Crédit immobilier: la sanction d'un TEG erroné et le délai d’action de l’emprunteur contre la banque

Publié le 02/02/2015 Vu 41 587 fois 95
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Quelle est la sanction applicable au TEG figurant dans un contrat de prêt immobilier ?

Quelle est la sanction applicable au TEG figurant dans un contrat de prêt immobilier ?

Crédit immobilier: la sanction d'un TEG erroné et le délai d’action de l’emprunteur contre la banque

Parce qu’il n’est pas sans risque pour l’emprunteur, le crédit immobilier fait l’objet de dispositions spéciales prévues aux articles L. 313-1 et suivants du code de la consommation.

Ainsi, parmi les obligations mises à sa charge, le banquier prêteur est tenu d’indiquer à l’emprunteur dans le contrat de prêt, le taux effectif global du crédit octroyé (TEG).

Concrètement, le TEG est le taux d'intérêt réel destinée à représenter le coût complet d'un crédit immobilier.

L'indication du TEG est obligatoire lors d'une proposition de crédit immobilier.

Le TEG permet surtout de connaître le coût total du crédit et de comparer les offres aux caractéristiques différentes.

A ce titre, il constitue un élément essentiel du contrat de prêt bancaire et est soumis à des modalités légales de calcul strictes.

En effet, le TEG doit comprendre diverses éléments afin de représenter le coût réel du prêt bancaire octroyé, à savoir de manière cumulative :

- les intérêts ;

- les frais de dossiers ;  

- les commissions diverses (intermédiaire bancaire) ;

- les coûts de garanties particulières ;

- les frais et cotisations d'assurance (assurance emprunteur) ;

- les frais d'acte (acte notarié) ;

- les impôts et taxes supportés par l'emprunteur ;

- les souscriptions de parts sociales, dans les banques coopératives ;

- les rémunérations de toute nature, directs ou indirects, y compris ceux qui sont payés ou dus à des intermédiaires intervenus de quelque manière que ce soit dans l'octroi du prêt.

Il en résulte que, si la banque n’a pas intégré l’ensemble de ces éléments pour déterminer le TEG, alors le TEG est erroné.

Lorsque le TEG indiqué dans le contrat de prêt bancaire est erroné, l’emprunteur peut agir contre le banquier prêteur afin d'obtenir :

- la substitution du taux d'intérêt légal au taux conventionnel prévu (par exemple le d'intérêt légal en France en 2015 : 0,93% ; 2014 : 0,04% ; 2013 : 0,04% ; 2012 : 0,71% ; 2011 : 0,71% ; 2010 : 0,65 % ...) ;

- la restitution par la banque à l'emprunteur des sommes trop versées en remboursement du prêt en principal et intérêts à l'exclusion de tous les frais et accessoires liés au prêt (Cass. Civ 1ère, 13 mars 2007,

Autrement dit, la sanction d'un TEG erroné est la nullité rétroactive du TEG.

Ainsi, le 15 octobre 2014, la Cour de cassation a jugé que la sanction d'un TEG erroné entraîne la substitution du taux légal au taux conventionnel :

- dans chacun de ces actes ;

- à compter de leur souscription ;

- selon le taux légal en vigueur à leurs dates respectives. (Cass. Civ. 1ère 15 octobre 2014, n°13-16555).

De plus, le 26 novembre 2014, la Cour de cassation a précisé que le TEG erroné ne peut être sanctionné que si l’erreur de montant correspond à une différence d’au moins une décimale (Cass. Civ.1ere, 26 novembre 2014, n°13-23033).

En l’espèce, la Haute Cour a relevé le moyen de défense du banquier prêteur aux termes duquel « l’estimation erronée des frais d’acte n’avait engendré qu’une erreur de « 0,0017 », de sorte que l’écart entre le taux effectif global mentionné dans le contrat de crédit et le taux réel était inférieur à la décimale prescrite par l’article R. 313-1 du code de la consommation ».  

