Les droits du salarié en cas d'absence de visites médicales de la part de l'employeur

Publié le Modifié le 14/09/2015 Vu 191 955 fois 266
Légavox

9 rue Léopold Sédar Senghor

14460 Colombelles

02.61.53.08.01

L'absence de visite ou de suivi médical de la part de l'employeur ouvre-t-elle droit à indemnisation des salariés ?

L'absence de visite ou de suivi médical de la part de l'employeur ouvre-t-elle droit à indemnisation des sal

Les droits du salarié en cas d'absence de visites médicales de la part de l'employeur

Conformément à l’obligation de sécurité de résultat qui incombe à l'employeur, ce dernier doit assurer le suivi médical de l’ensemble de ses salariés, sous peine d'avoir à leur verser des dommages et intérêts et d'encourir des sanctions pénales.

La réglementation de la médecine du travail s'applique :

  • aux entreprises privées,
  • aux établissements publics industriels et commerciaux (Epic),
  • aux établissements publics à caractère administratif (Epa) employant du personnel de droit privé.

Elle profite à tout travailleur.

Concrètement, le suivi médical se décline en quatre types de visites médicales :

- une visite d'embauche : le salarié doit passer une visite médicale avant son embauche ou, au plus tard, avant la fin de sa période d'essai. Les salariés qui relèvent d'une surveillance médicale renforcée passent cette visite obligatoirement avant leur embauche. Si le salarié est embauché sans avoir passé de visite médicale, celle-ci doit nécessairement avoir lieu avant la fin de la période d'essai prévue dans le contrat de travail. La demande de visite médicale d'embauche est effectuée par l'employeur au moment de remplir la déclaration unique d'embauche. La visite d'embauche permet de vérifier l'aptitude du salarié à son poste de travail. Si nécessaire, le médecin du travail peut proposer une adaptation du poste ou une autre affectation. Le médecin du travail doit vérifier que le salarié n'est pas atteint d'une affection dangereuse pour les autres salariés. Durant la visite, le salarié est informé sur les risques des expositions au poste de travail et le suivi médical nécessaire. Il est sensibilisé sur les moyens de prévention à mettre en œuvre.

- des visites périodiques : Les salariés bénéficient de visites médicales périodiques, au minimum tous les 2 ans (sauf exceptions). Ces visites permettent au médecin du travail notamment de s'assurer du maintien de l'aptitude médicale des salariés à leur poste de travail. En dehors des visites périodiques, le médecin peut recevoir le salarié à sa demande ou à la demande de l'employeur. La demande du salarié ne peut pas motiver une sanction.

- des visites de reprise après un congé de maternité, une absence pour cause de maladie professionnelle, une absence d'au moins 30 jours pour cause d'accident du travail, de maladie ou d'accident non professionnel. L'examen doit avoir lieu lors de la reprise du travail et au plus tard dans un délai de 8 jours. En outre, le médecin du travail peut organiser une visite médicale de pré-reprise en cas d'interruption de travail de plus de trois mois pour cause de maladie ou d'accident non professionnel. Cette visite est mise en place en vue de favoriser le maintien dans l'emploi des salariés concernés.

- des visites complémentaires prescrites par le médecin du travail pour :

  • déterminer l'aptitude médicale du salarié à son poste de travail,
  • dépister une maladie professionnelle ou à caractère professionnel,
  • dépister des maladies dangereuses pour l'entourage du salarié.

L'employeur doit veiller non seulement à assurer le déroulement de ces visites mais aussi à leur bonne exécution.

Si un des employés souhaite assurer spontanément son suivi médical, en faisant directement une demande de visite médicale auprès du médecin du travail, l'employeur n’est pas pour autant exonéré de sa responsabilité en cas d’absence de suivi médical.

Par conséquent, quelles que soient les circonstances du non-respect de l’obligation de suivi médical effectif des employés, l’employeur ne peut échapper au paiement de dommages et intérêts le cas échéant.

Le non-respect de ses obligations par l'employeur est passible d'une peine d'amende (article R4745-1 du code du travail) ou d'une peine de prison en cas de récidive (article L.4745-1 du code du travail).

