Publié le 10/03/2014 Vu 71 442 fois 170
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Quels sont les moyens permettant d’obtenir l’annulation d’une décision administrative de rejet d’habilitation, d’agrément ou de renouvellement d’un badge prise suite à une consultation du fichier STIC ?

Quels sont les moyens permettant d’obtenir l’annulation d’une décision administrative de rejet d’habi

Illégalité des refus, retrait ou non-renouvellement d’un badge d’accès fondés sur le fichier STIC

Pour mémoire, le ‘’Système de Traitement des Infractions Constatées’’ (STIC) est un fichier qui répertorie des informations sur les personnes ayant fait ou faisant l’objet d’une procédure d’enquête ou d’instruction.

Ce fichier recense à la fois les personnes mises en cause dans ces procédures et les victimes des infractions.

Le STIC facilite ainsi la constatation des infractions à la loi pénale, le rassemblement des preuves de ces infractions et la recherche de leurs auteurs et permet l'exploitation des données à des fins de recherches statistiques.

Au départ, le STIC était donc conçu comme un moyen permettant d’identifier les auteurs d’infractions pénales, grâce à des recoupements avec des affaires précédentes et d’établir des statistiques fiables d’analyse de l’activité de police.

Mais avec la loi du 15 novembre 2001 relative à la sécurité quotidienne, le STIC s’est vu doter d’une deuxième fonction.

En effet, depuis l’entrée en vigueur de cette loi, le STIC peut être consulté dans le cadre des enquêtes administratives devant précéder le recrutement, l’agrément ou l’habilitation des personnels de professions très diverses.

Il en est ainsi des personnes souhaitant travailler dans les zones aéroportuaires, des agents de police municipale, des gardes champêtres, des préfets, des magistrats, des personnels de surveillance et de gardiennage, ou encore des ambassadeurs.

Ainsi, aux termes d’un rapport présenté en 2009, la CNIL estimait que « la consultation du STIC à des fins d’enquête administrative est susceptible de concerner aujourd’hui plus d’un million d’emplois. » (Rapport de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) : Conclusions du contrôle du système de traitement des infractions constatées "STIC", 2009)

A titre d’exemple, cette consultation du STIC est effectuée préalablement à la délivrance d’un badge aux salariés des entreprises exerçant leur activité dans les zones de sûreté à accès réglementé des aérodromes.

En effet, l’article R.213-3-3 du code de l’aviation civile subordonne l’accès de ces employés en zone de sûreté à accès réglementé d'un aérodrome à la possession d’un titre de circulation délivré par le préfet exerçant des pouvoirs de police sur l'aérodrome lorsque l'entreprise ou l'organisme concerné est situé sur l'emprise de celui-ci.

La délivrance de cette habilitation est précédée d’une enquête administrative donnant lieu notamment à la consultation du fichier STIC de la personne devant être habilitée, dans le but de vérifier que le comportement de cette dernière n’est pas incompatible avec l’exercice des fonctions ou des missions envisagées.

Cette consultation du fichier STIC avant la délivrance d’un badge d’accès en zone aéroportuaire est principalement dictée par les impératifs de sécurité des zones sensibles que constituent les aéroports.

Cependant, la consultation du fichier STIC peut emporter de lourdes conséquences pour les salariés effectuant une première demande ou un renouvellement de badge d'accès à une zone aéroportuaire : suspension de contrat de travail, perte d’emplois, refus d’embauche, etc…

Or, il arrive que les données enregistrées dans le fichier STIC ne soient pas mises à jour ou soient erronées.

Dès lors, la loi prévoit des garanties pour les personnes enregistrées dans le fichier STIC, notamment pour celles qui travaillent pour des entreprises exerçant leur activité dans les zones de sûreté à accès réglementé des aérodromes.

Ainsi, si une enquête administrative peut donner lieu à la consultation du fichier STIC, la loi précise que l'accès à l'information est limité à la seule connaissance de l'enregistrement de l'identité de la personne concernée dans le traitement en tant que mis en cause.

