Conditions et modalités de cession des droits des auteurs selon la Cour de cassation

Publié le Modifié le 30/01/2015 Vu 9 816 fois 0
Légavox

9 rue Léopold Sédar Senghor

14460 Colombelles

02.61.53.08.01

Le 13 novembre 2014, la Cour de cassation a jugé que la cession suppose que la preuve de « l’existence d’un contrat de cession et d’édition ainsi que d’un contrat de cession des droits d’auteurs » soit constatée dans un écrit formel (Cass. Civ. I, 13.10.2014, n° 13-22401, Affaire X / TF1 - SACEM).

Le 13 novembre 2014, la Cour de cassation a jugé que la cession suppose que la preuve de « l’existence dâ€

Conditions et modalités de cession des droits des auteurs selon la Cour de cassation

Pour mémoire, toute œuvre de l’esprit est protégée par le droit d’auteur.  

En effet, conformément à l’article L. 111-1 du Code de la propriété intellectuelle, « l'auteur d'une œuvre de l'esprit jouit sur cette œuvre, du seul fait de sa création, d'un droit de propriété incorporelle exclusif et opposable à tous. ».

Ainsi, le droit d’auteur comprend d’une part, un « droit moral » et, d’autre part, un « droit patrimonial ».

Le droit moral est « attaché » à la personne de l’auteur.

A cet égard, l’auteur jouit d’un « droit au respect de son nom, de sa qualité et de son œuvre » à titre « perpétuel, inaliénable, et imprescriptible » (article L. 121-1 du Code de la propriété intellectuelle).

Au contraire, le droit patrimonial est un droit cessible et limité dans le temps en ce qu’il renvoie à la propriété de l’auteur.

Ainsi, le droit patrimonial est un droit d’exploitation de l’œuvre.

Concrètement, s’agissant de l’usage de son droit patrimonial, l’auteur est seul à disposer de la faculté d’autoriser ou d’interdire l’exploitation de son œuvre.

En outre, s’il souhaite tirer profit de son œuvre, l’auteur peut céder ses droits d’auteur en contrepartie d’une rémunération. 

Le Code de la propriété intellectuelle envisage la modalité de cession des droits d’auteur sous la forme de contrats.

Ainsi, les contrats de cession de droits d’auteur « doivent être constatés par écrit », conformément à l’article L. 131-2 du Code de la propriété intellectuelle.

Il peut s’agir de « contrats de représentation, d'édition et de production audiovisuelle ».

A ce titre, le contrat de cession suppose pour être reconnu comme tel, le respect de certaines conditions et modalités fixée par la Cour de cassation dans sa jurisprudence du 13 novembre 2014.

En l’espèce, deux personnes s’étaient vues confier la création d’œuvres musicales par plusieurs sociétés audiovisuelles.

Aucun contrat de cession de droits d’auteur n’a été signé par les auteurs.

Les auteurs ont donc assigné en justice ces sociétés pour contrefaçon de leurs droits d’auteur.

Alors que les juges d’appel avaient dans un premier temps reconnu l’existence d’un contrat de cession des droits à la SACEM, les juges de cassation ont cassé et annulé l’arrêt d’appel en considérant qu’il ne pouvait pas y avoir eu de contrat de cession et d'édition ni de contrat de cession des droits d'adaptation.

« Attendu que pour dire que [les auteurs] avaient donné leur accord à l'exploitation de la chanson Angel à la télévision et sous forme de phonogramme, l'arrêt retient qu'il résulte d'un entretien accordé au magazine Cinéfonia par M. Y... et M. X..., dont la teneur n'est contestée ni par l'un ni par l'autre, que la bande originale de la série Zodiaque a été composée par M. X... pour cette série en étroite collaboration avec le réalisateur, que la chanson Angel l'a été ensuite par [les auteurs] à titre de générique de fin de chaque épisode de la série, que le communiqué de presse de la société TF1 portait en titre : « Angel par A...- La chanson générique de la série de l'été de TF1 » sans que [les auteurs] n'aient alors émis la moindre protestation, et que cette série a été diffusée par la société TF1 pendant l'été 2004 avec la chanson Angel comme générique de fin sans réaction de leur part ;

Qu'en statuant ainsi, alors qu'elle avait relevé que les contrats de cession des droits d'édition et de cession des droits d'adaptation, établis et adressés aux auteurs par la société Une Musique n'avaient été ni signés ni retournés par eux, la cour d'appel a violé, par refus d'application, les textes susvisés ».

