Conséquences du dépassement du délai de réitération d’une promesse de vente d'un bien immobilier

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Le 3 avril 2013, la Cour de cassation a jugé qu’une promesse de vente d’un immeuble n’était pas caduque malgré le dépassement du délai de réitération de la vente, car la date d'expiration de ce délai ou de sa prorogation n'était pas extinctive mais constitutive du point de départ de la période à partir de laquelle l'une des parties pourrait obliger l'autre à s'exécuter. (Cass. Civ. 3ème, 3 avril 2013, n°12-15148)

Le 3 avril 2013, la Cour de cassation a jugé qu’une promesse de vente d’un immeuble n’était pas caduqu

Conséquences du dépassement du délai de réitération d’une promesse de vente d'un bien immobilier

En général, en vue de la vente d’un bien immobilier, le vendeur et l’acquéreur formalisent leurs accords dans un avant-contrat qui prend le plus souvent la forme d’un compromis de vente dans lequel l’un s’engage à vendre et l’autre à acquérir.

Le compromis de vente est généralement assorti de conditions suspensives ayant pour effet principal de subordonner la réalisation de la vente à la survenance d’événements tels que l’obtention d’un permis de construire ou d’un prêt bancaire.

En outre, le compromis de vente peut prévoir la réitération de la vente par acte authentique avant une certaine date.

Dans ce cas, la question qui se pose est de savoir quel est le sort du compromis de vente en cas d’expiration du délai fixé pour accomplir la réitération de l’acte devant le notaire.

Deux possibilités peuvent alors se présenter.

Premièrement, si les parties ont fait de la réitération de l’acte une condition de validité de la promesse, le dépassement de la date de réitération entraînera la caducité de la promesse.

Dès lors, chacune des parties sera déliée de son engagement, sauf en cas de faute éventuelle d’une partie qui pourrait donner lieu au versement de dommages et intérêts.

C’est ainsi qu’il a été jugé qu’une promesse synallagmatique de vente conclue sous conditions suspensives de l’obtention d’un prêt et de la réitération par acte authentique avant une certaine date devient caduque si la signature de celui-ci n’est pas intervenue dans le délai prévu et ce, dés lors que le vendeur n’a pas accepté un report du délai de signature. En conséquence, il ne pouvait pas y avoir réitération forcée de la vente par le juge. (Cass. Civ. III, 29 mai 2013, n°12-17077)

Deuxièmement, si la réitération par acte authentique ne constitue pas une condition de validité de la promesse, l’écoulement du délai fixé pour la réitération n’entraînera pas la caducité de la promesse de vente.

Ainsi, le dépassement du terme fixé pour la réitération n’aura pas d’effet extinctif du compromis de vente lorsque la date prévue est susceptible de prorogation automatique.

A titre d’exemple, il a été jugé qu’une promesse de vente n’était pas caduque en raison de l’épuisement du délai de réitération, car une clause du compromis précisait que ce délai pouvait être prorogé jusqu’à l’obtention de la dernière pièce nécessaire au notaire rédacteur pour l’établissement de l’acte, mais aussi que « cette date nest pas extinctive de droit mais constitutive du point de départ à partir duquel lune des parties pourra obliger lautre à sexécuter. » (Cass. Civ. III, 21 novembre 2012, n°11-23382)

Dès lors, si le terme fixé pour la signature de l'acte authentique n’est pas assorti de la sanction de la caducité de la promesse de vente, il sera possible pour l’une des parties de mettre l’autre en demeure de s’exécuter et de régulariser la vente par acte authentique.

En cas de refus, la partie qui a mis l’autre en demeure de s’exécuter pourra demander en justice soit l'exécution forcée, soit la résolution de la vente, outre des dommages et intérêts en cas de faute.

L’arrêt du 3 avril 2013 illustre cette possibilité en jugeant que le dépassement du délai de réitération de la vente n'entraine pas la caducité du compromis de vente.

En l’espèce, une société est bénéficiaire d'un contrat de crédit-bail sur des locaux et d'une promesse de vente avec possibilité de lever par anticipation l'option d'achat.

Cette société a ensuite conclu un compromis de vente de ces locaux avec le gérant d’une autre société, sous la condition suspensive de l’obtention par cette dernière d’un prêt bancaire. 

La réalisation de la vente devait intervenir au plus tard 45 jours après que l'acquéreur eut informé la société promettante de l'obtention du prêt.