En plus des sanctions prévues à l'encontre de l'employeur, un salarié peut aussi agir en justice contre lui en cas de manquement à ses obligations en matière de visites médicales.

A cet égard, il convient de souligner que les employés qui souhaitent invoquer l'absence de suivi médical n’ont pas à apporter de preuve justifiant d’un quelconque préjudice pour être indemnisés, en ce que l’absence de suivi médical en tant que telle entraîne nécessairement un préjudice au salarié qui doit être réparé (Cour de cassation, chambre sociale, 5 octobre 2010, n°09-40913)

A cet égard, le 24 juin 2015, la chambre sociale de la cour de cassation a condamné une société à payer à un de ses salariés la somme de 40 000 euros pour non-respect de cette obligation en considérant que l'absence de suivi médical avait compromis les chances du salarié d’être reclassé dans la société à l’issue de son arrêt maladie et ainsi mené à son licenciement pour inaptitude.

La médecine du travail doit permettre d'éviter toute altération de la santé des salariés du fait de leur travail.

Le médecin du travail est amené à surveiller régulièrement la santé des salariés.

Au vu du résultat de ses visites, il peut proposer différentes mesures à l'employeur.

Certains salariés bénéficient d'une surveillance médicale renforcée tels que les salariés de moins de 18 ans, les femmes enceintes, les handicapés, les personnes exposées à certains risques tels l'amiante, les vibrations, le bruit, etc ....

La loi du 17 août 2015 relative au dialogue social et à l'emploi renforce l'obligation de surveillance médicale des salariés occupant des postes à risques tels que grutier, pilote, conducteur de train, etc ...) ou des postes de sécurité.

La même surveillance renforcée s'applique aux salariés dont la situation personnelle le justifie.

Le temps nécessaire aux visites médicales est compté comme du temps de travail.

L'employeur ne peut opérer aucune retenue de salaire.

Lorsque les visites ne peuvent avoir lieu pendant le travail, leur durée est rémunérée comme du temps de travail normal.

Les frais de transport nécessaires pour les visites sont pris en charge par l'employeur.

Enfin et surtout, il convient de garder en mémoire que, le cas échéant, la rupture du contrat de travail consécutive à une prise d'acte de rupture par le salarié pour absence de visites médicales obligatoires est assimilée à un licenciement sans cause réelle et sérieuse par les tribunaux.

Je suis à votre disposition pour toute action ou information (en cliquant ici).

Anthony Bem
Avocat à la Cour
27 bd Malesherbes - 75008 Paris

01 40 26 25 01
abem@cabinetbem.com

www.cabinetbem.com

Vous avez une question ?
Blog de Anthony BEM

Anthony BEM

249 € TTC

1435 évaluations positives

Note : (5/5)

Posez gratuitement toutes vos questions sur notre forum juridique. Nos bénévoles vous répondent directement en ligne.

1 Publié par Maitre Anthony Bem
07/10/2016 12:09

Bonjour Gilles,

Mes coordonnes sont :

abem@cabinetbem.com
0140262501
0614152459 en cas d'urgence

Cordialement.

2 Publié par Visiteur
12/10/2016 00:20

Bonsoir Maître,
Si j'ai bien compris vos messages précédents, dès qu'un employeur ne nous fait pas passer une visite médicale à l'embauche, ce dernier est en faute?
Dans mon cas j'ai de surcroît subi un accident de travail, lorsque j'ai demandé à passer une visite médicale (à l'agence d'intérim dont je dépendais), car l'entreprise pour lequel j'effectuais une mission me l'a réclamait, l'agence d'intérim n'a pas proposer de rendez-vous.
Depuis mon contrat n'a pas été renouvelé car j'ai eu une contrindication temporaire du médecin et cela à plutôt effrayé. Contrat de 10 mois au lieu de 18.
J'aurai voulu savoir quelles démarches je devais entreprendre et comment procéder. Pensez-vous que je peux faire un arrangement ou dois-je obligatoirement passer par la voie prudhommale. À quoi je peux prétendre.
Merci beaucoup, bien cordialement.

