Prêt bancaire à un consommateur ou un non-professionnel : calcul du taux de l’intérêt conventionnel

Publié le 01/08/2013 Vu 16 708 fois 47
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Le 19 juin 2013, la Cour de cassation a jugé que, comme le taux effectif global (TEG), le taux de l'intérêt conventionnel mentionné par écrit dans l'acte de prêt consenti à un consommateur ou un non-professionnel doit être calculé sur la base de l'année civile, sous peine de se voir substituer l'intérêt légal. (Cass. Civ. I, 19 juin 2013, n°12-16.651)

Le 19 juin 2013, la Cour de cassation a jugé que, comme le taux effectif global (TEG), le taux de l'intérêt

Prêt bancaire à un consommateur ou un non-professionnel : calcul du taux de l’intérêt conventionnel

Depuis le Moyen Age, un usage originaire de Lombardie consiste à calculer l’année bancaire sur une année de 360 jours au lieu de 365 ou 366 jours, d’où l’appellation d’année lombarde.

Les banques n’ont de cesse, depuis lors, de se référer à cette année lombarde comme base de calcul des taux d’intérêt.

Il faut reconnaitre que, par rapport à l’année civile de 365 ou 366 jours, l’année lombarde présente un avantage de simplicité pour les calculs, dans la mesure où le nombre de 360 jours est plus facile à diviser par 2, 4, 6, 12, ce qui correspond respectivement à un semestre, à un trimestre, à deux mois et à un mois.

Malgré cet avantage pratique, la Cour de cassation estime qu'un tel usage ne peut prévaloir contre la loi.

Ainsi, depuis un arrêt du 10 janvier 1995, la Cour de cassation considère que « le taux annuel de l'intérêt doit être déterminé par référence à l'année civile, laquelle comporte 365 ou 366 jours », ce qui implique que le TEG doit être calculé sur la base d'une année civile (Cass. Com., 10 janvier 1995, n°91-21141).

Toutefois, aux termes d'un arrêt du 24 mars 2009, la Cour de cassation a jugé que « si le TEG doit être calculé sur la base de l'année civile, rien n'interdit aux parties de convenir d'un taux d'intérêt conventionnel calculé sur une autre base » (Cass. Com., 24 mars 2009, n°08-12530).

Le calcul des intérêts d’un prêt sur la base d’une année de 360 jours pouvait donc être contractuellement prévu.

Cela n’est désormais plus admis lorsqu’il s’agit d’un prêt consenti à un consommateur ou un non-professionnel.

En l’espèce, une personne a contracté auprès d’une banque un prêt immobilier.

Les intérêts étaient conventionnellement calculés sur la base d'une année de 360 jours.

L’emprunteur n’ayant pas pu rembourser le prêt, la caution a désintéressé la banque puis s’est retournée contre l’emprunteur.

Ce dernier a alors opposé à la caution subrogée la nullité de la stipulation de l'intérêt nominal, calculé d'après l'année de 360 jours.

La cour d’appel a rejeté cette exception et a condamné l’emprunteur à payer la caution.

Pour statuer ainsi, les juges d’appel se sont inspirés de l’arrêt du 24 mars 2009 précité pour dire que si le taux effectif global (TEG) doit être calculé sur la base d'une année civile, rien n'interdit aux parties à un prêt de convenir d'un taux d'intérêt conventionnel conclu sur une autre base.

Cependant, la Cour de cassation a cassé et annulé l’arrêt d’appel en considérant que :

« le taux de l'intérêt conventionnel mentionné par écrit dans l'acte de prêt consenti à un consommateur ou un non-professionnel doit, comme le taux effectif global, sous peine de se voir substituer l'intérêt légal, être calculé sur la base de l'année civile ».

Par conséquent, tous les crédits consentis par les banques à un consommateur ou un non-professionnel doivent mentionner, par écrit, le taux de l'intérêt conventionnel calculé sur la base de l'année civile.

S’il n’est pas calculé sur une durée annuelle de 365 ou 366 jours, suivant que l'année est ou non bissextile, le taux d’intérêt conventionnel se verra alors substituer le taux d'intérêt légal qui lui est bien souvent inférieur.

En effet, pour mémoire, le taux d’intérêt légal est fixé à 0,04 % pour l’année 2013.

Il résulte donc de cette décision que les consommateurs ou non-professionnels ayant conclu avec une banque un contrat de crédit mentionnant un taux conventionnel calculé sur la base d’une année de 360 jours pourront, avec l’assistance d’un avocat spécialisé, obtenir l’application du taux d’intérêt légal qui est beaucoup plus avantageux.

Je suis à votre disposition pour toute information ou action.

PS : Pour une recherche facile et rapide des articles rédigés sur ces thèmes, vous pouvez taper vos "mots clés" dans la barre de recherche du blog en haut à droite, au dessus de la photographie.