Le compromis de vente précisait que la levée d'option ferait l'objet d'un acte préalablement à la réitération de la vente et que la société promettante ne procéderait à la levée d'option que si l’acquéreur lui notifiait l'offre de prêt qu'il aurait reçue pour l'acquisition des biens.

Or, à la date de notification de l’obtention du prêt, le crédit bailleur de la société promettante, qui était propriétaire des biens immobiliers objets du compromis de vente, n'avait pas encore accepté la levée de l'option anticipée.

La vente n’a donc pas pu être réitérée, ce qui a valu à la société promettante d’être assignée en justice par l’acquéreur.

La société promettante s'est alors prévalue de la caducité du compromis de vente.

La Cour d’appel a rejeté les demandes de l’acquéreur en considérant que, faute de réitération dans le délai, la promesse était devenue caduque. 

Cependant, la Cour de cassation a cassé et annulé l’arrêt d’appel en reprochant aux juges du fond d’avoir estimé que la promesse était devenue caduque, alors que  « la promesse de vente stipulait que le délai prévu pour la réitération de la vente serait automatiquement prorogé jusqu'à réception des pièces administratives nécessaires à la perfection de l'acte authentique, (), et que la date d'expiration de ce délai ou de sa prorogation n'était pas extinctive mais constitutive du point de départ de la période à partir de laquelle l'une des parties pourrait obliger l'autre à s'exécuter. »

En d’autres termes, la promesse de vente n’était pas devenue caduque malgré le dépassement du délai de réitération de la vente, car la date d'expiration de ce délai ou de sa prorogation n'était pas extinctive mais constitutive du point de départ de la période à partir de laquelle l'une des parties pourrait obliger l'autre à s'exécuter.

Il en résulte donc qu’à l’expiration du délai de réitération de la vente, il était possible de sommer la partie défaillante de tenir ses engagements.

A défaut, il sera possible de l’assigner en justice pour obtenir la réalisation forcée de la vente ou des dommages et intérêts.

En définitive, la solution dégagée par la Cour de cassation invite à faire preuve de vigilance quant aux termes employés dans une promesse de vente, d’où l’utilité d’être assisté d’un avocat spécialisé pour être utilement conseillé lors de la vente ou de l’achat d’un bien immobilier.

Je suis à votre disposition pour toute action ou information (en cliquant ici).

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Anthony Bem
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1 Publié par Visiteur
27/10/2016 20:37

Bonjour Maitre,
Nous avons signé un compromis pour acheter une maison principale de 250 000 euros hors frais de notaire.
Nous avons versé 5% lors du compromis. La signature devait se faire au plus tard le 15 septembre. Hors nous avons une mauvaise surprise pour verser notre apport personnel en voulant libéré nos obligations car elles sont à terme et à fin décembre 2016 et nos vendeurs ne veulent plus attendre, je comprend leur impatience. Ils veulent nous mettre une mise en demeure de 15 jours et prévienne le notaire à cet effet demain. Ma question et si nous ne trouvons pas d'ici ses 15 jours perdons nous les sous versé lors du compromis ou cela pour etre exécutif doit il passer devant un juge ce qui nous permettrait peut être d'arriver à la date de fin decembre afin de pouvoir récupérer nos obligations à terme et de régulariser l'acte de vente pour que tout se termine bien ! Dans l'attente de votre réponse. Cordialement

2 Publié par Visiteur
28/10/2016 19:49

Bonjour Maître
Mon compagnon et moi même avons signé un compromis de vente pour une maison (nous sommes acquéreurs). Dans son prix sont compris des meubles que nous souhaitions acheter. La liste du mobilier a été effectuée par l'agent immobilier mandataire. Toutefois cette liste ne comportait pas tous les meubles que nous voulions et lorsque nous en avons fait la remarque à l'agent, il nous a indiqué que ce n'était qu'à titre indicatif et que le mobilier restait dans la maison avec l'accord des vendeurs.
Toutefois, soeur et nièces se sont servis et il ne reste plus grand chose des meubles souhaités dont deux figuraient sur la fameuse liste jointe au compromis.
De plus, sur le compromis est indiquée la date de signature de l'acte de vente (30 juillet 2016) sans clause particulière. Malheureusement le propriétaire est décédé courant juillet 2016...
Nous devions donc signer courant octobre, mais cette fois-ci, découverte de la non conformité du système d'assainissement individuel. Par conséquent attente des travaux à effectuer et de l'homologation délivrée par le SPANC.
Maintenant les notaires (celui du vendeur et le nôtre) doivent s'entendre pour trouver une date de signature qui s'annonce lointaine.
Conclusion, nous avons le sentiment d'être pris pour des pigeons. D'une parce que l'agent immobilier ne semble pas avoir fait son travail correctement et que de ce fait la famille du propriétaire avant même que ce dernier ne décède, se servait dans la maison que nous allons acheter.
Que pouvons nous faire pour être au moins dédommagés pour les meubles pris par la famille ?
Merci par avance de votre réponse.