Par ailleurs, il est important de connaître les règles particulières relatives au point de départ du décompte du délai de prescription de 5 ans concernant l’action en nullité du TEG erroné.

En effet, la jurisprudence opère une distinction entre l’emprunteur professionnel et celui qui est profane pour déterminer le point de départ du délai de prescription quinquennale.

Lorsque l’emprunteur a conclu un crédit immobilier pour les besoins de son activité professionnelle, le délai d’action de cinq ans court à compter du jour où le client a connu ou aurait dû connaître le vice affectant le TEG, soit pour un prêt, à la date de la conclusion du contrat (Cass. Com., 10 juin 2008, n° 06-19.452).

Quant à l’emprunteur profane ou non-professionnel, le délai d’action de 5 ans court à compter du jour où l'emprunteur a connu ou aurait dû connaître cette erreur (Cass. Civ. 1ère, 11 juin 2009, n° 08-11.755).

Ainsi, la qualité professionnelle ou non de l’emprunteur est un critère déterminant du point de départ du délai de prescription quinquennale et donc de l'action en nullité du TEG appliqué.

A titre d’exemple, le 16 octobre 2013, la Cour de cassation a jugé que l’action de l’emprunteur était recevable en déclarant que « n'étant pas contesté que l'emprunteur n'avait pas la qualité de professionnel, (…) que les indications figurant dans l'acte de prêt ne pouvaient permettre à Mme X. de s'interroger sur les frais de nature à être intégrés dans le coût du crédit, et (…) que celle-ci n'avait eu connaissance de l'erreur affectant le calcul du taux effectif global que peu avant d'engager son action en annulation de la stipulation d'intérêts litigieuse »(Cass, Civ. 1ère, 16 octobre 2013, n° 12-18190). 

Je suis à votre disposition pour toute action ou information (en cliquant ici).

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Anthony Bem
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1 Publié par Maitre Anthony Bem
19/02/2017 18:46

Bonjour Thierry,

Tous mes meilleurs vœux aussi.

Selon la jurisprudence, il convient de distinguer entre l’emprunteur professionnel et non-professionnel.

Lorsque le concours financier a été accordé pour les besoins d'une activité professionnelle, le délai d'action en justice court, s’agissant d’un prêt, à compter de la date du contrat.

A défaut, le point de départ de la prescription de l’action en nullité de la stipulation de l’intérêt conventionnel est le jour où l’emprunteur consommateur ou non-professionnel a connu ou aurait dû connaître l’erreur affectant le taux effectif global.

Autrement dit, ce point de départ est la date du rapport d'expertise.

Je vous encourage donc en effet à agir devant les tribunaux afin d' obtenir l'indemnisation a laquelle vous avez droit le cas échéant.

Cordialement.

2 Publié par Visiteur
14/03/2017 09:18

Salut,
"a connu ou aurait dû connaître" : bien faire attention, car si la seule lecture de l'offre suffit à se convaincre tout seul, que cette lecture ait été faite ou non, le délai de 5 ans (depuis 2008, avant c'était 10 ans) court du jour de l'acceptation de l'offre. Bien entendu, si l'erreur ne saute pas aux yeux, nécessite des compétences spéciales, est non visible à la seule lecture du document, ce sera le rapport d'expertise qui déclenchera le délai.

3 Publié par Maitre Anthony Bem
14/03/2017 10:25

Bonjour unknown,

Merci de vos précisions apportées ce jour.

Cordialement.

