Crédit immobilier: la sanction d'un TEG erroné et le délai d’action de l’emprunteur contre la banque

Publié le 02/02/2015 Vu 41 591 fois 95
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Quelle est la sanction applicable au TEG figurant dans un contrat de prêt immobilier ?

Quelle est la sanction applicable au TEG figurant dans un contrat de prêt immobilier ?

Crédit immobilier: la sanction d'un TEG erroné et le délai d’action de l’emprunteur contre la banque

Parce qu’il n’est pas sans risque pour l’emprunteur, le crédit immobilier fait l’objet de dispositions spéciales prévues aux articles L. 313-1 et suivants du code de la consommation.

Ainsi, parmi les obligations mises à sa charge, le banquier prêteur est tenu d’indiquer à l’emprunteur dans le contrat de prêt, le taux effectif global du crédit octroyé (TEG).

Concrètement, le TEG est le taux d'intérêt réel destinée à représenter le coût complet d'un crédit immobilier.

L'indication du TEG est obligatoire lors d'une proposition de crédit immobilier.

Le TEG permet surtout de connaître le coût total du crédit et de comparer les offres aux caractéristiques différentes.

A ce titre, il constitue un élément essentiel du contrat de prêt bancaire et est soumis à des modalités légales de calcul strictes.

En effet, le TEG doit comprendre diverses éléments afin de représenter le coût réel du prêt bancaire octroyé, à savoir de manière cumulative :

- les intérêts ;

- les frais de dossiers ;  

- les commissions diverses (intermédiaire bancaire) ;

- les coûts de garanties particulières ;

- les frais et cotisations d'assurance (assurance emprunteur) ;

- les frais d'acte (acte notarié) ;

- les impôts et taxes supportés par l'emprunteur ;

- les souscriptions de parts sociales, dans les banques coopératives ;

- les rémunérations de toute nature, directs ou indirects, y compris ceux qui sont payés ou dus à des intermédiaires intervenus de quelque manière que ce soit dans l'octroi du prêt.

Il en résulte que, si la banque n’a pas intégré l’ensemble de ces éléments pour déterminer le TEG, alors le TEG est erroné.

Lorsque le TEG indiqué dans le contrat de prêt bancaire est erroné, l’emprunteur peut agir contre le banquier prêteur afin d'obtenir :

- la substitution du taux d'intérêt légal au taux conventionnel prévu (par exemple le d'intérêt légal en France en 2015 : 0,93% ; 2014 : 0,04% ; 2013 : 0,04% ; 2012 : 0,71% ; 2011 : 0,71% ; 2010 : 0,65 % ...) ;

- la restitution par la banque à l'emprunteur des sommes trop versées en remboursement du prêt en principal et intérêts à l'exclusion de tous les frais et accessoires liés au prêt (Cass. Civ 1ère, 13 mars 2007,

Autrement dit, la sanction d'un TEG erroné est la nullité rétroactive du TEG.

Ainsi, le 15 octobre 2014, la Cour de cassation a jugé que la sanction d'un TEG erroné entraîne la substitution du taux légal au taux conventionnel :

- dans chacun de ces actes ;

- à compter de leur souscription ;

- selon le taux légal en vigueur à leurs dates respectives. (Cass. Civ. 1ère 15 octobre 2014, n°13-16555).

De plus, le 26 novembre 2014, la Cour de cassation a précisé que le TEG erroné ne peut être sanctionné que si l’erreur de montant correspond à une différence d’au moins une décimale (Cass. Civ.1ere, 26 novembre 2014, n°13-23033).

En l’espèce, la Haute Cour a relevé le moyen de défense du banquier prêteur aux termes duquel « l’estimation erronée des frais d’acte n’avait engendré qu’une erreur de « 0,0017 », de sorte que l’écart entre le taux effectif global mentionné dans le contrat de crédit et le taux réel était inférieur à la décimale prescrite par l’article R. 313-1 du code de la consommation ».  

Par ailleurs, il est important de connaître les règles particulières relatives au point de départ du décompte du délai de prescription de 5 ans concernant l’action en nullité du TEG erroné.

En effet, la jurisprudence opère une distinction entre l’emprunteur professionnel et celui qui est profane pour déterminer le point de départ du délai de prescription quinquennale.

Lorsque l’emprunteur a conclu un crédit immobilier pour les besoins de son activité professionnelle, le délai d’action de cinq ans court à compter du jour où le client a connu ou aurait dû connaître le vice affectant le TEG, soit pour un prêt, à la date de la conclusion du contrat (Cass. Com., 10 juin 2008, n° 06-19.452).

Quant à l’emprunteur profane ou non-professionnel, le délai d’action de 5 ans court à compter du jour où l'emprunteur a connu ou aurait dû connaître cette erreur (Cass. Civ. 1ère, 11 juin 2009, n° 08-11.755).

