Contestation de l'acte de signification de jugement par huissier pour vices ou irrégularités

Publié le Modifié le 05/11/2015 Vu 153 471 fois 63
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La notification viciée d'un jugement par un huissier de justice permet-elle de faire appel après le délai de recours ou de contester les saisies ?

La notification viciée d'un jugement par un huissier de justice permet-elle de faire appel après le délai d

Contestation de l'acte de signification de jugement par huissier pour vices ou irrégularités

Le 13 novembre 2014, la Cour de cassation a jugé que « l'absence de mention ou la mention erronée dans l'acte de notification d'un jugement de la voie de recours ouverte, de son délai ou de ses modalités ne fait pas courir le délai de recours » (Cour de cassation, deuxième chambre civile, 13 novembre 2014, N° de pourvoi: 13-24547). 

Autrement dit, un acte de signification de décision de justice d'un huissier peut ne pas être valable. 

Par voie de conséquence, les mesures d'exécution des décisions de justice peuvent être viciées en cas d'irrégularités de l'acte de notification ou signification. 

La signification est un synonyme de notification, cette dernière est le terme générique. 

En pratique, les décisions de justice doivent être signifiées, par voie d'huissier, pour faire partir les délais de recours ou être exécutées et données lieu à des mesures de saisies sur la personne condamnée. 

Concrètement, cela consiste à faire remettre un acte en mains propres à cette dernière. 

Il importe peu que la personne ait été "touchée" c'est à dire que l'acte lui ait été réellement remis, en cas d'absence ou de déménagement.

Cependant, l'absence de mention ou la mention erronée dans l'acte vicie celui-ci. 

Lorsque l'information de la voie de recours ouverte, son délai et ses modalités ne sont pas correctement indiqués, le délai de recours ne court pas et un appel est toujours possible. 

Autrement dit, la décision n'est pas définitive et les saisies qui seraient éventuellement pratiquées peuvent donner lieu à contestations. 

En effet, l'article 528 du code de procédure civile dispose que :

« Le délai à l'expiration duquel un recours ne peut plus être exercé court à compter de la notification du jugement, à moins que ce délai n'ait commencé à courir, en vertu de la loi, dès la date du jugement.

Le délai court même à l'encontre de celui qui notifie. »

De plus, l'article 680 du code de procédure civile dispose que :

« L'acte de notification d'un jugement à une partie doit indiquer de manière très apparente le délai d'opposition, d'appel ou de pourvoi en cassation dans le cas où l'une de ces voies de recours est ouverte, ainsi que les modalités selon lesquelles le recours peut être exercé ; il indique, en outre, que l'auteur d'un recours abusif ou dilatoire peut être condamné à une amende civile et au paiement d'une indemnité à l'autre partie. »

En l'espèce, la société Banque Rhône-Alpes a engagé une procédure de saisie immobilière contre des époux débiteur d'une dette. 

Le juge de l'exécution a annulé la saisie pratiquée sur ces débiteurs, par décision du 8 août 2012 (la date a son importance pour ce qui suit). 

En effet, la banque disposait, de par la loi, d'un délai de 15 jours pour faire appel de cette décision. 

Chaque jour compte ...

Or, la banque a interjeté appel du jugement le 14 décembre 2012, soit plus 100 jours après le délai légal.

Il s'est donc posé aux juges la question de savoir si l'appel de la banque était tardif ou non.

En effet, l'acte de signification du jugement indiquait que le recours devait être formé devant la cour d'appel de Grenoble au lieu de la cour d'appel de Dijon. 

Cette erreur a-t-elle empêchée un recours et de faire courir le délai d'appel ?

Pour les juges d'appel, l'appel était irrecevable compte tenu que la banque, qui avait saisi la cour d'appel de Dijon, n'avait pas été trompée par les erreurs matérielles contenues dans la signification. 

La cour d'appel avait donc jugé que le recours formé après l'expiration du délai de quinze jours à compter de la signification du jugement était tardif

Cependant, la cour de cassation a casse et annule l'arrêt d'appel.

En effet, l'indication erronée d'une voie de recours entache de nullité la signification de la décision litigieuse. 

Il résulte de cette décision que l'absence de mention ou la mention erronée dans l'acte de notification d'un jugement sur la voie de recours ouverte ou ses modalités empêche de faire courir le délai d'appel. 

Ainsi, l'acte de signification d'un jugement affecté d'irrégularités rend valable l'appel tardif, malgré qu'il soit postérieur à l'expiration du délai légal imparti après la signification du jugement. 

En outre, il convient de souligner que la nullité de la notification pour vice de forme peut être invoquée même sans avoir à rapporter la preuve de l'existence d'un quelconque grief.

Il n'est donc pas nécessaire de prouver que le défaut de la mention ait pu faire grief à celui qui l'invoque. 

La seule erreur est autosuffisante pour vicier la signification. 

Ainsi, lorsque l'acte de signification d'un jugement est affecté d'irrégularités, telle la mention d'une juridiction erronée, la notification est nulle et le délai de recours ne court pas. 

La portée de cet arrêt est importante pour les personnes faisant l'objet de mesures d'exécution, telles que des saisies bancaires, sur salaires, mobilières ou immobilières, dans la mesure où :

  • le débiteur peut, le cas échéant, introduire un recours malgré le dépassement du délai d'appel et faire suspendre l'exécution des ;
  • en l'absence de la partie concernée, cette dernière peut faire jouer le non-respect de l'obligation légale de signifier la décision de justice dans le délai de six mois afin d'empêcher toutes voies d'exécution en vertu de celle-ci. 

