CAMEROUN : POURQUOI NE PAS ESSAYER LE PATRIOTISME ECONOMIQUE ?

Publié le 26/06/2023 Vu 1 763 fois 0
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Les pesanteurs qui plombent notre tissu économique sont nombreuses. C'est pourquoi sans patriotisme économique le Cameroun, et d'autres des Pays du Sud ne pourront accéder à l'émergence économique.

Les pesanteurs qui plombent notre tissu économique sont nombreuses. C'est pourquoi sans patriotisme économiq

CAMEROUN : POURQUOI NE PAS ESSAYER LE PATRIOTISME ECONOMIQUE ?

Plusieurs années de recherche et de pratique du droit de la consommation m’ont amenée à faire ce constat : il faut penser aux approches d’actions adaptées au contexte des pays en voie de développement et le Cameroun en fait partie. En sus des propositions y comprises légales d’origine nationales, communautaires (CEMAC) et même internationales, les consommateurs de ces pays doivent prendre conscience des pesanteurs extra-juridiques qui annihilent tous les efforts individuels, associatifs et même étatiques de préservation de leurs droits. Ces pesanteurs sont au-dessus de la loi et il faut convoquer autre que la loi pour les affronter. Je regroupe ces pesanteurs en trois catégories : l’envie d’ailleurs, le difficile ici, l’excès de présence des autres. A ces trois pesanteurs, une seule solution semble s’imposer : le patriotisme économique.

L’ENVIE D’AILLEURS : J’exprime ainsi le refus que développent les Camerounais de consommer ce que produisent les autres Camerounais. On dit que même pour les grands dossiers au tribunal, les Camerounais préfèrent les avocats étrangers, et idéalement les européens. Or, auparavant, cette réflexion ne concernait que les produits manufacturés et/ou d’origine industrielle. Les produits alimentaires étaient encore consommés par défaut. Depuis la multiplication des supermarchés dans les grandes villes du pays, certains privilégient jusqu’à l’achat des tomates et avocats importés. Ce comportement, qui était déjà celui des classes sociales riches, est devenu celui de la classe sociale moyenne, au moins pendant les premières semaines après les salaires. Les supermarchés sont bondés de nos compatriotes qui s’y bousculent et font le bonheur des agriculteurs d’ailleurs, en achetant leurs produits agricoles. Ils font le bonheur des industriels et artisans d’ailleurs, en achetant leur confitures, leurs fromages, leur lait et mêmes leurs allumettes et cure-dents.Dès qu’ils le peuvent, ils passent commande de leur mobilier en cuir, en bois, en rotin ou en osier chez un fabricant ailleurs, très loin du Cameroun. Dès que possible, ils traversent l’Atlantique pour leurs séjours touristiques et reviennent avec leurs appareils audiophones, électroménagers, cybernétiques. Cette envie d’ailleurs s’étend jusqu’aux vêtements et autres objet de décoration. L’incursion de l’envie d’ailleurs commence à s’incruster dans les pratiques traditionnelles où il faut des menus européanisés et des couverts américanisés dans les funérailles et les cérémonies de dot. Cette envie d’ailleurs est bien entendue au plus grand préjudice du tissu économique d’ici.

LE DIFFICILE ICI : Ici, c’est chez nous, C’est le Cameroun, classé à la dernière catégorie, celle des pays en voie de développement par les Nations Unies, et pays à revenue intermédiaire de la tranche inférieure par la Banque mondiale. C’est dire en français facile que notre revenu par habitant très faible. Le revenu étant fonction du travail, on peut croire que les Camerounais ne travaillent pas. Bien au contraire. Rien n’est plus faux. Il suffit d’observer que les avenues, routes, rues, ruelles des villes comme des campagnes camerounaises sont bordées des deux rives de maisons non pas d’habitation, mais de commerces, boutiques, menuiseries, salon de coiffure, garages auto-moto, laveries moto et automobiles, ateliers de couture, quincailleries, call et money box etc. Il suffit également d’observer que chaque quartier dispose de son petit et de son grand marchés, ou selon sa grandeur de plusieurs petits et grands marchés, sans compter les marchés spéciaux comme Mokolo, Mbopi, Sandaga etc. L’avènement des grands centraux commerciaux et même des unités industrielles appartement en propre à des Camerounais n’est pas une donnée actuelle : c’est son intensification ces dernières années qui l’est. C’est dire que l’investissement domestique côtoie ici et là le grand capital que l’on sait très extraverti.

