Illégalité des refus, retrait ou non-renouvellement d’un badge d’accès fondés sur le fichier STIC

Publié le 10/03/2014 Vu 71 453 fois 170
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Quels sont les moyens permettant d’obtenir l’annulation d’une décision administrative de rejet d’habilitation, d’agrément ou de renouvellement d’un badge prise suite à une consultation du fichier STIC ?

Quels sont les moyens permettant d’obtenir l’annulation d’une décision administrative de rejet d’habi

Illégalité des refus, retrait ou non-renouvellement d’un badge d’accès fondés sur le fichier STIC

Pour mémoire, le ‘’Système de Traitement des Infractions Constatées’’ (STIC) est un fichier qui répertorie des informations sur les personnes ayant fait ou faisant l’objet d’une procédure d’enquête ou d’instruction.

Ce fichier recense à la fois les personnes mises en cause dans ces procédures et les victimes des infractions.

Le STIC facilite ainsi la constatation des infractions à la loi pénale, le rassemblement des preuves de ces infractions et la recherche de leurs auteurs et permet l'exploitation des données à des fins de recherches statistiques.

Au départ, le STIC était donc conçu comme un moyen permettant d’identifier les auteurs d’infractions pénales, grâce à des recoupements avec des affaires précédentes et d’établir des statistiques fiables d’analyse de l’activité de police.

Mais avec la loi du 15 novembre 2001 relative à la sécurité quotidienne, le STIC s’est vu doter d’une deuxième fonction.

En effet, depuis l’entrée en vigueur de cette loi, le STIC peut être consulté dans le cadre des enquêtes administratives devant précéder le recrutement, l’agrément ou l’habilitation des personnels de professions très diverses.

Il en est ainsi des personnes souhaitant travailler dans les zones aéroportuaires, des agents de police municipale, des gardes champêtres, des préfets, des magistrats, des personnels de surveillance et de gardiennage, ou encore des ambassadeurs.

Ainsi, aux termes d’un rapport présenté en 2009, la CNIL estimait que « la consultation du STIC à des fins d’enquête administrative est susceptible de concerner aujourd’hui plus d’un million d’emplois. » (Rapport de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) : Conclusions du contrôle du système de traitement des infractions constatées "STIC", 2009)

A titre d’exemple, cette consultation du STIC est effectuée préalablement à la délivrance d’un badge aux salariés des entreprises exerçant leur activité dans les zones de sûreté à accès réglementé des aérodromes.

En effet, l’article R.213-3-3 du code de l’aviation civile subordonne l’accès de ces employés en zone de sûreté à accès réglementé d'un aérodrome à la possession d’un titre de circulation délivré par le préfet exerçant des pouvoirs de police sur l'aérodrome lorsque l'entreprise ou l'organisme concerné est situé sur l'emprise de celui-ci.

La délivrance de cette habilitation est précédée d’une enquête administrative donnant lieu notamment à la consultation du fichier STIC de la personne devant être habilitée, dans le but de vérifier que le comportement de cette dernière n’est pas incompatible avec l’exercice des fonctions ou des missions envisagées.

Cette consultation du fichier STIC avant la délivrance d’un badge d’accès en zone aéroportuaire est principalement dictée par les impératifs de sécurité des zones sensibles que constituent les aéroports.

Cependant, la consultation du fichier STIC peut emporter de lourdes conséquences pour les salariés effectuant une première demande ou un renouvellement de badge d'accès à une zone aéroportuaire : suspension de contrat de travail, perte d’emplois, refus d’embauche, etc…

Or, il arrive que les données enregistrées dans le fichier STIC ne soient pas mises à jour ou soient erronées.

Dès lors, la loi prévoit des garanties pour les personnes enregistrées dans le fichier STIC, notamment pour celles qui travaillent pour des entreprises exerçant leur activité dans les zones de sûreté à accès réglementé des aérodromes.

Ainsi, si une enquête administrative peut donner lieu à la consultation du fichier STIC, la loi précise que l'accès à l'information est limité à la seule connaissance de l'enregistrement de l'identité de la personne concernée dans le traitement en tant que mis en cause.

En outre, la consultation du fichier STIC doit être faite par des agents de la police et de la gendarmerie nationales ou par des personnels investis de missions de police administrative individuellement désignés et spécialement habilités.

De ce fait, en l’absence d’une habilitation spéciale pour la consultation du fichier STIC, toute décision fondée sur cette consultation sera annulée.