Ainsi, la qualité professionnelle ou non de l’emprunteur est un critère déterminant du point de départ du délai de prescription quinquennale et donc de l'action en nullité du TEG appliqué.

A titre d’exemple, le 16 octobre 2013, la Cour de cassation a jugé que l’action de l’emprunteur était recevable en déclarant que « n'étant pas contesté que l'emprunteur n'avait pas la qualité de professionnel, (…) que les indications figurant dans l'acte de prêt ne pouvaient permettre à Mme X. de s'interroger sur les frais de nature à être intégrés dans le coût du crédit, et (…) que celle-ci n'avait eu connaissance de l'erreur affectant le calcul du taux effectif global que peu avant d'engager son action en annulation de la stipulation d'intérêts litigieuse »(Cass, Civ. 1ère, 16 octobre 2013, n° 12-18190). 

Je suis à votre disposition pour toute action ou information (en cliquant ici).

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Anthony Bem
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1 Publié par Visiteur
04/05/2017 17:16

Merci Maitre de votre réponse, je ne l'avais pas vu.
Aussi dans quel secteur géographique êtes situé, car j'ai fait une simulation sur l'erreur de la banque au niveau du TEG et de la durée concernant mon prêt immobilier qui m'a été octroyé en 2007 à la société générale et il s'avère que la banque est redevable de 53000€ sur le prêt principal et de 5000 € sur l'avenant du taux renégocié il y a 2 ans

2 Publié par Visiteur
05/05/2017 20:39

Bonjour Maître BEM,
J'ai contracté 5 crédits au total (1990, 2002, 2005, 2008, 2009)
Je compte faire analyser mes crédits souscrits en 2002 et 2005 (90K€ et 160K€) par le mathématicien que vous conseillez (M. Dudognon). Selon vos expériences, je suis considéré comme néophyte ou averti? (Je n'ai pas fait d'étude en finance)
Si je perds le procès je prends à coup sûr en charge les frais d'avocats de la banque?
Je compte faire appel à vos services si les analyses de TEG s'annoncent concluantes.
Cordialement.

3 Publié par Maitre Anthony Bem
05/05/2017 22:56

Bonjour arikan,

Ne vous connaissant pas, je ne peux pas vous dire s'il faut vous considérer comme néophyte ou averti, malgré l'absence d'étude en finance.

Si vous perdez le procès, vous n'aurez pas, "à coup sûr" à prendre en charge les frais d'avocats de la banque, sur le fondement de l'article 700 du code de procédure civile.

Cela dépend toujours du juge.

Au pire, le montant alloué à la banque de ce chef est toujours très modeste.

Cordialement.

4 Publié par Visiteur
18/05/2017 22:47

Bonjour maître
J ai besoin de vos conseils j ai fait un crédit immobilier en mai 2008 est ce que j'ai le droit pour expertiser mon crédit pour le teg erronée
Cordialement

5 Publié par Maitre Anthony Bem
19/05/2017 06:47

Bonjour Mr kadd,

Je vous confirme qu'il est toujours temps de faire expertiser le TEG de votre crédit immobilier, quand bien même celui-ci serait de mai 2008.

En effet, la prescription du délai d'action en cas de TEG erroné est de cinq ans à compter de la date de la découverte de l'erreur, soit cinq ans à compter de la date réception du rapport d'expertise.

Cordialement.

6 Publié par Visiteur
19/05/2017 11:46

Bonjour Maitre,

Pensez-vous crédible une société comme Humania Consultant qui annonce 3.33% d'echec dans les procédures de contestation de crédits engagées contre les banques ?

Cordialement,
Fred

7 Publié par Visiteur
26/06/2017 15:16

BOnjour , pouvons-nous récupérer en attaquant si nous vendons notre bien

8 Publié par Visiteur
25/08/2017 03:10

Bonjour maitre,
Petite question non abordée encore :un emprunteur ayant contracté un pret erronés avec son conjoint concubin(non marié ,non pacsé)peut il attaquer sa banque sans l'accord de son Co - emprunteur??
Un des deux partenaires est plus frileux pour effectuer la démarche et ne souhaite pas s'y joindre...
Merci beaucoup pour la réponse,cordialement,
Cathy k

9 Publié par Maitre Anthony Bem
25/08/2017 10:58

Bonjour Cathy K,

Je vous confirme qu'un seul des emprunteurs ayant contracté un pret erronés avec son concubin peut attaquer sa banque sans l'accord de son co-emprunteur, chacun étant engagé de manière autonome vis à vis de la banque.

Cordialement.

10 Publié par Visiteur
26/08/2017 10:36

Bonjour et merci beaucoup pour la réponse ,maitre
Bonne journee,cathy k

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