3 Publié par Visiteur
12/10/2016 07:23

Bonjour maître
Je travaille pour une entreprise depuis maintenant 16 ans , parti d apprenti a 15 ans et à ce jour responsable d'équipe .J ai demander une rupture conventionnelle pour pouvoir me réorienter dans un autre secteur de métier via concours . Rupture conventionnel refusée par L employeur , il préfère m arranger dit il en faisant un abandon de poste de ma part .J ai vraiment tout donner en 16 ans pour cette entreprise ( pas d arrêt maladie ect. ...) et suis assez dégoûter de leur part de ne pas me laisser cette RC , mais concour obligatoire je ne peut pas me permettre d avoir des horaire variable nuit/jour dans la même semaine et réviser en même temps + contrainte chef d équipe
Cette RC m aurait permis de réviser tout en ayant un peu d argent pour faire vivre ma famille .
Je n ai passez aucune visite médicale dépuis 4 ans et c est valable pour quasiment tout le personnel dont L apprentie en place depuis 2ans aucune
J ai pu lire tout les post précédent ,puis je attaquer de mon côté au prud'homme en ce qui concerne l' absence de suivi médicale je pourrai avoir des dommage et intérêts il me semble que c est mon dernier recour .Je suis chef boulanger

4 Publié par Maitre Anthony Bem
12/10/2016 08:37

Bonsoir Soiz,

Dès qu'un employeur ne vous fait pas passer une visite médicale à l'embauche, ce dernier est en effet en faute.

Votre visite médicale d'embauche est normalement réalisée par le médecin du travail de l'entreprise d'intérim qui vous emploie.

Votre entreprise d'intérim peut aussi confier les visites médicales d’embauche :

- à un service interentreprises de santé au travail proche de votre lieu de travail,

- ou au service médical de l'entreprise où vous allez travailler.

Vous pouvez négocier un arrangement amiable avant de passer par la voie prudhommale pour obtenir une indemnisation.

Bien cordialement.

5 Publié par Visiteur
12/10/2016 19:40

Je vous remercie maître pour vos conseils, est-il mieux de se faire représenter ou une simple lettre recommandée (avec les articles de lois mentionnées) peut-elle suffire? À combien peut s'estimer cette faute, étant donné que j'ai eu un accident de travail de surcroît. Par avance merci à vous, cordialement.

6 Publié par Maitre Anthony Bem
12/10/2016 22:12

Bonjour Soiz,

Je vous confirme qu'il est toujours mieux de se faire représenter mais une simple lettre peut faire l'affaire pour commencer.

Le montant de l'indemnité à demander varie entre 1.000 et 5.000 euros.

Cordialement.

7 Publié par Visiteur
12/10/2016 23:11

Merci beaucoup
Bonne continuation

8 Publié par Visiteur
16/10/2016 03:53

Bonjour maitre ,

Je travaille depuis avril 2010 comme agent de sécurité incendie où j'occupe un poste de nuit et isolé ( 19h à 07h ).

Je fais appel à vos services car j'ai l'intention de lancer une procédure de prise d'acte de rupture du contrat de travail, mais avant j'aimerais m'assurer que les faits que je reproche à mon employeur, justifient bel et bien une prise d'acte avant d'adresser cette dernière à mon employeur.

Je reproche à mon employeur un manquement à l'obligation de sécurité et de résultat, par rapport aux visites médicales de travail, dont voici l'historique :
- 15 décembre 2010, visite périodique
- 25 janvier 2012, visite périodique
- 01 août 2013, visite de reprise après accident de travail et visite périodique
- 05 octobre 2015, visite de reprise après accident de travail (alors que ma reprise avait eu lieu 2 mois avant).

Le médecin avait mentionné, lors de cette dernière visite, que la prochaine devait avoir lieu au mois d'avril 2016. Malgré une relance à mon supérieur hiérarchique, je n'ai reçu à ce jour aucune convocation.