C’est ce qui résulte d’un arrêt du 10 décembre 2013 par lequel la cour administrative d’appel de Marseille a donné gain de cause à un agent de sécurité qui avait demandé la délivrance d’une carte professionnelle, en jugeant que ce dernier était fondé à soutenir qu’en l’absence d’habilitation spéciale « le préfet du Var a eu accès irrégulièrement aux données du fichier STIC le concernant et ne pouvait dès lors se fonder sur ces informations pour prendre sa décision ».

Par voie de conséquence, la cour administrative de Marseille a annulé la décision du préfet du Var qui a refusé de délivrer une carte professionnelle à l’agent de sécurité en se fondant sur la consultation du fichier STIC de ce dernier sans justifier d’une habilitation spéciale. (Cour administrative d’appel de Marseille, 7ème chambre, 10 décembre 2013)

Une autre garantie prévue par la loi au profit des personnes susceptibles de faire l’objet d’une enquête administrative donnant lieu à la consultation du fichier STIC est que le préfet sollicité pour la délivrance ou le renouvellement d’un badge d’accès ou d’une carte professionnelle ne saurait fonder sa décision de refus exclusivement sur la consultation du fichier STIC.

C’est ainsi qu’aux termes d’un jugement du 14 juin 2006, le Tribunal administratif de Marseille a annulé une décision prise par l'autorité préfectorale de refus d'agrément d'une personne pour exercer une activité de sécurité au motif que :

« L’administration s’est bornée à la seule consultation du STIC, lequel ne présente pas au demeurant le caractère de fiabilité nécessaire des données sans procéder à un examen plus approfondi de [la situation personnelle du requérant] … ; que le préfet doit ainsi être regardé comme s’étant basé exclusivement sur le STIC ; qu’il a ainsi commis une erreur de droit ». (Tribunal administratif de Marseille, 14 juin 2006, n°0500162)

Il résulte de ce jugement que dans le cadre d’une enquête administrative diligentée à l’occasion d’une demande d’habilitation, d’agrément, et de recrutement, l’administration ne peut pas prendre sa décision en se fondant uniquement sur le fichier STIC.

En effet, avant de se prononcer, l’administration doit non seulement apprécier l’importance à accorder au fichier STIC en fonction de la nature, de l’ancienneté et de la gravité des faits, mais aussi obtenir des informations complémentaires sur la personne devant être habilitée.

Pour conclure, il convient donc de retenir que si l’administration peut consulter le fichier STIC d’une personne avant toute prise de décision de recrutement, de délivrance d’un agrément ou d’une habilitation pour l’exercice de certaines professions, cette consultation doit se faire dans le respect de certaines conditions.

En cas de non respect de ces conditions, il est possible, avec l’assistance d’un avocat spécialisé, d’obtenir l’annulation d’une décision administrative de rejet d’habilitation, d’agrément ou de refus de renouvellement prise sur le fondement du fichier STIC.

Je suis à votre disposition pour toute action ou information (en cliquant ici).

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Anthony Bem
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1 Publié par Maitre Anthony Bem
28/03/2018 07:26

Bonjour Pierre642,

Ces faits de violence ne peuvent pas justifier un refus de renouvellement de badge tant qu’ils n’auront pas été jugés.

Si vous passer en jugement pour ces faits, il sera en effet judicieux de demander au juge la non inscription de la condamnation à votre casier judiciaire.

Cordialement.

2 Publié par Visiteur
30/03/2018 18:05

Maître,

Suite à un accident responsable lourd de conséquences,le renouvellement de mon badge a été refusé et mon employeur menace de suspendre mon contrat.Je suis toujours en attente de la lettre de refus et souhaite faire un recours mais je ne sais pas trop comment m'y prendre quant à la rédaction.Je précise que je suis en attente de jugement.
Où puis je trouver un exemple type de lettre de recours?
Merci par avance de votre aide.

Cordialement,

3 Publié par Maitre Anthony Bem
31/03/2018 00:03

Bonjour Dimitri,

Le renouvellement de badge aéroportuaire ne peut pas valablement être refusé par le préfet à défaut de jugement définitif.

De plus, même en cas de condamnation pénale et de refus de renouvellement du badge, votre employeur ne peut pas vous licencier.

Enfin, en tout état de cause je vous indique qu’il n’existe pas d’exemple type de lettre de recours contre la décision du préfet de ne pas renouveler le badge, c’est au cas par cas.

Cordialement.