Les Camerounais sont tellement investis dans toutes sortes d’activités qu’on a envie de s’interroger sur le fait que le pays soit resté dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure pendant que le Bénin et la Tanzanie passaient en 2020 à la tranche supérieure. En tout cas, tout montre qu’ici, c’est difficile : difficile pour le Camerounais de recourir au travail d’un autre Camerounais, difficile de commander les meubles de nos menuisiers, difficile de se retourner vers nos stylistes et couturières plutôt que vers le prêt-à-porter de Chine ou de Turquie, difficile de se contenter des centres commerciaux appartenant en propre aux Camerounais, difficile de se contenter des eaux minérales et papier toilettes fabriqués par l’unité industrielle d’un autre Camerounais.Pourtant, ceux qui achètent ces produits, ce sont les Camerounais qui disposent d’un pouvoir d’achat à même rendre notre économie plus dynamique. C’est difficile d’aller passer les vacances dans les cités balnéaires et autres centres touristiques qui émergent allégrement dans le pays et privilégient les étrangers de tous horizons. Nous partons chez eux qu’ils connaissent déjà très bien, pendant qu’ils préfèrent venir chez nous, que nous ne connaissons par encore : Kribi, Limbé, Bangou, Nkolandom, Nkoteng, toutes villes et villages ayant investis dans de très beaux centres touristiques. Qui veut aller à Ngoteng quand il a les moyens d’aller à Cannes ?

L’EXCES DE PRESENCE DES AUTRES : Les autres sont chez nous, nombreux, diversifiés : européens, américains, chinois, libanais, et même d’origine africaine : nigérians, sénégalais etc. C’est le résultat du travail de l’OHADA depuis 1993 : réformer les anciens droit commercial et droit des sociétés pour attirer les investisseurs. Nous n’avions pas forcément compris, au départ qu’il s’agissait principalement des investisseurs étrangers. Les maisons de commerce, boutiques, menuiseries, salon de coiffure, garages auto-moto, laveries moto et automobiles, ateliers de couture, call et money box qui bordent nos routes sont-ils vus par l’OHADA comme des investissements? En tout cas, la qualité du droit produit par cette Organisation a permis d’attirer les investisseurs et ils sont là. Les grandes maisons de commerce aux grandes enseignes internationales sont chez nous.Le Camerounais les aime et même les préfère. Ils aiment pousser - eux aussi - les caddies sur les sols à carreaux bien propres des supermarchés : Ils aiment également payer – comme les autres - avec leur carte bancaire ou leur portemonnaie électronique. Qui peut préférer les marchés boueux ou poussiéreux de nos petits ou grands marchés, s’il peut aller au supermarché ? Qui peut préférer des meubles rabotés par le menuisier du coin s’il peut commander des meubles ultra chics aux finitions parfaites provenant des usines étrangères ? Les classes riche et moyenne camerounaises, celles qui peuvent véritablement, par leur pouvoir d’achat « faire tourner » comme ont dit l’économie camerounaise, consomment ailleurs. Ils ont leurs raisons ; d’ailleurs le droit protège cette liberté d’acheter chez le commerçant de son choix. Mais, une des raisons qui poussent toutes les classes sociales à privilégier l’ailleurs, c’est notre faux : faux travailleur qui vient lundi et ne vient pas jeudi, faux rendez-vous du tailleur, faux poids et mesures, faux riz, faux vin, fausse huile de palme, et même faux cure-dents. Les consommateurs de la classe sociale pauvre entretiennent chaque fois qu’ils le peuvent le même comportement que ceux des classes moyenne et riche en recourant chez le brocantier du coin qui propose jusqu’aux couches, huiles pour bébé, et autres huiles végétales.

Il faut le savoir : l’envie d’ailleurs, le difficile ici et l’excès de présence des autres s’additionnent pour justifier notre classement au rang de pays en voie de développement et pays à revenue intermédiaire. J’ai précisé qu’il s’agit des mots savants pour dire que nous sommes pauvres, voire miséreux : ils disent que nous sommes situés « au bas de l'échelle de la pauvreté » (Réf :Liste des 47 pays les moins avancés (donneesmondiales.com). Si certains ont réussi à vivre « bien », la très grande majorité vit « mal », et même très mal. Cependant, à y regarder de près nous sommes tous très mal : les routes sont les mêmes pour tout le monde, la boue est la même pour tout le monde, la poussière aussi, et nous nous partageons les actes d’agression commis par des adultes de la génération dite sacrifiée et des jeunes désespérés, qui ne craignent même pas les avocats.