Je viens de téléphoner au CIAMT qui me confirme que la visite de décembre 2010 ne peut être considérée comme visite d'embauche et m'a par ailleurs appris que je n'étais pas déclaré comme travailleur de nuit par mon enployeur ! Si cela avait été le cas, j'aurai dû avoir une visite de contrôle tous les 6 mois.

Je vous remercie de bien vouloir me dire si ce que je viens de vous exposer peut justifier le fait que je lance à mon employeur une procédure de prise d'acte de rupture du contrat de travail.

9 Publié par Maitre Anthony Bem
16/10/2016 08:31

Bonjour david91,

Je vous confirme que le travailleur de nuit bénéficie d'une surveillance médicale renforcée.

Le médecin du travail doit en effet apprécier les conséquences éventuelles du travail de nuit pour sa santé et sa sécurité.

Cette surveillance débute avant l'affectation sur un poste de nuit et se poursuit à intervalles réguliers, au maximum tous les 6 mois.

Le salarié ne peut être affecté à un poste de nuit que s'il a fait l'objet d'un examen préalable par le médecin du travail.

La fiche d'aptitude doit attester que son état de santé est compatible avec une telle affectation.

A défaut de respect de ces obligations légales, une rupture du contrat de travail aux torts de l'employeur peut être envisagée par le biais d'une prise d'acte par le salarié.

Cordialement.

10 Publié par Visiteur
17/10/2016 11:19

Bonjour Maitre,

Je viens de lire votre article et les commentaires. Je suis aussi dans le même cas que les personne au dessus, pas de visite medical d'embauche et entreprise non inscrite au registre (j'ai decouvert ca alors que j'ai demandais une visite de reprise) aujourd'hui ca fais 9 mois et je suis en cdi.. je suppose que j'ai le droit de demander une demande de rupture au tort de l'employeur, mais comment ca ce passe? Et le temp que ca prend?
Car apres placardisation et harcelement le «maintenant faite comme les grands vous ecrivez une lettre et vous nous envoyez votre demission» me reste au fond de la gorge.

Merci en avance pour votre reponse

Publier un commentaire
Votre commentaire :
Inscription express :

Le présent formulaire d’inscription vous permet de vous inscrire sur le site. La base légale de ce traitement est l’exécution d’une relation contractuelle (article 6.1.b du RGPD). Les destinataires des données sont le responsable de traitement, le service client et le service technique en charge de l’administration du service, le sous-traitant Scalingo gérant le serveur web, ainsi que toute personne légalement autorisée. Le formulaire d’inscription est hébergé sur un serveur hébergé par Scalingo, basé en France et offrant des clauses de protection conformes au RGPD. Les données collectées sont conservées jusqu’à ce que l’Internaute en sollicite la suppression, étant entendu que vous pouvez demander la suppression de vos données et retirer votre consentement à tout moment. Vous disposez également d’un droit d’accès, de rectification ou de limitation du traitement relatif à vos données à caractère personnel, ainsi que d’un droit à la portabilité de vos données. Vous pouvez exercer ces droits auprès du délégué à la protection des données de LÉGAVOX qui exerce au siège social de LÉGAVOX et est joignable à l’adresse mail suivante : donneespersonnelles@legavox.fr. Le responsable de traitement est la société LÉGAVOX, sis 9 rue Léopold Sédar Senghor, joignable à l’adresse mail : responsabledetraitement@legavox.fr. Vous avez également le droit d’introduire une réclamation auprès d’une autorité de contrôle.

Rechercher
A propos de l'auteur
Blog de Anthony BEM

Avocat contentieux et enseignant, ce blog comprend plus de 3.000 articles juridiques afin de partager mes connaissances et ma passion du droit.

Je peux vous conseiller et vous représenter devant toutes les juridictions, ainsi qu'en outre mer ou de recours devant la CEDH.

+ 1400 avis clients positifs

Tel: 01.40.26.25.01 

En cas d'urgence: 06.14.15.24.59 

Email : abem@cabinetbem.com

Consultation en ligne
Image consultation en ligne

Posez vos questions juridiques en ligne

Prix

249 € Ttc

Rép : 24h max.

1435 évaluations positives

Note : (5/5)
Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux et sur nos applications mobiles