En outre, la consultation du fichier STIC doit être faite par des agents de la police et de la gendarmerie nationales ou par des personnels investis de missions de police administrative individuellement désignés et spécialement habilités.

De ce fait, en l’absence d’une habilitation spéciale pour la consultation du fichier STIC, toute décision fondée sur cette consultation sera annulée.

C’est ce qui résulte d’un arrêt du 10 décembre 2013 par lequel la cour administrative d’appel de Marseille a donné gain de cause à un agent de sécurité qui avait demandé la délivrance d’une carte professionnelle, en jugeant que ce dernier était fondé à soutenir qu’en l’absence d’habilitation spéciale « le préfet du Var a eu accès irrégulièrement aux données du fichier STIC le concernant et ne pouvait dès lors se fonder sur ces informations pour prendre sa décision ».

Par voie de conséquence, la cour administrative de Marseille a annulé la décision du préfet du Var qui a refusé de délivrer une carte professionnelle à l’agent de sécurité en se fondant sur la consultation du fichier STIC de ce dernier sans justifier d’une habilitation spéciale. (Cour administrative d’appel de Marseille, 7ème chambre, 10 décembre 2013)

Une autre garantie prévue par la loi au profit des personnes susceptibles de faire l’objet d’une enquête administrative donnant lieu à la consultation du fichier STIC est que le préfet sollicité pour la délivrance ou le renouvellement d’un badge d’accès ou d’une carte professionnelle ne saurait fonder sa décision de refus exclusivement sur la consultation du fichier STIC.

C’est ainsi qu’aux termes d’un jugement du 14 juin 2006, le Tribunal administratif de Marseille a annulé une décision prise par l'autorité préfectorale de refus d'agrément d'une personne pour exercer une activité de sécurité au motif que :

« L’administration s’est bornée à la seule consultation du STIC, lequel ne présente pas au demeurant le caractère de fiabilité nécessaire des données sans procéder à un examen plus approfondi de [la situation personnelle du requérant] … ; que le préfet doit ainsi être regardé comme s’étant basé exclusivement sur le STIC ; qu’il a ainsi commis une erreur de droit ». (Tribunal administratif de Marseille, 14 juin 2006, n°0500162)

Il résulte de ce jugement que dans le cadre d’une enquête administrative diligentée à l’occasion d’une demande d’habilitation, d’agrément, et de recrutement, l’administration ne peut pas prendre sa décision en se fondant uniquement sur le fichier STIC.

En effet, avant de se prononcer, l’administration doit non seulement apprécier l’importance à accorder au fichier STIC en fonction de la nature, de l’ancienneté et de la gravité des faits, mais aussi obtenir des informations complémentaires sur la personne devant être habilitée.

Pour conclure, il convient donc de retenir que si l’administration peut consulter le fichier STIC d’une personne avant toute prise de décision de recrutement, de délivrance d’un agrément ou d’une habilitation pour l’exercice de certaines professions, cette consultation doit se faire dans le respect de certaines conditions.

En cas de non respect de ces conditions, il est possible, avec l’assistance d’un avocat spécialisé, d’obtenir l’annulation d’une décision administrative de rejet d’habilitation, d’agrément ou de refus de renouvellement prise sur le fondement du fichier STIC.

Je suis à votre disposition pour toute action ou information (en cliquant ici).

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Anthony Bem
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1 Publié par Visiteur
04/05/2017 00:28

Bonjour,Maîtrej'ai postuler dans une agence de interim sur roissy pour travailler à l aéroport ils ont donc fais une demande de badge mais je suis fichier au stic comme témoin du a une afaire de stup. Je ai pas reçu de rappelle ala loi ni jugement, mon cassier est vierge. Ma demande peut etre refusé ? Merci.

