De permanence garde à vue (1), j'ai pu discuter avec les policiers.
J'ai ressenti un grand malaise: Sarko leur impose des objectifs, les gardes à vue font partie de ces objectifs.
"Avant quand il y avait une rixe, on arrêtait que les présumés auteurs, aujourd'hui quand il y a des victimes, des blessés, on les arrête aussi et on les place en garde à vue. Il y a 20 ans, on aurait jamais fait ça."
" Il y a quelques années, on contrôlait quelqu'un au bord de la route, voiture arrêtée, dormant au volant, on lui demandait si ça allait et lui recommandait de partir une fois qu'il irait mieux. Aujourd'hui, on ne peut plus se le permettre, on le place en garde à vue. On ne veut pas risquer de se voir reprocher de ne pas l'avoir arrêté"
Pas de reconnaissance, ils travaillent pour certains les nuits et le "travailler plus pour gagner plus" ne s'applique pas, soit c'est un euros de plus par heure, soit ce sont des heures de récupération.
Ils se demandent qui voter aux prochaines présidentielles: "La gauche, on a connu pendant 14 ans, la droite aussi, qui voter ? Y a personne !"
Malaise... mais aussi incompréhension, pour eux, nous sommes et nous restons des nantis et nous ne servons pas à grand chose (les droits de la défense, c'est difficile à expliquer à certains policiers).
"Y a pas d'argent dans les caisses, alors pourquoi pas demander aux gardés à vue de payer l'Etat qui leur fournit l'avocat commis d'office, 20 euros par intervention de l'avocat et du médecin, cela remettra de l'argent dans les caisses, je vous le dis... mais bon, je sais y a l'Europe !"
" Il faut faire en sorte de vous régler par forfait pour une permanence, ça ferait de sacrés économies, c'est mieux que votre réglement à l'intervention, pareil pour les médecins. Moi, je ne suis pas payé au procès verbal"
Je réponds: "Vous comparez votre statut de salarié avec le mien de professionnel libéral, ce n'est pas la même chose... j'ai un loyer et..."
" Moi aussi j'ai un loyer..."
" Pas de loyer professionnel, ni d'URSSAF..."
"Oui, c'est vrai"
"Je vous assure, avocat ce n'est pas un métier facile, venez donc dans nos cabinets, voir comment cela se passe !"
" Mais, je veux pas faire avocat, moi"
" Et moi, je ne veux pas être policier"
Rencontrer, expliquer, cela est quelques fois utile pour nous et pour eux.
Mais, je le répète le malaise est là, Monsieur Sarkosy.
(Moi qui pensais que les policiers vous adoraient !)