Autrement dit, les parties peuvent valablement s'emparer d'une simple erreur matérielle pour prétendre à la recevabilité de leur appel et ainsi contester les saisies pratiquées. 

Par conséquent, les parties doivent vérifier que le procès-verbal de notification de l'huissier comporte :

  • les modalités de recours correctes ;
  • la désignation de la bonne juridiction devant laquelle le recours doit être exercé ;
  • le délai de recours. 

Seule l'assistance d'un avocat forgé aux mesures d'exécution permet de s'assurer que ces mentions soient correctes et donc que l'acte soit valable pour, le cas échéant, le contester en justice. 

Je suis à votre disposition pour toute action ou information (en cliquant ici).

Anthony Bem
Avocat à la Cour
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1 Publié par Visiteur
08/10/2017 13:56

Bonjour, je me suis mariée en 1988 avec un voleur et escroc mais l'amour nous rend idiot. J'habite à Durfort depuis 1993. La semaine dernière je trouve dans ma boîte aux lettres un commandement de payer de 493000€!!!!!!! Jugement rendu à des dates où j'étais mariée. Je suis divorcée depuis 2006. J'ai gagné diverses procédures contre mon ex-mari mais là je n'ai aucun papier de cette "Société Marseillaise de Crédit" je n'ai rien emprunté ou se sont des faux. Au secours

2 Publié par Visiteur
13/11/2017 18:19

Bonjour Maître,

Dans mon affaire, le huissier me signifiant un jugement familial permettant à la mère de ma fille de l'emmener à 5000km de moi a commis une erreur dans sa signification que je décris ici:

https://www.village-justice.com/forum/viewtopic.php?f=13&t=28616&p=207048#p207048

En cherchant la faille juridique me permettant de faire appel pour que ma fille (de 6 ans) ne soit pas emmenée de force à 5,000km de moi contre son gré et contre ma volonté, je suis tombé sur votre article sur la contestation des significations de huissiers.

Voyez vous là un recours possible ?

Merci!

Penser

3 Publié par Maitre Anthony Bem
13/11/2017 18:20

Bonjour goubetd,

Afin de me permettre de prendre connaissance de votre situation personnelle en détail et de disposer de toutes les informations nécessaires pour vous répondre, je vous propose de me contacter en privé pour une consultation.

A cet égard, je vous invite à choisir l'une de mes différentes modalités de consultation en cliquant sur "consultations" en haut de cette page.

Cordialement.

4 Publié par Visiteur
15/11/2017 15:26

Bonjour Maître
Confrontée à une saisie ,je m'aperçois que le titre exécutoire n'est pas valable
Dois faire opposition ou contestation?
Et auprès de qui ?
De même la banque refuse de me restituer la part insaisissable de mon salaire malgré mes mails et courriers en LRAR et ce depuis 15 jours
Vers qui me tourner pour contester?
Merci pour votre aide

5 Publié par Maitre Anthony Bem
15/11/2017 21:08

Bonjour Flechette,

Pour contester une saisie, il faut faire opposition devant le juge de l’exécution et la signifier par voie d’huissier de justice à celui auteur de la saisie.

Par ailleurs, le tribunal d’instance peut condamner une banque en cas de manquement au minimum légal devant obligatoirement rester sur le compte bancaire.

Cordialement.

6 Publié par Visiteur
15/11/2017 22:24

Merci Maître,
Un simple courrier au greffe du tribunal d'instance est ce suffisant pour signaler l'abus de ma banque?

7 Publié par Maitre Anthony Bem
15/11/2017 22:54

Bonjour Flechette,

Certains tribunaux d’instance ont des formulaires à remplir pour pouvoir les saisir.

Je vous invite à vous renseigner auprès du greffe du tribunal à cet égard.

Si non, vous devez en effet envoyer une LRAR au greffe en expliquant votre problème.

Cordialement.

8 Publié par Visiteur
16/11/2017 12:51

Bonjour Maitre
Quel soulagement vos réponse
Un courrier de ma banque m'explique concernant la restitution de la part insaisissable de mon salaire :
"nous constatons que les débits effectués sur votre compte depuis le dernier versement de vos revenus ont épuisé la portion insaisissable"
Mon salaire a été versé sur mon compte le 27/10
Entre le 28 et le 30 ,j'ai effectivement payé les différentes charges mensuelle(loyer,impôts,gdf)
Ces dépenses étaient toutes débités de mon compte et le jour de la saisie,le 31/10 ,mon solde s'élevait à 1160e
Je pensais que le montant a restituer était pris en compte le jour de la saisie et nom le jour du versement du salaire,ce qui me paraîtrait plus logique ,car sans savoir qu'on va être saisi ,on dépense rai donc la part insaisissable en premier(enfin,d’après ma banque !)
Je ne trouve aucun texte pour mes droits ,car pour moi restituer ,c'est bien rendre"
Merci pour votre avis

9 Publié par Visiteur
20/12/2017 00:50

Très bonnes interventions de Maitre Anthony BEM.

Best regards.

10 Publié par Maitre Anthony Bem
20/12/2017 07:54

Bonjour Prince,

Merci pour vos encouragements.

Cordialement

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