4 Publié par Visiteur
27/03/2017 10:58

Bonjour Maître,
Mon mari et moi avons contracté un prêt immobilier "opération defiscalisation IFB" en avril 2003 pour un montant de 103.500 €, EDC, association de Toulouse dont l'adhésion est "vendue" avec le concept, nous a interpellés pour vérifier la conformité de notre prêt (ce qui fut fait le 11/02/2016. Nous avons vendu notre Bien en mai 2016 pour la somme de 62.500 €... le calcul est rapide nous avons perdu beaucoup d'argent et gagné beaucoup de stress. c'est pourquoi nous nous demandons si nous n'avons pas là le moyen de récupérer sur la perte puisque le contrat est bien basé sur une année lombarde et la somme éventuellement à résupérer serait de 25000 € suite à l'analyse de "ANALYSE Fnance Credit" Sylvain BARADA à Toulouse.
Notre problème : échaudé par le "concept defiscalisation sans souci" , nous nous demandons si nous ne prenons pas de risques inutiles car il faut avancer de l'argent .
Ma question est : peut-on négocier sans procédure, avec le crédit immobilier par lettre recommandée, a-t-on une chance qu'ils nous répondent et combien peut-on réclamer pour avoir une chance de réussir
merci beaucoup de votre réponse
cordialement

5 Publié par Visiteur
26/04/2017 17:19

Bonjour Maitre,
je ne comprends pas le délai de 5 ans pour agir est ce que cela veut dire que si j'ai contracté un prêt immo en 2007 je ne peux plus attaquer ou est ce a partir du moment ou l'étude financière à été constaté et que le teg erroné est avéré.
Merci de me répondre Maitre

6 Publié par Visiteur
30/04/2017 04:11

Bonjour Maître,

Tout d'abord et parce ce que peu de gens l'ont fait je tenais à vous remercier de votre aide et vous altruisme. Cela devient rare de nos jours. Donc Merci.
Je suis une jeune maman avec 2 prêts de 2010 et 2008. Plusieurs expertises ont confirmés beaucoup d'erreurs sur ses 2 prêts il y a 2-3 mois. J'ai fais appelle à un avocat mais toujours pas de réponse de la banque. Selon votre expérience, est ce une stratégie des banques de ne pas répondre? Puis je garder espoir d'obtenir gain de cause? Mon avocate a bien envoyé le courrier et silence radio côté banque.
Merci d'avance

7 Publié par Maitre Anthony Bem
30/04/2017 08:23

Bonjour ingeson,

Le délai d’action en justice de cinq ans ne commence à courir qu’a compter du jour de la découverte de l’erreur de taux, c'est-à-dire au jour de la réception de l’analyse du Taux Effectif Global du crédit de la part d'un expert en analyse financière ou d'un avocat.

En effet, selon la jurisprudence, s’agissant de l’emprunteur non professionnel, le point de départ du délai de prescription de l’action en nullité des intérêts conventionnels est le jour où il a eu connaissance de l’illégalité du calcul des intérêts.

Les juges doivent donc se poser la question de savoir si au jour de la conclusion du prêt, l’emprunteur était capable ou non de savoir si le taux était erroné.

Ce n'est que si l'emprunteur est averti que le délai de prescription de l’action en nullité des intérêts commence à courir à la date de conclusion du contrat de prêt.

Cordialement.

8 Publié par Maitre Anthony Bem
30/04/2017 08:29

Bonjour LiliFraise,

Je vous remercie pour vos encouragements.

Je ne pense pas que les banques aient des stratégies.

Elles ne répondent pas en raison de leur faute, de la lourdeur administrative entre les différents services ou par négligence.

Il ne sert à rien d'attendre une réponse une fois passé un délai d'un mois sauf à perdre davantage de temps.

Vous devez donc garder espoir pour obtenir gain de cause et surtout être patiente car la procédure est longue.

Cordialement.

9 Publié par Visiteur
04/05/2017 11:01

Bonjour Maitre,
Je renouvelle ma question si vous voulez bien y répondre et je vous serai gré, elle était la suivante :
je ne comprends pas le délai de 5 ans pour agir est ce que cela veut dire que si j'ai contracté un prêt immo en 2007 je ne peux plus attaquer ou est ce a partir du moment ou l'étude financière à été constaté et que le teg erroné est avéré.
Merci de me répondre Maitre

10 Publié par Maitre Anthony Bem
04/05/2017 16:14

Bonjour ingeson,

Le délai de prescription de l'action se commute à compter de la date de l'étude financière.

Cordialement.

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