Ainsi, la Cour de cassation rappelle que toute cession de droits d’auteur nécessite la rédaction d’un écrit en bonne et due forme.

A cet égard, il convient de garder en mémoire que tout contrat de cession de droits d’auteur nécessite la formalisation d’un écrit précisant expressément en détail les œuvres, modalités et droits cédés.

Pour les juges de cassation, cet écrit n’est pas qu’une simple exigence de forme.

En effet, cet arrêt pose le principe selon lequel la preuve de l’existence d’une cession de droits d’auteur ne peut être rapportée au travers d’un simple « entretien accordé » à un magazine portant sur l’exploitation des œuvres musicales.

De même, l’absence de toute contestation de la part des auteurs ne saurait valoir renonciation à leurs droits d’auteur ni constituer une preuve de la cession de leurs droits.

Par conséquent, la rédaction d’un contrat de cession de droits d’auteur en bonne et due forme est la meilleure garantie qui permet d’éviter à l’ensemble des parties concernées d’avoir à faire face à une action en contrefaçon de droits d’auteur. 

Je suis à votre disposition pour toute action ou information (en cliquant ici).

PS : Pour une recherche facile et rapide des articles rédigés sur ces thèmes, vous pouvez taper vos "mots clés" dans la barre de recherche du blog en haut à droite, au dessus de la photographie.

Anthony Bem
Avocat à la Cour
27 bd Malesherbes - 75008 Paris
01 40 26 25 01

abem@cabinetbem.com

www.cabinetbem.com

Vous avez une question ?
Blog de Anthony BEM

Anthony BEM

249 € TTC

1435 évaluations positives

Note : (5/5)

Posez gratuitement toutes vos questions sur notre forum juridique. Nos bénévoles vous répondent directement en ligne.

Publier un commentaire
Votre commentaire :
Inscription express :

Le présent formulaire d’inscription vous permet de vous inscrire sur le site. La base légale de ce traitement est l’exécution d’une relation contractuelle (article 6.1.b du RGPD). Les destinataires des données sont le responsable de traitement, le service client et le service technique en charge de l’administration du service, le sous-traitant Scalingo gérant le serveur web, ainsi que toute personne légalement autorisée. Le formulaire d’inscription est hébergé sur un serveur hébergé par Scalingo, basé en France et offrant des clauses de protection conformes au RGPD. Les données collectées sont conservées jusqu’à ce que l’Internaute en sollicite la suppression, étant entendu que vous pouvez demander la suppression de vos données et retirer votre consentement à tout moment. Vous disposez également d’un droit d’accès, de rectification ou de limitation du traitement relatif à vos données à caractère personnel, ainsi que d’un droit à la portabilité de vos données. Vous pouvez exercer ces droits auprès du délégué à la protection des données de LÉGAVOX qui exerce au siège social de LÉGAVOX et est joignable à l’adresse mail suivante : donneespersonnelles@legavox.fr. Le responsable de traitement est la société LÉGAVOX, sis 9 rue Léopold Sédar Senghor, joignable à l’adresse mail : responsabledetraitement@legavox.fr. Vous avez également le droit d’introduire une réclamation auprès d’une autorité de contrôle.

Rechercher
A propos de l'auteur
Blog de Anthony BEM

Avocat contentieux et enseignant, ce blog comprend plus de 3.000 articles juridiques afin de partager mes connaissances et ma passion du droit.

Je peux vous conseiller et vous représenter devant toutes les juridictions, ainsi qu'en outre mer ou de recours devant la CEDH.

+ 1400 avis clients positifs

Tel: 01.40.26.25.01 

En cas d'urgence: 06.14.15.24.59 

Email : abem@cabinetbem.com

Consultation en ligne
Image consultation en ligne

Posez vos questions juridiques en ligne

Prix

249 € Ttc

Rép : 24h max.

1435 évaluations positives

Note : (5/5)
Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux et sur nos applications mobiles