POURQUI NE PAS ESSAYER LE PATRIOTISME ECONOMIQUE ?

MON APPEL AU PATRIOTISME ECONOMIQUE. Je voudrais prendre appui sur les paroles de Martin Luther King pour lancer un appel solennel au patriotisme économique. Dans un discours prononcé à Washington le 31 mars 1968, il a dit :

 « Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots. Nous sommes liés en un réseau de mutualité auquel il est impossible d'échapper. Nous participons tous d'une même et unique destinée».

« Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères » : Ne sommes-nous pas frères et sœurs ? Le Camerounn’est-il pas le berceau de nos ancêtres communs ? Cette fraternité s’arrêterait-elle en économie ? Pourquoi cette envie d’ailleurs, ce difficile ici ? Comment le traduire en matière économique ? Tu achètes mon maïs et j’achète ton charbon pour le braiser. Mon argent sort de ma poche pour la tienne et te permet de nourrir tes enfants. Ton argent entre dans ma poche et me permet de nourrir mes enfants. Le reliquat est versé dans la tontine ou placé dans une banque formelle pour être prêté à quelqu’un d’autre. L’argent que les consommateurs des classes sociales moyenne et riche gagnent au Cameroun et vont dépenser à l’étranger ou en commandant à l’étranger met gravement en danger l’économie de notre pays. En effet, c’est de l’argent qui ne restera pas dans le circuit économique du Cameroun comme précédemment expliqué dans l’exemple imagé du maïs et du charbon.C’est un acte antipatriotique grave car ils on pu gagner cet argent parce que l’économie camerounaise en a généré à partir de l’effort collectif. Gagné grâce au tissu économique du Cameroun, il va servir à l’étranger, pour verser des dividendes aux actionnaires, ou  à payer des salaires du  personnel du siège et, plus globalement à « faire tourner » l’économie de ce pays-là.La consommation des produits importés diminue la masse d’argent « qui normalement doit tourner » dans le pays.

Par ailleurs, les ingénieurs Camerounais travaillent dans les entreprises des opérateurs de la téléphonie et d’internet d’origine étrangère et savent comment s’opèrent le siphonage et le délestage de nos crédits. Le gigaoctet chez Orange n’est pas le gigaoctet de MTN, chez les deux, le giga de lundi n’est pas le giga de mercredi. Nos ingénieurs et autres techniciens au service de ces entreprises savent pourquoi ces fluctuations existent. Ils lisent nos coups de gueule enflammés sur les réseaux sociaux le soir, et le matin, en costume trois pièces – car faisant partie de la classe moyenne émergente – ils vont au service l’esprit tranquille manifester leur fidélité envers leurs employeurs étrangers, sans ménager la moindre empathie pour les consommateurs, leurs compatriotes. Pendant la saison des pluies les ingénieurs et techniciens du fournisseur de chaines radio et télévisuels n’arrivent pas à fixer les images prépayées par les consommateurs, images qui disparaissent au moindre vent, tandis que les ingénieurs de la même entreprise en France ne laissent jamais tressaillir l’image sur le petit écran sauf s’il s’agit d’un cryptage franc.

« Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots »: Les artisans du faux ont condamnés les Camerounais. Le faux vin, la viande avariée,  la fausse huile de palme, le faux riz rendent les Camerounais malades. Il s’agit-là, pris dans leur globalité d’actes de haute criminalité fratricide, ces produits étant vendus dans nos petits et grands marchés. Le taux d’analphabétisme étant encore passablement élevé au Cameroun, combiné à un pouvoir d’achat de plus en plus faible, font de nos frères et sœurs, pères et mères, oncles et tantes, cousins et cousines les premiers clients de ces faux. Ces produits qui rendent malades et tuent les membres des familles camerounaises sont fabriqués par des chefs de familles camerounaises. Les cas des insuffisances rénales qui justifient la sollicitation des centres de dialyse partout dans le pays constituent un indicateur patent que le foie des Camerounais est de plus en plus attaqué et usé. Les enfants présentent des dentitions de plus en plus cariées, conséquence de la consommation des biscuits et bonbons au gout sucré singulièrement malsain que des douaniers Camerounais laissent entrer sur le territoire national. L’impossibilité de regarder tranquillement le Journal de 20 heures le soir sur un petit écran aux images instables, les communications entrecoupées, doublées d’un retour de son diachronique, et le siphonage du crédit, une connexion internet capricieuse augmentent le rythme cardiaque des camerounais, et causent des accès de colère, installent une nervosité constante ou périodique chez nos compatriotes : tout médecin vous dira qu’il s’agit-là de causes des atteintes cardiaques, voire de l’hypertension artérielle.

