J'étais aux Assises avec ma Consoeur Delphine GALI.
Nous défendions ZL qui comparaissait devant la Cour d'assises pour assassinat, aux côtés de AB ( la mal-aimée colérique comme l'a surnommée SUD OUEST).
Les faits étaient les suivants (selon Monsieur ZL):
Monsieur ZL et Madame AB sont amants. Le 27 août 2011, AB veut voir PL, elle veut qu'il vienne à son appartement. A plusieurs reprises, elle sort et elle revient. Monsieur ZL s'inquiète car elle est ivre, elle ne veut pas qu'elle sorte, il ne veut pas qu'elle tombe... Il essaie de la dissuader, en vain...
Finalement, elle finit par ressortir et revient avec PL, ils sont saouls.
Elle le force à boire du rosé dans lequel elle a versé du rivotril.
ZL ne sait pas qu'elle a donné du rivotril à la victime.
La soirée dérape, AB donne une première gifle à PL, puis une deuxième, ZL essaie de s'interposer, il reçoit une gifle.
Elle le menace alors avec un couteau et lui ordonne de lier les mains de PL et de l'amener dans la chambre.
PL est bâillonné avec deux cravates par AB.
ZL , paralysé par la peur, a desserré les liens de PL afin qu'il puisse s'en aller.
PL est enfermé dans la chambre, du linge est jeté sur son visage. Le lendemain, Madame AB le retrouve mort, elle réveille ZL.
Elle appelle la police, 24 heures après la découverte du décès.
Tels sont les faits, et la version de ZL, notre client.
Une instruction a eu lieu, elle a duré deux ans et demi.
ZL et AB ont été renvoyé devant la Cour d'assises pour assassinat.
Nous avons plaidé l'acquittement.
Extraits de ma plaidoirie:
" Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les jurés,
Vous devez juger un homme, Monsieur ZL pour des faits graves, pour assassinat.
Comme vous l'a rappelé Monsieur le Président, le premier jour de l'audience, lorsque vous avez prêté serment, vous devez juger cet homme en vous basant sur votre intime conviction, ce qui signifie que si vous avez le moindre doute, vous devrez l'acquitter.
Il sera difficile pour vous de juger cette affaire.
Tout au long de ces trois jours, vous avez pu constater les contradictions qui sont nombreuses et vous avez douté, vous avez dû douter.
Vous avez constaté aussi cette misère, vous l'aurez ressentie: misère sociale, misère intellectuelle, misère sentimentale, misère tout court.
ZL, ce naïf amoureux, cet amoureux craintif, obéissant, soumis et contraint était dans la misère, il était SDF, initiales terriblement politiquement correct, sans domicile fixe en bref clochard comme la victime.
AB, elle a un toit, elle s'intéresse à Z, " c'est sa première relation intime satisfaisante" a-t-il dit à Monsieur le Président lors des débats.
Mais AB est alcoolique et elle a l'alcool mauvais.
Cet alcool mauvais les mènera ici devant la Cour d'Assises pour ces faits graves d'assassinat.
Assassinat, Assassinat est un mot que vous n'avez eu de cesse d'entendre durant les débats.
Assassinat est un mot qui n'est pas anodin.
Juridiquement, il a un sens.
Pénalement, il est empreint de gravité.
L'assassinat est puni de la réclusion criminelle a perpétuité, la prison à vie.
L'assassinat se distingue du meurtre.
Dans le langage courant, il est souvent fait l'amalgame entre meurtre et assassinat. On parle indifféremment du tueur, du meurtrier ou de l'assassin.
En droit, assassiner c'est tuer avec préméditation.
Or, si vous pouvez avoir certains doutes dans ce dossier, vous aurez des certitudes:
- ZL n'a pas assassiné PL, il n'a pas prémédité quoique ce soit, ZL n'est pas un assassin
- ZL n'a pas tué PL. Il n'en a jamais eu l'intention, ZL n'est pas un meurtrier
- De même ZL n'a pas donné de coups mortels à PL, ZL n'est pas violent
(...)"
AB a été condamné à une peine de 15 ans de prison.
ZL a été condamné à une peine de 7 ans de prison.