2 Publié par Visiteur
04/05/2017 02:26

Bonjour Maître,
Je viens d'être reçue au concours de gpx mais à cause d'un défaut d'assurance il y a 10 ans, j'ai reçu un avis défavorable concernant l'agrément du préfet de police. Le contexte: à l'époque, j'étais étudiante sans le sou, le crous m'avait privée de ma bourse d'étude sur critères sociaux à cause d'un dysfonctionnement administratif. De plus je n'ai pas de famille, j'ai toujours grandi en famille d'accueil et jai toujours dû me débrouiller toute seule dans la vie. Le crous a reconnu son erreur par la suite mais le mal avait déjà été fait: j'ai été résiliée par mon assureur pour non paiement de prime, du coup suite à un contrôle de gendarmerie j'ai fait l'objet d'une composition pénale et d'un retrait d'un mois du permis de conduire. Puis-je espérer invalider cette décision et sur quels fondements? Merci pour votre réponse, bien cordialement

3 Publié par Maitre Anthony Bem
04/05/2017 08:10

Bonjour Seb,

Les refus de badge sont parfois justifiés par le simple fichage au stic sans prise en considération de la raison du fichage et de l'ancienneté des faits.

En cas de refus d'octroi de badge par le Préfet, vous devriez initié un recours gracieux, hiérarchique ou judiciaire selon les nécessités.

Cordialement.

4 Publié par Maitre Anthony Bem
04/05/2017 08:14

Bonjour Charly,

Il vous faut intenter un recours (amiable, hiérarchique et/ou judiciaire) contre l'avis défavorable du préfet de police.

En effet, l'ancienneté et la nature de la faute font qu'en principe cette dernière ne saurait valablement continuer de produire des effets négatifs aujourd'hui.

Cordialement.

5 Publié par Visiteur
04/05/2017 16:55

Merci pour votre réponse Maître.
Bien cordialement

6 Publié par Visiteur
09/05/2017 12:20

Bonjour Me moi mon problème est que je suis mis en examen pour avoir à cause d'un ami mais pas condamné un mois avant j'ai eu l'autorisation préalable et là j'ai fais ma formation et j'ai demandé la carte professionnelle la cnaps me répond qu'il est succeptible de refuser car je suis mis en cause et que je dois leur envoyer tout documents avec mes observations liées à cette affaire y a t'il une solution

7 Publié par Visiteur
10/05/2017 22:51

Bonjour Me
je voudrai savoir si une condamnation d'amende pénale par un tribunal suite a une infraction de transport de la RATP pourrai eventuellement entrainer un refus de badge aeroportuaire, car je me trouve actuellement dans ce cas et j'ai une promesse d'embauche en attente d'enquete par la prefecture .
Cordialement

8 Publié par Visiteur
22/05/2017 14:47

bonjour,

je voudrais effectuer une formation d'agent de surete aeroportuaire et je souhaiterais connaitre la procédure , et aussi comment effectuer la demande du double agrément et si c'est la meme chose que le badge ?

bien cordialemnt

9 Publié par Visiteur
08/07/2017 11:58

Bonjour Maître

J'effectue une demande préalable au cnaps pour une carte de garde rapproché.

Ce pendant il y a 3 ans en BTS weekend d'intégration en Hollande au retour contrôlée avec quelque grammes de résine de cannabis donc audition libre et j'ai écopé d'un rapel a la loi j'avais 24 ans
Jamais rien d'autre casier vierge ancien policier donc aucun autre écart dans ma vie
Pensez vous que ce rappel a la loi puisse me porter préjudice

Merci d'avance pour votre réponse maître

10 Publié par Maitre Anthony Bem
08/07/2017 12:33

Bonjour Sebdu45,

Je vous confirme qu'un rappel à la loi ne peut poser de difficulté, dans le cadre d'une demande préalable au cnaps pour une carte de garde rapproché, ni d'aucune manière, car il ne s'agit pas d'une sanction pénale en tant que telle.

Le rappel à la loi ne saurait porter préjudice compte tenu notamment du fait qu'aucun tribunal n'a jugé l'affaire de manière contradictoire.

Il s'agit justement d'une mesure alternative aux poursuites.

Cordialement.

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