Il faut le savoir : les supermarchés étrangers sont là pour commercialiser les produits des producteurs de leur pays ou de leur Région, notamment l’Union européenne. L’argument massif auxquels les producteurs camerounais peuvent difficilement s’opposer, sinon au prix de couteuses certifications, est celui du respect des normes. Ainsi, ces supermarchés ne commercialisent qu’exceptionnellement ou sous la contrainte les produits originaires du Cameroun. Des opérateurs économiques camerounais témoignent de ce que ces enseignes refusent de commercialiser leurs productions, parfois sans donner des justifications. Il faudrait au demeurant passer ce type de refus de contracter entre fabricant et détaillant au crible de notre droit de la concurrence, notamment celui des pratiques restrictives. Même si ces grandes enseignes sont créatrices d’emplois et d’autres opportunités, notamment de sous-traitance voire d’impôt, il faut savoir qu’elles ne sont pas créatrices de richesse. Ils sont venus faire commerce chez nous et s’enrichir car c’est ainsi que fonctionne l’économie libérale. Cet envie d’ailleurs et ce difficile ici nous coûtent extrêmement chers : Nous perdons en argent et les étrangers se gargarisent, s’enrichissent sur notre manque de patriotisme économique. C’est pourquoi le Cameroun est resté dans son classement de pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure malgré ce foisonnement d’investisseurs étrangers chez nous. Ce sont des investisseurs étrangers : ce qu’ils gagnent chez nous, va à l’étranger. Les bénéfices générés par nos achats ne servent pas à améliorer les conditions de vie de nos compatriotes mais des leurs. Si nous ne développons pas notre patriotisme économique, en combattant les pesanteurs que j’ai déjà expliqué plus haut, nous allons tout souffrir comme des idiots en consommant les faux de nos « producteurs », dans notre poussière et notre boue, et mourir des accidents de circulation sur nos routes hors normes, ou d’un accident cardiovasculaire après avoir découvert que les deux gigas achetés une heure avant de se coucher se sont épuisés, évaporés pendant notre sommeil, avec le téléphone éteint.

« Nous sommes liés en un réseau de mutualité auquel il est impossible d'échapper ». Voici l’avant-dernière phrase de la citation du très regretté Martin Luther King. Oui. Nous sommes liés, et pas seulement par nos ancêtres. Je ne parle pas uniquement des mariages interethniques devenus la norme et c’est formidable ! Je ne parle pas uniquement de la dépendance interfamiliale. Je parle de notre interpénétration économique, et de notre interdépendance socio-économique. Qui pourrait tout vendre ? Qui pourrait tout produire ? Qui pourrait offrir tous les services imposés par la société de consommation ? Nous sommes condamnés à vivre ensemble et à commercer ensemble. L’épouse du fabricant de faux vin va acheter la fausse huile de palme. La bayam-sellam qui recourt aux faux poids et mesures, va, avant de venir au marché le matin, se décaper avec de la fausse cosmétique et le soir avant de s’en dormir, faire un pied de nez à son destin devant une fausse bière en canette. Les enfants du douanier qui a laissé entrer les faux biscuits et bonbons dans le pays vont tranquillement les consommer à l’anniversaire du fils du voisin. Les ingénieurs et techniciens qui prêtent leurs compétences aux opérateurs téléphoniques et audiovisuels pour toucher les primes de l’employer du mois vont conduire leur grosse cylindrée sur les quasi routes livrées à l’Etat par les ingénieurs du génie civil qui ont faussement dosé le bitume. Nous somme liés. Nous allons tous mourir comme des idiots. Et ce n’est pas uniquement le Karma.

« Nous participons tous d'une même et unique destinée ». Voici la dernière phrase de la citation du très regretté Martin Luther King. Oui.Nous avons cependant le choix. C’est le choix du patriotisme économique. Cette approche est de plus en plus étudiée par les chercheurs. DELAI et POIROT le définissent simplement comme « une invitation faite aux acteurs économiques tels que l’État, les consommateurs ou les entreprises, à favoriser les activités nationales » (Ref. Patriotisme économique et développement durable (openedition.org)). A cette définition, dans le contexte du Cameroun, j’ajouterais que le patriotisme c’est privilégier et favoriser la personne du compatriote, de le voir comme le prochain que Jésus demande d’aimer.En effet, notre bien commun unique, c’est la patrie. Le patriotisme économique c’est possible, même si tout ne dépend pas du consommateur citoyen. Voici quelques pistes pour lui, puisque c’est de lui qu’il s’agit ici.