4 Publié par Visiteur
01/04/2018 07:33

Bonjour Maitre

Je viens de signer un contrat de hotesse de l ´air avec air france et j ´ai du faire la demande pour la carte pro . Hors j ai eu un soucis de famille en 2017 et une plainte a étais déposer contre moi pour soustraction frauduleuse avec circonstance agravante pour en reunion ( car jetais avec ma soeur au moment des faits ) j ai etais en Garde a vue et jai payer une amende pour la composition penale . Au moment des faits jetais perdu et ne savais pas quoi faire du coup jai accepter de payer alors que j ai etais acusé a tort mais n avais pas de preuve de sa. J aimerais savoir si vous pensez que la carte pro me sera refuser ? Je ne sais pas si je suis fiché au B2 mais je ne suis pas fiché sur le judex car j ai demandé au procureur et il m'ont dit que yavais rien sur le judex. Mais on a prit mes empreintes et jai eu une composition penale . C est la premiere fois que j ai un probleme avec la jsutice merci.

5 Publié par Maitre Anthony Bem
01/04/2018 07:50

Bonjour,

La composition pénale est une mesure alternative aux poursuites. Elle permet au procureur de proposer une ou plusieurs sanctions à une personne ayant commis certaines infractions.

Elle évite d'avoir recours à un procès pénal.

Toutefois, quand la composition pénale est acceptée, le procureur de la République saisit le tribunal compétent : le tribunal correctionnel (délit) ou le tribunal de police (contravention).

Le tribunal validera la composition pénale, l’infraction deviendra définitive.

Néanmoins, le bulletin n°2 du casier judiciaire ne comportera pas l’inscription des condamnations prononcées par la voie de la composition pénale, les condamnations prononcées pour des contraventions de police ainsi que les déclarations de culpabilité assortie d’une dispense de peine.

Cordialement.

6 Publié par Visiteur
01/04/2018 19:07

Bonjour Maitre
Merci pour votres reponse
La composition a etais validé par le tribunal et jai payer l amende au tresor public.
Donc vous pensez que a cause de cela je peux ne pas avoir ma carte pro meme si c est pas inscrit au taj ni sur le B2 ?
Et si on me refuse la carte aurais je un recours svp ? Merci car je ne veux pas perdre mon job

7 Publié par Visiteur
03/04/2018 15:39

Bonjour maître Bem,

Je viens d'obtenir mon concours gardien de la paix. Il me reste à passer la fameuse enquête de moralité.
Cependant, en 2011 j'avais 19 ans à cette époque, j'ai commis un outrage à personne dépositaire de l'autorité publique. Ces faits sont naturellement inscrits au TAJ, vérification faite par un ami gardien de la paix. Hormis ce fait, je n'ai eu aucun problème . Mon casier judiciaire est vierge. Je vous sollicite afin de savoir si je serais susceptible d'avoir un refus d'agrément pour la fonction, au motif de cet outrage survenu il y a 7ans, sans réitération et ayant un casier judiciaire vierge suite à la demande de mon avocate de supprimer le bulletin numéro 2.
Merci d'avance pour votre réponse.

8 Publié par Visiteur
03/04/2018 15:43

De plus, j'ai fais une requête au près du procureur de la république afin d'effacer les mentions faites au TAJ, ce dernier a refusé au motif que les outrages ont constitués une condamnation. ( 3 mois de sursis et dommages et intérêts) on m'a conseillé d'écrire à ma CNIL cependant mon enquête de moralité est dans quelques jours, et la procédure d'effacement du TAJ si toute fois elle est acceptée, peut prendre plusieurs mois. Je désespère.

9 Publié par Visiteur
06/04/2018 15:00

Maître,

Merci pour votre réponse.

Cordialement

10 Publié par Visiteur
06/04/2018 16:28

Bonjour Marine,
je suis hôtesse de l'air également . j'ai eu une composition pénale également en janvier dernier . J'ai du payer une amende et je suis passé devant le délégué du Procureur de la République pour ma composition pénale. Il m'a dit simplement de faire retiré la mention du TAJ. Ce que j'ai fait par courrier recommander auprès du Procureur de la République qui normalement devait me répondre dans les 2 mois,cava faire 3 mois que je n'ai aucune réponse . Fin mars, j'ai été signée mon nouveau contrat d'hôtesse de l'air et finalement, l'habilitation m'a été refusé. Je me retrouve aujourd'hui sans emploi.
Maître , est-ce qu'une composition pénale est reconnue comme une condamnation ?
La préfet m'a envoyé un courrier m'expliquant pourquoi mon badge aéroportuaire m'a été refusé et c'est bien à cause de cette mention inscrite sur mon fichier TAJ et j'ai un délai de 2 mois pour contester par différents recours. N'ayant aucun retour du Procureur pour l'effacement, pensez-vous qu'il est utile de faire un recours contentieux au tribunal administratif ou attendre encore (sachant que je viens de renouveler ma demande auprès du Procureur )? Je suis encore dans les délais .

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