Anthony Bem
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1 Publié par Maitre Anthony Bem
17/09/2016 09:09

Bonjour DNP37,

Je vous confirme que le taux d'intérêt du contrat de prêt ne peut pas valablement être calculé par la banque sur la base d'une année lombarde de 360 jours mais uniquement sur celle civile de 365 jours, sauf à engager sa responsabilité en justice et avoir à vous payer des dommages et intérêts correspondant à la différence entre le taux contractuel et le taux légal.

Cordialement.

2 Publié par Visiteur
20/09/2016 07:44

Bonjour,
j ai contracte un pret en 2002 au credit agricole et sur mes offres de pret le calcul des interet est sur 360 jours. Puis je voir avec la banque pour le dedommagement ou est ce que je peux lancer une procédure

3 Publié par Visiteur
21/09/2016 16:43

Bonjour,

Dans l'hypothèse où, suite à une erreur de la banque dans le calcul du TEG du prêt, le juge se prononce pour l'application du taux d'intérêt légal, la banque est-elle obligée de procéder au remboursement de l'ensemble des intérêts payés lors de l'amortissement du/des prêts? Si oui, s'agit-il de dommages et intérêts ou d'une actualisation rétroactive des intérêts?

Je vous remercie par avance de votre réponse,
Cordialement,

4 Publié par Maitre Anthony Bem
21/09/2016 22:18

Bonjour sampi41,

Je vous confirme que si dans les offres de prêt le calcul des intérêts prend comme référence l'année lombarde de 360 jours, vous pouvez valablement lancer une procédure judiciaire afin de faire appliquer le taux d'intérêt légal en lieu et place du taux d'intérêt contractuel.

Cordialement.

5 Publié par Visiteur
30/11/2016 18:24

Bonjour Maître,

J'ai contracté 1 crédit immobilier en 2002 pour l'achat d'un logement, sur le contrat initial il est mentionné "calcul de l'intérêt sur 360 jours". J'ai révisé mon contrat pour la dernière fois en 2013, mais sur l'avenant il est noté calcul de l'intérêt sur "l'an". Que dois-je faire ?

Cordialement

6 Publié par Visiteur
04/01/2017 18:51

Maitre,

Bonne année.

J’ai un contrat (achat d’un Timeshare) dans lequel le prix d’achat est écrit ainsi que les montants des 60 payments mensuel demandés. La somme des 60 paiements multiplié par le montant mensuel est en effet avec l’intérêt inclus.

Le taux d’intérêt est seulement mentionné dans un annex dans un autre document mais l'espace pour le montant d’intérêt est vide.

Le mois dernier j’ai arrêté les remboursements après le montant principal était payée.

Maintenant Le Société réclame l’intérêt.

Est ce que je dois payé ou est ce que le contrat pourrait être annulé (ou au moins l’intérêt)?

Je vous remercie, Henry

7 Publié par Maitre Anthony Bem
04/01/2017 19:53

Bonjour Henry,

Les intérêts d'emprunt non mentionnés pourraient en effet être annulés par devant un juge le cas échéant.

Cordialement.

8 Publié par Faure Samira
05/01/2017 11:28

Bonjour Maître, je lis beaucoup de choses sur le TEG . Cette affaire du TEG que tous les membres évoquent mais peut être que je n'ai pas tout compris.. s'agit-il seulement pour les prêts immo ou crédit conso ? . J'ai contracté un prêt immo en 2004 sur 20 ans suis-je concerné pour être en droit de réclamer auprès de ma banque Crédit agricole. Je n'ai pas vérifier mon contrat de prêt mais est-ce trop tard ou encore comment et à qui faire vérifier mon contrat de prêt pour l'étudier et à quel coût ? . Merci pour vos éclairages.
Cordialement

9 Publié par Maitre Anthony Bem
05/01/2017 13:56

Bonjour Faure Samira,

L'erreur du TEG peut être invoquée pour les prêts immo et crédit conso.

Peu importe que le prêt immo ait été contracté en 2004 sur 20 ans car le point de départ de l'action en responsabilité contre la banque pour erreur de TEG commence à courrir à compter de la découverte de l'erreur soit la date du rapport d'expertise amiable ou judiciaire.

Il n'est donc pas trop tard pour faire vérifier votre contrat de prêt par un expert en mathématiques financières.

Je n'en ai pas un en particulier à vous recommandé mais vous n'aurez pas de mal à en trouvera.

Le cout varie selon l'expert.

Cordialement.

10 Publié par Faure Samira
06/01/2017 07:49

Bonjour Maître, merci pour votre réponse rapide. Cependant pour bien comprendre et si je m'appuie d'une réponse donnée à un membre :"Il vous appartient donc de faire calculer votre taux effectif global pour savoir si il n'est pas erroné et le cas échéant mettre en cause la responsabilité de la banque pour lui faire appliquer le taux légal au lieu du taux conventionnel". En clair, pour qu'il y est faute de la banque, il faut vérifier le TEG appliqué s'il correspod bien au taux légal en vigueur au moment de la contraction du prêt et son calcul étalé sur 360 jours au lieu de 365 jours ? .merci
Cordialement

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