Cultiver son envie d’ici. Il s’agit, chacune fois que cela est possible de privilégier la production locale. Pour y arriver, il nous sera certainement nécessaire de revoir qui son ego, qui ses exigences qualitatives, qui son confort personnel.

Combattre le difficile ici. Ce combat doit nous amener à recourir en priorité et presque exclusivement à nos artisans locaux, nos menuisiers, nos couturières, éviter les supermarchés pour privilégier nos marchés où nos mères et soeurs bayam-sellam s’échinent pour faciliter la distribution des produits de nos cultivateurs. Eviter d’aller au supermarché acheter les tomates et l’eau minérale étrangères. Aller en séjour touristique à Nkolandom, à Nkoteng ou à Bangou. Si Cannes a été désignée « Ville créative de l‘UNESCO » en 2021, il faut savoir que son  fameux Festival qui attire les touristes du monde entier y compris ceux des pays pauvres comme le Cameroun, date de 1939. C’est donc depuis 80 ans que les Français y travaillent, en le fréquentant assidument et en y attirant les acteurs du Cinéma du monde entier. Ce combat est aussi celui du renoncement au faux. Aucun Camerounais ne devrait initier un projet de faux. Le faux avec préméditation c’est : les usines de faux vins démantelés ici et là, les usines de faux médicaments, les fabricants et utilisateurs des fausses canettes de bière etc. Les commerçants véreux recourant au faux poids et mesures doivent renoncer à ces pratiques, et ceci devrait commencer par le fabricant des fausses mesures.

L’excès de présence des autres est légal même s’il a finalement révélé de grandes injustices. En effet, le Cameroun, sans avoir grand-chose à exporter, est tout de même membre de l’Organisation mondiale du Commerce. Par ailleurs, il s’est dépêché de signer les accords de partenariat économique APE. Ces accords sont ainsi signés avec des pays qui ont construit chez eux des édifices éternelles en pierres que nous allons visiter n’ont pas pensé à construire ces même immeubles chez nous après parfois 30 ans de présence coloniale. Cependant, quelques années après la signature de ces APE,  ils ont réussi à nous inonder de leurs supermarchés et leur enseignes commerciales : nous en sommes encore bouche bée. C’est le commerce mais il ne nous est pas interdit de réfléchir. Pour paraphraser Loisel parlant du mariage, « en commerce trompe qui peut ». Alors, allons-nous nous laisser tromper comme on dit chez nous « pour de bon » ? Jusqu’à quand ?

Comment allons-nous nous en sortir ? Ils font commerce chez nous tout en étant en avance sur nous en tout. Ils maitrisent l’électricité chez eux où ils fabriquent les produits qu’ils viennent mettre en concurrence avec notre production locale. Ils achètent notre cacao et reviennent nous revendre à prix fort un chocolat de luxe. Les conditions de production sont perfectionnées.La recherche-développement y est proactive : ils tendent désormais vers l’intelligence artificielle, tandis que l’accès à l’internet illimité reste encore un privilège des hauts cadres au Cameroun: quelle concurrence possible ?

Peut-être gagnerions-nous à entrer à l’école japonaise du développement économique pour étudier l’art d’opérer ce bondéconomique devenu un cas d’école que les experts se plaisent à décrypter. L’un deux, Madame LEMOINE écrit  que le Japon  « réalisait seulement 1,5 % des exportations mondiales en 1953 et plus de 7,5 % en 1978 ; il a poursuivi sa progression jusqu’à la fin des années 80, culminant avec 10 % des exportations mondiales et devenant la troisième puissance exportatrice » (Réf. La Chine, futur géant dans l'économie mondiale | Cairn.info). Une grande partie de ces questions trouvent réponse dans le patriotisme économique.

 

Marie-Colette KAMWE MOUAFFO-KENGNE

Maitre de Conférences/Université de N’gaoundéré.

Juriste/Diplômée en Concurrence et Consommation de l’Université Montpellier I.

Promotrice d’Espace T-RèZ ASSOCIATION/Documentations et informations 

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