3 Publié par Maitre Anthony Bem
28/10/2016 21:36

Bonjour Jmdatinos et Grizzly,

Afin de me permettre de prendre connaissance de votre situation personnelle en détail et de disposer de toutes les informations nécessaires pour vous répondre, je vous propose de me contacter en privé pour une consultation.

A cet égard, je vous invite à choisir l'une de mes différentes modalités de consultation en cliquant sur "services" en haut de cette page.

Cordialement.

4 Publié par Anna Leal
06/11/2016 11:32

Bonjour,
Pourriez-vous me confirmer si on peut résilier un mandat de vente avant les trois mois irrévocables conformemement à cet article Cour de cassation, 30 mai 2006, n° 04-18 972 avec possibilité d'annuler le mandat si on ne souhaite plus vendre ?
L'agence nous a présenté un acquéreur mais avec une offre en dessous du prix inscrit sur le mandat. Nous avons refusé et depuis on nous fait pression pour baisser le prix. Nous avons décidé de ne plus vendre et nous craignions q'on nous réclame des indemnités parce que nous sommes dans la période d'irrévocabilité.

Je vous remercie beaucoup pour votre réponse.

Cordialement,
Anna

5 Publié par Visiteur
17/11/2016 18:00

Bonjour Monsieur,

Pourquoi le vendeur n a pas le droit de se rétracter lorsqu'il a signé une promesse de vente alors que l'acquéreur a 10 jours pour se rétracter.

Pourtant dans la promesse de vente il y a la loi SRU instaure un délai de rétraction. Cet acte est notifié à l'acquéreur par lettre recommandée avec demande d'avis de réception...

L agence m'a ditque si je me rétractais je devais avoir à payer une somme très importante.
Merci par avance.
Cordialement

6 Publié par Visiteur
18/11/2016 09:25

Bonjour,
Je suis très inquiète, j'ai signé un compromis de vente (en tant qu’acquéreur) le 24/09/2016 le délai imparti pour l'obtention du prêt est de 60 jour la date buttoir étant le 24/11/2016 et la signature de l'acte authentique de vente le 16/12/2016. A ce jour toujours pas d'obtention de prêt. Que dois-je faire si au 24 je n'ai toujours pas de retour le la banque ? Suis-je redevable de quelque chose aux vendeurs ? et surtout comment dois-je procéder pour la suite ?

7 Publié par Visiteur
21/11/2016 18:01

Maitre Anthony Bem

Je voudrais revenir à votre réponse au sujet d'une vente non conclu à temps pour cause de papier cadastral manquant.

Que puis-je faire en tant qu'acheteur, lorsque le Vendeur mets un temps anormalement long (7 mois) pour demander un nouveau numéro cadastral en sachant que le bien est loué ce qui permet à l'actuel locataire de rester bien plus longtemps dans l'appartement (appartement qui n'a jamais été indexé depuis 13 ans).

Je vous remercie,

Pierre

8 Publié par Maitre Anthony Bem
21/11/2016 21:52

Bonjour Pierre,

Afin de me permettre de prendre connaissance de votre situation personnelle en détail et de disposer de toutes les informations nécessaires pour vous répondre, je vous propose de me contacter en privé pour une consultation.

A cet égard, je vous invite à choisir l'une de mes différentes modalités de consultation en cliquant sur "services" en haut de cette page.

Cordialement.

9 Publié par Visiteur
16/12/2016 05:04

Bonjour je viens de signer un compromis de vente le 23/11 sur ce compromis figure une date le 24/01/17 pour la signature de l'acte authentique ainsi qu'un délai de caducité de 6 mois ??!!! Je n'ai pas compris trop bien compris??? Pouvez vous l'éclairer??? Puis j repousser la date de la signature si je n'ai pas de réponse de la banque ??? Ai je 6 mois pour signer l'acte authentique ??? Merci pour vos réponses

10 Publié par Maitre Anthony Bem
16/12/2016 06:23

Bonjour Saly,

Ces deux délais sont en effet contradictoires et sources d'interprétations divergentes, sauf à considérer que vous pourriez obtenir un report de la date de réitérarion des consentements par devant notaire durant le délai de caducité de 6 mois.

Cordialement.

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